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Autres balades (Christine de Pisan)/XXXVIII

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Autres balades, Texte établi par Maurice RoyFirmin Didot (p. 251-252).


XXXVIII


(Sur la Cour du Duc Philippe de Bourgogne, 1403)


Gentiellece qui les vaillans cuers duit
De courtoisie fait sa messagiere
Qui ses rapors trés gracieux conduit
Et toute gent reçoit a lie chiere ;
Si voit on bien resplendir sa lumière[1]
En une court de France solennée,
De prince hault tellement gouvernée[2]
Que personne n’y a qui toute adulte[3]
Ne soit d’honneur, dont, chose est certenée,
Selon seigneur voit on maignée duite.

Le trés hault duc filz de roy, qui est vuit
De tout orgueil et qui sagece a chiere,
Philippe bon des Bourgoignons réduit
Et les Flamens touz a soubz sa baniere,
En est le chief, en qui prudence entière
Maint, si qu’il n’a o lui personne née,
Qui en touz cas ne soit si ordonnée
Qu’on peut dire de sa trés plaisant suite,
Tant noblement est et bien dottrinée,
Selon seigneur voit on maignée duite.

Bel fait veoir celle court qui reluit
De nobles gens en fait et en maniere
Si beaulz, si gens, si courtois, que deduit
Est du veoir, et sanz manière fiere,
Si gracieux que c’est joye plainiere ;
Et aux armes nulz meilleurs de l’année
On ne verra en champ ne a journée,[4]
Mais, s’ilz sont bons et hardis et sanz fuitte,
C’est bien raison par coustume affermée
Selon seigneur voit on maignée duitc.

Prince excellent, se bien moriginée
Est vostre court par noblece conduitte,
Le proverbe dit, c’est chose infourmée ;
Selon seigneur voit on maignée duite.

  1. XXXVIII. — 5 A2 sa bannière
  2. — 8 A1 t. duite
  3. — 9 A1 de h.
  4. XXXVIII. — 27 A2 n’en c