Au Pays des Peaux-Rouges/Partie1

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Société de Saint-Augustin ; Desclée, De Brouwer et Cie (p. 9-10).

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AU PAYS DES PEAUX-ROUGES
par le P. Victor Baudot, S. J.



PREMIÈRE PARTIE.

Six ans aux Montagnes-Rocheuses


Amérique ! Peu de personnes savent exactement d’où vient ce nom sonore et où il fut prononcé pour la première fois. Il paraissait si naturel de donner à ce nouveau continent le nom même de Colomb et de l’appeler Colombie ! Mais un géographe allemand du XVIe siècle en disposa autrement. Waldseemuller, dans sa Cosmographie où il relatait les voyages d’Améric Vespuce, attribua à ce navigateur la découverte de Christophe Colomb et imprima sur ses cartes le mot America !

Ce livre sortit en mai 1507 des presses de Saint-Dié (Vosges), ma ville natale. Il semble donc que de par ma naissance j’étais prédestiné à voir ce pays baptisé[1] au même lieu que moi. Je l’ai vu au soir de ma vie et contre toute attente. Ayant rencontré à Turin le supérieur de la mission des Montagnes Rocheuses, je fus par lui invité à l’accompagner au pays des Têtes-Plates et des Nez-Percés. « Vous savez l’anglais, me dit-il, vous nous serez utile là-bas. — Mais je suis trop vieux, j’ai 58 ans !… On n’est jamais trop vieux pour bien faire : venez. » Et voilà comment je partis.




  1. En Juillet 1911, des fêtes commémoratives de ce baptême furent célébrées à Saint-Dié, sous la présidence du ministre français des colonies et de l’ambassadeur des États-Unis, à Paris, M. Bacon.