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Atlas universel d’histoire et géographie/XIIIe siècle après J.-C.

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XIIIe siècle après Jésus-Christ.

Fin des croisades. — Pontificat d'Innocent III. — Fonda- tion de l'empire français à Constantinople. — Accrois- sement du pouvoir royal sous saint Louis. — Naissance du gouvernement représentatif, en Angleterre, sous Henri III. — Etablissement de la maison d'Anjou dans le royaume de Kaples. — Avènement de la maison de Habsbourg à l'empire d'Allemagne. — La querelle des Guelfes et des Gibelins se change en une lutte entre les nobles et les plébéiens en Italie. — Commencement de la plupart des maisons particulières dans cette contrée (Torriani, etc.) — Puissance des mamelucks d'Egypte.— Décadence des Turcs seldjoucides. — Invasions des Mongols. . — Commencement de la puissance des Turcs ottomans. — Prépondérance des princes chrétiens en Espagne depuis la défaite des Almohades à Tolosa. — Grand développement philosophique et scientifique avec Albert le Grand, saint Bonaventure, saint Thomas d'Aquin, Vincent "de Beauvais, Roger Bacon, etc. — Progrès de la géographie (Marco Polo). — Etat floris- sant des lettres et des arts dans la plupart des pays de l'Europe (la divine Comédie du Dante, le roman de la Rose, l'épopée des Nibelungen, la Sainte-Chapelle, de Paris, un des chefs-d'œuvre de l'art ogival). 1201. Les prédications de Foulques de Neuilly en- traînent les Français à la 4 e croisade. Boniface, marquis de Montfêrrat, et le comte de Flandre, Baudouin, envoient à Venise pour demander des vaisseaux. Innocent III envoie en Allemagne un légat qui MOYEN AGE. 183 Ap. J.-C. déclare Othon IV roi légitimement élu et excom- munie Philippe de Souabe et ses adhérents. Le 3 e évèque de Livonie, Albert, fonde la ville de Riga, où il transfère le siège de son évêché, qui devint dans la suite archevêché et métropole de toute la Prusse et la Livonie. Il créa aussi l'ordre des chevaliers de ia milice du Christ ou porte-glaive, et lui céda le tiers des conquêtes qu'il venait de faire. Canut VI, roi de Danemark , se rend maître de Hambourg et de Lubeck , et soumet tout le Holstein dont il chasse les comtes. — Mort d'Ab- salon, archevêque de Lunden, qui a eu pour se- crétaire Saxon le grammairien, auteur d'une Histoire du Danemark en latin, composée en grande partie d'après les traditions populaires, les chants des Scaldes, les sagas islandaises. 1202. Les croisés, conduits par le doge ©andolo, as- siègent Zara pour le compte des Vénitiens, et s'en emparent après 14 mois de siège. Ils passent l'hiver en Dahnatie. Mécontentement et menaces d'Innocent in. Philippe-Auguste prend parti pour Arthur de Bretagne, qui est fait prisonnier par le roi Jean. Emeric, roi de Hongrie, défait Etienne, prince de Servie ou Rascie, et oblige le frère et le suc- cesseur de ce prince à se reconnaître vassal du royaume de Hongrie. Il prit dès lors le titre de roi de Servie. Mort de Canut VI le Pieux, roi de Danemark, qui avait travaillé à civiliser son peuple. Son frère "Waldemar II est couronné à Lunden. Il se fait reconnaître à Lubeck, roi des Vandales ou Slaves, et seigneur de Nordalbingie. Publication, vers cette époque, de la bible de Guyot de Provins, où l'on trouve une description de la boussole, désignée sous le nom de manète (magnèse , aimant) . Léonard de Pise emprunte aux Arabes et répand le premier en Occident les connaissances algébri- ques. 1203. Meurtre d'Arthur, duc de Bretagne, par Jean sans Terre. — Ce dernier, vassal de Philippe- Augusie , est cité devant la cour des pairs; il refuse de comparaître et est condamné à perdre tous ses fiefs de l'ouest et du centre , la Norman- die, l'Anjou, le Maine, la Touraine, le Poitou et une partie de l'Auvergne, qui rentreront dans le domaine royal, sauf la Bretagne, donnée à la sœur d'Arthur , épouse de Pierre de Dreux , arrière-petit-fils de Louis le Gros. Waldemar II, roi de Danemark, rend la Norvège tributaire. — Le duc de Holstein, prisonnier depuis 2 ans, recouvre la liberté en renonçant à son duché. Le jeune fils de l'empereur Isaac l'Ange, dé- pouillé du trône par son frère Alexis Comnène, vient à Zara implorer l'assistance des croisés, qui le prennent sous leur protection et se dirigent sur Constantinople, dont ils s'emparent et où ils rétablissent Isaac. Grande victoire du Mongol Thémoudgin (Tchin- gis-Khan) sur Oung-Khan, chef de la horde des Kéraïtes, qui fait sa soumission. Leur réduction entraîne l'année suivante celle des Naïmans et de plusieurs autres hordes mongoles. 1204. Philippe- Auguste fait la conquête de la Nor- mandie et du Poitou. Inaction honteuse du roi Jean. Les Grecs déposent Isaac l'Ange et proclament Alexis Ducas, surnommé Murzuphle. — Prise de Constantinople par les croisés. Election, de Bau- douin, comte de Flandre, I e ' empereur latin. Les Vénitiens obtiennent le quart de l'empire et le droit d'élire le patriarche latin de Constantinople. Pierre II, roi d'Aragon, épouse Marie,, fille et Ap. J.-C. héritière de Guillaume VIII , dernier seigneur de Montpellier. Ce fut ainsi que la seigneurie de Mont- pellier entra dans la maison d'Aragon. Il va se faire couronner à Rome par Innocent III, auquel il promet pour lui et pour ses successeurs un tri- but annuel. Il est le premier roi d'Aragon qui ait été couronné. Prémislas de Bohême abandonne le parti de Philippe de Souabe pour celui d'Othon IV de Brunswick, d'où lui est venu son surnom d'Ottocar. Innocent III lui confirme le titre de roi. Pré- mislas se réconciliera avec Philippe de Souabe l'année suivante. 1205. Philippe-Auguste enlève aux Anglais la Tou- raine, l'Anjou, le Maine, le Poitou. Les légats du Saint-Siège Raoul et Pierre de Castelnau contraignent, par leurs menaces, le comte de Toulouse, Raymond VI, à prendre l'en- gagement de chasser de ses Etats les hérétiques. Le doge Henri Dandolo meurt à Constantinople, à l'âge de 90 ans. Il est remplacé dans le gouver- nement des possessions vénitiennes en Orient par un podestat et quatre provéditeurs. 1206. Victoire de Philippe de Souabe sur Othon de Brunswick, qui s'enfuit en Angleterre; il se ré- concilie avec le pape. , L'empereur de Constantinople, Baudouin I er , est fait prisonnier par Joannice, roi des Bulgares, qui cause sa mort. Le. frère de Baudouin, Henri I er , a à lutter contre les Bulgares et le grec Théodore Lascaris, qui a pris le titre d'empereur à Nicée. Jean sans Terre tente de recouvrer ses provinces d'outre-mer , il débarque à La Rochelle ; sac de la ville d'Angers. Jean retombe ensuite dans son irré- solution accoutumée et retourne en Angleterre. — Démêlés du pape Innocent III et de Jean sans Terre, qui refuse d'accepter, pour le siège de Can- torbéry, Etienne de Langton, ancien chancelier de l'Université de Paris, désigné par Innocent III. Saint Dominique, sous-prieur de l'église d'Osma, en Espagne, entreprend, conjointement avec Diego d'Azebez, évèque de cette ville, la mission, contre les hérétiques du Languedoc. Le Mongol Thémoudgin, en présence des chefs de cent tribus nomades qu'il a vaincues, prend, à Caracorum, le titre de tchingis-khan (chef des chefs) et commence la conquête de l'Asie. 1207. Innocent III reconnaît Philippe de Souabe comme empereur. — Alliance d'Othon de Bruns- wick avec Jean sans Terre. Les Vénitiens prennent possession de l'île de . Candie, sur laquelle le marquis Boniface de Mont- ferrat leur avait cédé ses droits. Célèbre tournois ou combat poétique, sous la présidence de Hermann, landgrave de Thuringe, et de son épouse, Sophie de Bavière, au château de Wartbourg, entre 6 des plus illustres chanteurs d'amour. Wolfram d'Eschilbach mérita la palme. Un de ses rivaux était Henri d'Ofterding, que l'on regarde comme l'auteur de l'épopée des Nibe- lungen. 1208. Philippe de Souabe est assassiné à Bamberg par Othon de Wittelsbach. —Son rival Othon IV est universellement reconnu empereur. Raymond VI, comte de- Toulouse, fait, dit-on, assassiner le légat du pape, Pierre de Castelnau. Il est excommunié. Une croisade est prêchée contre lui par les moines de Cîteaux. Croisade des Albi- geois. _ innocent III établit dans le Languedoc une mission perpétuelle de prédicateurs, dont saint Dominique fut déclaré le chef. C'est ce qui donna naissance à l'ordre des frères prêcheurs, qui fut confirmé en 1216 par Honorius III. Jean sans Terre refusant toujoursde reconnaîtra Etienne de Langton pour archevêque de Cantor- béry, Innocent III met l'Angleterre en interdit. 184 CHRONOLOGIE. — TABLES. Ap. J.-C. Fondation de l'Université de Palencia, au S. E. de Léon. Le roi y attire des savants d'Italie et de France. Tchingis-Khan soumet les Turcs orientaux. 1209. Othon IV, pour s'assurer l'appui d'Innocent III, signe à Spire un acte portant entre autres que les appels en cour de Rome auraient lieu librement, et qu'il abandonnerait au pape les terres de la com- tesse Mathilde, la marche d'Ancône, l'exarchat de Ravenne et la Pentapole. Au mois de juin de la même année, Othon IV se fiança à Wurzbourg avec Béatrix, 4 e fille de Philipp°e de Souabe. — Couronnement d'Othon IV à Rome par Inno- cent III, avec lequel il se brouille aussitôt après. Fondation de Stralsund par Waldemar II, roi de Danemark. Les Almohades enlèvent aux Almoravides les Baléares, leur dernière possession. Raymond de Toulouse se soumet aux conditions que lui impose le concile de Saint-Gilles. Après avoir reçu l'absolution de l'Eglise, on lui accorda, comme une faveur, de prendre part à la croisade que ie pape avait fait prêcher contre ses sujets hérétiques. Plusieurs seigneurs du nord, le duc de Bourgogne, le comte de Nevers, le comte de Saint-Pol, le comte de Montfort, Simon, des évè- ques et des abbés font partie de l'armée, dont le commandement suprême fut confié à Arnaud, abbé de Cîteaux et légat du Saint-Siège. — Sac de Béziers. Prise de Carcassonne. 1210. Innocent III excommunie Othon IV, qui pré- tend à la couronne des Deux-Siciles, et qui refuse de rendre au saint-siége les terres allodiales de la comtesse Mathilde. — Othon IV investit de la marche d'Ancône le marquis Azzon VI d'Esté. Raymond VI de Toulouse, fatigué des exigences de Simon de Montfort et du légat du pape, qui poursuivaient de leur fanatisme implacable un grand nombre de ses sujets réconciliés avec l'Église, se rend à Rome pour plaider leur cause au tribunal d'Innocent III. 11 est favorablement accueilli et autorisé à prouver devant un concile provincial qu'il était innocent des crimes qui lui otaient imputés. Il n'en est pas moins excommu- nié à son retour par le légat du pape. Concile de Paris, présidé par le cardinal Robert de Courçon, qui condamne au feu les livres de métaphysique d'Aristote, traduits en latin, avec défense de les transcrire ou de les lire, sous peine d'excommunication . Waldemar II, roi de Danemark, soumet une partie de la Prusse ou la petite Poméranie et la Samlande. Jean de Brienne épouse Marie, fille de Conrad de Montferrat et de la reine Isabelle, et est pro- clamé roi de Jérusalem. 