Aventures de terre et de mer

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J. Hetzel (p. titre-Table).

200 ILLUSTRATIONS
PAR
RIOU, J. FERAT, L. BENETT, J. DAVIS



BIBLIOTHÈQUE
D’ÉDUCATION ET DE RECRÉATION
J. HETZEL ET Cie, 18, RUE JACOB
PARIS

Tous droits de traduction et de reproduction reservés.
PRÉFACE

Parmi les conteurs qui, depuis un demi-siècle environ, se sont donne la mission d’écrire pour la jeunesse, Mayne-Reid est un des premiers et des plus remarquables. C’est lui qui, avec un rare coup d’œil, comprit que le temps des fadeurs littéraires était passe, et qu’a une jeunesse curieuse de lecture, il fallait des aliments intellectuels différents de ceux qui lui avaient été jusqu’alors distribués.

Les Anglais ont des possessions dans toutes les parties du monde, et leur langue est de beaucoup la plus répandue de toutes, puisque, en dehors de l’empire colonial, elle est celle de cinquante millions d’Américains des États-Unis. Leurs enfants, sinon tous, la plupart d’entre eux, sont destinés à faire leur carrière ou leur fortune en dehors de la mère-patrie. C’est ce qui a porte Mayne-Reid a penser que, dès leur plus jeune age, il n’était pas inutile, bien au contraire, de les initier aux coutumes, aux mœurs de toutes les régions sur lesquelles l’Angleterre étend sa domination, de les leur faire connaître d’une façon agréable, c’est-à-dire indépendamment de toute prétention scientifique et didactique, dans leur configuration, leur orographie, leurs produits, leur industrie propre, et surtout dans leurs faunes et leurs flores particulières.

À ces divers points de vue, rien n’est mieux compris que l’ample série de ses ouvrages, si connus sous le titre collectif d’Aventures de Terre et de Mer. Ce fut une complète révolution dans la littérature de la jeunesse, ou, si l’on veut, une évolution, et il était indiqué qu’un éditeur aussi perspicace que J. Hetzel, doublé d’un écrivain aussi distingué que P.-J. Stahl, songeât à transporter chez nous, en les adaptant plutôt qu’en les traduisant, des œuvres de valeur vraiment propres à être appréciées par le jeune public français, — un public qui n’existait pas alors, mais que l’éditeur suscita.

Dans les livres de Mayne-Reid on ne trouve, en effet, rien d’abstrait, rien qui puisse fatiguer l’attention, surtout dans les adaptations telles que les a comprises J. Hetzel, et telles qu’elles ont été exécutées, ou par lui-même, ou sous son impeccable direction. Le jeune public anglais n’est pas rebuté par des longueurs qui fatiguent le notre, par des digressions, souvent interminables et qui nuisent à l’action, selon notre manière de voir. Mais, à travers ces longueurs, que de choses charmantes et instructives à la fois, dont les plus hardies ne sauraient froisser aucune susceptibilité.

Il était absolument impossible qu’un homme qui s’assignait pour but d’instruire la jeunesse, en l’amusant, ne fut pas attiré par ces récits, tres répandus de l’autre cote du détroit, et qui, grâce a lui, ont conquis, chez nous, une vogue presque aussi éclatante et également durable.

Les ouvrages de Mayne-Reid sont très nombreux ; si nous ne nous trompons, on n’en compte pas loin de soixante, diversement intéressants. Il fallait opérer une sélection dans cet immense bagage, et, en outre, réduire les œuvres choisies à des proportions acceptables pour nous, en leur donnant un surcroît de mouvement et de vie. Nul n’était mieux apte à une telle besogne que P.-J. Stahl, un de ces vaillants écrivains qui joignent au souci du lecteur le respect d’eux-mêmes, et n’ont jamais rien livré au public que n’eût préalablement approuvé leur propre jugement. Une telle délicatesse littéraire est de nos jours devenue peu commune. Alors, elle était presque de règle, et n’était point compté, en qualité d’homme de lettres, quiconque y contrevenait.

C’est ainsi qu’il fit pénétrer, en France, en accentuant encore ce qu’ils ont de charme et de séduction, les ouvrages les plus appréciés du conteur anglais, ceux qu’il avait jugés devoir faire bonne figure en compagnie des livres originaux qu’il publiait, et qui prenaient dès lors une place prépondérante.

