Atlas universel d’histoire et géographie/XIIe siècle après J.-C.

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XIIe siècle après Jésus-Christ.

Fin de la querelle des investitures. — Développement de la révolution communale en France. — Avènement de la maison des Plantagenets en Angleterre. — Lutte de Henri II Plantagenet et de Thomas Becket. — Com- mencement de la querelle des Guelfes et des Gibelins. — Rôle national de la papauté qui défend l'indépen- dance de l'Italie contre les empereurs dAllemagne. — Continuation de la lutte des princes chrétiens contre les Maures. — Origine des Cortès. — Deuxième et troi- sième croisades.- Continuation de la lutte des réalistes et des nominaux. — Grandes figures d Abailard et de saint Bernard. — Origine des romans de chevalerie. — Grands travaux dAverroès de Cordoue , qui étudie Galien et commente Aristote. 1101. Mort de Conrad, fils rebelle d'Henri IV. Louis, fils de Philippe I er , protège les églises contre les seigneurs de Montmorency et d'autres barons. Guerre entre Henri I", roi d'Angleterre et son frère Robert duc de Normandie, au sujet du trône d'Angleterre, qui venait d'être enlevé à Robert, pour la deuxième fois. Saint Anselme, archevê- que de Cantorbéry, ménagea entre eux une ré- conciliation. Robert renonça à ses prétentions sur l'Angleterre, et Henri lui abandonna les châ- teaux qu'il possédait en Normandie, se réservant seulement celui de Domfront. Le sultan seldjoucide dTconium, Kilidge Ars-

lan arrête à l'entrée de l'Asie Mineure trois années
Ap. J.-C.
de croisés français, qui venaient prêter leur appui au royaume de Jérusalem.
1102. Louis prend le gouvernement du royaume, du vivant de son père Philippe Ier.
Saint-Quentin devient une ville de commune, après une transaction avec le comte de Vermandois.
La comtesse Mathilde fait une donation formelle de tous ses biens au saint-siége.
Les Almoravides reprennent Valence après la mort du Cid.
Débat entre le roi d’Angleterre et Anselme, archevêque de Cantorbéry, au sujet des investitures.
Mort du duc de Pologne, Wladislas Ier. La Pologne est partagée en gouvernements, ce qui devient pour elle une cause d’anarchie féodale.
Le pape Pascal II excommunie l’empereur Henri IV pour avoir conféré l’investiture à des evêques.
Coloman, roi de Hongrie, achève la conquête de la Croatie et se fait couronner à Belgrade sur mer. Il résolut alors d’enlever aux Vénitiens cette partie de la Dalmatie, qui avait été dans la dépendance des anciens rois de Croatie. Dès l’année suivante il reçoit la soumission de Spalatro, qui entraîne celle des villes de Trau et de Zara.
1103. Éric III, roi de Danemark, meurt dans l’île de Chypre, en se rendant à Jérusalem. Sous son règne, avec l’assentiment de Pascal II, Lunden, en Scanie, devient la métropole des Eglises des trois royaumes du Nord, à la place de Brème.
1104. Une assemblée ecclésiastique, composée des provinces de Tours, de Sens et de Reims, avec le consentement du pape, donne l’absolution au roi Philippe Ier et à Bertrade, à condition qu’ils se séparent.
Baudouin Ier, roi de Jérusalem, s’empare de Ptolémaïs ou Saint-Jean d’Acre, avec l’aide d’une flotte génoise.
1105. Henri V, à l’instigation du pape Pascal II, se révolte contre son père Henri IV. Il est appuyé par les Bavarois et les Saxons. Il fait transporter son père à Ingelheim, où par les menaces les plus horribles, il lui arrache l’aveu des crimes qu’on lui reprochait et son abdication.
La guerre recommence entre Robert de Normandie et son frère Henri Ier, qui s’empare de Caen et de Bayeux.
Les Génois obtiennent le tiers de quelques-unes des villes qu’ils avaient aidé les princes de Jérusalem et d’Antioche à conquérir.
1106. Guerre civile entre Henri IV et son fils. Henri IV est appuyé par Otbert, évêque de Liège, et par Henri, duc de la basse Lorraine, successeur de Godefroy de Bouillon. Il meurt à Liège, après une maladie de peu de jours. Son corps resta 5 ans dans un lieu non consacré, jusqu’à ce que Henri V, ayant obtenu l’absolution de son père, le fit ensevelir avec pompe. — Henri V, pour punir le duc de la basse Lorraine d’avoir pris parti pour Henri IV, le dépouille de son duché qu’il donne à Godefroy de Louvain, dont l’arrière-petit-fils, Henri Ier, changera le titre de duc de basse Lorraine en celui de duc de Brabant.
Extinction des ducs de Saxe de la maison de Billung. Ce duché sera donné par Henri V à Lothaire, comte de Supplinbourg, qui épousa Richenza, fille de Henri, comte de Nordheim, et de l’héritière de l’ancienne maison de Brunswick. Les biens de ces trois maisons seront donc réunis sur la tête de Lothaire, dont la fille les transportera dans celle des Guelfes.
Robert, duc de Normandie, est vaincu et fait prisonnier à la bataille de Tinchebrai, par son frère Henri Ier. La Normandie est réunie à la couronne d’Angleterre.
Ap. J.-C.
Robert d’Arbrisselles obtient la confirmation pontificale pour l’ordre bénédictin de Fontevrault, qu’il a fondé dans l’Anjou, en 1099, pour des religieux et pour des religieuses.
1107. Le pape Pascal II se rend en France. Il tient à Troyes un concile, où il renouvelle la défense des investitures laïques.
Le jeune Sigurd, roi de Norvège, se met à la tête de 10 000 aventuriers Scandinaves, pour faire une croisade en terre sainte.
1108. Mort de Philippe Ier, roi de France. Son fils Louis VI, dit le Gros, lui succède. Il est sacré à Orléans, par l’archevêque de Sens.
Victoire d’Uclès remportée par les Almoravides sur les chrétiens. L’infant, fils d’Alphonse VI, et son gendre, le mari d’Urraque, périssent dans le combat.
Sigurd, roi de Norvège, avec ses croisés, enlève aux Arabes Cintra, Lisbonne et Alcacer.
1109. Le château de Gisors, sur la limite du Vexin normand et du Vexin français, est l’occasion de la guerre entre Henri Ier, roi d’Angleterre, et Louis le Gros, qui prend parti pour Guillaume Cliton, fils de Robert Courte-Heuse. Louis VI a aussi à lutter contre son père, Philippe de Mantes, contre Bouchard, seigneur de Montmorency, et contre le seigneur duPuiset, au sud de Paris.
Réconciliation de l’Empire avec le duc de Pologne , Boleslas III, qui épouse une fille de Henri IV.
Alphonse Ier le Batailleur, roi de Navarre et d’Aragon, tente en vain de réunir à ses Etats la Castille, à la mort d’Alphonse VI de Castille, dont il avait épousé la fille Urraque.
Tripoli, prise par les croisés, forme une principauté pour le fils de Raymond, comte de Saint-Gilles et de Toulouse. Le roi Baudouin I er réunit au royaume de Jérusalem Béryte et peu après Sidon.
1110. Henri V descend en Italie avec une armée de 30 000 hommes.
Sigurd, roi de Norvège, aide le roi Baudouin dans la prise de Sidon.
Rédaction en latin du roman de Charlemagne attribué à Turpin, archevêque de Reims, mort en 800.
1111. Établissement des communes de Laon et d’Amiens; l’évêque de Laon sera assassiné, l’année suivante, dans une émeute.
Convention de Sutri entre le pape et l’empereur (11 février) , par laquelle celui-ci reprend les droits régaliens, c’est-à-dire réunit au domaine de la couronne les villes , les duchés, les marquisats, les avoueries, forteresses et fermes, qui jadis avaient appartenu aux empereurs et avaient été par eux conférés aux églises, avec leurs appartenances, leurs vassaux et châteaux. Les églises se contenteraient des dîmes et offrandes et des terres qu’elles avaient acquises ou reçues de particuliers. En retour, le roi renoncerait à l’investiture. — Le pape refuse à Henri V la couronne impériale, tant qu’il n’aura pas signé sa renonciation à l’investiture. Troubles sanglants dans Rome. Henri V fait prisonnier Pascal II, qui est forcé de lui accorder le droit d’investiture (avril). Quelques jours après, le pape couronne Henri V empereur. — Henri V accorde à Amédée II, premier comte de Savoie, la dignité de comte de l’empire.
Alphonse le Batailleur, roi d’Aragon et de Navarre, répudie Urraque, sans vouloir renoncer aux États de Léon, de Castille et de Galice.
Le Normand Tancrède, tuteur de son neveu, le jeune Bohémond II, prince d’Antioche, défend cette ville contre une armée de 100 000 Turcs, avec l’aide de Baudouin Ier, roi de Jérusalem, et du comte de Tripoli.
MOYEN AGE.