1211. Innocent III délie les sujets de Jean sans Terre du serment de fidélité. — Il fait élire de nouveau roi des Romains Frédéric II, âgé de 17 ans; le clergé appuie ce dernier, en haine d'Othon IV, qui a violé ses immunités. La guerre recommence entre Raymond de Tou- louse et les croisés. — Soumission du Quercy par Simon de Montfort. Résistance héroïque de Lavaur. Premier siège de Toulouse. André, roi de Hongrie, profite des méconten- tements du peuple de Halicz contre les princes russes ses souverains, pour faire valoir les droits que son père Bêla III lui avait transmis sur cette principauté. Il en prend possession pour Coloman, son fils puîné, qu'il fait couronner roi de Halicz ou de Galitie par l'archevêque de Strigonie. C'est depuis cette époque que les rois de Hongrie prirent les titres de rois de Galitie et de Lodo merie. 1212. Retour d'Othon IV en Allemagne, où il fait Ap. J.-C. célébrer son mariage avec Béatrix, qui meurt quatre jours après. — Innocent III oppose à Othon IV Frédéric II, son pupille. Celui-ci prend possession de son patrimoine en Allemagne, re- nouvelle à Vaucouleurs l'alliance que son oncle Philippe de Souabe avait conclue avec le roi de France contre Jean Sans Terre et Othon IV, et se rend à Mayence, où la plupart des princes lui rendent hommage comme à leur roi. Une foule d'enfants se croisent en France et en Allemagne pour aller conquérir Jérusalem. Plu- sieurs bandes de ces jeunes fanatiques passent les Alpes et arrivent en Italie, où la plupart meurent de fatigue et de misère; près de 30000 d'entre eux prirent la route de Marseille et devinrent la proie des marchands d'esclaves qui, après leur avoir promis un trajet gratuit en Palestine, les vendi- rent aux Arabes d'Afrique. Innocent III déclare Jean sans Terre déchu du trône. Grande défaite des Almohades à Las Navas de Tolosa par les rois d'Aragon, de Castille et de Navarre. 1213. Préparatifs de Philippe-Auguste pour envahir l'Angleterre. Jean sans Terre se réconcilie avec le saint-siége. Il se rend vassal d'Innocent III, tant pour le royaume d'Angleterre que pour l'Irlande, et s'engage à lui payer annuellement, outre le denier de Saint-Pierre, un tribut annuel de mille marcs d'argent. Cet usage fut aboli sous Edouard III par une résolution du Parlement prise en 1366. — Philippe-Auguste attaque le comte de Flandre, allié de Jean sans Terre, Incendie de Dam et de Lille. Alix, fille de Guy de Thouars et de Constance, veuve de Geoffroi Plantagenet, épouse Pierre de Mauclerc, comte de Dreux, arrière-petit-fils de Louis VI le Gros. Le duché de Bretagne devient ainsi l'apanage d'une branche de la maison capé- tienne de France. Défaite de Raymond VI, comte de Toulouse, et de son allié Pierre II, roi d'Aragon, à la bataille de Muret, par Simon de Montfort. Mort du roi d'Aragon, qui laisse pour lui succéder un enfant de 5 ans, Jayme ou Jacques I er . Par une bulle d'or que le pape Innocent III fait signer à Frédéric à Égra, ce prince remet le Saint- Siège en possession des biens allodiaux de la com- tesse Mathilde, et rétablit les appels en cour de Rome. 1214. Ligue du roi d'Angleterre, de l'empereur déchu Othon IV de Brunswick, son neveu, des comtes de Flandre et de Boulogne contre Philippe- Auguste. — Grande victoire remportée par Philippe-Auguste sur ses ennemis à Bouvines, entre Lille et Tournai, où les milices communales combattent à côté des chevaliers. — Jean sans Terre, pendant cette ba- taille, est repoussé du Poitou par Louis, fils de Philippe. Frédéric II accorde à Waldemar II, roi de Da- nemark, la confirmation de toutes les conquêtes faites parles danois depuis l'Elbe jusqu'à la Duna. — Lepalatinat du Rhin passe à la maison de Wil- telsbach. Alphonse IX, roi de Castille, institue l'ordre militaire d'Alcantara, en mémoire de la prise d'Alcantara par les Maures. 1215. Frédéric II se fait couronner à Aix la Chapelle par Sigefroi d'Eppenstein, archevêque de Mayence. Innocent III confirme cette élection. Les barons et les évêques contraignent Jean sans Terre à signer la grande charte des libertés (19 juin). Elle est déclarée nulle par le pape. Les barons anglais offrent la couronne à Louis, fils de Philippe-Augu ste . Le cardinal Robert de Courçon, oubliant les or- MOYEN AGE. 185 Ap. J.-C. dres formels du pape, donne, dans le concile de Montpellier, à Simon de Montfort les domaines du comte de Toulouse et tout le pays enlevé aux hé- rétiques. L'Université de Paris reçoit ses premiers statuts du roi Philippe-Auguste et d'Innocent III (août). Consécration de la magnifique cathédrale de Reims. Création d'un ordre monastique nouveau par le moine italien François d'Assise. — Eccelin, sei- gneur de Romano, de Vicence et de Trévise, se retire dans un monastère, après avoir partagé ses États entre ses fils Eccelin le Féroce et Albéric, qui ne reçoit que Trévise. Un abbe d'Olive, nommé Christian, s'érige en apôtre des Prussiens et est nommé, par le pape Innocent III, premier évêque de Prusse. On lui attribue la première chronique de Prusse, qui n'est point parvenue jusqu'à nous. 13 e concile général, 4 e tenu à Latran, qui se compose de plus de400personnes, tant patriarches qu'archevêques etévêques, et de plus de 800 abbés et prieurs. L'ouverture a lieu le 1 1 novembre. Pour faire disparaître toute obscurité dans l'interpréta- tion du sacrement de l'eucharistie altéré par les Albigeois et les Vaudois, le concile adopte le terme de transsubstantiation. La confession sacramen- telle est rendue obligatoire au moins à Pâques. L'usage du mariage, qui s'était maintenu chez les clercs inférieurs, est réprimé. Tout seigneur qui , averti par l'Église, ne purge pas sa terre d'héréti- ques après un an, sera déclaré déchu; ses vassaux seront déliés du serment de fidélité. — Simon de Montfort est reconnu souverain de l'Albigeois, mais le marquisat de Provence est réservé pour le fils de Raymond VI. Prise de Pékin par Tchin gis-Khan. 1216. Louis, fils de Philippe-Auguste, brave l'ex- communication et passe en Angleterre, où il est proclamé roi, mais la mort de Jean sans Terre réconcilie les Anglais avec la famille des Planta- genets. Henri III, fils de Jean sans Terre, lui succède à l'âge de 9 ans. Mort du pape Innocent III. Honorius III lui succède. Il approuve l'établissement de l'ordre de Saint-Dominique. Mort d'Henri I er , empereur de Constantinople. Son beau-frère, Pierre de Courtenai, comte d'Au- xerre, est élu à sa place. 1217. Le fils de Philippe -Auguste, vaincu à Lincoln, traite avec Henri III et quitte l'Angleterre. — Charte dite des Forêts, qui avait pour objet de prévenir l'extension illégitime des forêts de la couronne d'Angleterre. Soulèvement de la France méridionale en fa- veur de Raymond VI qui. rentre dans Toulouse, passe au fil de l'épée la garnison qui tient pour Montfort, et rétablit son autorité dans la ville. Haquin V, roi de Norvège, conclut le premier traité d'amitié et de commerce avec l'Angleterre. Mort d'Henri I er , roi de Castille. Il a pour suc- cesseur son neveu Ferdinand III, fils du roi de Léon Alphonse IX et de Bérengère de Castille. Croisade entreprise par André, roi de Hongrie, qui est contraint par Honorius III d'accomplir un vœu de son frère. Les ducs de Bavière et d'Au- triche, les rois de Jérusalem et de Chypre feront partie de l'expédition. André II a recours aux Vénitiens pour obtenir des vaisseaux. Tchingis-Khan pénètre dans l'empire musul- man du Kharisme, qui embrassait le Turkestan, la Transoxiane, le Kharisme, la Perse et s'éten- dait jusqu'à l'Irak-Arabi et jusqu'aux Indes. De 1217 à 1224, des ingénieurs et des mécaniciens chinois présidèrent au siège des grandes villes : Otrar sur le Sihoun ; Boukhara , Samarcande , Ap. J.-C. Hérat, Mérou, Nishapour dans le Khorasan , Balk et Candahar. 1218. Mort d'Othon IV, au château de Hartzbourg, après avoir reçu sur son lit de mort l'absolution par l'évêque de Hildesheim. Frédéric II est uni- versellement reconnu comme empereur. Mort de Berthold IV, dernier duc de la puis- sante maison de Zaringue qui possédait la plus grande partie de la Suisse. Cette dernière contrée devient alors province immédiate de l'empire. Simon de Montfort est tué au siège de Toulouse (juin). Son fils Amaury succède à ses préten- tions. Une bulle d'Honorius III interdit l'enseigne- ment du droit civil dans l'Université de Paris. L'étude du droit canonique est seule permise. André II, roi de Hongrie, étant tombé malade, renonce à la croisade et quitte la Palestine, mal- gré l'excommunication dont le menace le patriar- che de Jérusalem. Guillaume, comte de Hollande, amène aux croisés un renfort composé de Frisons et d'habitants de Cologne, qui venaient d'aider Alphonse II, roi de Portugal, à gagner la bataille d'Alcazar, sur les Maures. 1219. Prise de Damiette par les croisés. Le légat Pelage et les Templiers rejettent les conditions de paix avantageuses qui leur sont offertes. Waldemar II, roi de Danemark, soumet l'Estho- nie et l'île d'Œsel; c'est dans cette expédition que paraît pour la première fois la fameuse bannière deDanebrog. Fondation delà ville de Revel. Wal- demaravaitéquippé pour cette expédition une flotte de 14 voiles qui portait plus de 60000 hommes. 1220. Frédéric reçoit à Rome d'Honorius III la couronne impériale. Vers cette époque, les princes russes repren- nent sur les Hongrois la principauté de Halicz. 1221. Reprise de Damiette par le sultan d'Egypte. Les croisés évacuent l'Egypte. 1222. Mort de Raymond VI. Amaury de Montfort offre de céder les conquêtes de son père à Phi- lippe-Auguste. Mort de Théodore Lascaris, empereur grec de Nicée; son gendre et successeur Jean Ducas Vatace agrandit sa principauté aux dépens des Latins ainsi que des princes grecs établis à Tré- bisonde. Les nobles et le clergé obtiennent d'André II, roi de Hongrie, la bulle d'or, base de la constitu- tion vicieuse qui depuis a régi la Hongrie. Les biens du clergé et de la noblesse y furent déclarés exempts de taxes et de logement des gens de guerre ; les nobles obtinrent l'hérédité des biens royaux qu'ils avaient reçus en récompense de leurs services; ils furent déchargés de l'obligation de servir hors du pays, à leurs frais, dans les expé- ditions militaires, et on leur accorda même le droit de résistance, au cas que le roi enfreignît un article de ce décret. 