Ave (Gilkin)

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La NuitLibrairie Fischbacher (Collection des poètes français de l’étranger) (p. 52-53).




AVE



Voici, dans la pudeur mourante du soleil,
Au jardin palpitant, jonché de jeunes roses,
Voici, dans la pudeur mourante du soleil,
Qu’il marche vers mon cœur, l’être jeune et vermeil
Dont mes yeux imploraient les chairs fraîches et roses.

Soir rouge et beau, pareil à des lèvres d’enfant
Où glissent des baisers dans la brise amoureuse,
Soir rouge et beau, pareil à des lèvres d’enfant,
Reflète la splendeur de ton sang triomphant
Sur sa lèvre adorable et sur ma lèvre heureuse.

Vous, des cygnes aimée, eau des chastes étangs,
Et vous, dans l’herbe en fleurs, clairs bassins des fontaines,
Vous, des cygnes aimée, eau des chastes étangs,
Mirez le vierge azur de ses yeux éclatants,
Où nage la clarté de nos amours hautaines.

Hauts tilleuls, au feuillage embrasé d’ambre et d’or
Où rêve un doux orgueil de topaze brûlée,
Hauts tilleuls, au feuillage embrasé d’ambre et d’or,
Des flammes du couchant incendiez encor
L’or tendre et caressant de sa tête bouclée.

Et vous, roses glaciers qui fermez l’horizon,
Et vous, vallons mouillés de moelleuses rivières,
Et vous, roses glaciers qui fermez l’horizon,
Sur nous, sur deux enfants pâmés en ce gazon,
Reclosez-vous ainsi que de larges paupières
Sur des yeux éblouis de leurs seules lumières,
Et loin des autres yeux, abritez pour toujours
L’éternelle douceur de nos douces amours.