173 Ap. J.-C. 1112. Le concile de Latran déclare la nullité du privilège arraché par la force au souverain pon- tife, et Gui, archevêque de Vienne et légat du saint-siége, fait excommunier son seigneur su- zerain par un synode tenu dans sa ville métro- politaine. Guerre entre les époux divorcés ; la reine de Castille et le roi d'Aragon. Le comte de Portugal périt en marchant au secours d'Urraque, sa belle- sœur. 1113. Pascal II confirme les statuts de l'ordre reli- gieux et militaire, fondé par Gérard, l'an 1100, sous le nom d'Hôpital de Saint-Jean de Jérusa- lem. Les maîtres de l'ordre seront élus par les frères. Mort de Swiatopolk II, à Kiev. Sous son règne, le commerce de la Russie est passé entre les mains des juifs. Il a pour successeur le fils de . Wséwolod I er , Wladimir, de la branche ducale établie à Péréïaslaw depuis 1066. Ce prince ne sauve de la mort les juifs, devenus odieux au peuple, qu'en les bannissant à perpétuité. 1114. La défection du comte d'Anjou, qu'Henri I er se concilia, en lui demandant la main de sa fille pour le prince héréditaire de l'Angleterre, et celle de Thibaut, comte de Meaux et de Chartres, ef- frayent Louis le Gros et l'amènent à conclure la paix de Gisors. Mariage de Henri V avec Mathilde, fille de Henri I er , âgée de 10 ans. Un concile casse le mariage d'Urraque et d'Al- Shonse. UFraque administre la Castille au nom e son fils mineur. Fondation de l'abbaye de Clairvaux par saint Bernard, dans la vallée d Absinthe, en Cham- pagne. 1115. Mort de la comtesse Mathilde. Henri V ré- clame toute la succession, soit comme seigneur direct, soit comme héritier allodial, et en prend possession. Henri V rétablit le duché de Franconie en fa- veur de son neveu Conrad de Hohenstaufen, frère du duc de Souabe. 1116. La lutte recommence entre Henri V et Pas- cal II, qui, dans un concile tenu au Latran, con- damne le privilège qu'il a accordé en 1111. Établissement de la commune de Soissons. La captivité de Guillaume II, comte de Nevers et d'Auxerre, arbitrairement détenu par un vassal de Henri, devient l'occasion d'une nouvelle rup- ture entre Henri I er et Louis le Gros. 1117. Pascal II s'enfuit de Rome à l'approche d'Henri V, qui se fait couronner pour la seconde fois par Maurice Bourdin, archevêque de Braga. Louis le Gros abat la citadelle et met fin à la tyrannie des sires d'Enguerrand de Coucy. 1118. Louis VI s'assure l'alliance de Foulques d'An- jou, en lui rendant la charge de grand sénéchal. — Soulèvement des seigneurs normands en fa- veur de Guillaume Cliton. Mort de Baudouin P r , roi de Jérusalem. Bau- douin du Bourg, comte d'Édesse, lui succède. Neuf chevaliers, que le hasard avait réunis en Palestine, fondent une confrérie qui devint l'ori- gine de l'ordre des templiers. Un seigneur de la maison des comtes de Champagne, Hugues de Payens, ainsi nommé d'une terre située dans les environs de Troyes , en fut le premier grand maître. Baudouin II leur accorda une aile de son palais, que l'on disait avoir fait partie de l'ancien temple de Salomon. De là ils furent appelés frères de la milice du Temple, Templiers. Le concile de Troyes, tenu en 1 1 28, approuva l'insti- tut, lui donna une règle rédigée par saint Ber- nard, et ordonna que les Templiers porteraient Ap. J.-C. l'habit blanc, sur lequel Eugène TV leur permit en 1146, d'attacher une croix rouge. } Alphonse le Batailleur assiège et prend Sara- gosse, que les Almoravides ne peuvent secourir à temps, et dont il fait sa capitale. Mort de Pascal II. Son successeur, Gélase II, continue la lutte avec Henri V qui, conseillé par le célèbre jurisconsulte Irnerius, fait élire pape et confirmer par le peuple Maurice Bourdin, qui prit le nom de Grégoire VIII. 1119. Henri I" se réconcilie avec Foulques d'An- jou, et défait Louis VI à Brenneville. Trois com- battants seulement furent tués dans cette jour- née, qui fut plutôt un tournois qu'une bataille. Gélase II meurt en France, à Cluny. Les car- dinaux qui l'avaient accompagné nomment à sa place Guy, archevêque de Vienne, qui prit le nom de Calixte II. — Concile de Reims, où Ca- lixte. II excommunie l'empereur Henri V, et fait des canons contre la simonie et le mariage des prêtres, et pour la trêve de Dieu. — A Gisors, Calixte II réconcilie Henri I er et Louis le Gros, mais il ne peut faire accepter à Henri les décrets contre les investitures. 1 120. Le pape Calixte II rentre en triomphe à Rome, après avoir fait déposer l'antipape Bourdin. Guillaume, seul fils légitime de Henri I er , roi d'Angleterre, périt dans un naufrage. Premières lettres royales de committimus (12 avril) : par ces lettres, le roi permet à l'abbé de Tiron de^ se soustraire à ses juges ordinaires et de faire évoquer sa cause par-devant le tribu- nal royal. Jean Comnène, fils et successeur d'Alexis I er , aura à lutter contre les Turcs Seldjoucides, les Turcs Patzinaces ou Petchénègues, et contre, les Serviens. 1121. Louis le Gros intervient entre le comte d'Au- vergne, Guillaume VI, et l'évêque de Clermont, et contraindra deux fois le premier à faire sa sou- mission. Sédition à Cordoue, à cause des excès des troupes almoravides. — En Afrique, dans la pro- vince de Sous, première révolte dAl-Mahdy, qui doit fonder, sur la ruine des Almoravides, la dy- nastie des Almohades. Un évêque, Éric, passe du Groenland dans le Vinland, pour prêcher la foi à ses compatriotes, encore païens. 1122. Concordat de Worms, entre le pape Calixte II et l'empereur Henri V. Celui-ci renonce à l'in- vestiture par la crosse et l'anneau, accorde aux Églises le droit d'élire librement et de consacrer leurs prélats, et promet de rendre et faire rendre à l'Église de Rome les possessions et les droits régaliens qui lui avaient été enlevés depuis l'ori- gine de la contestation. Le pape consent que les évêques et les abbés d'Allemagne soient élus en présence de l'empereur. Concile de Soissons, où le Traité sur la Tri- nité, d'Abailard, est condamné comme hérétique. Abailard est obligé de le brûler de sa main. Élection de l'abbé Suger à Saint-Denis. 1123. Concile général, le premier tenu en Occi- dent, à Latran, près de Rome ; il confirme^ les principales décisions des autres conciles géné- raux. Assemblée des barons normands à la croix de saint Leufroi, en faveur de Guillaume Cliton. A la demande de Baudouin II, roi de Jérusa- lem, le doge Dominique Micheli conduit une flotte considérable en Palestine : première victoire près de Jaffa. — Baudouin II tombe dans une em- buscade que lui avait dressée l'ortokide Balak, sultan d'Alep. Eus tache Grenier, seigneur de Ce- 174 CHRONOLOGIE. — TABLES. ft.p J.-C. sarée et de Sidon, et connétable du royaume, est nommé régent. Il meurt peu après et est rem- placé dans les deux charges par Guillaume de BuriSj seigneur de Tibériade. 1124. Le roi d'Angleterre appelle en France son gendre, l'empereur Henri V. Louis le Gros op- pose à l'invasion germanique le plus formidable armement qui eût été encore commandé par un prince de la 3 e race. Il convoque ses vassaux et les milices communales, appelées pour la pre- mière fois sous Y oriflamme, bannière nationale, au cri de Mont-Joie Saint-Denis, et force l'em- pereur à repasser le Rhin. Avec l'assistance de Dominico Michaeli, doge de Venise, les chrétiens entreprennent le siège de Tyr. — Avant de commencer le siège, les chré- tiens avaient conclu avec la république de Venise le traité de Saint-Jean-d'Acre, qui met entre les mains des Vénitiens le commerce du Levant. • — Baudouin II recouvre la liberté. Conversion d'un chef slave de la Poméranic. 11 fonde un évêché à Julia ou Wallin, qui devint une des principales villes de commerce du Nord. 1125. Mort d'Henri V, empereur d'Allemagne . Extinc- tion de la maison de Franconie. Election de Lo- thaire, duc de Saxe, qui avait pour concurrents, Conrad, duc de Franconie, et Frédéric, duc de Souabe, neveux d'Henri V, par sa sœur Agnès; Léopold, margrave d'Autriche, qui avait épousé la sœur de Henri V, et Charles le Bon, comte de Flandre. Le comte de Blois, qui possédait déjà le comté de Chartres et de Brie, devient comte de Cham- pagne. Fin de la contestation entre le comte de Bar- celone et celui de Toulouse, au sujet de la suc- cession des comtes ou marquis de Provence, dont la famille s'était éteinte vers 1108. Le comte de Barcelone eut la Provence méridionale, le comte de Toulouse l'occidentale. La Durance faisait la limite. Avignon et les autres endroits situés sur les deux bords de cette rivière furent partagés entre les deux comtes. Depuis cette époque, on donna plus particulièrement la qualité de mar- quisat à la partie qu'obtint le comte de Toulouse, et celle de comté à la partie qui échut à celui de Barcelone. 1126. Alphonse, roi d'Aragon, entreprend contre les Almoravides une expédition qui lui vaut le sur- nom de Batailleur. — Alphonse Raymond VII, âgé de 20 ans, commence à régner en Castille, après la mort de sa mère Urraque. Lutte entre le prince des Vandales et son on- cle, le roi de Danemark, qui est appuyé par le duc de Slesvig, roi des Obotrites. — Destruction de Lubeck par le prince slave de Rugen, qui fonde une ville de son nom, Ratzebourg. Sobieslas, 5° fils de Wratislas, met fin à la guerre civile qui durait en Bohême depuis 26 ans, et reçoit l'investiture de ce pays du roi de Ger- manie, Lothaire II. Lothaire II donne son duché de Saxe à Henri le Superbe, fils de Henri le Noir et duc de Bavière. L'année suivante, il lui fera épouser sa fille Gertrude. 1127. Henri I er , roi d'Angleterre, fait reconnaître pour son héritière sa fille Mathilde, veuve d'Henri V, empereur d'Allemagne. L'empereur Lothaire confère le vicariat ou le gouvernement du royaume de Bourgogne à Con- rad, duc de Zaringue, qui prit le titre de régent de Bourgogne. Louis le Gros accorde à Guillaume Cliton, qu'il n'a pu faire rentrer dans son héritage de Nor- mandie, la main de sa belle-sœur, et lui donne pour apanage Chaurnont, Pontoise et le Vexin, et bientôt après le comté de Flandre, dont le comte Ap. J.-C. Charles le Bon, venait d'être assassiné, mais ce comté fut contesté par Thierry d'Alsace à Guil- laume qui périt l'année suivante. Prise de Corne par les Milanais après une guerre de 10 ans. Mort de Guillaume, duc de Pouille et de Ca- labre, petit-fils de Robert Guiscard. Roger II, grand .comte de Calabre et de Sicile, et le pape Honorius II se disputent son héritage. Les lieutenants des sultans turcs, appelés Ata- becks ou pères du peuple, forment des dynasties indépendantes dans l'Irak-Arabi, dans l'Ader-baïd- jan en Médie, dans le Fârsistan en Perse, et dans le Laristan sur les côtes du golfe Persique. Zen- ghi devient Atabek de Mossoul; il dépendra du Turc Seldjoucide, qui domine dans l'Iran . 1128. Roger II contraint Honorius II à lui donner l'investiture des duchés de Pouille et de Calabre, et même de celui de Naples, qui appartient encore aux Grecs. Conrad de Hohenstaufen, revenu de la Pales- tine, se fait couronner roi des Romains à Monza, puis à Milan. Il est excommunié par le pape Honorius II. Mariage d'Alphonse VIII, roi de Castille et de dona Bérengère, fille de Raymond IV, comte de Barcelone. Zenghi, atabek de Mossoul, s'empare d'Alep. 1129. Mariage de Mathilde, fille du roi d'Angleterre, Henri 1 er , avecGeoffroy Plantagenet, comte d'Anjou. 1130. Mort d'Honorius II (février). Le lendemain, avant qu'on sût qu'Honorius n'existait plus, 16 cardinaux nomment Innocent II. Les autres cardinaux, qui faisaient la majorité, choisissent Anaclet IL Le premier, qui est forcé de quitter Rome et de se retirer en France, est reconnu par Louis le Gros, Lothaire II d'Allemagne et Henri I 61 ", roi d'Angleterre. — Anaclet II, pour se faire un appui, signe une bulle par laquelle il conférait à Roger II la dignité de roi de Sicile et l'investissait tant de la Sicile, de la Pouille, de la Calabre et de Salerne qu'il possédait déjà, que de la principauté normande de Capoue, où régnait encore Richard II, et du duché de Naples, qui avait ses ducs particuliers sous la souveraineté des empereurs grecs. Le concile d'Étampes, entraîné par l'autorité de Suger et l'éloquence de saint Bernard, abbé de Clairvaux, reconnaît Innocent II pour légitime pontife. Grégoire de Bechada, chevalier tourangeau, chante, en runes françaises, les exploits des pre- miers croisés. Le pape Calixte II approuve la règle donnée par Raymond du Puy, gentilhomme du Dauphiné et successeur de Gérard, aux Hospitaliers, qui portèrent dès lors le nom de Chevaliers de l'Hô- pital de saint Jean de Jérusalem. Raymond du Puy est le premier qui ait pris le titre de grand maître. 1131. Entrevue du pape Innocent II et de l'empe- reur Lothaire à Liège, en présence de saint Ber- nard. Philippe, fils aîné de Louis le Gros, meurt d'une chute de cheval. Louis fait couronner son second fils, Louis VII, par Innocent II , pendant le concile de Reims. Mort de Baudouin II, roi de Jérusalem. Foulques d'Anjou, son gendre, lui succède. Le comte de Portugal, Alphonse, est reconnu indépendant de la couronne de Castille. Le légat du pape obtient du comte un tribut pour le saint- siége. Le duc grec de Naples se reconnaît vassal de Roger de Sicile. Meurtre du duc de Slesvig, loides Obotrites, par Ap. J.-C. le roi danois Nicolas. — Guerre sanglante dans laquelle intervient le roi de Germanie.

