Aller au contenu

Au jardin de l’infante/Galswinte

La bibliothèque libre.
Au jardin de l’infanteMercure de FranceŒuvres de Albert Samain, t. 1 (p. 99-100).
◄  Une

GALSWINTE

Galswinte au crépuscule est assise et grelotte.
Toujours ce ciel de fer et ces grands leudes roux !
Oh ! son beau pays d’or où tous les mois sont doux…
Et, le front dans ses mains, secrète, elle sanglote.


À peine on l’entrevoit glisser, frêle et pâlotte,
Dans le palais brutal où vit son rude époux.
Seule, des jours entiers, elle prie à genoux
Dans sa chambre où sans fin l’odeur des cierges flotte.



Les Barbares pour elle ont presque du mépris ;
Et lente, et si lointaine au fond de ses yeux gris,
Elle va, de pleurs froids en silence baignée.


Ô toi, qui pour l’exil ainsi fus désignée,
Que de fois j’ai baisé ta face avec ferveur,
Blanche morte étendue au plus doux de mon cœur,


Vase mélancolique, ô Galswinte, ma sœur.