1223. Mort de Philippe-Auguste. Avènement de Louis VIII. Création de la célèbre université de Salaman- que par le roi de Léon, Alphonse IX. En Danemark, Henri, comte de Schwerin, voulant se venger d'un outrage qu'il prétendait en avoir reçu, retient prisonnier pendant 3 ans "Waldemar fi, au château de Schwerin. Tous les ennemis du Danemark prennent les armes et se rendent indépendants. 1224. Louis VIII enlève aux Anglais Niort, Saint- Jean-d'Angely, la Rochelle, le Limousin et le Pé- rigord, mais suspend cette guerre pour recueillir l'héritage d' Amaury de Montfort qui lui cède ses droits sur Toulouse. — Arrêt important qui iden- tifie la cour du roi avec la cour des pairs. Depuis cette époque, la cour du roi, qu'on appela bien- 186 CHRONOLOGIE. — TABLES- Ap. J.-C. tôt parlement, jugea souverainement tous les procès qui s'élevèrent entre les grands vassaux. Frédéric II bâtit des châteaux forts dans le midi de l'Italie, et fonde l'université de Naples, où il attire de tous les pays des savants par la promesse d'émoluments considérables. — Il achève la soumission des Arabes qui s'étaient maintenus dans les montagnes du centre de la Sicile. Il en transporte 20 000 dans les plaines de la Capita- nate et leur abandonne la ville de Nocéra, ville déserte depuis longtemps, que l'on a distinguée depuis des autres du même nom par le surnom de Pagani, qu'elle a pris de seigneurs ainsi nom- més, issus d'une ancienne famille, de laquelle était le célèbre comte de Pagan. Les Mongols, qui ravagent la Russie méridio- nale pendant 3 ans, sont arrêtés surtout par le prince d'Halictz, dans le bassin du Dnieper. 1225. Frédéric célèbre son union avec Yolande, fille unique de Jean de Brienne et de Marie de Montferrat, héritière du royaume de Jérusalem des droits de sa mère. Il prend aussitôt le titre d'un royaume qu'un vœu solennel l'engageait à conquérir, mais demande au pape Honorius III un délai jusqu'en 1227. Raymond VII de Toulouse et Amaury de Mont- fort exposent leurs prétentions devant le concile de Bourges. Raymond est condamné. Une croi- sade sera dirigée contre lui par le roi de France. 1226. Le concile national de Paris excommunie Raymond VII et confirme les droits que Louis VIII a acquis d'Amaury de Montfort. — Expédition de Louis VIII dans le Languedoc. Il s'empare d'Avi- gnon, établit les sénéchaussées de Beaucaire et de Carcassonne et meurt de maladie en Auvergne, à Montpensier. Sa veuve, Blanche de Castille ; prend la régence au nom de son fils Louis IX. âgé de 11 ans. Les villes lombardes renouvellent leur ligue contre Frédéric II , qui s'en venge en supprimant l'école de Bologne et en ordonnant aux écoliers d'aller étudier à celle de Naples, qu'il avait fondée deux ans auparavant. Conrad, duc de Masovie, de la maison des Piasts, cherche à s'assurer contre les Prussiens idolâtres la protection des chevaliers de l'ordre Teutonique, auxquels il cède la ville de Culm et tout ce qu'ils pourraient conquérir sur les in- fidèles. Cet arrangement fut confirmé par Fré- déric II. Ces religieux prirent possession de leurs nouveaux domaines en 1230 et engagèrent dès. lors avec les Prussiens une guerre qui dura 53 ans. 1227. Ligue des barons contre Blanche de Castille. Thibaut, comte de Champagne, lui fait hommage. — Traité de Vendôme entre Blanche de Castille et les grands vassaux. — Mécontentement de Phi- lippe-Hurepel , frère de Louis VIII, qui essaye d'enlever le roi qui se rendait d'Orléans à Paris. Blanche et son fils sont sauvés par le dévouement des Parisiens. Frédéric II se prépare à partir pour la croisade. Il est arrêté par la maladie. — Le pape Gré- goire IX l'excommunie. La maison de Wittelsbach réunit les deux grands fiefs du Palatinat du Rhin et de la Ba- vière. Ordonnance de Jayme I er d'Aragon , qui défen- dait à tout vaisseau étranger de prendre à Barce- lone un chargement pour le Levant, aussi long- temps qu'il s'y trouverait un vaisseau national sans chargement. "Waldemar II, roi de Danemark, ayant recouvré la liberté, fait ses efforts pour reconquérir ses- Etats, mais il est défait à la Bornhoved, à quel- que distance.de Segeberg, dans le Holstein, et Ap. J.-C. perd toutes ses conquêtes sur la côte méridionale de la Baltique. Prise de Ning-Hia, capitale du royaume de Tangout par Tchingis-Khan. Fin de la dynastie des Hia, qui avait duré 200 ans. Tchingis-Khan se disposait à attaquer l'empire des Niutchés lorsqu'il mourut. L'empire Mongol s'étendait sur un espace immense depuis le Dnieper à l'ouest jusqu'aux régions les ptus orientales de la Chine. Quatre de ses fils se forment des royaumes. Oktaï prend la dignité de grand khan, qui donne la suprématie ; ses successeurs résideront en Chine. Les descendants de l'aîné des quatre fils, Touschi, gardent la Russie méridionale et en forment l'empire du Kaptschak (horde d'or). Un autre, Zagataï, eut la Tartarie, la Kalmoukie, le Thibet et l'Inde. 1228. Blanche de Castille poursuit la conquête de l'Albigeois, malgré les intrigues des grands. Cruautés de Raymond VIL Frédéric II excommunié part pour la Terre- Sainte (août) et arrive à Saint-Jean d'Acre (sep- tembre). Là il trouve des légats pontificaux qui défendent aux chrétiens du Levant de lui obéir. Grégoire IX prêche contre lui une croisade pour le dépouiller du royaume des Deux-Siciles ; il en confie le commandement à Jean de Brienne, beau-père de Frédéric II. 1229- Traité de Paris qui met fin à la guerre des Albigeois, fait triompher le catholicisme sur l'hé- résie et soumet la nationalité provençale à la na- tionalité française. Par ce traité, Raymond VII, comte de Toulouse, cède à la France les diocèses de Carcassonne, de Narbonne, deBéziers, d'Agde, de Maguelonne, de Nîmes, d'Uzès, de Viviers, le Razès, le Velay, le Gévaudan, le comté de Lo- dève, l'Albigeois situé à la droite du Tarn, et la terre du Maréchal, située dans le diocèse de Mire- poix. Il ne garde que le comté de Toulouse, l'Agé- nois, le Rouergue, le Quercy, sauf Cahors, et la partie de l'Albigeois située à la gauche du Tarn, à condition que ces provinces formeraient la dot de Jeanne, sa fille, destinée à Alphonse, quatrième fils de Louis VIII. Le marquisat de Provence ou comtat Venaissin fut cédé au pape, qui en donna la garde au roi de France. — Concile de Toulouse, qui établit l'inquisition pour la recherche des hé- rétiques; les livres de l'Ancien et du Nouveau Testament sont interdits aux laïques. Frédéric II conclut le 18 février avec le sultan d'Egypte une trêve de 10 ans, en vertu de laquelle Jérusalem, Bethléem, Nazareth, Rama et tout le pays situé entre Saint-Jean- d'Acre, Tyr, Sidonet Jérusalem furent abandonnés aux chrétiens. Ceux-ci s'engagèrent à conserver les mosquées qu'ils trouveraient, et à laisser venir les musul- mans aux lieux saints qu'ils vénèrent aussi bien que les chrétiens. Toutefois les musulmans de- vaient y paraître sans armes et ne pouvaient demeurer dans Jérusalem. Le 17 mars, Frédéric fait son entrée dans Jérusalem et se couronne roi. •*- Dans le même temps, le titulaire, Jean de Brienne, son beau-père, est désigné pour gou- verner l'empire latin de Constantinople, au nom de Baudouin II de Courtenai, âgé de 12 ans. — Frédéric II s'embarque le 17 mai pour aller dé- fendre ses possessions italiennes. Le pape Grégoire IX réserve les élections épis- copales aux seuls chanoines d'églises cathédrales et en exclut formellement le clergé et le peuple. Institution à Venise de la Quarautie civile qui juge en matière civile de tous les appels; la Qua- rante crimineUe existait déjà. — Le comte de Provence enlève Nice aux Génois. — Mort d'Ac- cursej disciple d'Azzon, célèbre iurisconsulte de l'école de Bologne, MOYEN AGE. 187 Ap. J.-C. 1230. Frédéric II est absous par Grégoire IX, qui fait comprendre la ligue lombarde dans la paix de San Germano, conclue avec ce prince. Expédition dirigée par Blanche de Castille con- tre Pierre Mauclerc, duc de Bretagne, qui appelle en France Henri III, roi d'Angleterre. Progrès des princes chrétiens en Espagne. Le roi d'Aragon commence a occuper les îles Baléares. — Le roi de Castille, Ferdinand III, qui réunit définitivement le royaume de Léon à celui de Cas- tille, à la mort de son père Alphonse IX de Léon, s'avance jusqu'à Jaën, au sud du Tage. Les Lithuaniens se rendent indépendants des Russes, sous Ringold, qui prend le premier le titre . de grand-duc. — Toute la Courlande reçoit le baptême et se rend tributaire de l'ordre de Livonie. 1231 . Une trêve de trois ans est conclue à Saint-Au- bin du Cormier entre Blanche de Castille, le roi d'Angleterre Henri III et le duc de Bretagne. Dans une diète tenue à Melfi, Frédéric II publie un nouveau code ou recueil de constitutions, ré- digé par son chancelier Pierre des Vignes et des- tiné à ses possessions héréditaires en Italie. Par cette Constitution, Frédéric accorde à des députés des villes le droit de siéger avec les prélats et les barons dons le parlement, et établit des lois mari- times. En Angleterre, le Poitevin Pierre des Roches supplante Hubert du Bourg, auprès d'Henri III. Des étrangers dirigent toutes les affaires. Fondation de la ville de Thorn, sur la Vistule, par les chevaliers Teutons. 1232. Oktaï, grand khan des Mongols, s'allie avec les empereurs de la dynastie des Song, qui ré- gnaient dans la partie méridionale de la Chine, et attaque l'empire des Niutehés. 1233. Création de l'Université de Toulouse. Le roi d'Angleterre Henri III éloigne de son conseil les étrangers, sur les remontrances d'Ed- mond, archevêque de Cantorbéry, qui était appuyé par toute la noblesse. Les Vénitiens envoient une flotte pour défendre Constantinople contre Jean Vatace, empereur grec de Nicée, qui est battu par Jean de Brienne. Le roi de Castille s'avance jusqu'à Xérès. Le pape fait prêcher une croisade pour la conquête de Valence sur les Maures. Grégoire IX organise formellement le tribunal de l'inquisition, en déchargeant les évêques de l'obligation de rechercher et de punir les héréti- ques, qu'il confie, le 12 avril, aux frères prê- cheurs. En conséquence, Gautier de Marnis, évê- que de Tournay, légat du pape, établit deux inquisiteurs à 'Toulouse, et ensuite dans toutes les villes, où les Jacobins ou Dominicains avaient des couvents. Hermann de Salza, grand maître de l'ordre teutonique, donne à la Prusse ses premières lois. Les chevaliers colonisent Culm et Marienwerder, sur la Vistule. Oktaï s'empare de Kai-fong-fou, où les empe- reurs de Kin avaient transféré leur résidence, de- puis la perte de Yen-king (Pékin). 1234. Mariage de saint Louis aveG Marguerite de Provence. — Paix définitive avec le duc de Breta- gne, qui termine les guerres féodales de la ré- gence. — Thibaut IV, comte de Champagne, qui succède à son oncle Sanche VII dans le royaume de Navarre, vend à saint Louis les comtés de Blois, Sancerre, Chartres et la vicomte de Chà- teaudun. Le fils aîné de Frédéric II, Henri, se révolte en Allemagne ; il fait alliance avec les villes Lom- bardes. Il s'humilie peu après devant son père, qui le fait ensuite arrêter et conduire au château de San Felice en Pouille, où il mourut en 1242. Ap. J.