L’atabek de Mossoul et d’Alep, Zenghi, vainqueur de Bohémond II, prince d’Antioche, est battu par le calife de Bagdad, sur les bords du Tigre.

1132. Lothaire II passe en Italie et met en fuite Conrad de Franconie, son rival.

Le calife de Bagdad échoue devant Mossoul, place forte de Zenglii.

1133. Lothaire II conduit Innocent II à Borne, mais sans pouvoir en chasser son rival Anaclet. Comme celui-ci occupait la basilique de Saint-Pierre et le château Saint-Ange, Innocent II couronne Lothaire dans l’église de Latran. Lothaire jure de défendre l’Église et de conserver les biens du saint-siége. Il donne au duc de Bavière, de la maison d’Esté, Henri le Superbe, son gendre, le comté de Spolète et le duché de Toscane, mais s’engage à payer au pape un tribut.

1134. Alphonse I er, roi de Navarre et d’Aragon, est vaincu par les Almoravides à Fraga ; il en meurt de chagrin. L’Aragon et la Navarre, réunis depuis 1076 ; se séparent : un frère d’Alphonse, abandonne le cloître, pour régner en Aragon ; la Navarre choisit un roi dans la dynastie nationale d’Aznar. Les deux princes trouvent un appui contre les Almoravides dans le roi de Castille qui, en retour, exige d’eux l’hommage. »

L’empereur Lothaire confère le margraviat de la Saxe septentrionale, devenu vacant par la mort de Conrad de Plôtzke, en Italie, à Albert de Ballenstadt, surnommé l’Ours, qui était déjà margrave de Soltwedel, ou la Vieille-Marche, et comte d’Ascanie. Ce fut cet Albert qui posa les fondements de l’électorat de Brandebourg, car il fit des conquêtes sur les Wénèdes fixés à l’E. de l’Elbe, et les réunit à la Marche saxonne ; dès 1144, il était appelé margrave de Brandebourg.

Le roi de Danemark, Nicolas, est massacré par les habitants du Slesvig, où il était venu chercher asile.

1135. En Allemagne, Frédéric et Conrad de Souabe se réconcilient avec Lothaire II. — Le duc de Pologne fait hommage à Lothaire II, à Mersebourg, pour la Poméranie orientale et lui paye tribut. Mort du roi d’Angleterre Henri I er. Etienne, comte de Blois et de Boulogne, petit-fils de Guillaume le Conquérant par sa mère, s’empare de sa succession au détriment de Matbilde, fille de Henri I", qui est soutenue par son oncle David, roi d’Ecosse.

Un frère du duc de Slesvig, Eric, s’empare du Danemark ; il défait les Vandales et les contraint d’embrasser le christianisme.

Alphonse-Raymond VII, roi de Léon et de Castille, suzerain de la Navarre et de l'Aragon, se fait couronner empereur d’Espagne, par l’archevêque de Tolède.

1136. Lothaire, après avoir tenu à Wiirtzbourg une diète, se met en marche, à la prière d’Innocent II, pour abattre complètement le parti d’Anaclet qui commençait à se relever, et réduire les villes rebelles à l’empire. Il traverse en conquérant toute la Lombardie, la Romagne, la Marche d’Ancône et le duché de Spolète.

Sigurd, qui se donnait pour fils du roi Magnus III, constate sa naissance par l’épreuve du l’eu, suivant un usage admis dans ces contrées, et muni de l’attestation de 5 évêques du Danemark, il passe en Norvège, où il assassine le roi Harald V, son prétendu père, et envahit le trône. Un usage constant so"umit depuis à cette ép’reuveles prétendants à la couronne.

Geoffroy Plantagenet, comte d’Anjou, de Maine et de Touraine, aliène par ses cruautés la Normandie qu’il revendiquait au nom de Mathilde,son épouse.


Ap. J.-C. Guillaume X, duc d’Aquitaine, partant pour le pèlerinage de saint Jacques de Compostelle. offre à Louis le Gros sa fille et unique héritière,’Elconore de Guyenne, comme épouse de Louis VII.

Abailard commence à enseigner sur la montagne Sainte-Geneviève.

1137. Lothaire, continuant sa marche en Italie, passe dans la Pouille, y combat le roi normand Roger, ramène ensuite le pape dans Rome et meurt au village de Bretten, près de Trente, en retournant en Allemagne.

Mariage de Louis le Jeune, âgé de 17 ans, avec Éléonore d’Aquitaine. — Mort de Louis le Gros. Son fils Louis VII, le Jeune, lui succède.

Abdication de Ramire II, dit le Moine, roi d’Aragon. 11 laisse une fille âgée de de 2 ans, sous le nom de laquelle régnera le comte de Barcelone.

Mort du duc grec de Naples ; Roger II occupe sa principauté. — Prise d’Amalfi par les Pisans, qui combattaient pour Lothaire IL On découvrit alors dans Amalfi un manuscrit du Digeste, de Justinien, dont plusieurs parties étaient déjà commentées depuis quelques années à l’école de droit de Bologne par Irnevius.

L’empereur grec, Jean Comnène, attaque comme usurpateur Raymond, fils du comte de Poitiers, qui avait succédé l’année précédente au Normand Bohémond II dans la principauté latine d’Antioche. 11 s’empare d’Antioche, mais la perd bientôt après.— L’atabek Zenghi s’empare des forteresses du comte de Tripoli.

Anarchie de sept années dans le Danemark après l’assassinat du roi Eric.

1138. Conrad, fils de Frédéric de Hohenstaufen et d’Agnès, fille de l’empereur Henri IV, duc de Souabe, seigneur de Wiblingen (d’où par corruption Gibelin), est élu empereur dans une diète tenue à Coblentz, puis couronné à Aix-la-Chapelle par Théodouin, légat du saint-siége. — Henri le Superbe, duc de Saxe et de Bavière, neveu de Guelfe II, proteste contre cette élection, est mis au ban de l’empire, puis dépouillé de ses Etats. — Conrad dispose du duché de Saxe en faveur d’Albert I er l’Ours, margrave de Saxe ou de Brandebourg, et du duché de Bavière en faveur de Léopold IV, margrave d’Autriche, son frère utérin. Origine de la longue lutte des Guelfes et des Gibelins.

Lutte sanglante entre le duc de Pologne Boleslas III et le grand-prince de Kiev. — Boleslas, vaincu pour la première fois après 46 batailles, meurt de chagrin. Il partage ses Etats entre quatre de ses fils.

En Angleterre, une guerre qui durera plusieurs années, s’engage entre le parti d’Etienne et celui de Mathilde. David, roi d’Ecosse, qui soutient cette dernière, est vaincu à la mémorable journée de l’Étendard, mais obtient cependant d’Etienne le comté de Northumberland pour son fils Henri.

Mort de l’antipape Anaclet.

Vers cette époque, Geoffroy de Moumouth, bénédictin gallois, compose son Histoire des rois de Bretagne (Historia regum Britanniae), d’après un très-ancien livre écrit dans la langue de l’Armorique et contenant un recueil des plus vieilles traditions de ce pays.

1139. Mathilde passe en Angleterre où son frère naturel, le comte de Glocester, rallie à son parti la plus grande portion de la noblesse.

