Augustin d’Hippone/Deuxième série/Solennités et panégyriques/Sermon CCXIII. Explication du Symbole. II

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Solennités et panégyriques
Œuvres complètes de Saint Augustin (éd. Raulx, 1864)


SERMON CCXIII. EXPLICATION DU SYMBOLE. II

ANALYSE. – Cette seconde explication du Symbole est la suite naturelle de la première. Celle-ci considérait le Symbole d’une manière plus générale ; la seconde entre dans le détail du sens de chaque article. Mais on n’y verra pas la froideur d’un ouvrage didactique. Saint Augustin y met son cœur comme il le met partout et spécialement dans ses discours.

1. Le Symbole, est la formule abrégée de notre foi, formule destinée à nous instruire sans être à charge à la mémoire ; elle s’exprime en peu de mots pour enseigner beaucoup. « Je crois en Dieu, le Père tout-puissant ». Quel laconisme et quelle force ! Voilà tout à la fois un Dieu et un Père-; un Dieu avec sa puissance, un Père avec sa bonté. Que nous sommes heureux de rencontrer un père dans notre Dieu ! Croyons donc en lui, et promettons-nous tout de sa miséricorde, puisqu’il est tout-puissant : aussi disons-nous que nous croyons « en Dieu, le Père tout-puissant ». Que nul ne dise : Il ne peut me remettre mes péchés. Comment ne le pourrait le Tout-Puissant ? – Mais j’ai tant péché, ajoutes-tu. – Mais il est tout-puissant, répliqué-je. – J’ai tant commis de péchés, que je ne saurais en être ni délivré ni purifié. – Je réponds encore : Mais il est tout-puissant. Remarquez ce que vous lui dites en chantant ce psaume : « Bénis ale Seigneur, ô mon âme, et garde-toi d’oublier toutes ses faveurs ; il te pardonne toutes tes iniquités, il te guérit de toutes tes langueurs[1] ». C’est pour cela que nous était nécessaire sa toute-puissance. Toutes les créatures en avaient besoin pour sortir du néant. Pour faire ce qui est grand et ce qui est petit Dieu est tout-puissant ; tout-puissant pour former ce qui est au ciel et ce qui est sur la terre ; tout-puissant pour créer ce qui est mortel et ce qui est immortel ; tout-puissant pour donner l’être à ce qui est spirituel et à ce qui est corporel ; tout-puissant pour tirer du néant ce qui est visible et ce qui est invisible ; il, est grand dans les grandes choses sans être petit dans les moindres. Il est tout-puissant enfin pour faire tout ce qu’il veut ; combien en effet n’est-il pas de choses qu’il ne saurait faire ? Il ne peut ni mourir, ni pécher, ni mentir, ni se tromper ; combien d’autres choses encore qu’il ne pourrait que s’il n’était pas tout-puissant ! Croyez donc en lui et professez votre foi. « Car on croit de cœur pour être justifié, et on confesse de bouche pour être sauvé[2] ». Voilà pourquoi après avoir cru vous devrez confesser votre foi en récitant le Symbole. Ecoutez donc maintenant ce que vous aurez à retenir toujours et à réciter bientôt sans l’oublier jamais.

2. Qu’est-ce qui vient ensuite ? « Et en Jésus-Christ ». – « Je crois, dis-tu, en Dieu, le Père tout-puissant, et en Jésus-Christ, son Fils unique, Notre-Seigneur ». S’il est Fils unique, il est par conséquent égal à son Père. S’il est Fils unique, il est donc de même nature que son Père. S’il est Fils unique, il a conséquemment la même toute-puissance que son Père. S’il est Fils unique, il est aussi coéternel à son Père. Voilà ce qu’il est en lui-même, en lui-même et dans le sein de son Père. Mais pour nous, et par rapport à nous, qu’est-il ? « Qui a été conçu du Saint-Esprit, qui est né de la Vierge Marie ». Voilà bien Celui qui est venu, par où il est venu, et vers qui il est venu. Il est venu par la Vierge Marie, avec l’opération du Saint-Esprit et non pas d’un homme ; d’un époux ; du Saint-Esprit qui a fécondé cette Vierge pure en lui conservant son intégrité. Et c’est ainsi que s’est revêtu de chair le Christ Notre-Seigneur ; ainsi que s’est fait homme Celui qui a créé l’homme : il a pris ce qu’il n’était pas, sans rien perdre de ce qu’il était ; car « le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous[3] ». Ce n’est pas que le Verbe se soit changé en chair ; mais tout en restant Verbe il a pris une chair, tout en demeurant à jamais invisible, il est devenu visible quand il l’a voulu, et « il a habité parmi nous ». Qu’est-ce à dire, parmi nous? Parmi les hommes. Il est devenu l’un de nous, tout en restant unique. Unique pour son Père. Et pour nous ? Unique aussi comme Sauveur, car nous n’avons d’autre Sauveur que lui ; unique aussi comme Rédempteur, car nul autre ne nous a rachetés, rachetés, non pas avec de l’or ni avec de l’argent, mais au prix de son sang.

