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Au fait, au fait !!! Interprétation de l’idée démocratique/3

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III.


On parle de république rouge, on parle de république tricolore, on parle de république modérée, on parle de république violente ; on parle aussi de république orléaniste, impérialiste, légitimiste même.

S’explique-t-on bien tout ce que cela veut dire ? À mon avis, c’est fort simple :

Cela signifie que des citoyens qu’on appelle rouges s’opposent à ce que la France soit exploitée par les tricolores ; que les tricolores s’opposent à ce qu’elle soit exploitée par les rouges ; que les orléanistes, les impérialistes, les légitimistes s’opposent à ce qu’elle soit exploitée par les rouges et les tricolores. Mais cela signifie aussi, disons-le pour êtres justes, que les uns et les autres accepteraient volontiers la patriotique tâche de l’exploiter soit pour leur compte particulier et nominalement, soit in extremis, sous une raison sociale.

Mais, à moins de donner aux loups le nom de bergeries, je ne vois point que l’on doive appeler tous ces messieurs des républiques.

La République n’accepte pas le ridicule grossier des dénominations officielles que je viens d’énumérer. Il n’y a qu’une république dont je suis, dont nous sommes citoyens, nous, honnêtes gens, qui ne briguons pas, mais qui payons l’irrévérencieuse domesticité nationale. La République c’est nous, c’est la France réelle, la matière exploitable et exploitée ; la curée de toutes ces républiques forcenées, de tous ces partis qui ont le bien d’autrui pour rêve et la paresse pour idole.

La République est aux partis ce que l’arbre est aux parasites ; les partis sont la vermine des nations, et il importe de ne pas oublier que c’est aux prétentions diverses de ces religionnaires politiques que nous devons de marcher par saccades de révolutions en insurrections, et d’insurrections en état de siège, pour aboutir périodiquement à l’inhumation des morts, et au paiement des factures révolutionnaires qui sont les primes accordées par l’imbécillité de tous à l’audace de quelques-uns.

Nos aïeux ont vu la France des grands vassaux et celle des rois absolus ; nos pères ont vu celle de Marat, celle de Danton, celle de Robespierre, celle de Barras, celle de Bonaparte et celle de Napoléon. Nous avons vu, nous, la France de Louis XVIII, la France de Charles X, la France de Louis-Philippe, la France du gouvernement provisoire, la France de l’Assemblée Nationale ; mais la France de personne, c’est-à-dire la France de tout le monde, la France de la France, personne ne l’a vue encore, personne, donc, n’a vu la République ; car la République n’est autre chose que l’affranchissement de la France de la tutelle des gouvernements.