Mort de Henri le Superbe. Sa veuve Gertrude, fille de l’empereur Lothaire II, se charge de la tutelle de son fils, Henri, surnommé le Lion. Les Etats de Saxe chassent Albert l’Ours et conservent ce duché au jeune Henri.

Second concile de Latran, 11 e concile 176 CHRONOLOGIE. — TABLES. Ap. J.-C. nique, composé de près de 2000 prélats. Innocent II y excommunie Roger H, roi de Sicile, et condamne l'hérésie d'Arnaud de Brescia, qui se retire à Zurich, où il continue ses prédications. Le pape Innocent II, fait prisonnier par Roger II, est obligé de lui confirmer le titre de roi. Victoire d'Ourique remportée par Alphonse Henriquez, comte de Portugal, sur cinq rois maures. Il est proclamé roi de Portugal. 1140. Guelfe III, frère de Henri le Superbe, et tu- teur de Henri le Lion, son neveu, s'efforce de re- conquérir pour son pupille la Bavière que l'em- pereur Conrad avait donnée à Léopold d'Autriche La diète de Worms le met au ban de I empire. Il livre alors à l'empereur la bataille de Weinsberg et la perd. C'est à cette bataille que furent pris pour la première fois les noms de Guelfes et de Gibelins, cris de guerre adoptés par les deux partis. Abailard, condamné au concile de Sens par saint Bernard, se retire dans le monastère de Cluny. H meurt deux ans après. Saccagée une troisième fois par le prince slave de Rugen, Lubeck se relève ; elle fait alors partie de la Wagrie, récemment acquise par Adolphe II, comte de Holstein. 1141. Guerre de Louis VII contre le comte de Tou- louse. Abandonné par ses vassaux, il assiège en vain Toulouse et se brouille avec Thibaut, comte de Champagne, qui avait refusé de l'accompagner en Languedoc. Le comte de Glocester fait prisonnier dans une bataille livrée près de Lincoln Etienne de Blois, qui est enfermé à Bristol. — Concile de Winches- ter; déposition d'Etienne*; Mathilde est proclamée reine. Son gouvernement despotique mécontente la noblesse. — Victoire de Guillaume d'Ypres, bâtard de Flandre, sur Robert, comte de Glocester, qui est fait prisonnier, puis échangé contre Etienne de Blois, qui recouvre ainsi sa liberté. Concile de Westminster, où l'évêque de Win- chester, légat du pape, excommunie les partisans de Mathilde ; Etienne se remet en possession de la plus grande partie du royaume. 1142. Louis VII, secondé par le comte de Verman- dois, auquel il a fait épouser la sœur d'Ëléonore , envahit les terres de Thibaut de Champagne, s'em- pare de Vitry, et fait périr dans les flammes 1300 personnes qui se sont réfugiées dans une église. Le jeune Henri le Lion, âgé de 13 ans, renonce à la Bavière qui est donnée à Henri Jochsammer- gott, frère utérin de l'empereur Conrad, et frère germain de Léopold d'Autriche, mort l'année précédente; Conrad fait épouser à ce prince la veuve de Henri le Superbe. Henri le Lion conserve le duché de Saxe, que lui rend le margrave de Brandebourg, Albert I er l'Ours, qui obtient en retour que son margraviat soit érigé en mou- vance directe de l'empire, sans aucune dépen- dance du duché de Saxe. Un roi converti des Slaves et des Vandales idolâtres lui transmet par testament le pays entre le bas Elbe et le bas Oder. 1143. Mort de l'empereur d'Orient, Jean Comnène. Manuel son fils, lui succède. Manuel épouse Berthe de Salzbach, sœur de l'épouse de l'empe- reur Conrad, et fait alliance avec ce dernier contre Roger II, roi des Deux-Siciles. Les Romains révoltés contre Innocent II pro- clament la république et établissent un sénat de 56 membres, présidé par un patrice; Jordan, ne- veu d'Anaclet II, fut élevé à cette dignité. Défaite d'Etienne de Blois à Wilton par le comte de Glocester. Les Etats de Portugal, assemblés à Lamégo, sur le bas Douro , reconnaissent à Alphonse Henri- quez le titre de roi. Ap. J.-C. En Hongrie, le roi Geisa II établit à l'E. de ses Etats des colonies de Saxons, qui défrichè- rent le sol et bâtirent 7 ou 8 villes, entre autres Hermanstadt, ainsi nommée en mémoire d'un citoyen de Nuremberg et qui devint la capitale du pays. 1144. Louis VII, poursuivi par les remords, depuis l'incendie de Vitry, sollicite l'indulgence de la cour de Rome, et demande, par la médiation de Célestin II, sa réconciliation avec Thibaut. — As- semblée de Bourges, où il fait vœu d'aller en terre sainte. Son ministre Suger s'oppose à ce dessein. Le roi consulte saint Bernard. Celui-ci ne veut pas prononcer sans le pape. Eugène III approuve la résolution de Louis VII et charge saint Bernard de prêcher la croisade. Lettre du sénat romain à l'empereur Conrad III. Lucius II, pape. Mort de Foulques, roi de Jérusalem. Son fils, Baudouin III, lui succède, sous la tutelle de sa mère Mélisende. — L'atabek Zenghi, après un siège de 28 jours, s'empare de la ville d'Edesse sur Joscelin de Courtenay. Partage de la «monarchie normande entre Geoffroi Plantagenet, époux de Mathilde, et Etienne. Le pape Lucius II essaye de renverser le sénat romain, mais il périt dans une sédition. Le cardinal Pierre-Bernard de Pise, moine de l'ordre de Cîteaux, abbé de Saint-Anastase, et dis- ciple de saint Bernard, succède à Lucius sous le nom d'Eugène III. Il est forcé de sortir de Rome, où rentre Arnaud de Brescia, qui essaye de réta- blir à Rome la liberté et le gouvernement répu- blicain. — Réconciliation d'Eugène 111 et du peu- ple romain. Le pape laisse subsister le sénat, mais abolit le nouveau Patriciat, rétablit la préfecture de Rome, et reçoit du peuple romain le serment d'obéissance et de fidélité. 1146. Assemblée à Vézelay en Bourgogne, où saint Bernard prêche la croisade qui est adoptée avec enthousiasme. — Assemblée de Clermont, où on offre le commandement de l'armée à saint Ber- nard qui le refuse. Prédication de saint Bernard, en Allemagne, où il protège les juifs. L'empereur Conrad prend la croix. Les Almohades occupent Fez, qui leur est li- vrée par trahison. Leur chef, Abd-el-Moumen . envoie en Espagne 30 000 hommes, dont dix mille cavaliers. Algéziras, Tarifa et Xérès font leur soumission. Maroc reste encore aux Almoravides. Grande expédition de Roger II contre l'empire grec. Il prend Corfou et saccage Céphalonie, Co- rinthe, Thèbes, Athènes, Négrepont, etc. Immense butin. Introduction en Sicile de la culture des cannes à sucre et de l'art de faire des étoffes do soie. Le pape Eugène III est forcé de quitter Rome et de se réfugier en France. L'atabek Zenghi est assassiné par son esclave. Ses Etats sont partagés entre ses deux fils; l'aîné eut l'atabekiat de Mossoul; le second, Noureddiu. eut celui d'Alep. Joscelin de Courtenay reprend Edesse, mais Noureddin s'en rend maître de nou- veau au bout de 6 jours, la détruit de fond en comble et réduit en esclavage tous les habitants qui, au nombre de 16000, avaient survécu au carnage. Otton, évêque de Freisingen, frère utérin de l'empereur Conrad, finit à cette année l'histoire de son temps. Mort du comte de Glocester, le meilleur défen- seur de Mathilde, qui quitte l'Angleterre l'année suivante. 1147. Conrad, avant de partir pour la croisade, frit élire son fils aîné roi des Romains. 11 dirige S3 MOYEN AGE. 177 Ap. J.-C. marche à travers la Hongrie. Louis VII part quel- que temps après avec sa femme Eléonore. L'ad- ministration du royaume a été laissée à l'abbé Suger. Les Français traversent l'Allemagne, la Hongrie et Constantinople. En Espagne, les Almohades s'emparent de Sé- ville. — Alphonse Henriquez occupe Lisbonne, qui deviendra plus tard la capitale du Portugal. Expédition heureuse de Roger II contre Tripoli, repaire de pirates qui infestaient la Méditerranée. 1148. Le pape lance l'interdit sur l'Angleterre, parce que le roi Etienne a refusé de laisser partir pour le concile de Reims 5 prélats anglais que le pape avait désigaés. Prise de Cordoue par les Almohades. — Prise d'Almeria, sur les Almohades, par les princes chrétiens aidés des Génois et des Pisans. Au retour de cette expédition, la flotte génoise aide le comte de Barcelone à s'emparer de Tortose, presqu'à l'embouchure de l'Ebre. Louis VII, qui vient de recueillir Conrad avec les débris de son armée, et qui, comme lui, a éprouvé la perfidie des Grecs, bat les Turcs sur les bords du Méandre, mais perd une partie de son armée à Laodicée. Un simple chevalier se charge de conduire l'armée jusqu'à Sattalie. Les gentils- hommes abandonnent en cet endroit les roturiers et s'embarquent pour Antioche. Destruction du reste de l'armée à Sattalie. — Brouillerie de Louis VII avec Raymond d'Antioche et la reine Eléonore. — Les croisés entreprennent le siège de Damas et y échouent. — Départ de Conrad III. Louis VII ne partit que l'année suivante après avoir célébré à Jérusalem la fête de Pâques. 1149. Les Almohades s'emparent d'Alger, de Tunis et de Mahadia. L'empereur Manuel Comnène reprend Corfou sur Roger II de Sicile, qui incendie les faubourgs de Constantinople. Noureddin attaque la principauté d'Antioche et livre bataille à Raymond de Poitiers, qui périt. Louis VII investit du duché de Normandie le fils de Mathilde et de Geoffroy Plantagenet, Henri, âgé de 16 ans. 1150. La Suède, depuis longtemps divisée entre deux peuples, les Suéars ou Suédois proprement dits et les Goths, se choisit un roi unique, Eric IX, l'élu des Suédois, qui aura pour succes- seur son compétiteur, Charles, l'élu des Goths. Leurs descendants occuperont le trône alternative- ment jusqu'en 1251. 