3. Considérons donc par quelles négociations il est parvenu à nous racheter. Il a été dit dans le Symbole : « Qui a été conçu du Saint« Esprit, qui est né de la Vierge Marie ». Mais enfin qu’a-t-il fait pour nous ? Le voici dans la suite du texte : « Il a souffert sous Ponce-Pilate, a été crucifié, est mort et a été enseveli ». Oui, c’est le Fils unique de Dieu, c’est Notre-Seigneur, qui a été crucifié : c’est le Fils unique de Dieu, c’est Notre-Seigneur, qui a été enseveli. Mais c’est comme homme qu’il a été crucifié, comme homme encore qu’il a été enseveli. Comme Dieu il n’a pas changé, comme Dieu il n’a pas été mis à mort ; pourtant Dieu a été mis à mort en tant qu’homme. « Car, s’ils l’avaient connu, dit l’Apôtre, ils n’auraient pas crucifié le Seigneur de la gloire[4] ». Il le montre ici comme Seigneur de la gloire, il confesse néanmoins qu’il a été crucifié. Déchirer ta tunique sans te blesser la chair, ce serait te faire injure ; si tu criais alors, ce ne serait pas pour dire Tu as déchiré ma tunique, mais : Tu m’as déchiré, tu m’as mis en lambeaux. Tu parlerais ainsi sans être blessé, et tu dirais vrai, lors même qu’en te manquant on n’aurait pas touché à ta chair. C’est ainsi que le Christ Notre-Seigneur a été crucifié. Il est vraiment le Seigneur, le Fils unique du Père ; il est notre Sauveur et le Seigneur de la gloire ; néanmoins il a été crucifié, mais crucifié dans sa chair ; enseveli, mais dans sa chair uniquement : l’âme elle-même n’était pas là ni au moment ni au lieu où on l’ensevelissait, et par sa chair seulement il gisait dans le sépulcre. Tu n’en reconnais pas moins en lui Jésus-Christ, le Fils unique, Notre-Seigneur. Qui donc a été conçu du Saint-Esprit, puis est né de la Vierge Marie ? Jésus-Christ, le Fils unique de Dieu, Notre-Seigneur. Qui a été crucifié sous Ponce-Pilate ? Jésus-Christ, le Fils unique de Dieu, Notre-Seigneur. Quia été enseveli ? Jésus-Christ, le Fils unique de Dieu, Notre-Seigneur. – Comment ! je ne vois que la chair, et tu dis que c’est Notre Seigneur ? – Assurément, je le dis, car en voyant le vêtement j’adore Celui qui le porte. La chair en effet lui sert comme de vêtement ; car « ayant la nature de Dieu et ne croyant point usurper en s’égalant à Dieu, il s’est anéanti lui-même en prenant une nature d’esclave », non pas en perdant sa nature divine ; « et devenu semblable aux hommes, il a été par l’extérieur considéré comme homme[5] ».

