Aux pères et aux mères de famille/02
CONSEILS UTILES (30e mille)
Si l’immoralité, sous ses formes multiples et variées, est actuellement si précoce et si répandue ; si elle provoque et favorise tant de défaillances coupables et de désordres scandaleux, la faute en revient essentiellement aux Pouvoirs publics et aux honnêtes gens qui tolèrent, sans rien dire et sans rien faire, les plus graves atteintes portées à la moralité publique.
D’autre part, les parents et leurs collaborateurs, les éducateurs, se souvient trop peu des dangers que la débauche et les vices de toute nature font courir à la jeunesse et y restent trop souvent indifférents.
Sans répression rapide et exemplaire des crimes et des délits contre les mœurs, sans éducation appropriée de la conscience, sans avertissement énergique et opportun, les passions les plus mauvaises se déchaînent librement, et toutes les licences semblent être permises.
L’ignorance systématique des conséquences de l’immoralité dans laquelle on laisse fréquemment la jeunesse ; les préjugés, faux et ineptes qui ont cours, à la ville comme à la campagne, dans toutes les classes sociales, concernant la chasteté des jeunes gens ; la coupable complaisance de tous pour le libertinage, le concubinage, la vie galante ; la fourberie et parfois le cynisme des fêtards et des jouisseurs, font que la prostitution, la traite des femmes et des enfants en vue de la débauche, les enfants naturels, la criminalité et la mortalité infantiles, ainsi que les maladies dites vénériennes, constituent de véritables fléaux sociaux mettant en péril l’existence même de la nation par la dépopulation, qui en est l’inévitable et naturelle conséquence.
Un tel état des mœurs crée un milieu où il devient difficile, sinon impossible, à l’individu de résister à l’influence malfaisante organisée autour de lui et surtout contre lui.
Mais quelque grandes que soient les menaces et les dangers d’un tel milieu, l’œuvre urgente est de rendre l’individu capable de résister à son influence. Or, l’éducation morale — et l’éducation religieuse aussi — du caractère, des sentiments, de la conscience, peut seule y remédier avec le plus de chance de réussite.
La pratique du vice solitaire, chez les jeunes adolescents des deux sexes, est fréquemment causée par une excitation génésique artificiellement et prématurément provoquée par des curiosités malsaines qui sont éveillées et entretenues par des conversations, des fréquentations, des lectures, des amusements et des distractions malpropres, ou, encore, par la promiscuité de camarades vicieux ou viciés.
Il faut donc que parents et éducateurs se substituent résolument aux camarades vicieux, pour assurer l’éducation morale des enfants. On peut les éclairer, les avertir sagement, avec mesure, selon leur développement physiologique et intellectuel, de manière à les mettre en garde contre les très graves conséquences de ce vice qui peut devenir funeste pour leur santé et leur avenir. Il est préférable de les avertir de bonne heure, qu’une heure trop tard.
Des pratiques plus ou moins longues de l’onanisme à la débauche, et parfois à de violentes perversions sexuelles, il n’y a qu’un pas, qui est généralement vite franchi.
Pour les garçons comme pour les filles, la débauche entraînera, la plupart du temps, paternité et maternité clandestines, d’où enfant naturel, souvent voué à la mortalité précoce, ou au vice, ou au crime, sinon à la misère.
Par la débauche, même occasionnelle, le jeune homme descend aisément vers le libertinage, le dévergondage, les maîtresses et la prostitution, où les maladies dites vénériennes sont inévitables, pour devenir plus tard une plaie terrible, dans le mariage, pour la femme et les enfants.
La jeune fille qui devient mère en dehors du mariage risque, presque toujours, d’être abandonnée par son séducteur ; seule avec son enfant, elle sera tentée de s’en débarrasser ou de le négliger ; et la voilà, elle-même, comme ses camarades frivoles, coquettes ou légères, en danger de demander à l’inconduite et, après quelque temps de vie joyeuse, à la prostitution vénale, le pain du jour et le gîte de la nuit, en achevant une vie de misère et de honte.