1151. Raymond-Bérenger, comte de Barcelone, ré- gent d'Aragon, célèbre son mariage avec la reine Pétronille, âgée de 16 ans, qui lui est fiancée de- puis quatorze ans. Pétronille était fille de Ra- _mire II et d'Agnès, fille de Guillaume II, duc d'Aquitaine. Mort de Geoffroy Plantagenet. Son fils Henri lui succède dans le comté d'Anjou, de Maine et de Touraine. Il était déjà duc de Normandie par cession de sa mère, et il devint duc de Guyenne et de Poitou en 1152 par son mariage avec Eléo- nore d'Aquitaine. — Mort de l'abbé Suger. Gratien de Chiusi, bénédictin, qui peut être re- gardé comme le véritable auteur du droit canon, compose un système complet de cette branche de jurisprudence qu'il intitule : Concordance entre les canons, mais qui est plus connu sous le titre de : Décret de Gratien. C'est une compila- tion des textes de l'Ecriture sainte, des canons des apôtres, des décisions des conciles, des lettres décrétales des papes, des extraits des Pères, fa- vorables à la puissance spirituelle et temporelle des papes. 1152. Le concile de Beaugency prononce le divorce d'Eléonore de Guyenne avec Louis VII. Deux Ap. J.-C. mois après, Eléonore épouse Henri Plantagenet et lui apporte en dot l'Aquitaine, le Poitou, la Saintonge, le Limousin, l'Angoumois, le Périgord la Marche, la Guyenne et la Gascogne. Le roi de Suède Sverker, dit le Vieux, à la diète de Lindkoping, fait accorder le denier de saint Pierre au pape. Mort de l'empereur Conrad III. Il a pour suc- cesseur Frédéric Barberousse, fils de Frédéric II de Hohenstaufen, dit le Louche, duc de Souabe, et de Judith de Welf-Este, fille de Henri le Noir, duc de Saxe et de Bavière, et neveu de Con- rad III. Les califes de Bagdad profitent de l'affaiblisse- ment des Seldjoucides, se rendent indépendants et s'approprient l'Irak- Arabi. 1153. Baudouin III enlève aux Fatimites, après un siège de 7 mois, l'importante forteresse d'Ascalon, surnommée par les orientaux la Fiancée de la Syrie. Mort du pape Eugène III. Conrad, Romain, évêque de Sabine, lui succède sous le nom d'A- nastase IV. Diète de Constance tenue par Frédéric Barbe- rousse. Plaintes des habitants de Lodi, de Pavie et de Crémone contre les Milanais. Frédéric I er rétablit son cousin germain, Henri le Lion, dans les duchés de Saxe et Bavière. Il donne à son oncle, Welf d'Esté, frère de Henri le Superbe, en dédommagement de la Bavière, l'investiture de la Marche de Toscane, des biens allodiaux de la comtesse Mathilde, et du duché de Spolète. Henri Jochsammergott, qui venait de perdre la Bavière, qu'il possédait depuis 1142, resta possesseur, en vertu d'une transaction de 1156, du duché d'Au- triche, qui précédemment avait fait partie de la Bavière. Henri Jochsammergott établit sa rési- dence à Vienne. Mort de saint Bernard. — Progrès de la secte des Vaudois, dont le chef Henri est un disciple de Pierre de Bruys, brûlé vif en 1 1 47 par les ha- bitants de Saint-Gilles (Gard) . Henri Plantagenet, profitant du mécontente- ment général qui se manifestait, contre le roi Etienne, passe en Angleterre, où Etienne consent à une transaction qui fut conclue à Winchester. Le trône resta à Etienne ; mais il adopta Henri, le déclara son successeur, et lui fit prêter serment par son fils Guillaume et tous les grands. Un descendant de la famille des Edrissites, élève des écoles de Cordoue, né à Ceuta, le shérif Al-Edrisi, rédige, à la cour du roi Roger II de Si- cile, les Bécréations géographiques, pour donner l'explication d'un globe terrestre en argent, que ce prince avait fait fabriquer et qui pesait 800 marcs. 1154. l re expédition de Frédéric Barberousse en Italie. Diète de Roncaglia. Guerre contre les Mila- nais. Mort de Roger II, roi de Sicile. Son fils, Guil- laume I er , lui succède, mais n'est pas reconnu par le nouveau pape Adrien IV, qui excite contre lui Frédéric Barberousse. - Mort d'Etienne, roi d'Angleterre. Henri II Plan- tagenet lui succède. Jouri ou George, fils de Wladimir II, prince de Kiev . fonde sur le territoire de Suzdal la ville de Wladimir; il commence la dynastie des grands princes de Wladimir. Moskou, sur la Moskowa, date de son règne. Éric, roi de Suède, fait la conquête de la Fin- lande idolâtre, et y envoie des missionnaires avec l'archevêque d'Upsal. L'atabek d'Alep et de Mossoul, Noureddin, at- tribuant à la négligence ou à la connivence du prince de Damas la chute d'Ascalon, s'empare de ses Etats. 12 178 CHRONOLOGIE. — TABLES. Ap. J.-C. 1 1 55. Frédéric'Barberou9se se fait couronner à Rome par le pape Adrien IV , auquel il livre Arnaud de Brescia, que le préfet de la ville fait pendre et brûler; ses cendres sont jetées dans le Tibre. — Combat sous les murs de Rome, où se distingue Henri le Lion. Frédéric retourne en Allemagne. Maître Wace, clerc de Caen, né dans l'île de Jersey, compose une longue histoire, en vers de huit syllabes, où il raconte les faits et gestes des rois de la Grande-Bretagne, presque depuis la ruine de Troie, jusqu'à l'an de Jésus-Christ 6S0, et en outre une seconde histoire en vers, où sont consignés les règnes des ducs de Normandie jus- qu'à la 16 e année de Henri II. La première de ces deux chroniques rimées qui a pour titre le Brut, contient l'histoire d'Arthur de Bretagne et de ses chevaliers connus sous le nom de chevaliers de l-a Table ronde. Les sultans Gaznévides sont attaqués par Alaëd- dm-al-Houssain, fils de Houssain-al-Gauri, qui ren- verse leur État et fonde la dynastie des Gaurides, qui subsista jusqu'en 1208. 1156. Waldemar I er , fils posthume de saint Kanut, qui avait hérité de son père, assassiné en 1131, le duché de Slesvig et le royaume des Obotrites, étant attaqué par le roi de Danemark, prend le titre de roi. Par un traité passé entre l'empereur Frédéric I er et Berthold IV , fils de Conrad, la régence ou vi- cariat du royaume de Bourgogne est restreinte à la Suisse. Frédéric revendique dans les autres provinces les droits de l'empire que ses prédé- cesseurs avaient négligés. Il se fit couronner à Arles, en 1178. 1157. Frédéric Barberousse passe l'Oder et ravage la Grande-Pologne. — Il tient à Besançon une diète du royaume de Bourgogne. Il y reçoit une lettre où le pape Adrien IV lui rappelle" qu'il a reçu l'empire du saint-siége à titre de beneficium, expression ambiguë, qui pouvait s'entendre d'un bienfait ou d'une obligation féodale. A la mort du roi Suénon III, que ses cruautés ont rendu odieux, "Waldemar I er , roi du Slesvig, envahit tout le Danemark. André I er , fils de Jouri, prince de Suzdal, ayant pris le titre de grand duc et fixé sa rési- dence à "Wladiinir sur la rivière de Kliazma, il en résulte une espèce de schisme politique , dont les suites furent funestes pour la Russie; le grand duché de Kiovie, avec les principautés qui en re- levaient, se détacha insensiblement du corps de l'empire, et finit par devenir la proie des Lithua- niens et des Polonais. Prise d'Almeria et de Grenade par les Almoha- des sur les Almoravides. — Mort d'Alphonse- Raymond VII ; les. royaumes de Castille et de Léon sont de nouveau partagés entre ses deux fils, Sanche III et Ferdinand II, qui obtiennent, le premier, la Castille, et le. deuxième, le royaume de Léon. 1158. Lé comte de Holstein cède au duc de Saxe, son suzerain, la ville de Lubeck, incendiée de- puis deux ans. Henri le Lion, qui l'a fait rebâtir, y appelle des peuples du nord en leur promettant la liberté du commerce. Deuxième expédition de Frédéric Barberousse en Italie. Il rebâtit Lodi et assiège Milan. 2 G diète de Roncaglia. Frédéric y appelle quatre célèbres docteurs en droit, disciples d'Irnerfus, savoir : Bulgarus de Bologne, Martino Gosia de Crémone, Hugues et Jacques, tous les deux surnommés; di Porta Ravegnana. Réunis aux juges de la Lom- bardie, ces jurisconsultes prononcèrent que tous les droits régaliens appartenaient à l'empereur. Les Templiers ne se sentant pas assez forts pour défendre contre les Maures le poste 'de Ca- Ap. J.-C. latrava, situé dans la Sierra Morena, l'offrent au ■roi Sanche III de Castille, qui institue l'ordre de Calatrava, le plus ancien de l'Espagne, et qui se dévoue à la guerre contre les Maures. Quelques marchands deBremen allant à "Wisby. en Gothland, sont jetés par la tempête sur la côte où tombe la Duna, se mettent en relation avec les habitants et cherchent à introduire le christia- nisme parmi eux. 1159. Guerre entre le roi d'Angleterre Henri II et Louis VII, à cause de la suzeraineté sur le comté de Toulouse, réclamée par Henri II. Frédéric I er continue la guerre contre les Mila- nais et entreprend le siège de Crème. Belle résis- tance des Crémasques. ■ Mort d'Adrien IV. Ce pape est le premier qui ait mis en usage les mandats, et les lettres apo- stoliques par lesquelles le souverain pontife enjoint à celui qui a des bénifices à conférer de donner la préférence, pour la première vacance, au nom contenu dans le mandat. Le premier aussi, il a dispensé les ecclésiastiques de l'obligation de ré- sidence dans le bénéfice et leur a permis de pos- séder plusieurs bénéfices à la fois. Alexandre III et Victor III se disputent la tiare. Frédéric, favo- rable à Victor III, est excommunié par Alexan- dre III qui, ne pouvant] se maintenir en Italie, passe en France au commencement de 1162. 