4. Toutefois ne méprisons pas la chair envisagée en elle-même ; c’est quand elle était abattue qu’elle nous a rachetés. Pourquoi nous a-t-elle rachetés ? Parce qu’elle n’a pas été toujours abattue : « Le troisième jour il est ressuscité d’entre les morts ». C’est ce qui suit immédiatement dans le Symbole. Ainsi nous proclamons sa résurrection après avoir confessé sa passion. Qu’a-t-il fait en souffrant ? Il nous a appris ce que nous avons à souffrir, Et en ressuscitant ? Il nous a montré ce que nous devons espérer. Ici voilà le devoir et ici la récompense ; le devoir dans la passion et la récompense dans la résurrection. Mais il n’en est pas resté là après être ressuscité d’entre les morts. Qu’est-il dit ensuite ? « Il est monté au ciel ». Et maintenant où est-il ? « Il est assis à la droite du Père ». Ne vois pas ici la droite considérée par rapport à la gauche. La droite de Dieu signifie l’éternelle félicité, La droite de Dieu signifie l’ineffable, l’inestimable, l’incompréhensible béatitude, la prospérité sans fin. Telle est la droite de Dieu et c’est là qu’est assis le Sauveur. Qu’est-ce à dire : « Il est assis ? » C’est-à-dire qu’il y demeure, car on appelle siège[6] le lieu où demeure quelqu’un. Au moment donc où le vit saint Étienne, on ne se trompait pas en disant : « Il est assis à la droite du Père ». Que dit en effet saint Étienne ? « Voilà que je vois le ciel ouvert, et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu[7] ». De ce qu’il l’ait vu debout, s’ensuit-il qu’il y aurait eu mensonge à dire alors : « Il est assis à la droite du Père ? » Il est assis, est donc ici synonyme de il demeure, il habite. Comment demeure-t-il ? Comme tu demeures toi-même. En quelle position ? Qui le dira ? Contentons-nous d’exprimer ce qu’il a enseigné, de parler de ce que nous savons.

5. Et puis ? « De là viendra juger les vivants et les morts ». Bénissons en lui le Sauveur pour ne pas redouter le Juge. Car celui qui maintenant croit en lui, qui accomplit ses préceptes et l’aime sincèrement, ne tremblera point quand il viendra juger les vivants et les morts ; non-seulement il ne tremblera point, mais il soupirera après son arrivée : Eh ! que peut-il y avoir pour nous de plus heureux que devoir venir Celui que nous désirons, Celui que nous aimons ? – Craignons néanmoins, puisqu’il sera notre juge. Il est maintenant notre avocat, mais il sera notre juge alors. – Écoute Jean : « Si nous prétendons être sans péché, nous nous séduisons nous-mêmes et la vérité n’est point en nous. Mais si nous confessons nos péchés, ajoute-t-il, il est fidèle et juste pour nous les remettre et pour nous purifier de toute iniquité. Je vous ai écrit ceci afin de vous détourner du péché. Si cependant quelqu’un vient à pécher, nous avons pour avocat, auprès du Père, Jésus-Christ le Juste ; et il est lui-même propitiation pour nos péchés[8] ». Je suppose que tu aies à soutenir une cause devant quelque juge ; tu vas trouver un avocat pour l’en instruire ; cet avocat t’accueille parfaitement, il plaide ta cause de son mieux, mais avant que la sentence soit rendue, tu apprends que cet avocat va être nommé ton juge : quelle joie d’avoir pour juge celui qui vient de te défendre ! Maintenant même c’est Jésus-Christ qui prie pour nous, qui intercède pour nous ; c’est lui que nous avons pour avocat, et nous craindrions de l’avoir pour juge ? Ah ! plutôt, puisque nous l’avons envoyé devant nous pour nous servir d’avocat et nous rassurer, espérons qu’il reviendra pour être notre juge.

6. Nous avons parcouru dans le Symbole ce qui a rapport à Jésus-Christ, le Fils unique de Dieu et notre Seigneur. On y dit ensuite : « Et au Saint-Esprit », pour compléter ce qui concerne la Trinité, père, Fils et Saint-Esprit. S’il a été parlé plus longuement du Fils, c’est que le Fils s’est fait homme, c’est que le Fils, le Verbe, s’est fait chair, et non pas le Père ni l’Esprit-Saint, quoique l’humanité du Fils soit l’œuvre de la Trinité tout entière, attendu que les œuvres de la Trinité sont inséparables. Croyez donc, en entendant parler ici du Saint-Esprit, qu’il n’est inférieur ni au Fils, ni au Père ; car le Père, le Fils et le Saint-Esprit, ou la Trinité tout entière, ne font qu’un seul Dieu. Il n’y a entre eux ni différence, ni variété, ni infériorité, ni opposition ; mais égalité, perpétuelle, invisibilité et immuabilité dans le Père, le Fils et l’Esprit-Saint : Ah ! daigne cette auguste Trinité nous délivrer de la multitude de nos péchés !