-C. Grégoire IX se brouille avec les Romains qui lui refusaient le droit de condamner un citoyen à l'exil et exigeaient que le pape leur payât la rétri- bution que l'Eglise devait de temps immémorial à k ville. Il est obligé de sortir de Rome et se re- tire à Pérouse. Le sénateur Lucas Savalli conçoit l'idée de former en Toscane et dans la moyenne Italie une confédération qui devait mettre fin à la domination du pape dans ces contrées. Frédéric craignant que la nouvelle confédération ne devînt plus redoutable que le pape lui-même, se rap- proche de ce dernier, et lui fournit les moyens de rentrer dans Rome. — Le pape, sur la de- mande de l'empereur et celle de saint Louis, rend le comtat Venaissin au comte Raymond, qui en reçut cette année l'investiture de l'empereur. Le pape n'en rentra en possession que par une nouvelle cession que lui en fit, en 1274, Philippe le Hardi, héritier des droits de son frère Alphonse, comte de Toulouse. Une tribu des anciens Frisons, qui, sous le nom de Stedinger, avaient conservé un régime entiè- rement démocratique, refuse de payer la dîme au Clergé. Grégoire IX fait prêcher contre eux une croisade. Ils sont battus, et en partie exterminés, à la journée d'Altenesch. L'empereur Cheou-su, forcé par les Mongols dans Ja ville de Juning-fou, sa dernière retraite, se donne la mort. Avec lui finit la dynastie des Kin ou des Niutehés. 1235. Otton l'Enfant reçoit de l'empereur Frédéric II l'investiture de toutes les terres de Brunswick et de Lunefjourg, érigées en duché sous le nom de Brunswick. — Paix publique de Mayence. Prise d'Ubeda, au N. E. de Jaeïi, par Ferdi- nand III, roi de Castille et de Léon. Le pape Grégoire IX charge son chapelain Raymond de Pennafort de rassembler et rédiger en ordre de matières toutes les décisions de ses prédécesseurs, ainsi que les siennes, en étendant à l'usage commun ce qui n'avait été établi que pour un lieu et pour des cas particuliers. Il pu- blie ce recueil sous le nom de Décrétâtes, avec ordre de s'en servir dans les tribunaux, ainsi que dans les écoles. Prédication d'une nouvelle croisade. Thibaut, roi de Navarre, Pierre Mauclerc de Dreux, duc de Bretagne^ le connétable Amaury de Montfort, les comtes de Nevers et de Bar, etc., prennent la croix. 1236. Guerre entre Frédéric II et les villes lombardes. Eccelin, tyran de Padoue, de Vérone et de Vi- cence, chef du parti impérial, se rend célèbre par ses cruautés. A vingt et un ans accomplis, saint Louis est déclaré majeur (25 avril). Henri III, roi d'Angleterre, épouse Éléonore, fille de Raymond-Bérenger V, comte de Pro- vence, et sœur de la reine de France. — Troubles occasionnés par les comtes de Savoie, frères d'Ëléonore. Ferdinand III, roi de Castille, enlève aux Arabes la ville de Cordoue. Six cent mille Mongols, conduits par Batou- Khan, neveu d'Oktaï, épouvantent la Russie par leurs dévastations; ils se fixent sur le Volga in- férieur. 1237. Victoire de Frédéric II sur les Milanais à Corte Nuova. Le caroccio tombe au pouvoir du vainqueur, qui l'envoie à Rome, où il fut placé dans le Capitole. Mort de Jean de Brienne. Baudouin II de Cour- tenai se trouvait alors en Flandre, sollicitant des secours contre les Grecs. Les chevaliers de Livonie, se trouvant trop faibles pour lutter contre les habitants payens de 188 CHRONOLOGIE. — TABLES. Ap. J.-C. ce pays, s'unissent à l'ordre Teutonique, qui éta- blit depuis des généraux en Livonie, sous le nom de Heermeister. 1238. La couronne d'épines de Jésus-Christ, achetée des Vénitiens qui l'avaient enlevée de Constanti- nople, est reçue solennellement par saint Louis ; elle sera déposée dans la Sainte-Chapelle, l'un des chefs-d'œuvre de l'art gothique. Jayme I", roi d'Aragon, enlève Valence aux Maures. L'empereur Frédéric II érige le pays de Chablais et d'Aoste en duchés, en faveur du comte de Sa- voie Amédée IV. — Il échoue dans le siège de Brescia. En Hollande, formation du bassin maritime du Zuyderzée, par suite de l'union des eaux de la mer avec celles du lac Flévo. 1239. Frédéric II est excommunié par Grégoire IX, mécontent de ce que l'île de Sardaigne, sur la- quelle le saint siège élevait des prétentions, avait été donnée par l'empereur à son fils naturel Enzio. — L'empereur chasse de ses États des Deux- Siciles tous les frères prêcheurs et mineurs, qui n'étaient pas nés dans le pays, s'empare du Mont- Cassin, rappelle de Rome tous ses sujets et met de nouvelles impositions sur les ecclésiastiques. — Saint Louis envoie des ambassadeurs à Rome, pour adoucir Grégoire IX en faveur de Frédéric. Grégoire IX reste inébranlable et fait prêcher une croisade contre Frédéric. Le roi de Navarre assemble à Lyon les croisés (v. 1235), mais ceux-ci reçoivent une bulle du pape, qui, leur annonçant ses nouvelles difficul- tés avec Frédéric II, leur ordonne de se séparer. Quelques-uns obéissent, mais d'autres, parmi les- quels le roi de Navarre, persistent dans leur projet. — Défaite des croisés à Gaza, où Amaury de Montfort est tué et le comte de Bar fait pri- sonnier. — Jérusalem, qui, depuis 11 ans, avait été au pouvoir des chrétiens, passe de nouveau sous la domination des Turcs. Alix, du consentement de Jean de Dreux, son époux, partant pour la terre sainte, vend le comté de Màcon à saint Louis pour la somme de 10000 livres et 1 000 livres de pension viagère. 1240. Réunion au domaine royal du comté du Perche à la mort de Guillaume, évêque de Chàlons- sur-Marne, dernier héritier mâle des anciens comtes du Perche. Richard, comte de Cornouailles, frère d'Henri III d'Angleterre, arrive en Palestine et conclut avec le sultan de Damas un arrangement par lequel les villes de Jérusalem, Ascalon et Tibériade sont rendues aux chrétiens. Frédéric II menace le pape jusque dans Rome; Grégoire IX engage dans une croisade contre l'empereur tous les partisans de la liberté en Italie. — Frédéric prend Ravenne et assiège Faenza. — Grégoire de Montelungo, légat du pape en Lombardie, engage les Bolonais, les Véni- tiens et le marquis d'Esté à réunir leurs efforts contre le vieux gibelin Torelli Salinguerra, qui est fait prisonnier et meurt en captivité à Venise. Les Mongols saccagent Kiev et ravagent la Po- logne. 1241. Succès de Frédéric II en Italie. Il s'empare de Faenza et de Bénévent, tandis que la flotte de Sicile et de Pise, ville gibeline, battait à la hau- teur de l'île de Méloria, près de Livourne, des vaisseaux génois qui portaient un grand nombre de cardinaux et d'évêques français, convoqués à Rome pour un concile. — Mort de Grégoire IX. Vacance du saint-siége pendant deux ans. Mort de Waldemar II, roi de Danemark, sur- nommé le Victorieux. De toutes ses conquêtes, il ne lui restait que l'île de Rugen et Revel en Estho- Ap. J.-C % nie. Éric IV, l'aîné de ses 4 fils, lui succède; les 3 autres obtiennent chacun un apanage sous la suzeraineté de la couronne de Danemark; Abel, le Slesvig; Kanut, la Blékingie; Christophe, le Halland. Une guerre de 8 années va s'engager entre eux et leur aîné. Invasion des Mongols en Hongrie, sous la con- duite de Batou-Khan. Bataille de Mudhi, où les Mongols font un carnage effroyable des Hongrois. Le roi Bêla III se retire dans les îles de la Dal- matie. — Une autre armée de Tartares pénètre par l'Arménie dans la sultanie des Turcs seldjou- cides d'Iconium, qui sont forcés de payer tribut au grand khan. Association de Hambourg et de Lubeck. Origine de la ligue Hanséatique. Elle s'accrut successi- vement, au point que le nombre des villes confé- dérées se monta à 80, et qu'elles jouèrent pendant quelque temps le rôle de puissance dominante dans le nord. Alexandre, fils du grand-duc de Russie Jaroslaw Wsewolodowitsch, remporte, près de la Newa, sur les chevaliers de Livonie une grande victoire qui lui vaut le surnom de Newski. 1242. L'ambitieuse Isabelle, femme d'Hugues de Lusignan, comte de la Marche, forme en secret, contre Louis IX, une ligue avec le roi d'Angle- terre son fils, le comte de Toulouse et les rois d'Aragon, de Castille et de Navarre. Hugues de Lusignan refuse de rendre l'hommage à Alphonse, comte de Poitiers, frère de saint Louis. Henri III est vaincu par saint Louis à Taillebourg et à Saintes. Dévastations commises en Syrie par les Kha- l'ismes ou Khorasmiens, chassés par les Mongols des rives de la mer Caspienne. 1243. Election de Sinibaldo Fieschi, qui prend le nom d'Innocent IV. Il était de la maison des comtes de Lavagne, génoise, mais gibeline, parce qu'elle tenait des fiefs impériaux, et domiciliée à Parme, ville dévouée à l'empereur. Les Mongols évacuent la Hongrie, où rentre Bêla IV. — Guerre des Hongrois contre l'Au- triche. Division de la Prusse en 4 diocèses catholiques. Culm, Poméranie, Warmie, Sambie. Réconciliation de saint Louis et d'Henri III d'Angleterre. Le premier contraint les seigneurs qui possédaient en même temps des fiefs de la couronne de France et des fiefs de la couronne d'Angleterre d'opter entre les deux monarques. 1244. Thaddée de Sessa et Pierre des Vignes vont à Rome pour traiter de la paix au nom de. Fré- déric II. Innocent IV feint d'accepter les propo- sitions de Frédéric II, puis s'enfuit de Rome et se rend à Lyon, où il convoque un concile pour l'année suivante. Le sultan d'Egypte engage les Khorasmiens à faire la guerre au sultan de Damas et aux chré- tiens de la Palestine. — Prise de Jérusalem par les Khorasmiens. Destruction du saint Sépulcre. Les chrétiens, réunis aux sultans de Damas et d'Émèse, sont complètement battus près de Gaza. — Maladie de saint Louis. Il prend la croix. État florissant du royaume de Grenade sous le gouvernement de Ben-al-Ahmar. 1245. Saint Louis renouvelle la Quarantaine-le-Roi , dont on attribue la première pensée à Philippe- Auguste. — Il intervient inutilement entre Fré- déric II et Innocent IV. — Réunion à Lyon du 14° concile général. Frédéric II est excommunié et déposé. Baudouin II et les patriarches latins de Constantinople et d'Antioche obtiennent du con- cile une promesse de secours. — Transports de colère de Frédéric II en apprenant la décision du concile. Sa lettre à tous les princes chrétiens pour se justifier des accusations dirigées contre lui. MOYEN AGE. 189 Ap. J.