1160. Conclusion de la paix entre Louis VII et Henri II. — Louis se marie pour la 3 e fois avec Alix, fille de Thibaut le Grand, sœur des trois comtes de Blois, de Champagne et de Sancerre, et nièce d'Etienne, dernier roi d'Angleterre. Continuation de la guerre en Italie. Combat de Cassano, favorable aux Milanais. Vers cette époque, écrivait le moine Théodoric, le plus ancien annaliste de la Norvège. 1161. Frédéric Barberousse brûle les moissons des Milanais et entreprend le blocus de leur ville. L'anglo-saxon Thomas Becket, chancelier de Henri II, est élevé à la dignité d'archevêque de Cantorbéry. L'almohade Abd-el-Moumen met pour la pre- mière fois le pied sur la terre d'Espagne, que ses généraux ont soumise. — Ferdinand II, roi de Léon, confirme l'institution récente de l'ordre re- ligieux et militaire de Saint-Jacques, établi sous la règle de saint Augustin, et qui avait pour objet de défendre contre les attaques des Maures les pè- lerins de Saint-Jacques de Compostelle. 1162. Prise et destruction de Milan par Frédéric Barberousse. Terreur de tous les Italiens. — Fré- déric, voulant se concilier les Génois dont la ma- rine lui était nécessaire contre les Normands de Si- cile, leur rend, par un diplôme daté de Pavie, les régales et tous les droits, dont il prétendait dé- pouiller les autres villes d'Italie. Puissance du ,roi d'Angleterre, Henri IL Ses démêlés avec l'Église. Thomas Becket, devenu archevêque de Cantorbéry, rompt avec ce prince dont il avait été jusqu'alors l'ami. Alphonse II, fils de Raymond Bérenger, réunit le comté de Barcelone au royaume d'Aragon. — Le roi de Portugal régularise rétablissement d'un ordre religieux militaire, fondé par des particu- liers. Il tirera son nom d'Avis, devenu en 1181 le siège de l'ordre. Le roi de Suède, Éric IX le saint, périt assas- siné.La Suède lui doit la révision du code cYUp- land, collection de vieilles lois propres à la pro- vince dont Upsal était la capitale. 1163. Frédéric I er fait démolir les murailles de Tor- tone. 11 fait avec les Pisans un traité, par lequel ils s'obligent à armer 70 galères contre les Nor- mands de Sicile. Concile de Tours, présidé par Alexandre H, où MOYEN AGE. 179 Ap. J.-C. assistent avec une apparente cordialité, Henri II et Louis VII. L'hérésie des Albigeois y est solen- nellement condamnée ; défense y est faite aux moines, sous la menace d'anathèrue, de se livrer à l'étude des sciences profanes. Maurice de Sully, évèque de Paris, pose les fon- dations de l'église Notre-Dame de Paris, en pré- sence du pape Alexandre II. La ville d'Uclès, entre Tolède et Cuença, est cé- dée aux chevaliers du Temple. — Yousoûf, second fils d'Abd-el-Moumen, est proclamé calife, sui- vant la volonté de son père. 1164. Mort du pape Victor IV. Le cardinal Gui de Crème lui succède, sous le nom de Pascal III. — Vérone, Vicence, Padoue, Trévise et les autres villes de la marche de Vérone forment une confé- dération pour secouer le joug impérial. — 3 e expé- dition de Frédéric I er en Italie; Il est obligé de se retirer devant les troupes des confédérés. Thomas Becket refuse designer les articles de Cla- rendon, qui détruisaient les privilèges de l'Église. 11 est accueilli en France par Louis VII et par le pape Alexandre III, qu'il vit à Sens. Le roi Magnus V, dit Erlingson, voulant se con- cilier la faveur des évêques et écarter des préten- dants, dont le droit pouvait être plus fondé que le sien, prend le parti d'introduire le sacre et le couronnement. Il «tatue aussi que les évêques, les abbés et les grands officiers de la couronne, con- jointement avec 12 élus de chaque diocèse, choi- siraient le roi sous la direction de l'archevêque de Drontheim. 1165- Frédéric 1 er tient à Wurzbourg une diète, où vinrent "des ambassadeurs d'Henri II, roi d'Angle- terre, et où Pascal III est reconnu pour pape lé- gitime. — Alexandre III rentre dans Rome. 1666. Mort de Guillaume le Mauvais, roi des Deux- Siciles. Il a pour successeur Guillaume II, âgé de 12 ans, sous la tutelle de sa mère, une Navarraise, qui s'entoure d'étrangers, principalement de Fran- çais. 4° expédition de Frédéric I er en Italie. Henri II, roi d'Angleterre, fait épouser à son fils Geoffroy l'héritière de Bretagne, et acquiert ce duché. Otton de Plaisance ouvre à Montpellier la pre- mière école de droit. 1167- Frédéric s'empare de Rome et y installe Pas- cal III, qui le couronne empereur. — Formation au monastère de Puntido, entre Milan etBergame, de la célèbre Ligne lombarde. Les Milanais dis- persés et les villes de Vérone, Vicence , Trévise, Padoue, Crémone, Brescia, Bergame, Mantoue, Ferrare, Bologne, Modène, Reggio, Parme et Plaisance y entrèrent. Les confédérés s'engagèrent à défendre leur liberté contre l'empereur et ses officiers, sauf la fidélité qu'ils lui devaient, et à ramener les Milanais dans leur ville. Peu après, Milan fut rebâtie et fortifiée. La ville de Lodi fut forcée d'accéder à la ligue lombarde. Le roi d'Aragon, comte de Barcelone, enlève au comle de Toulouse la Provence, sur laquelle il possède un droit de famille. Le différend durera 18 ans. 1168. Des maladies épidémiques se répandent dans l'armée de Frédéric I er , qui s'échappe secrètement de l'Italie avec une trentaine d'hommes. — Puis- sance de la ligue lombarde. — Construction d'une ville qui est appelée Alexandrie, en l'honneur du pape Alexandre III, le célèbre propugnateur de la liberté italienne. — Mort de Pascal III. Le parti impérial nomme à sa place Jean, abbé de Strume en Hongrie, qui prend le nom deCalixtelII. Vvaldemar I er , roi de Danemark , rend les princes de Rugen tributaires et feudataires de sa cou- Ap. J.-C. ronne; il détruit l'idole des Rugiens nommée Suantewit. Expédition du roi de Jérusalem, Amaury, con- tre l'Egypte. SacdeBelbéis, à l'entrée de l'Egypte par les Hospitaliers. 1169. Paix de Montmirail entre Henri II d'Angle- terre et Louis VII. Le monarque anglais cède à son fils aîné Henri, surnommé Court-Mantel, l'Anjou et le Maine; à Richard son secondais, le duché d'Aquitaine ; le troisième, Geoffroy , obtient la Bretagne en arrière-fief. Ces trois princes font hommage au roi de France. — Entrevue de Tho- mas Becket et d'Henri II, qui refuse de lui donner le baiser de paix. En Castille, les communes commencent à être représentées dans l'assemblée nationale des Cer- tes, où siégeaient les évêques et les nobles. Les communes de l'Aragon ont déjà ce droit depuis 1130. Après l'émir de l'atabek Noureddin, Sirkouk, le neveu, de ce dernier, Saladin, fils d'Ayoub, défend l'Egypte au nom des Fatimites contre les attaques du roi de Jérusalem et de l'empereur grec. 1170. Conférence d'Amboise où a lieu entre Henri II et Thomas Becket une feinte réconciliation, parla médiation de Louis VII et d'Alexandre III. — Nouvelle rupture; Becket est assassiné devant l'autel à Cantorbéry. Prise de Gaza par Saladin. 1171. Henri II commence la conquête de l'Irlande. Guerre entre les Vénitiens et l'empire grec. — — Etienne III, roi de Hongrie, enlève aux Véni- tiens Zara, Trau et Spalatro. — Le doge recouvre ces deux dernières places et va combattre les Grecs, mais ramène sur ses vaisseaux la peste à Venise, — Création de la banque de Venise, la plus ancienne de l'Europe. Les Danois détruisent Julia, principal port des Vénèdes allemands. Mort du dernier calife fatimite Ahmed. Saladin commence la maison des Ayoubites, qui ne pren- dront que le titre de sultans : il obéit encore de nom à Noureddin. 1172. Henri II se réconcilie avec l'Eglise. Le roi d'Aragon hérite du Roussillon. 1173. Canonisation de Thomas de Cantorbéry par le pape Alexandre III, qui attribue exclusivement à la cour de Rome le droit de canonisation. Les trois fils de Henri II, Henri, Richard et Geoffroy, secrètement excités par leur mère Eléo- nore, se révoltent contre leur père. Eléonore est arrêtée, au moment où elle aliait se réunira eux, et livrée à son époux, qui la condamne à une dure captivité. — Louis VII accueille les fils de Henri II ; les présente aux grands de son royaume, et jure de les défendre contre leur père. Les comtes de Flandre, de Boulogne et de Blois, et le roi d'Ecosse se joignent à Louis VII. Mort de l'atabek Noureddin. L'ayoubite Saladin garde l'Egypte avec le titre de sultan. Peu après il s'empare de Damas sur un enfant de onze ans, fils de Noureddin. 1174. 5 e expédition de Frédéric Barberousse en Italie. Il entreprend le siège d'Alexandrie. Pénitence publique d'Henri II au tombeau de Thomas Becket.— Défaite à Alnwick de Guillaume, roi d'Ecosse, qui tombe au pouvoir des Anglais. — Henri H et Louis VII font la paix dans une entrevue qu'ils ont entre Tours et Amboise. — Paix entre Henri II et Guillaume d'Ecosse, signée à Falaise. Guillaume se reconnaît homme-lige du roi d'Angleterre et lui cède les châteaux de Rox- burgh, Berwick, Jedburgh, Edimburgh et Stir- ling. — Henri II abolit le droit de varech, cou- 180 CHRONOLOGIE. — TABLES. Ap. J.-C tume barbare qui adjugeait au fisc les biens des naufragés. Raymond, comte de Provence, en accordant aux Génois le commerce exclusif de la Provence, leur cède en même temps Marseille, Monaco et tous les ports situés entre le château de Torbia et Narbonne. 