Toute jeune fille ou femme qui rit de la vertu, ou de sa pudeur, devient une proie facile pour le viveur, pour le souteneur et pour le proxénète.
Et tout homme qui ne respecte pas la femme, toutes les femmes ; tout homme qui ne pratique pas la chasteté jusqu’au mariage et la fidélité à sa femme dans le mariage, se fait le complice des plus tristes misères de la prostituée, de la femme galante et de toute jeune fille qu’il séduit. Mais il se prépare ainsi une vie d’égoïsme féroce où les conséquences des maladies causées par son inconduite seront l’inexorable expiation de ses lâchetés et de ses vilenies sexuelles.
Ceux qui ont violé les lois de la chasteté avant le mariage, ne trouvent plus dans la vie conjugale les joies nobles et pures que l’amour apporte avec lui dans le vrai mariage, où le jeune homme et la jeune fille arrivent vierges.
Par les pratiques de l’immoralité sexuelle avant le mariage, celui-ci risque de devenir un arrangement où les fraudes conjugales favoriseront les moyens d’éviter les charges normales de la famille.
Il faut donc enseigner à la jeunesse qu’il ne doit pas y avoir de rapports sexuels hors le mariage.
Les trois plus grand fléaux de l’humanité : la prostitution, les enfants naturels et les maladies dites vénériennes, proviennent essentiellement de la violation des lois de la chasteté. Ces fléaux seraient évités si les hommes se mariaient vierges.
Il y a des millions d’hommes qui arrivent parfaitement chastes au mariage, et il y a des millions d’hommes qui sont fidèles à leur femme dans le mariage, quelque longue que soit la durée de celui-ci ; et ces hommes ne sont ni des malades, ni des imbéciles. Ils pratiquent tout simplement la loi morale, la loi de la justice, le respect de la personne humaine. Voilà les hommes qu’il faut donner en exemple à la jeunesse des deux sexes. Car il n’est pas juste, il ne saurait être juste, pour un moment de plaisir sexuel hors le mariage, de gâcher la vie d’une jeune fille, d’en faire une femme galante et plus tard une prostituée, et de son enfant un malheureux paria parce qu’il sera un bâtard.
Les hommes qui violent les lois morales, qui méprisent les lois de la chasteté, sont coupables et responsables de véritables crimes, car les millions de prostituées, les millions d’enfants naturels voués à la pire détresse, sont la douloureuse rançon de leurs plaisirs impurs.
L’immoralité n’est pas seulement une honte, une infamie ; elle ne limite pas son œuvre néfaste à la ruine des individus et des familles, elle est encore une charge matérielle formidable pour l’ensemble du pays. Si l’on chiffrait les frais de police, de maladies, d’usure des énergies humaines, tout ce que coûtent les soins donnés aux vénériens, aux détraqués, aux gâteux, aux paralytiques généraux, la répression des crimes contre les mœurs, les dépenses énormes qui sont faites pour assurer la vie galante des fêtards, les ménages doubles et triples que certains individus entretiennent, on verrait que, décidément, le vice revient à un prix infiniment plus élevé que la vertu. Ce ne sont pas toujours les débauchés qui paient les notes. Les honnêtes gens, qui sont si souvent complices de l’immoralité, deviennent solidaires dans le règlement des comptes qu’elle laisse après elle.
Et cela, il faut le révéler à la jeunesse, de toutes les classes sociales, si l’on veut tenter de refaire une morale à notre peuple.
La complicité du silence favorise généralement le vice ; la vérité, la connaissance du bien et du mal et de leurs conséquences, au contraire, peuvent utilement avertir les uns et encourager grandement les autres.
Par l’éducation et par la discipline morale, on parvient à maîtriser ses passions et à rester juste.
C’est là ce que parents et éducateurs peuvent et doivent apprendre à ceux qui leur sont confiés, pour les préparer à affronter les épreuves et les devoirs de la vie.
« Honorer la vertu, a écrit Casimir Delavigne, c’est la rendre féconde. Et la vertu produit la liberté. » Ceci est particulièrement recommandé aux hommes qui prétendent au droit de gouverner les autres.