-G. Ferdinand III de Castille contraint le roi de Grenade à lui abandonner Jaën et à se reconnaître son vassal. Insurrection en Portugal, motivée par la con- duite scandaleuse et le mauvais gouvernement de Sanche II. Innocent IV excommunie le roi et donne la régence à son frère. Les chevaliers teutons reçoivent du saint-siége un tiers de la Sémigalle et "deux tiers de la Cour- lande ; le reste est donné aux évêques. Frédéric II attribue aux chevaliers, comme fiefs de l'empire, la Livonie, la Courlande, la Samogitie, sans s'oc- cuper du droit de suprématie de l'archevêque de Riga. Innocent IV envoie chez les Mongols des mis- sionnaires. L'un d'eux, Jean du Plan de Carpin, est reçu à Caracorum par le grand khan, Gaiouk, fils d'Ôktaï. La relation de son voyage, que nous avons encore, contient une foule de détails cu- rieux. La sultanie de Damas est réunie à celle d'Egypte. 1246. Henri Raspon, landgrave de Thuringe, est élu roi des Romains à Wurzbourg par les archevêques de Mayence, de Cologne, de Trêves, de Strasbourg, de Metz et de Spire. Le pape lui fait remettre 25 000 marcs d'argent pris sur les fonds que l'Angleterre lui avait fournis. Charles, frère de saint Louis, épouse Béatrix, qui doit hériter de la Provence. 11 reçoit du roi les comtés du Maine et d'Anjou. 1247. Henri de Thuringe, battu par Conrad, meurt de chagrin. Cet Henri était issu de Charles de Lorraine. Avec lui se serait éteinte la ligne fran- çaise de la maison Carlovingienne, s'il n'en avait survécu une branche collatérale dans la maison des comtes de Hohustein, qui descendait de Bé- renger de Sangerhausen, fils cadet de Louis le Barbu, premier landgrave de Thuringe, et de Cécile de Sangerhausen, comme Henri de Thuringe des- cendait de Louis le Sauteur, leur fils aîné. — Une longue guerre s'engage alors entre les margraves de Misnie et les ducs de Brabant, qui partagèrent enfin entre eux le Landgraviat de Thuringe en 1264. Un cadet de Brabant, Henri, surnommé l'Enfant, devient le fondateur de la maison de Hesse. — Le pape fait élire roi des romains Guil- laume, comte de Hollande. Frédéric II met le siège devant Parme, toute dévouée au Pape. Création de la Confédération Rhénane, qui avait pour objet de mettre un terme aux vexations exercées par les seigneurs envers les négociants. Saint Louis fait creuser le port d'Aigues-Mortes sur la Méditerranée et accorde d'importants privi- lèges aux habitants. Haquin V, roi de Norvège, se fait couronner en grande pompe, par un Cardinal Légat, qu'Inno- cent IV lui députa. Le Légat, en abolissant l'épreuve du feu, affermit l'immunité ecclésias- tique et se fit payer de grosses sommes d'ar- gent. 1248. Heureuse attaque des Parmesans qui tuent à Frédéric II près de deux mille hommes,- parmi lesquels Thaddée de Sessa, le défenseur de Frédéric au concile de Lyon. Les Parmesans font un butin considérable. Le Carrocio de Crémone, appelé Berthe, est pris et conduit en triomphe à Parme. Ferdinand III de Castille, avec le concours du roi maure de Grenade, enlève Se ville à un prince almohade, après un siège de quinze mois. Départ de saint Louis pour la croisade. Il s'em- barque au port d'Aigues-Mortes et passe l'hiver dans l'île de Chypre. Mort de Gaiouk, fils et successeur d'Oktaï, au moment où il faisait des préparatifs pour une nou- velle expédition en Europe. Mangou, fils de Touli Ap. J.-C. et petit-fils de Tchingis-Khan est élu grand khan à la mort de Gaiouk. 1249. Victoire de Guillaume de Hollande sur Conrad fils de Frédéric II. Condamnation de Pierre des Vignes, secrétaire et chancelier de Frédéric, qui l'accusait d'avoir voulu l'empoisonner. — Enzio, fils naturel de Frédéric II, tombe au pouvoir des Bolonais, qui le gardent captif durant 23 ans, jusqu'à sa mort. Mort de Raymond VII, comte de Toulouse ; son gendre Alphonse, comte de Poitiers, lui succède. Saint Louis aborde en Egypte, près de Damiette, qui n'est pas défendue parle sultan Nodgemeddin, qui meurt au Caire. Nodgemeddin avait établi pour sa garde la milice des Mameluks, esclaves turcs, originaires de la Circassie. 1250.Marchede saint Louis versle Caire. Le comted' Ar- tois est tué au combat désastreux de la Massoure, où périt aussi Fakreddin, lieutenant du sultan Almohadan. Le gros de l'armée, surpris par l'inon- dation du Nil et moissonné par la contagion, est enveloppé par les Musulmans. Louis est fait pri- sonnier. — La milice des Mameluks se révolte et massacre Almohadan, dernier sultan de la race d'Ayoub. Elle se donne pour chef Ibegh, qui rend la liberté à saint Louis moyennant une forte rançon et recouvre Damiette. Louis s'engage à ne rien entreprendre contre Jérusalem. — Damas se sé- pare de l'Egypte et se donne au sultan d'Alep. Frédéric II meurt à Fiorenzuola, dans la Pouille, sans avoir été réconcilié avec l'Église. — En Alle- magne, la lutte continue entre Conrad, fils de Frédéric II, et Guillaume, comte de Hollande. — Innocent IV publie une nouvelle croisade contre le fils de Frédéric et travaille à soulever contre lui la Pouille et la Sicile. Mainfroy, prince de Tarente, fils naturel de Frédéric II, qui, en vertu du testa- ment de son père, était régent du royaume de Sicile durant l'absence du roi Conrad, fait rentrer dans le devoir plusieurs places et met le siège devant Naples. Origine de la république de Florence. Les Flo- rentins se choisissent douze magistrats qu'ils nom- ment anciens et les tirent des différents quartiers dans lesquels ils avaient partagé la ville. 2 juges furent en même temps élus, pour administrer la justice, l'un appelé Capitaine du peuple, l'autre appelé Podestat. Formation d'une milice bour- geoise. Mort du roi de Suède Eric XI, dit le Bègue, à qui on attribue la fondation de l'université d'Upsal. 1251. Blanche de Castille réprime le soulèvement des Pastoureaux. Conrad, fils de Frédéric II, se rend en Italie. Il reste trois mois dans l'Italie du nord sans rien faire d'important, et passe dans le royaume des Deux-Siciles au commencement de Tannée sui- vante. En Suède, la postérité de saint Eric s'etant éteinte, Birger, guerrier renommé, fit élire son fils Waldemar, encore en bas âge, prit la tutelle de l'état et commença la dynastie des Folkun- giens. 11 est le fondateur de Stockholm. 1252. Saint Louis visite et fortifie les places de la Palestine ; il tente de réconcilier les ordres rivaux du Temple et de l'Hôpital. La nouvelle de la mort de sa mère, Blanche de Castille, le décide a revenir en Europe. — Le roi chrétien d'Arménie, Alton, se rend auprès du grand khan des Mongols Mangou, qui se fait baptiser avec les principaux de sa nation et promet de le secourir contre les musulmans. Mangou envoie son frère Houlagou contre les Bathéniens ou Assassins de Perse. Mort de Ferdinand III le saint, roi de Castille , 190 CHRONOLOGIE. — TABLES. Ap. J--C. Il a commencé a réunir en un corps les lois royales de Castille et a fait traduire en langue vulgaire les lois suivies par les Maures à Cordoue. Il a pour successeur Alphonse X le sage et l'astro- logue. 1253. Mort de Thibaut, comte de Champagne et roi de Navarre, qui s'est rendu célèbre par son talent comme trouvère. Robert Sorbon, conseiller de saint Louis, fonde la Sorbonne pour servir au logement et à l'instruction de quelques maîtres et de quelques élèves pauvres. Guillaume de Rubruk, cordelier, est envoyé par saint Louis au grand khan Mangou, pour le con- vertir au christianisme et en obtenir des secours contre les musulmans de l'Asie. Sa relation qui a pour titre : Itinerarium fratris WiUelmi de Ru- oruck, de ordine frairvm minorum, anno 1253, ad partes orientales , a beaucoup contribué à rectifier et à étendre les connaissances géogra- phiques des Européens sur l'Asie. 1254 Mort de Conrad IV, fils de Frédéric II. Guil- laume de Hollande, seul empereur, propose à la diète de Francfort de sages règlements sur la paix publique. — Mainfroy, fils naturel de Frédéric II, défend les Etats normands d'Italie, héritage du fils de Conrad, Conradin, âgé de deux ans, contre les prétentions ambitieuses d'Jnno- cent IV, qui voulait disposer du royaume des Deux-Siciles comme d'un bien du saint-siége. Il se met à la tète des Sarrasins de Nocera avec lesquels il disperse près de Foggia un corps de troupes papales. Innocent IV en meurt de chagrin. Alexandre IV, successeur d'Innocent IV, prêche une croisade contre le tyran de Padoue, Eccelin de Romano. Les Castillans, avec l'appui du roi de Grenade, enlèvent aux Almohades Xérès, Arcos et Sidonia. Ordonnance de saint Louis pour la réformation des mœurs et de la justice. En Angleterre, Henri III réunit un parlement pour obtenir une aide extraordinaire ; il y appelle comme représentants de la noblesse inférieure., deux chevaliers élus dans chaque comté. 1255. Guillaume de Hollande, dans une assemblée tenue à Oppenheim , confirme une ligue formée pour leur sûreté entre les villes des environs du Rhin et de la Westphalie ainsi que quelques princes voisins, ligue devenue célèbre sous le nom de Confédération rhénane. Les chevaliers de l'ordre Teutonique fondent la ville de Kœnigsberg (mont du roi), qui reçoit son nom en mémoire de l'aide donnée aux chevaliers par le roi de Rohême Ottokar II (Prémislas), qui s'était croisé l'année précédente, et parce qu'elle fut bâtie sur une colline, celle de Twangste. 1256. Azzon d'Esté s'unit aux Lombards contre Eccelin. Les confédérés italiens s'emparent de Padoue. Horrible vengeance d'Eccelin qui fait égorger douze mille Padouans qui servaient dans son armée. — Bonacurse; capitaine du peuple de Bologne, propose à ses concitoyens la loi de l'affranchissement et la fait passer. Tous ceux qui avaient des serfs étaient obligés de les présenter devant le Podestat ou le Capitaine du peuple, qui les affranchissait moyennant- une certaine taxe que la république payait aux maîtres. Saint Louis admet les députés des villes à déli- bérer avec les nobles sur les impositions. Le mongol Houlagou, frère du grand Khan Mangou, met fin à la domination des Assassins en Perse. 1257. Double élection à l'empire de Richard de Cornouailles et d'Alphonse X de Castille. La l re mention du nombre septénaire des électeurs se Ap. J.-G. trouve dans : une lettre du pape Urbain IV écrite cette année au sujet de cette élection. — La plu- part des villes de la Suisse se mettent sous la protection de Rodolphe de Habsbourg. Saint Louis rend à Saint-Germain-.en-Laye une ordonnance qui prohibe entièrement les guerres privées, qui entraînaient des incendies et la per- turbation du labourage. A Milan, Martin, chef de la faction délia Torre (de la Tour), avec l'aide du peuple, s'empare du pouvoir; abaissement de la famille noble des Vis- conti. — A Gênes, l'insurrection fait capitaine du peuple Guillaume Boccanegra; son pouvoir durera 10 ans; le podestat lui est subordonné; il est assisté d'un conseil démocratique de 32 membres. Les Arabes emploient, dit-on, la poudre à canon au siège de Niebla, en Espagne. 