1175. Frédéric I er est forcé de lever le siège d'A- lexandrie. — Médiateur entre Gênes et Pise, il leur partage l'île de Sardaigne : Gênes reçoit les territoires du sud et du sud-ouest. 1176. Une nouvelle armée arrive d'Allemagne au secours de Frédéric. — Défection d'Henri le Lion. — Victoire décisive des Milanais sur Frédéric à Legnano, au N. 0. de Milan. Frédéric envoie des ambassadeurs à Alexandre III pour traiter de la paix. Vers cette époque, création en Espagne de l'ordre religieux militaire d'Alcantara. 1177. Eotrevue de Frédéric I er avec le pape Alexandre III, à Venise. Le 23 juillet, il fut conclu entre l'empereur, le pape, le roi de Sicile et les villes de la Lombardie un traité portant qu'il y au- rait paix entre l'empereur et le pape, une trêve de 15 ans entre l'empereur et le roi de Sicile, et de 6 ans entre l'empereur et les villes de la Lom- bardie. Frédéric reconnut Alexandre III comme pape; l'antipape reçut une abbaye; la jouissance des biens allodiaux de la comtesse Matbilde fut abandonnée pour 15 ans à l'empereur. 1178. Frédéric I er se fait couronner roi des deux Bourgognes, à Arles et à Vienne. La régence de la Suisse resta entre les mains des ducs de Za- ringue, qui bâtirent les villes de Fribourg (1178) et de Berne (1191). A l'extinction des Zaringue en 1218, la Suisse devint province immédiate de l'empire. 11 79. Pèlerinage de Louis VII au tombeau de saint Thomas Becket de Cantorbéry pour obtenir la guérison de son fils Philippe. — Deux mois après, Louis VII fait sacrer Philippe, et rend un éditqui assure aux archevêques de Reims le privilège de sacrer les rois de France. 3 e concile de Latran, 12 e concile œcuménique; afin de prévenir les élections schismatiques, le concile décrète que pour être pape légitime, il faudrait avoir réuni les suffrages des deux tiers des cardinaux, et que l'Eglise de Rome n'ayant pas de supérieur, il n'existait pas de juge qui pût prononcer dans une élection litigieuse. Il est aussi déclaré que les hérétiques qui avaient fait des progrès dans l'Albigeois et dans le territoire de Toulouse, sous les dénominations de Cathares, Patarins, etc., seraient excommuniés et exclus de la société du commerce des chrétiens. 1180. Mort de Louis VII. Avènement de Philippe- Auguste, âgé de 15 ans. Par son union avec Isa- belle de Hainaut, issue du Carlovingien Charles de Lorraine, Philippe confond les prétentions des deux dynasties. Isabelle reçoit l'Artois pour dot. Philippe s'unit à Philippe d'Alsace, comte de Flandre, régent de France, contre la reine sa mère et ses quatre oncles, les comtes de Blois, de Champagne, de Sancerre et l'archevêque de Reims, et rejette leur tutelle. — Ordonnance par laquelle Philippe affranchit de toute servitude corporelle les habitants d'Orléans et des en- virons. Henri le Lion, à la défection duquel Frédéric I er attribuait le mauvais succès de son expédition en Italie, est mis au ban de l'empire, et dépouillé de tous ses Etats. Le duché de Bavière, moins Ratis- bonne, qui fut déclarée ville impériale, la Styrie, la Carinthie, la Carniole, le Tyrol et l'Istrie, ainsi que tous les évêchés qui devinrent immédiats, Ap. J.-C. furent donnés à Othon de Wittelsbach. Le duché' de Saxe, qui s'étendait depuis la Poméranie jus- qu'au Rhin, fut également démembré. Une grande partie fut donnée, sous le nom de duché de Saxe, à Bernard, fils d'Albert l'Ours, premier margrave de Brandebourg de la maison Ascanienne. Une partie de la Westphalie fut érigée en duché en faveur de l'archevêque de Cologne, qui avait secondé les projets de l'empereur contre les Guelfes. 1181. Frédéric I e déclare princes d'empire les deux frères Bogislas et Casimir, ducs de la Poméranie orientale, qui ne reconnaissent plus l'autorité du duc de Saxe. — Presbislas II, prince de Mecklem- bourg, maintient aussi son immédiateté sous le titre de seigneur de Mecklembourg. — Le Hols- tein, qui jusqu'alors avait relevé du duché de Saxe, devient fief immédiat. — Le roi de Dane- marck, Waldemar I er , se joint à l'empereur pour enlever à Henri le Lion la ville de Lubeck, qui est déclarée ville immédiate. Le roi de Hongrie Bêla établit, vers cette époque, au-dessous du comte palatin, officier suprême dont les fonctions embrassaient les affaires civiles et les affaires militaires, des chefs particuliers entre lesquels fut partagée l'administration de la Hon- grie divisée en comtés. — La ville de Zara en Dalmatie secoue le joug de Venise et se donne à la Hongrie. 1182- Henri le Lion fait sa soumission à Frédéric I" à la diète d'Erfurt. Il conserve des terres qui for- mèrent par la suite l'électorat de Hanovre et le duché de Brunswick, et il est la souche des rois d'Angleterre d'aujourd'hui. Mort de "Waldemar I €r , roi de Danemark, sur- nommé le Grand. On lui attribue la fondation de Dantzick et les commencements de Copenhague. Avènement de son fils Canut VI. En Orient, Saladin, sultan d'Egypte et de Damas, s'empare d'Edesse, mais ne réussit point à prendre Alep et Mossoul , qui restent à la fa- mille de Noureddin. 1183. Traité de Constance entre Frédéric I er , le pape et les villes lombardes, qui assure la liberté de ces dernières. Révolte des fils de Henri II, surtout de l'aîné, Henri Court- Mantel, excité par Bertrand de Born, seigneur de Hautefort dans le Limousin, trou- badour célèbre. Commencement de la guerre entre Philippe-Au- guste et Philippe, comte de Flandre, au sujet de la possession du Vermandoiset de l'Amiénois, que le roi de France réclamait comme étant le plus proche héritier d'Elisabeth de Vermandois, femme du comte de Flandre, morte sans enfant. — A Paris, première construction de deux corps de halles couvertes. Saladin s'empare d'Amida, en Mésopotamie, et se fait céder Alep. Canut VI, roi de Danemark, met dans sa dé- pendance les princes de Poméranie, et bientôt ' après ceux de Mecklembourg. 1184. Victoire d'Alphonse Henriquez, roi de Portu- gal, sur Yousouf, chef des Almohades, à Santa- rem. — Yousouf, blessé mortellement, a peu après pour successeur Yacoub. Le pape Lucius III, bien qu'appuyé par Frédé- ric I er , est forcé de sortir de Rome. — Concile de Vérone, où sont excommuniés les Romains; les Cathares, les Patarins et les Vaudois 3ont me- nacés de peines spirituelles et de peines tempo- relles. Philippe-Auguste défend la paix publique contre les Brabançons et les routiers, avec le secours des milices communales confédérées (association des Capuchons). — Pavage de la ville de Paris; un MOYEN AGE. 181 Ap. J.-C. riche particulier, Gérard de Poissy, y conlribue pour 11000 marcs d'argent. On commence aussi à entourer de murs le parc de Vincennes, forte- resse près de la résidence royale. — Les communes d'Autun, de Châlon et de Beaune en Bourgogne, de Crespy en Laonnais, reçoivent du roi la con- firmation de leurs chartes. Grande expédition du prince de Wladimir contre les Bulgares du Volga. 1185. Fin de la guerre entre Philippe- Auguste et le comte de Flandre. Celui-ci livre au roi la ville d'Amiens et le Vermandois, à l'exception de Pé- ronne et de Saint-Quentin, et se reconnaît à ge- noux vassal du roi de France. Mort d'Alphonse Henriquez, roi de Portugal, âgé de plus de 90 ans. Avènement de son fils Sanche. Mariage du roi de Hongrie Bêla III avec une sœur de Philippe-Auguste. 1186. Le fils de l'empereur d'Allemagne, Henri, âgé de 21 ans, épouse Constance, fille du roi Ro- ger II, qui doit succéder à son neveu, Guil- laume II, qui n'a pas d'enfants. Geoffroy, duc de Bretagne, fils de Henri II d'An- gleterre, est tué à Paris dans un tournoi. — Con- testation entre les rois de France et d'Angleterre au sujet de la garde noble de sa veuve, qui met au monde, au commencement de 1 année sui- vante, un fils nommé Arthur, qui fut duc de Bre- tagne. Révolte des Bulgares contre les Grecs. Ils fon- dent un royaume qui durera jusqu'en 1396. Gui de Lusignan, beau-frère de Baudouin IV, devient roi de Jérusalem. 1187. Philippe-Auguste favorise la formation des communes d'Arras, de Saint-Omer, d'Hesdin, de Doulens en Artois, de Dijon en Bourgogne, et peu après de Montreuil et de Pontoise. Canut VI, roi de Danemark, contraint les ducs de Poméranie occidentale et les deux ducs de Mecklembourg à se reconnaître ses vassaux. — Suend Aageson, le plus ancien annaliste du Da- nemark, compose un abrégé de l'histoire de ce royaume. Saladin remporte sur Guy de Lusignan la vic- toire de Tibériade. Guy de Lusignan, le grand- maître du Temple , Guillaume le Vieux, marquis de Mon tf errât, sont faits prisonniers; Renaud de Châtillon et un grand nombre de chevaliers de l'Hôpital et du Temple sont égorgés après la ba- taille; la sainte croix tombe au pouvoir des infi- dèles. — Saladin s'empare de Ptolémaïs, assiège Tyr, qui est défendue par le fils du marquis de Montferrat, Conrad, qui vient de débarquer en Palestine, s'empare d'Ascalon et entre par capi- tulation dans Jérusalem. Le pape Urbain III meurt à Ferrare le 19 oc- tobre, en se rendant à Venise afin d'y faire équi- per une flotte pour transporter les croisés. Le pape Grégoire VIII, son successeur, se rend à Pise afin d'y réconcilier les Pisans et les Génois, dont les marines allaient devenir nécessaires pour la croi- sade. Il meurt le 27 novembre. Clément III lui succède. 