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Autres balades (Christine de Pisan)/XXII

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Autres balades, Texte établi par Maurice RoyFirmin Didot (p. 232-233).


XXII


(Christine recommande son fils aîné au duc d’Orléans.)


Très noble, hault, poissant, plein de sagesse,[1]
D’Orliens duc Loys trés redoubtable,
Mon redoubté seigneur, en grant humblece
Me recommand a vous, prince notable,
En désirant faire chose agréable
A vous, vaillant seigneur de haute emprise.[2]
Et si vous viens donner d’amour esprise[3]
La riens qui soit que doy plus chier avoir
Et soubzmettre du tout a vo franchise,
Si le vueilliez, noble duc, recevoir.

C’est un mien filz, lequel de sa jonnece
A bon vouloir d’estre en son temps valable[4]
Et desir a selon sa petitece
De vous servir, sil vous est acceptable ;

Pour ce suppli, vaillant prince amiable,
Qu’il vous plaise le prendre a vo servise.
Don vous en fais, et tout a vo devise
Faire de lui vueilliez, car bon vouloir
De vous servir a de cuer en craintise ;
Si le vueilliez, noble duc, recevoir.

Ja trois ans a que pour sa grant prouesse[5]
L’en amena le conte trés louable
De Salsbery, qui moru a destrece
Ou mal païs d’Angleterre, ou muable
Y sont la gent ; depuis lors, n’est pas fable,
Y a esté, si ay tel peine mise
Que je le ray non obstant qu’a sa guise
L’avoit Henry qui de la se dit hoir,
Or vous en fais je don de foy aprise,
Si le vueilliez, noble duc, recevoir.

Prince excellent que chascun loue et prise.
Du requerir je ne soye reprise
N’escondite, car de tel qu’ay savoir
Mon service vous ottroy sanz faintise,
Si le vueilliez, noble duc, recevoir.

  1. XXII. — 1 B n. et h.
  2. — 6 omis dans B
  3. — 7 A2 v. vueil d.
  4. — 12 B en s. cuer v.
  5. XXII. — 21 A g. promesse