1258. Mainfroy se fait couronner roi de Sicile à Païenne. La mère et l'oncle du jeune Conradin, fils de Conrad IV, protestent contre cette usur- pation. Les Vénitiens et les Génois se disputent la possession de l'église de Saint-Salas dans la ville d'Acre en Syrie. Le pape Alexandre IV parvient à réconcilier momentanément les deux républiques. Traité de Corbeil conclu entre saint Louis et le roi d'Aragon. La Catalogne et le Roussillon de- meurent à Jayme 1 er en toute suzeraineté ; il con- tinue à tenir la seigneurie de Montpellier en fief de la couronne de France, et il renonce à tous les autres fiefs qu'il possédait ou sur lesquels il for- mait des prétentions dans l'Auvergne et le Lan- guedoc. Henri III, roi d'Angleterre, déterminé à faire ■ une paix solide avec saint Louis, qui était résolu à restituer les provinces acquises sous ses prédé- cesseurs, envoie des plénipotentiaires avec les- quels le roi de France arrêta les articles prélimi- naires qui furent approuvés par Henri dans un voyage qu'il fit à Paris la même année. Simon de Montfort, comte de Leicester, soup- çonné de trahison par Henri III, se révol'e contre lui, gagne à son parti les barons anglais, force le roi à convoquer à Oxford une assemblés qui est la première à laquelle ait été donné officiellement le nom de parlement, et lui arrache les conces- sions connues sous le nom de Statuts ou Provi- sions d'Oxford, qui remettent en vigueur les libertés de l'Église et la grande charte, et excluent des emplois les étrangers. Prise de Bagdad par le Mongol Houlagou sur Mostasem, dernier calife Abbasside, qui est mis à mort. Houlagou s'avance jusqu'en Syrie où Damas est prise, et jusqu'au détroit de Constantinople. I 1259. Les conventions de Paris entre Henri III et saint Louis sont ratifiées à Abbeville, où les deux rois.s'étaient rendus. Par ce traité l'Anjou , la Tou- raine, la Normandie et le Poitou restèrent à la. France, et les autres terres enlevées au roi Jean furent cédées à l'Angleterre pour être tenues sous la suzeraineté de France. Henri III,- étant revenu à Paris, y fait hommage-lige et serment de fidélité pour les provinces d'outre-Loire qu'on lui avait laissées. Mort de Thécdore Lascaris, empereur de Nicée. Avènement de son fils Jean, âgé de 6 ans,. Michel Paléologue se fait déclarer régent. Milan, Ferrare, Mantoue, Bologne, Crémonft réunissent leurs forces sous la conduite du mar- quis Obert Pallavicini et du marquis d'Esté contre . Eccelin qui est battu et fait prisonnier au pas- sage de l'Adda à Soncino. Eccelin meurt des sui- tes de ses blessures. — A Milan, la seigneurie est donnée pour 5 ans à Obert Pallavicini, sur la pro- position de Martin délia Torre, qui espérait go. > verner sous son nom. MOYEN AGE 191 Ap. J.-C. Hugues de Revel, 18 e successeur de Gérard, fondateur de l'ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, obtient le premier le titre de grand- maître, qui lui est conféré par Innocent IV. Mort du grand khan Mangou. Démembrement de l'empire gengiskhanide : un de ses frères , Kublaï, désigné par les principaux de la nation pour lui succéder, commence la dynastie impé- riale des Tartares orientaux; un autre, Houlagou, reçoit les régions occidentales, et devient la tige de la dynastie persane des Mongols : il règne de- puis le Khorasan, au sud-est de la mer Caspienne, jusqu'au pays de Roum, en Asie mineure. Mort de Mathieu Paris, moine bénédictin de Saint- Alban, auteur des Chronica majora qui sont une des sources les plus considérables de l'histoire d'Angleterre depuis Guillaume le Con- quérant. 1260. Fondation à Paris de l'hôpital des Quinze- Vingts, d"abord pour trois cents gentilshommes à qui les Sarrasins avaient crevé les yeux. — Estienne Boileau, prévôt de Paris, fait rédiger les statuts des corporations marchandes de cette ville. Les Siennois ayant reçu chez eux les Gibelins bannis de Florence, les Florentins leur déclarent la guerre. — Les Siennois avec l'appui de Main- froy triomphent de leurs ennemis. — Des députés de Sienne, d'Arezzo, de Pise et des autres prin- cipales villes gibelines, réunis au château d'Em- poli, proposent de détruire Florence. Le Florentin Farinata de Gli Uberti, podestat de Sienne, les fait renoncer à ce projet. Alphonse X de Castille ordonne d'écrire en lan- gue vulgaire tous les actes'publics. La rédaction d'un code civil pour la monarchie Castillane est achevée. Ce travail se compose d'une collection de lois et de coutumes , ainsi que de décrets de conciles qui avaient été successivement promul- gués. Comme la collection est divisée en sept parties, on la nomme Las sietePartidas. Les Mongols s'emparent d'Alep et mettent fin à la dernière sultanie ayoubite de Syrie. Ils sont . combattus par Bibars-Bondochar qui renverse son maître, le sultan d'Egypte, et a à lutter à la fois contre les Mongols, les chrétiens et les émirs indépendants. Alexandre, natif de Bernai, compose vers cette époque le premier poëme français de longue haleine, la Vie d'Alexandre, pleine" d'allusions aux événements de la cour de 1 hilippe-Auguste. Mort de Guillaume de Lorris, qui commença le fameux poëme allégorique connu sous le nom de Roman de la Rose. 1261. Henri III d'Angleterre, délié de son serment par le pape, n'observe plus les statuts d'Oxford. Ordonnance de saint Louis pour interdire dans ses domaines l'usage du -duel judiciaire. Michel Paléologue, avec l'aide des Génois, s'em- pare de Constantinople. Fin de l'empire latin. Mort du pape Alexandre IV. Le Français Ur- bain IV lui succède. 1262. Saint Louis admet, comme il avait déjà fait en 1256, quelques bourgeois dans le conseil des barons. — Ordonnance royale en vertu de laquelle la monnaie de la couronne sera reçue dans tout le royaume, tandis que celle des "quatre-vingts seigneurs qui jouissaient alors du droit de frap- per monnaie n'aura pas cours hors de leurs terres. Mariage de Don Pèdre, fils aîné du roi d'Ara- gon, avec Constancs, fille de Mainfroy, roi des Deux-Siciles. — Le frère de Pèdre, Jayme, est créé roi de Majorque avec les seigneuries de Bous- sijlon et de Montpellier. A Gênes, le capitaine du peuple Boccanegra Ap. J.-C est renversé et le podestat rétabli dans son an- cienne autorité. — Les Génois se font céder par Michel Paléologue le faubourg de Péra à Constan- tinople. Le roi de^ Bohême, .Prémislas-Ottocar II, quoi- que divorcé, obtient, au nom de sa femme, de l'empereur Richard de Cornouailles, l'investiture de l'Autriche et de la Styrie; il y joint, par rachat, la Carinthie, la Carniole et l'Istrie. 1263. Guerre civile en Angleterre. Le comte de Leicester, chef des barons révoltés, occupe Lon- dres. Urbain IV lance l'interdit sur la ville de Milan, qui refuse de reconnaître le noble Otton Visconti, nommé par le pape archevêque de cette ville contre le gré du peuple. — Il offre la couronne de Naples et de Sicile à Charles d'Anjou, frère de saint Louis. Il contribue à le faire nommer séna- teur de Rome. Mort du grand-duc de Russie Alexandre Newski. Il est honoré en Russie comme un saint, et, à ce titre, il est le patron d'un ordre institué en 1715 par Catherine I. 1264. Sentence arbitrale de saint Louis dans le débat d'Henri III avec les seigneurs. Elle est sans ré- sultat et la guerre continue. Henri III est battu et fait prisonnier à Lewes, dans le comté de Sus- sex. Gouvernement despotique de Leicester, qui établit dans tout le royaume, sous le nom de conservateurs de la paix, des officiers investis du pouvoir le plus arbitraire . Convocation d'un par- lement où sont admis, à côté des barons, deux chevaliers par comté et deux bourgeois des prin- cipales villes et bourgs. C'est ici la première appa- rition générale des députés des villes et bourgs dans l'assemblée de la nation. En retour des subsides fournis pour la guerre contre les Maures, la noblesse d'Aragon obtient du roi l'exemption de l'impôt sur le bétail, l'exten- sion de l'autorité du grand justicier, et la posses- sion exclusive des charges militaires. Mort du dominicain Vincent de Beauvais ; au- teur du Quadruple miroir, espèce d'encyclopédie où sont résumées toutes les connaissances de l'époque. 1265. Le prince Edouard, fils de Henri III, se met à la tête des barons que Leicester s'était aliénés par son despotisme ; Leicester est vaincu et tué avec son fils aîné Henri et ses principaux partisans à la bataille d'Evesham, dans le comté de Worces- ter. Avec lui son parti succombe complètement. Clément IV succède à Urbain IV. Il presse l'ar- rivée en Italie de Charles d'Anjou qui entre en triomphe à Rome le 14 de mai. Charles est dé- claré roi des Deux-Siciles parle pape, auquel il prête d'avance le serment de fidélité et d'hom- mage-lige. Fin de la guerre entre le margrave de Misnie et Sophie de Brabant qui lui disputait une par- tie de l'héritage de Henri Raspon, landgrave de Thuringe, son oncle. Henri l'Enfant, fils de So- phie, obtient toutes les possessions des land- graves de Thuringe en Hesse et devient la tige de la maison de Hesse qui prit rang parmi les prin- ces germaniques en 1292. Le sultan d'Egypte Bibars échoue devant Saint- Jean-d Acre, mais détruit Tyr et ravage les terres de Tripoli. 1266. Mainfroy est vaincu et tué près de Bénévent par Charles d'Anjou. Charles entre en triomphe à Naples avec la reine Béatrix, mais se fait bien- tôt détester par ses exactions. Bulle de Clément IV, qui attribue au pape le droit, pour tous les pays chré f iens, non-seule- ment de disposer des bénéfices ecclésiastiques lorsqu'ils sont vacants, mais encore de les assu- 192 CHRONOLOGIE. -— TABLES. àp. J.-C. rer à qui bon lui semble avant qu'ils viennent à vaquer. C'est là l'origine des réserves expecta- tives. Alphonse X, roi de Castille , rend tributaire et vassal le royaume de Murcie, qui lui est disputé par le roi d'Aragon qui possède Valence au nord de Murcie. Le sultan Bibars enlève aux chrétiens de Syrie Césarée, Arsouf et Saphad. Magnus VII, roi de Norvège, cède au roi d'Ecosse pour un cens annuel de cent marcs d'argent l'île de Man et toutes les Hébrides, en se réservant les îles Orcades et Schetland. 1267. Florence, déchirée par les rivalités des Guel- fes et des Gibelins, se donne pour 10 ans à Charles d'Anjou, que le pape nomme vicaire en Toscane. — Les Gibelins ont recours à Conradin, fils du roi Conrad, qui passe en Italie avec une armée d'environ 10000 hommes. L'empereur Michel Paléologue,pour relever les études grecques, fonde deux écoles à Constanti- nople, l'une pour la grammaire, l'autre pour les hautes sciences. — Baudouin II de Courtenai abandonne ses droits sur l'empire grec à Charles d'Anjou. 1268. Victoire de Charles d'Anjou sur Conradin à Tagliacozzo, au N. O. du lac Fucin. — Conradin, âgé de 16 ans, périt sur l'échafaud à Naples avec son ami le jeune Frédéric de Bade, qu'Ottocar II de Bohême a dépouillé de l'héritage d'Autriche. Avec Conradin finit la maison de Souabe. Les comtes de Maurienne, qui possédaient le Piémont et la Savoie, prennent le titre de comtes de Savoie. Le sultan d'Egypte enlève aux chrétiens Jaffa et Antioche. La guerre maritime recommence entre Venise . et Gênes. Le pape, saint Louis et Charles d'Anjou essaient en vain de les réconcilier. 