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Au jardin de l’infante/Une

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Au jardin de l’infanteMercure de FranceŒuvres de Albert Samain, t. 1 (p. 97-98).
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UNE

Sphynx aux yeux d’émeraude, angélique vampire,
Elle rêve sous l’or cruel de ses frisons ;
La rougeur de sa bouche est pareille aux tisons.
Ses yeux sont faux, son cœur est faux, son amour pire.


Sous son front dur médite un songe obscur d’empire.
Elle est la fleur superbe et froide des poisons,
Et le péché mortel aux âcres floraisons
De sa chair vénéneuse en parfums noirs transpire.



Sur son trône, qu’un art sombre sut tourmenter,
Immobile, elle écoute au loin se lamenter
La mer des pauvres cœurs qui saignent ses blessures ;


Et, bercée aux sanglots, elle songe, et parfois
Brûle d’un regard lourd, où couvent des luxures,
L’âme vierge du lys qui se meurt dans ses doigts.