7. C’est à nous que se rapporte ce qui vient ensuite : « La sainte Église » ; car c’est nous qui sommes la sainte Église. Or, en disant nous, je ne veux pas que vous entendiez seulement ceux qui sont ici, ceux qui m’écoutent, ceux qui par la grâce de Dieu sont chrétiens et fidèles ici, dans cette église, dans cette ville ; mais encore tous ceux qui sont dans cette contrée, dans cette province, au-delà même de la mer et dans tout l’univers habité ; car d u levant au couchant on bénit le nom du Seigneur[9]. C’est là l’Église catholique, notre mère véritable et la véritable épouse de ce divin Époux. Honorons-la, puisqu’elle est la Dame d’un si grand Seigneur. Que dirai-je encore ? Son Époux a daigné faire pour elle d’incomparables merveilles : il l’a rencontrée prostituée et il l’a rendue vierge. Peut-elle nier ses prostitutions sans oublier la miséricorde de son Libérateur ? Comment dire qu’elle n’était pas prostituée, quand – elle se souillait avec les idoles et les démons ? Tous les hommes, hélas ! étaient adultères de cœur ; peu l’étaient de corps, mais tous l’étaient de cœur. Le Christ donc est venu et il a rendu vierge son Église. Elle est vierge par sa foi. Elle compte en petit nombre les vierges proprement dites, consacrées à Dieu ; mais sous le rapport de la foi tous en elle doivent être vierges, les hommes comme les femmes ; car tous doivent être chastes, purs, saints. Voulez-vous savoir combien l’Église est vierge ? Écoutez l’Apôtre saint Paul, cet ami zélé pour l’Époux et non pour lui-même. « Je vous ai parés, dit-il, pour l’Époux unique ». Ainsi parlait-il à l’Église ; et à quelle Église ? À toute l’Église qui pouvait recevoir ses lettres. « Je vous ai parés comme une vierge chaste pour vous présenter au Christ votre unique Époux. Mais je crains, poursuit-il, que, comme le serpent séduisit Ève par son astuce ». Ce serpent fit-il perdre à Ève sa chasteté corporelle ? Non, mais il corrompit en elle la virginité du cœur. « Je crains que vos âmes ne se flétrissent et ne perdent la chasteté qu’on trouve dans le Christ[10] ». Ainsi l’Église est vierge ; oui, elle est vierge et qu’elle reste vierge. Qu’elle prenne garde au séducteur, pour ne trouver pas en lui de corrupteur. L’Église est vierge. Tu vas me dire : Si elle est vierge, comment met-elle au monde des enfants ? Et si elle n’en met pas ait monde, comment nous sommes-nous enrôlés afin de trouver dans son sein une nouvelle naissance ? – Je réponds : L’Église est vierge et mère en même temps. En cela elle imite Marie, la Mère du Seigneur. Est-ce que la sainte Vierge Marie n’est pas devenue Mère, tout en restant Vierge ? Ainsi en est-il de l’Église, vierge et mère tout à la fois. À voir même de près, elle aussi est mère du Christ, puisque ceux qui reçoivent le baptême sont ses membres. « Vous êtes, dit l’Apôtre, le corps et les membres du Christ[11] ». Si donc l’Église enfante ainsi les membres du Christ, n’a-t-elle pas avec Marie la plus grande ressemblance ?

