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Aux pères et aux mères de famille/01

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Aux Parents et aux Éducateurs

UN CRI D’ALARME (30e mille)


De tous les ennemis qui menacent la jeunesse, la famille et la patrie, il n’en est point de plus dangereux, de plus puissant, de plus insidieux et ce plus néfaste pour elles, que l’immoralité.

La pornographie, qui en est la description, permet de la répandre par tous les moyens et dans tous les milieux.

Cette pornographie, qui est la représentation de la débauche, de la luxure et de la prostitution, se manifeste publiquement ou clandestinement par des livres, des romans surtout, des brochures, des revues et des journaux illustrés, des affiches, dessins, gravures, cartes postales illustrées, peintures, images diverses, photographies prises sur nature, exhibitions nudistes, objets et emblèmes obscènes.

Elle se manifeste également par des chansons, des pièces de théâtres, des revues de music-halls et de cafés-concerts, des dancings, des films cinématographiques, des spectacles forains, des musées anatomiques où l’on expose, sous prétexte de faire de la prophylaxie antivénérienne, des modèles sexuels nettement obscènes et des modèles d’accouchements pathologiques qui font redouter la maternité aux jeunes femmes, favorisant ainsi la dépopulation.

La vue de ces gravures et de ces scènes immorales ; la lecture de ces livres et de ces brochures ; la représentation de ces pièces de théâtre licencieuses, de même que les vues animées du cinématographe contraires aux bonnes mœurs, causent un mal profond et souvent irréparable à l’enfance et à la jeunesse, dont ils pervertissent les sentiments et souillent l’imagination en les conduisant, souvent, aux plus graves perversions morales, par la débauche précoce ou par une inconduite dangereuse.

L’impudeur parfois scandaleuse des modes féminines actuelles, les modèles féminins exposés aux devantures de certains grands magasins, qui représentent des jeunes femmes, grandeur et couleur chair, dans des toilettes de boudoirs, ne peuvent que produire de fâcheuses impressions sur l’esprit et sur les sens des adolescents des deux sexes. Au moment où nous subissons comme une sorte de tyrannie de l’immoralité, on ne saurait trop s’élever contre ces atteintes à la plus élémentaire pudeur dans un pays civilisé.

D’autre part cette pornographie, sous ses multiples formes et aspects, fait à notre pays une réputation que d’autres nations exploitent sévèrement contre lui.

Les récits et les descriptions de scènes de vols, de fraude, de tromperie, de brutalité, de violence, de crimes ou d’assassinats, par les moyens précités, exercent la même déplorable influence sur le caractère et la conscience morale de l’enfant, de l’adolescent et même de l’adulte.

Donc, la pornographie inspire et provoque la débauche avec tout son sinistre cortège de hontes, de lâchetés et de misères : luxure, prostitution, etc. ; elle mène à tous les désordres des mœurs.

La littérature et l’imagerie criminelles inspirent et provoquent les crimes, les meurtres, etc. Et ces deux formes de l’immoralité causent où préparent la ruine de l’individu et de la famille.

Les parents et les éducateurs devront donc porter leur attention, avec une vigilance toujours en éveil, sur les manifestations publiques ou privées de cette immoralité, de manière à pouvoir en préserver la jeunesse en neutralisant son influence malsaine par le redressement moral de la conscience, et en combattant les représentations publiques de la pornographie et de la propagande criminelle, par tous les moyens légaux et appropriés.

Ils apprendront aux enfants, aux jeunes gens surtout, et même aux jeunes filles, le respect de tout ce qui est vrai, beau, bon, juste et moral, ce qui les engagera et les habituera, à se détourner volontairement de ce qui est faux et laid, pour leur éviter de pénibles et parfois tragiques expériences.

Il faut inspirer aux enfants l’horreur du vice, de tous les vices ; aux jeunes filles l’amour de la vie simple, pure, vertueuse, afin de les préparer au mariage, à la vie de famille et aux nobles devoirs de la maternité ; aux jeunes gens de toutes les conditions sociales, que si l’inconduite de leurs sœurs est funeste et blâmable, elle ne l’est pas moins pour eux. Il n’y a pas deux lois morales : l’une qui excuse tout chez l’homme et qui condamne tout chez la femme.

Parents et éducateurs pourront donc utilement et pratiquement combattre l’immoralité privée par une éducation morale appropriée à leurs expériences et conformes à leurs principes et à leurs convictions sociales et religieuses.

Pour combattre l’immoralité publique, ils pourront également faire appel à la répression légale et administrative en signalant aux Pouvoirs publics : Procureurs de la République, Commissaires de police, Préfets et Maires, les infractions aux lois et règlements qui protègent la moralité publique.

Chacun a le droit, quel que soit son âge, de s’adresser aux autorités et de solliciter la mise en action des moyens dont elles disposent pour assurer l’ordre public et le respect des lois.

Toute personne, qu’elle soit lésée ou non, a le droit d’intervenir pour faire protéger l’enfance et la jeunesse contre les mauvais exemples de la rue, qui doit rester propre. Les affiches, les journaux illustrés pornographiques exposés aux éventaires des kiosques, des bureaux de tabac, des bibliothèques de gares de chemin de fer ; les représentations théâtrales et cinématographiques ayant lieu dans des endroits publics, relèvent du contrôle de tous les honnêtes gens.

Les citoyens isolément, comme les groupements organisés, n’ont pas encore le pouvoir légal de se substituer aux Pouvoirs publics, pour faire respecter les lois, mais ils peuvent collaborer avec eux à une œuvre d’assainissement qui réclament la bonne volonté et les efforts de tous ceux qui ont quelque souci de la protection morale de la jeunesse.

Toutefois, les parents n’ont pas à tenir comptes des opinions de certaines administrations sur tel ou tel point de vue de l’art et de la liberté. Ils ont des enfants à défendre, à préserver, à protéger. Ils ont donc le droit d’exiger que leur moralité soit publiquement respectée.

Dans la plupart des chefs-lieux de département sont organisés des Comités de vigilance pour la protection morale de la jeunesse et la répression de la licence des rues. En s’adressant à l’auteur du présent tract, tout renseignement sera fourni gratuitement à ce sujet.

Les Préfets et les Maires peuvent administrativement interdire tout spectacle public contraire aux bonnes mœurs et à l’ordre public (art. 97 et 99 de la loi municipale du 5 avril 1884).

Les directeurs départementaux des contributions indirectes ont également tout pouvoir pour faire supprimer, dans les bureaux de tabac, les gravures illustrées, de « nature à gêner ou à éloigner une catégorie quelconque de consommateurs ».

La loi fournit, à tous ceux qui veulent agir, une arme efficace pour combattre légalement la pornographie. C’est le devoir de chacun de connaître et de faire respecter la loi.