1269. Pragmatique sanction de saint Louis qui avait pour but de mettre un terme à quelques exactions dont profitait la cour de Rome el de ré- tablir l'ancienne discipline pour la nomination des évêques et des abbés; les chanoines et les moines recouvraient le droit d'élection, dont la papauté avait voulu les priver. Les patrons, c'est-à-dire ceux qui avaient fondé ou doté les églises et les monastères, nommaient, suivant leurs anciens privilèges, les titulaires des bénéfices. Charles d'Anjou s'empare de Nocera défendue longtemps par les Sarrasins, en détruit complè- tement les fortifications et les murailles et dis- perse les Sarrasins dans diverses provinces. Le chef mérinide de Fez s'empare de Maroc sur le dernier roi de la dynastie des Almohades. Hugues III le grand , roi de Chypre, prend le titre de roi de Jérusalem et se fait couronner à Tyr. 1270. Saint Louis publie ses Établissements , sorte de code divisé en deux parties : l'une qui dérive des lois romaines et ecclésiastiques ; l'autre du droit coutumier . La supériorité du roi , qui ne relève que de Dieu, y est proclamée, mais en même temps les droits des barons sont reconnus. Si le roi, y est-il dit, refuse de rendre bonne justice à ses vassaux, ceux-ci pourront poursuivre leur droit contre lui par les armes. Seconde croisade de saint Louis. Les sugges- tions intéressées du roi de Sicile, dont les sujets avaient beaucoup à souffrir des attaques des pirates africains, et l'espoir de convertir le roi de Tunis, le décident à faire voile pour l'Afrique. L'armée française débarque sur les ruines de Carthage et met le siège devant Tunis. Le saint roi est emporté par la peste. Charles d'Anjou conclut avec Mohammed Mostanser un traité utile aux marchands de la Sicile. — Le prince Ap J.-C. anglais Edouard, qui s'était croisé avec saint Louis, se rend en Syrie où il obtiendra une trêve de Bibars. Paix entre les Génois et les Vénitiens. — A Gênes, rivalité sanglante entre le parti gibelin des Doria et des Spinola, qui se font proclamer capitaines de la liberté, et le parti des Grimaldi et des Fieschi. 1271. Richard de Cornouailles, roi des Romains, meurt en Angleterre. Anarchie en Allemagne. Le roi de Bohême, Ottocar II, refuse la couronne que lui offrent les princes allemands. Philippe II, dit le Hardi, fils et successeur de saint Louis, réunit au domaine de la couronne le comté de Toulouse, vacant par la mort de son oncle, Alphonse de Poitiers. Le parlement rejeta les prétentions de Charles d'Anjou qui demandait le partage du domaine d'Alphonse de Poitiers entre ses agnats, et consacra par cette décision le principe du retour des apanages à la couronne. Le Vénitien Marco Polo part pour le pays des Mongols orientaux avec son père qui avait déjà visité le grand khan Kublaï. Il parcourt l'Asie pendant 26 ans. Sa relation, écrite originairement en français suivant le comte Baldelli-Boni, fit ftire dé grands progrès à la géographie de l'Asie orientale. 1272. Mort de Henri III, roi d'Angleterre. Edouard 1 er qui était encore en Palestine, est reconnu roi. En France, Philippe le Hardi confère le premier des lettres de noblesse à son argentier, Raoul l'orfèvre. A Gênes, les Guelfes exilés, les Fieschi et les Grimaldi, implorent l'appui de Charles d'Anjou. 1273. Rodolphe, comte de Habsbourg et landgrave d'Alsace, âgé de 55 ans, est élu empereur d'Alle- magne. En exécution du traité de Paris de 1229, le comtat Venaissin est abandonné au pape Gré- goire X. Ligue du marquis de Monferrat, de Pavie, d'Asti, de Gênes contre Charles d'Anjou, malgré une excommunication lancée par le pape contre les confédérés. Magnus VII, fils et successeur de Haquin, fait un accommodement avec le clergé, qui renonce au droit d'élection qu'il réclamait en vertu de la charte du roi Magnus V, aussi longtemps qu'il existerait un héritier légitime. 1274. Edouard 1 er , roi d'Angleterre, commence la conquête du pays de Galles. Grégoire X reconnaît l'empereur Rodolphe, qui confirme au saint-siége la possession de l'exar. chat de Ravenne, de la marche d'Ancône et du duché de Spolète. 15 e concile général tenu à Lyon, sous la pré- sidence de Grégoire X. Albert le Grand y assiste. Saint Thomas d'Aquin meurt avant d'y arriver. Saint Bonaventure meurt durant le concile. La réunion de l'Église grecque et de l'Eglise latine s'y fait de la manière la plus solennelle, par l'influence de Michel Paléologue, qui redou- tait la nouvelle croisade que ce concile devait au- toriser, et l'ambition de Charles d'Anjou. Cette réunion ne devait durer que peu de temps. Le 'i concile reçoit aussi des ambassadeurs du khan des Mongols occidentaux, Abaka, fils d'Houlagou, chargés de faire un traité avec le pape et avec les princes chrétiens contre le sultan d'Egypte, Bibars. Mort du fils de Baudouin II, empereur latin déchu, Philippe , qui a conservé le titre d'empe- pereur de Constantinople : le titre passe au roi Charles d'Anjou, son parent. Un moine de Saint-Denis présente à Philippe le Hardi les Grandes chroniques de France ou Chroniques de Saint-Denis. MOYEN AGE. 193 Ap. J.-C. 1275. Crédit de Pierre de la Brosse, barbier et favori de Philippe III; mécontentement de la noblesse. Le roi de Grenade Mohammed II livre à Yacoub, roi mérinide de Fez et de Maroc, les ports de Tarifa et d'Algéziras, pour obtenir son appui con- tre les chrétiens. Après la mort de l'infant de Cas- tille, Ferdinand de Lacerda, fils aîné d'Alphonse X, Sanche, frère de Ferdinand, âgé de 18 ans, arrête l'invasion des Mérinides. — En Navarre, Henri le Gros, fils de Thibaut II (V), n'ayant laissé qu'une fille âgée de 3 ans, Philippe le Hardi prend cette princesse sous sa protection et fait occuper le pays par une armée sous le commandement de Robert d'Artois. La jeune princesse sera fiancée au fils du roi, Philippe le Bel. Rodolphe de Habsbourg somme le roi de Bohème Ottocar II, de lui rendre hommage et de renoncer à l'héritage d'Autriche, fief d'empire dont il s'est emparé ; Ottocar II refuse ; un arrêt de proscription est rendu contre lui par la diète d'Augsbourg. 1276. Mort de Jayme I er , roi d'Aragon, après avoir régné 63 ans. Son fils aîné, Pierre III, lui suc- cède. — Philippe le Hardi réclame auprès du roi de Castille Alphonse X, en faveur des infants de Lacerda, que les cortès de Ségovie venaient d'exclure de la couronne. La guerre éclate entre l'oncle maternel de ces jeunes princes et leur aïeul paternel, mais elle sera sans résultat. Les nobles font juger et condamner à mort Pierre de la Brosse, chambellan du roi, ancien chirurgien de saint Louis. Il était accusé d'avoir attribué à la seconde femme du roi, Marie de Brabant, l'empoisonnement du prince royal, né d'un premier mariage. Le parti des Torriani succombe à Milan où Othon Visconti est reçu comme archevêque et comme seigneur. — Rodolphe de Habsbourg donne l'in- vestiture impériale au seigneur de r'errare, mar- quis d'Esté. 1277. L'empereur Michel Paléologue, pour obtenir l'appui des Occidentaux , se décide après de lon- gues controverses à signer l'acte d'union des deux Églises. Il envoie au pape une profession de foi et le serment d'obéissance. Cette conduite excite le mécontentement de ses sujets. Le sultan d'Egypte, Bibars, remporte une grande victoire sur les Mongols en Syrie, entre Emèse et Damas. 1278. Ottocar II, roi de Bohême, est vaincu et tué à la bataille de Markfeld, près de Vienne, par Rodolphe de Habsbourg. Les duchés d'Autriche, de Styrie, de Carinthie et de Carniole, enlevés au royaume de Bohême, furent déclarés vacants et dévolus à l'empire. Rodolphe en conféra l'in- vestiture à ses deux fils Albert et Rodolphe, à Augsbourg, en 1282. Albert, depuis empereur, devint la tige de la maison Habsbourg- Autriche. 1279. L'empire des Song, qui occupait tout le midi de la Chine, est entièrement détruit par Kublai- Khan, qui réunit alors toute la Chine sous sa domination. 1280. Le comte de Savoie établit sa résidence à Turin, dans le Piémont, sur le Pô- Construction de la forteresse de Marienbourg sur la Vistule par les chevaliers teutons. Mort du pape Nicolas III, de la famille romaine des Ursins. Il avait retiré à Charles d'Anjou la dignité de sénateur de Rome. 1281. Jean de Procida, médecin de Mainfroy, excite contre Charles d'Anjou Pierre III, roi d'Aragon, gendre de Mainfroy, et Michel Paléologue, empe - reur de Constantinople. — Le Français Martin IV, qui arrive à la papauté avec l'appui de Charles d'Anjou, rend à ce prince la dignité de sénateur Ap. J.-C. de Rome, et excommunie l'empereur Michel à l'instigation de Charles d'Anjou qui rêvait la con- quête de Constantinople, avec l'aide des Vé- nitiens. Le grand khan Kublaï dirige contre le Japon une expédition, qui échoue par suite d'une tem- pête. — Conquête par les Mongols des contrées de Corée, de Tonquin, de Cochinchine, de Pégu et de Bengale. 1282. Soulèvement du peuple de Palerme contre les Français. Massacre des Vêpres siciliennes (30 mars)". Pierre III d'Aragon est couronné roi à Palerme et occupe Messine. Il est excommunié par Martin IV, qui offre la couronne d'Aragon au second fils de Philippe le Hardi, Charles de Valois. En Castille, guerre entre Alphonse X et son second fils don Sanche ; le premier fait alliance avec le roi de Maroc, le second avec le roi de Grenade. Andronic II, qui succède à son père Michel Paléologue sur le trône de Constantinople, fait cesser l'union religieuse avec les Latins. Constitution de la seigneurie de Florence: les représentants des arts et métiers les plus influents, appelés majeurs, nomment des prieurs. 1283. Défaite et mort de Léolyn, chef des Gallois, par Edouard I", roi d'Angleterre. Philippe de Beaumanoir rédige les Coutumes et usages de Beauvaisis. Les nobles arrachent à Pierre d'Aragon le grand privilège de 1283, par lequel le droit des états de consentir la guerre et les impositions fut définitivement reconnu. 