1188. Guillaume, archevêque de Tyr, fait prendre la croix aux rois de France, d'Angleterre et d'Al- lemagne. — Dîme saladine en France. — Révolte de Richard Cœur-de-Lion, appuyée par Philippe- Auguste, et qui empêche le roi d'Angleterre de partir pour la croisade. — Raymond III, comte de Tripoli, n'ayant pas d'enfants, laisse son comté aux princes d'Antioche qui le conservèrent jus- qu'en 1289. Fin de la république romaine établie 45 ans auparavant, à la suite d'une transaction entre le pape Clément III et le sénat romain. Ap. J.-C. 1189. Mort de Guillaume II, roi des Deux-Siciles Les Siciliens proclament roi Tancrède, comte dé Lecce, qu'on fait passer pour le fils naturel de Roger, frère aîné du roi défunt. Paix delaColombière entre Philippe-Auguste et Henri II, qui meurt peu après de chagrin en voyant le nom de son 4 e fils, Jean sans Terre, en tête de la liste des vassaux infidèles. Croisade de Frédéric Barberousse. 1190. Frédéric Barberousse se noie dans le fleuve Sélef, en Cilicie (juin) . — Avènement de son fils aîné, Henri VI, déjà roi des Deux-Siciles par sa femme Constance. Testament de Philippe-Auguste , où ce prince règle l'administration judiciaire et financière du royaume avant de partir pour la croisade. On y trouve l'institution des baillis royaux comme juges établis au-dessus des prévôts. — Construction des murs de clôture et des portes de Paris. Armoiries de la ville de Paris, déterminées par le roi : nef d'argent, fleur de lis d'or. — Philippe-Auguste s'embarque à Gênes et Richard à Marseille. Les deux rois se brouillent en Sicile. Fondation de l'ordre de chevalerie religieux et militaire connu sous le nom d'Ordre teutonique, par Frédéric de Souabe, arrivé en Palestine avec les restes de l'armée de son père, Frédéric Bar- berousse. Cet ordre eut pour premier grand- maître Henri Walpot de Bassenheim, et fut con- firmé par le pape Célestin III l'année suivante. Gênes, gouvernée jusqu'alors par des consuls, se donne un podestat étranger pour réprimer les factions et mettre un frein à l'ambition des nobles. 1191. Henri VI d'Allemagne est couronné empereur par le pape Célestin III. Il se dirige ensuite vers l'Italie méridionale et s'empare de presque toutes les villes, excepté Naples, qu'il assiège, mais les maladies qui se répandent dans son armée le forcent de retourner en Allemagne. Philippe-Auguste acquiert l'Artois comme dot de sa femme. Destruction de Tusculum par les Romains. Richard Cœur-de-Lion enlève l'île de Chypre à un Comnène. Prise de Saint- Jean-d' Acre par les croisés. Nouvelle rupture entre Philippe et Ri- chard. Philippe revient en France. Contestations entre Conrad de Montferrat et Guy de Lusignan pour le titre de roi de Jérusalem. Philippe-Auguste, à son retour de la croisade, supprime la dignité de sénéchal qui était vacante depuis la mort de Thibaut de Blois. La charte de Magnus V de Norwége (v. 1164), au lieu de remédier aux troubles, n'avait fait que les augmenter par la nouvelle influence qu'elle donnait au clergé. Le roi Suerrer, ayant voulu réprimer l'ambition de l'archevêque de Drontheim, fut excommunié et déposé par le pape Célestin, et plus tard (1198) par le pape Inno- cent III. Il se maintint cependant sur le trône. ■ 1192. Richard Cœur-de-Lion donne le royaume de Chypre à Guy de Lusignan. Conrad de Montferrat conserve seul alors le titre de roi de Jérusalem. — Assassinat de Conrad par les émissaires du Vieux de la Montagne. Par le mariage de sa veuve, le titre de roi de Jérusalem passe dans la maison de Champagne. — Boniface, frère de Conrad, lui suc- cède dans le marquisat de Montferrat. — Trêve conclue par Richard avec Saladin; son départ de la Palestine. Les chrétiens conservent Saint-Jean d'Acre, Jaffa et Arsouf. Un moine de Segeberg, dans le Holstein, nommé Mainard, entreprend de prêcher la foi dans la Livonie, dont il est le 1 er evêque. 1193. Pendant la captivité de Richard, qui, à son retour de la croisade, est tombé entre les mains 182 CHRONOLOGIE. — • TABLES. Ap. J.-C. du duc d'Autriche, qui l'a livré à l'empereur Henri VI, Philippe-Auguste se fait un instrument' de l'ambition de Jean sans Terre qui aspire au trône d'Angleterre. Il envahit la Normandie, mal- gré les menaces du pape, mais échoue devant Rouen. — Mariage (août) et bientôt après divorce de Philippe-Auguste avec Ingeburge de Dane- mark, sœur de Canut VI, qui forme appel à Rome. Mort de Saladin à Damas, à l'âge de 57 ans. Partage de ses Etats entre ses 3 fils : 1° sultanie de Damas avec Jérusalem, Baalbek et Bostra; 2° sultanie d'Egypte; 3° sultanie d'Alep. 3 194. Mort de Tancrède, que la mort de son fils aîné Roger avait plongé dans la plus vive douleur. Guillaume III, son second fils, est aisément dé- pouillé par Henri, qui se fait couronner à Pa- ïenne, mais se rend odieux aux Siciliens par ses barbaries. Richard Cœur-de-Lion,qui a recouvré la liberté, trouve un appui contre Philippe-Auguste chez les grands vassaux de France (les comtes de Flandre, de Boulogne, de Champagne), alarmés des progrès de la royauté. — Combat de Fréteval, près de Blois, où Philippe-Auguste perd avec son bagage les titres de la couronne qui en faisaient partie ; .de là création du dépôt des archives à Paris (5 juillet). 1195. Mort de Welf d'Esté; le marquisat de Toscane et les biens de la comtesse Mathilde, qu'il a pos- sédés 38 ans, sont donnés par l'empereur à son frère Philippe. Grande défaite d'Alphonse VIII, roi de Castille, à Alarcos, par l'almohade Yacoub. 1196. Révolte des Siciliens; nouvelles cruautés de Henri VI. Mariage de Philippe-Auguste avec Agnès, fille du duc de Méranie. 1197. Henri VI donne le duché de Souabe à son frère Philippe. — Il meurt à Messine. Frédéric, son fils, lui succède, à l'âge de 3 ans, dans ses domaines héréditaires. Il a pour tutrice en Sicile la reine Constance, sa mère. Philippe de Souabe gouverne l'Allemagne. Mariage de Bérengère, fille du roi de Castille, avec le roi de Léon. Ce mariage est désapprouvé par la cour de Rome, à cause de la parenté des époux. La guerre recommence entre Richard Cœur-de- Lion et Philippe-Auguste. Mort du roi titulaire de Jérusalem, Henri de Champagne. Amaury II de Lusignan, roi de Chypre, qui a épousé la veuve de Henri, Isabelle, prend le titre de roi de Jérusalem. 1198. Le duc de Bohême, Prémislas, reçoit à la diète de Mayence, de Philippe de Souabe, le titre de roi qu'il transmet à ses successeurs., Philippe-Auguste permet aux juifs de rentrer en France, moyennant des sommes considérables qui lui étaient nécessaires pour la guerre contre l'Angleterre. Mort du pape Célestin III; C'est sous son règne que prévalut dans les Eglises d'Occident la cou- tume de donner la communion aux laïques sous la seule espèce du pain, ainsi que cela avait lieu dans l'Eglise de Jérusalem. — Avènement d'In- nocent III, de la famille des comtes de Segnia, âgé de 37 ans. Il profite de la vacance de l'em- pire pour donner lui seul au préfet de Rome l'investiture de sa charge. Depuis plus d'un siè- cle, ce magistrat dépendait en même temps de l'empereur et du pape. 11 recevait l'investiture du premier, et prêtait serment à tous les deux. Il dépouille l'allemand Markvvald, principal conseil- ler de Henri VI, de la Marche d'Ancône et du duché de Spolète. Il favorise en Toscane la con- Ap. J.-C. fédération de Lucques, Florence, Pistoïa.etc. Pisc demeure fidèle à la famille d'Henri VI. 11 essaye, mais en vain, de faire rentrer sous sa puis- sance l'exarchat de Ravenne, et recouvre quel- ques parties de la succession de la comtesse Ma- thilde. 11 se remet en possession de la plus grande partie des Etats de l'Eglise, envahie par le der- nier empereur et par quelques nobles, et intro- duit dans l'administration des finances un ordre inconnu jusqu'alors. Othon de Brunswick, fils de Henri le Lion, chef des Welfs, soutenu par Innocent III, dispute la couronne impériale à Philippe de Souabe. Mort de la reine Constance à Païenne; son tes- tament donne la régence à Innocent III, qui dé- fend énergiquement les droits de son pupille; il oppose à l'allemand Markwald un chevalier français, Gauthier de Brienne. 1199. Mort de l'almohade Yacoub. Il a pour succes- seur Mohammed-el-Naser. — Mort, à Maroc, du célèbre Averroès, natif de Cordoue, qui embrassa, dans ses études, la médecine, la philosophie, la science du droit, les mathématiques, la poésie. Le plus important de ses travanx est une traduction des oeuvres d'Aristote, qui commence dès lors à régner dans les écoles de l'Occident. Trêve entre Philippe-Auguste et Richard. — Mort de Richard, au siège de Châlus dans le Li- mousin. Son frère Jean sans Terre lui succède, au détriment du fils de Geoffroy, Arthur, qui est reconnu dans la Bretagne, le Maine, l'Anjou et la Touraine.. 1200. En Danemark, le comte de Holstein est con- traint de céder aux Danois le Ditmarse, situé à l'O. du Holstein, et la place importante de Rends- bourg, sur la frontière du Slesvig. Le légat du pape, dans une assemblée tenue à Vienne en Dauphiné, met le royaume de France en interdit. Philippe est contraint de reprendre Ingeburge. — Mariage du fils du roi, Louis, âgé de moins de 14 ans, avec Blanche de Castille. — Ordonnance royale qui constitue l'Université de Paris. Le roi de Suède, Sverker, affranchit les biens du clergé de toutes charges et impositions, et augmente beaucoup l'influence des évêques en leur accordant l'entrée dans le sénat.