8. « La rémission des péchés ». Si cette grâce n’était dans l’Église, il faudrait désespérer ; on ne pourrait espérer ni la vie future, ni l’éternelle délivrance, s’il n’était pas possible dans l’Église d’obtenir la rémission des péchés. Grâces donc au Seigneur qui a accordé cette faveur à son Église. Vous allez approcher des fonts sacrés, être purifiés par le baptême, recevoir une vie nouvelle dans le bain salutaire de la régénération ; et en sortant vous serez sans péché. Tous les péchés qui vous menaçaient y auront disparu ; ils ressembleront aux Égyptiens qui s’élancèrent contre les Israélites et qui les poursuivirent jusqu’à la mer Rouge seulement[12]. Jusqu’à la mer Rouge ? Qu’est-ce à dire ? Jusqu’aux fonts consacrés par la croix et par le sang du Christ : En effet ce qui est rouge est ce qui paraît tel. Or, ne vois-tu pas comme semble rouge tout ce qui appartient au Christ ? Ouvre les yeux de la foi. En regardant la croix, n’y vois-tu pas du sang ? Peux-tu contempler Celui qui y est suspendu sans penser en même temps à ce qu’il y a versé, quand son côté fut ouvert avec une lance et que notre rançon en découla[13] ? Voilà pourquoi on marque du signe, de la croix le baptême, c’est-à-dire l’eau qui sert à l’administrer, et c’est ainsi que vous traversez en quelque sorte la mer Rouge. Vos péchés sont comme vos ennemis ; ils vous poursuivent, mais jusqu’à la mer seulement ; et lorsque vous y serez entrés, vous en sortirez, mais eux y resteront : c’est ainsi que les Israélites traversant la mer à pieds secs, les Égyptiens furent engloutis sous les eaux. Que dit l’Écriture ? « Il n’en resta pas un seul[14] ». Tes péchés sont-ils en grand ou en petit nombre, graves ou légers ? Il n’en reste pas un seul. Cependant, comme il nous faut vivre dans ce monde, où nul n’est exempt de péché, les péchés ne se remettent pas seulement aux fonts sacrés du baptême, mais encore ils s’effacent par la prière dominicale et quotidienne qu’on vous apprendra dans huit jours. Elle sera pour vous comme un baptême quotidien, et vous rendrez sûrement grâces à Dieu d’avoir donné à son Église cette faveur que nous reconnaissons dans le Symbole, lorsqu’après avoir dit : « La sainte Église », nous ajoutons : « La rémission des péchés ».

9. Vient ensuite « La résurrection de la chair », et c’est la fin. Mais ce sera une fin sans fin que la résurrection de la chair. Il n’aura plus alors pour cette chair ni mort, ni angoisses, ni faim, ni soif, ni affliction, ni vieillesse, ni lassitude. Ne redoute donc pointa résurrection de la chair. Vois les biens dont jouira cette chair et oublie les maux qu’elle souffre. Non, il n’y aura plus rien alors des misères dont elle se plaint aujourd’hui. Nous serons éternels, les égaux des anges de Dieu[15] ; nous formerons avec ces saints anges une même société ; Dieu nous possédera, nous serons son héritage et lui-même sera le nôtre ; aussi lui disons-nous dès maintenant : « Le Seigneur est ma portion d’héritage[16] » ; et lui-même a dit de nous à son Fils : « Demande-moi, et je te donnerai les nations pour héritage[17] ». Ainsi nous serons à la fois propriétaires et propriété, nous retiendrons et on nous retiendra. Aujourd’hui même ne sommes-nous pas cultivés en même temps que nous cultivons ?

Mais nous cultivons comme on peut cultiver Dieu, tandis que nous sommes cultivés comme un champ peut l’être. Voulez-vous vous assurer que nous sommes cultivés ? Écoutez le Seigneur : « Je suis la vraie vigne, dit-il, vous êtes les sarments et mon Père le cultivateur[18]. » Si le Père est cultivateur, c’est qu’il cultive ; quel champ ? c’est nous. Un cultivateur de cette terre où tombent partout nos regards, peut bien labourer, bêcher, planter, arroser même s’il trouve de l’eau mais peut-il donner l’accroissement, diriger le germe vers l’intérieur de la terre, y fixer la racine, élever la tige, fortifier les rameaux, les charger de fruits, les embellir de feuilles ? Un cultivateur peut-il cela ? Mais le divin Cultivateur de nos âmes, Dieu le Père peut faire en nous tout cela. Pourquoi te peut-il ? Ne croyons-nous pas en Dieu le Père tout-puissant ? Retenez bien ce que nous venons de vous dire, et comme Dieu nous a fait la grâce de vous l’expliquer.

  1. Psa. 102, 2-3
  2. Rom. 10, 10
  3. Jn. 1, 14
  4. 1Co. 2, 8
  5. Phi. 2, 6-7
  6. Le siège de l’empire, par exemple, est le lieu habité par le gouvernement.
  7. Act. 7, 55
  8. 1Jn. 1, 8-11, 2
  9. Psa. 102, 3
  10. 2Co. 11, 2-3
  11. 1Co. 12, 27
  12. Exo. 14
  13. Jn. 19, 34
  14. Psa. 105, 11
  15. Mat. 22, 30
  16. Psa. 15, 5
  17. Id. 2, 8
  18. Jn. 15, 1-5