1284. David, frère du Gallois Léolyn, est trahi et livré à Edouard I tr . Soumission du pays de Galles. Edouard I 6r a durant cette guerre un fils, qui reçoit le titre de prince de Galles, titre qu'a toujours porté depuis l'héritier du trône. Mort d'Alphonse X, roi de Castille. Son fils, qui s'était réconcilié avec lui, Sanche IV, lui suc- cède avec l'assentiment de la nation. Grande victoire navale remportée par les Génois sur les Pisans dans les eaux de Méloria, près de Livourne. L'amiral aragonais Roger de Loria, vainqueur dans une bataille navale devant Naples , fait pri- sonnier le fils de Charles d'Anjou. — Révolte des Napolitains cruellement réprimée par Charles d'Anjou, 1285. Mort de Philippe le Hardi au retour d'une expédition en Aragon, à Perpignan, dans le Rous- sillon, à l'âge de 40 ans. Avènement de Philippe le Bel, qui a épousé la reine de Navarre. Mort du roi d'Aragon, Pierre III. Son fils aîné lui succède en Aragon ; le second en Sicile. Mort de Charles d'Anjou. Son fils, bien que tou- jours au pouvoir des' Aragonais . est reconnu roi par les Napolitains, sous le nom de Charles III. 1286. Honorius IV" confirme l'ordre religieux des Carmes, originaire du mont Carmel, en Syrie. On trouve dans les anciens statuts de la ville de Ferrare de cette année un article qui ordonne au Podestat de tenir la main à la conservation d'une bible, en deux volumes in-folio, qui ap- partenait à la fabrique de l'évêché. Mort d'Abulfarage, auteur d'une chronique uni- verselle en syriaque, traduite par lui-même en latin. 1287. Alphonse III, roi d'Aragon, signe à Saragosse deux lois qu'on nomme Privilèges de l'Union. Par l'un de ces privilèges, le roi s'engageait à convoquer les cortès à Saragosse tous les ans. Un lieutenant du sultan d'Egypte s'empare de Laodicée, qui restait seule avec Tripoli au dernier 13 194 CHRONOLOGIE. TABLES. Ap. J.-C. descendant des princes normands d'Antioche , Bohémond VII, qui meurt peu de temps après. 1288. Le roi d'Aragon, pour empêcher Sanche de Castille d'unir ses forces à celles de la France, rend la liberté aux deux infants de Lacerda, qui étaient ses prisonniers, et proclame l'aîné, Al- phonse, roi de Castille. Edmond I er , roi d'Angle- terre, reconnaît ce prince, qui était petit-fils de saint Louis, tandis que Philippe IV, le Bel, se disposait à le combattre. Le roi d'Aragon obtient du roi de Naples, Charles II le Boiteux, son prisonnier, la renon- ciation à la couronne de Sicile et lui rend la li- berté. Modène demande à être gouvernée par le mar- quis d'Esté, seigneur de Ferrare. Le comte Ugolin de la Gherardesea est enfermé dans la Tour de la faim par l'archevêque de Pise, Roger. Prise de Tripoli par le sultan d'Egypte. Les Latins ne conservent en Orient que Saint-Jean- d'Acre, Tyr et Sidon. 1289. Charles II, roi de Naples, est couronné à Rieti par le pape Nicolas IV, roi de Sicile, de Pouille et de Jérusalem. Wenceslas IV, roi de Bohême, renonce à ses prétentions sur l'Autriche et sur la Syrie, et épouse une fille de l'empereur Rodolphe de Habs- bourg. Mort du doge Jean Dandolo. Il a pour succes- seur Pierre Gradenigo. Établissement à Venise du tribunal de l'inquisition par une bulle ponti- ficale. 1290. Le roi de Hongrie, Ladislas, périt assassiné Sar les Cumans. Il a pour successeur' André III it le Vénitien, né d'Etienne, fils posthume du roi André II et d'une Vénitienne, Morosini. Reggio se donne au marquis d'Esté, qui était déjà seigneur de Ferrare et de Modène. Guillaume V de Montferrat, après un règne de 36 ans, est fait prisonnier par ses sujets révoltés d'Alexandrie, qui le tiennent enfermé dans une cage de fer pendant 5 mois jusqu'à sa mort. Son fils, Jean I er , lui succède, à l'âge de 16 ans. 1291. Mort de Marguerite d'Ecosse, la vierge de Norvège. Edouard P 1 ', roi d'Angleterre, pris pour arbitre entre Jean Baillol et Robert Bruce, les deux prin- cipaux prétendants, se fait d'abord reconnaître suzerain du royaume. Le roi Charles de Naples, les ambassadeurs du roi d'Aragon, ceux du roi d' ngleterre, si- gnent, après de longues conférences, àTarascon, un traité par lequel Alphonse III fut réconcilié avec l'Église et reconnu roi d'Aragon; le roi de Naples céda à Charles de Valois, pour le dédom- mager du royaume d'Aragon, qui lui avait été donné par le pape, les provinces d'Anjou et du Maine. Charles de Naples obtint de Philippe la seigneurie de la moitié de la ville d'Avignon, qu'il devait posséder en commun avec le roi de France. — Mort du roi d'Aragon, sans enfants. Le roi de Sicile, son frère, Jayme II d'Aragon, lui succède, et ne cède que l'administration de la Sicile à son frère Frédéric. ^ Le sultan d'Egypte, Kalil-Ascraf, enlève aux chrétiens, après un siège de 5 semaines, la ville de Saint-Jean-d'Acre. Fin de la domination d,es Latins dans la Terre-Sainte. Les ordres de l'Hô- pital et du Temple prennent pour chef-lieu la ville de Limisso, dans l'île de Chypre. 1292. Mort de l'empereur Rodolphe de Habsbourg. Après un interrègne de plusieurs mois, le collège des électeurs préfère au fils de Rodolphe le comte de Nassau, qui n'avait pour lui que son obscurité et son impuissance. Ap. J.;C. Edouard 1 er désigne pour le trône d'Ecosse Jean Baillol, qui lui prête serment de fidélité. Une rixe de deux matelots anglais et normand, à Bayonne, provoque la guerre entre la France et l'Angleterre. Prise de Tarifa sur le roi de Maroc Yousouf, par Sanche IV, roi de Castille. 1293. Edouard I or , roi d'Angleterre, est cité devant la cour des Pairs. 1294. Sur le refus d'Edouard I ev de comparaître en personne, la cour des Pairs prononce la confisca- tion de laGuienne, et le connétable de Nesles re- çoit l'ordre de se saisir des places fortes de ce duché. Le roi d'Angleterre sera appuyé par l'em- pereur Adolphe de Nassau et par le comte de Flandre, Gui de Dampierre, dont Philippe retenait la fille en otage. Le roi ,d e France fera alliance avec Jean Baillol, roi d'Ecosse. Le pape Célestin IV abdique au bout de 5 mois] le roi de Naples fait élire Benoît Caïetan, Boni- face VIII. Loi somptuaire de Philippe le Bel, fixant la dépense que les grands pouvaient faire pour leur table et leur garde-robe, et l'état que chacun de- vait tenir, selon son rang. Chute du dernier sultan turc Seldjoucide d'Ico- nium, vaincu par un émir rebelle. Les Mongols de Perse dominent alors à Iconium ou Rouin. Les émirs, qui relevaient du sultan, forment 10 principautés turques indépendantes. Le plus célèbre, Othman, a donné son nom aux Turcs ottomans. Mort du grand khan Kublaï. Les chefs de la dynastie mongole de Chine n'exerceront plus qu'une suprématie nominale sur les autres em- pires mongols : 1° du Zagataï, dans la haute Asie centrale ; 2° de la Perse, qui comprenait l'Asie occidentale ; 3° du Kaptschak russe. Mort du cordelier anglais Roger Bacon, l'homme le plus savant de son siècle. On lui attribue l'in- vention de la poudre à canon, celle des verres grossissants, du télescope, etc. Son principal ou- vrage est VOpus majus, qu'il adressa au pape Clément IV. 1295. Edouard I er , engagé dans sa lutte avec la France, convoque à Westminster le parlement le plus complet qu'ait encore vu l'Angleterre. On y comptait 49 comtes ou barons, 2 chevaliers par comté et 2 bourgeois par bourg. 120 villes ou bourgs furent représentés. A dater de cette époque, on doit considérer le parlement comme définiti- vement fondé. IL fut convoqué au moins 11 fois dans les 12 dernières aimées du règne d'E- douard I e1 '. Traité d'Anagni entre Charles II de Naples et Jayme II, roi d'Aragon. Le roi d'Aragon épouse une fille de Charles II de Naples et s'engage à restituer la Sicile; mais son frère Frédéric refuse de se conformer à cette décision. Mort d'Othon Visconti, âgé de 97 ans, arche- vêque et seigneur de Milan, vicaire général en Lombardie. Matteo, son neveu, aura comme lui la dignité de seigneur. Mort du Florentin Brunetto Latini , auteur du Trésor, manuel général d'études, qu'il écrivit ou traduisit en français « pour deux resons; l'une que nous sommes en France; l'autre, parce que la parleure est plus délitableetplus commune à toutes gens. » 1296. Bulle clericis îaicos, publiée par Boniface VIII, pour protéger les propriétés du clergé contre les exactions de Philippe le Bel. Il y est défendu aux clercs de payer aucun subside aux princes sans l'autorisation du saint-siége. — Ordonnance de Philippe contre la sortie des espèces. — Bulle i MOYEN AGE. 19! Ap. J -C. ineffabilis, qui reproche à Philippe le Bel la ruine du commerce. Les Siciliens proclament roi l'infant don Fré- déric. 1297. Ligue de 4 électeurs contre Adolphe de Nassau en faveur d'Albert d'Autriche. En Ecosse, Baillol est vaincu par Edouard I er , qui le fait enfermer à la Tour de Londres, emporte le sceptre et la couronne d'Ecosse et brûle les ar- chives nationales. Victoire de Robert, comte d'Artois, sur les Fla- mands, près de Furnes. Trêve de 2 ans entre la France, la Flandre et l'Angle terre. — Canonisation de saint Louis par Boniface VIII. Lutte entre la maison puissante des Colonna et Boniface VIII, qui fait publier contre eux une croisade. Etablissement du Livre d'or ou registre de la noblesse vénitienne, sous le doge P. Gradenigo. 1298. Insurrection générale en Ecosse, où Wallace est proclamé régent. — Victoire d'Edouard I or sur les, Écossais à Falkirk. Élu empereur, Albert d'Autriche bat et tue son rival à Gœlheirn, près de Worms. Boniface VIII refuse de reconnaître Albert et s'arroge le titre de vicaire général de l'empire. Le roi d'Aragon restitue, moyennant l'hommage, le royaume de Majorque à son grand-oncle Jayme, qui possède aussi Montpellier sous la suzeraineté de la France. — Le roi d'Aragon fait aussi alliance avec son beau-père Charles II de Naples contre son frère Frédéric, le roi de Sicile. Grande victoire navale des Génois sur les Véni- tiens, dont l'amiral est tué. Mort de Jacques de Varagine , dominicain, né à Varaggio, sur la côte de Gênes, qui a composé la Légende dorée, espèce de Vie des saints, qui est remplie de fables incroyables. 1299. Albert d'Autriche et Philippe le Bel ont une conférence à Vaucouleurs, près de la Meuse, pour régler les limites des deux Etats. , Traité de Montreuil , entre Edouard I er et Philippe le Bel, par la médiation de Boniface VIII. Philippe conserve ses conquêtes en Aquitaine. Sa sœur Marguerite épouse Edouard, et sa fille Isa- belle, alors âgée de 7 ans, fut fiancée au fils de ce prince, âgé de 13 ans. Les Pisans signent un traité par lequel ils cè- dent aux Génois tout ce qui leur reste en Sardaigne et en Corse. 1300. Établissement par Boniface VIII du célèbre Jubilé universel, qui attire une foule immense de pèlerins. D'après les conseils de Charles de Valois, qui ve- nait d'obtenir un avantage près de Courtray, sur Robert de Béthune, le comte de Flandre se livre à la discrétion de Philippe le Bel , qui le jette dans les fers et réunit son comté à la couronne. En Hongrie, un parti hostile à André III le Vé- nitien, qui n'a pas d'enfants, met en avant le fils de l'ancien prétendant Charles Martel, Charobert, âgé de 8 ans. Les Polonais renversent leur roi Wladislas IV Loketek et donnent la couronne au roi de Bohême Wenceslas IV. Dante Alighieri, né à Florence, achève le poëme de la Divine comédie. Vers cette époque, Roger Manesse, de Zurich, rassemble les chants épars des Minnesinger.