Il y a, dans l’œuvre de Mayne-Reid, deux genres de romans : l’un comprend uniquement des récits d’aventures de chasse ou de pêche, sans l’ombre d’intrigue. Les chapitres se suivent, rattachés entre eux, par un lien très sommaire, à peu près suffisant pour un semblant d’action. C’est à cet ordre de compositions qu’appartiennent les Émigrants du Transwaal, les Vacances des jeunes Boërs et les Chasseurs de girafes. L’auteur y est avant tout préoccupé de n’omettre aucun des produits du sol où ses héros opèrent et de faire connaître, par quelques types, les races ou familles, qui peuplent, en si grand nombre, les vastes étendues de l’Afrique méridionale, notamment le Transwaal et ses sauvages contrées, qui présentèrent tant de surprises et tant de dangers aux premiers immigrants.

Ailleurs, et dans des œuvres plus romanesques, Mayne-Reid a donné carrière à son imagination, tout en restant fidèle à son programme de vulgarisation. L’action se complique dans les deux Filles du Squatter, les Chasseurs de chevelures ; l’intrigue se corse, on trouve ici et là un éclair de passion, mais toujours discrètement exprimée, juste ce qu’il faut pour plaire à un jeune public, sans éveiller, chez lui, non pas une idée seulement douteuse, mais des réflexions qui font travailler ces frêles imaginations et finissent par susciter parfois des curiosités fâcheuses.

Non, rien de pareil dans les livres de Mayne-Reid. Ce que l’on y rencontre, c’est l’honnêteté même, avec le charme d’inventions successives et cette couleur locale toujours si bien observée, en quelque sorte si vécue, et qui doit séduire, du premier coup, des esprits neufs, curieux des choses aventureuses et charmés de voyager, avec un si bon guide, dans des régions ignorées d’eux jusque-là.

Ils sont nombreux dans l’œuvre de Mayne-Reid, ces attrayants récits, comme le Chef au Bracelet d’Or, la Montagne-Perdue, etc. Il en faudrait citer bien d’autres, où l’auteur met en présence, avec une habileté rare, les derniers fils de la race indigène et les pionniers qui surviennent, pour troubler leur quiétude séculaire et défricher, dans le but de lui arracher la fortune, un sol vierge, tout rempli de richesses mortes, c’est-à-dire jusqu’alors dédaignées et par conséquent inutilisées. C’est en quelques endroits, une sorte d’évocation historique. Ailleurs, ce sera, aux yeux du lecteur surpris, l’apparition subite de contrées merveilleuses, presque abandonnées, paradis terrestres progressivement conquis par l’activité de la race blanche, et dont la transformation, si heureuse pour la prospérité générale, ne va pas sans une certaine mélancolie, inspirée par la contemplation des vastes espaces et aussi par l’idée de civilisations effacées ou en train de disparaître.

La lecture des œuvres de Mayne-Reid est, comme on le voit, très variée dans son ensemble, et aussi instructive que pleine d’attrait et de poésie exotique. On n’en trouverait point, aujourd’hui même, de meilleure et de mieux appropriée aux préoccupations de notre époque, soucieuse de colonisation, et où les idées d’émigration se développent, sous l’impulsion de causes diverses que nous n’avons point à rechercher ici N’est-ce point le moment précis de présenter ces livres, si abondants de renseignements utiles et pratiques, malgré leur apparente fantaisie, sous une forme nouvelle, plus abordable, et de les faire pénétrer dans un milieu pour lequel ils sont inconnus, mais qui les appréciera et en tirera bénéfice, soit pour son instruction présente, soit pour des projets ultérieurs ? Les œuvres de valeur ont la vie longue, et, quand leur vogue est établie, c’est pour longtemps. Mayne-Reid est de ceux qui ne seront jamais oubliés ni délaissés. Dans nos jours démocratiques, où l’instruction générale est répandue à pleines mains, il semble bon, sinon nécessaire, d’ouvrir aux livres utiles, ayant toutefois qualité d’art, l’accès de certaines couches plus humbles, c’est-à-dire moins riches, et où, très souvent, on ne lit pas assez, parce qu’on n’en a pas le moyen. Et, s’il est vrai, comme nous en sommes persuadés, que les honnêtes et saines lectures exercent une influence heureuse et même, dans certains cas, féconde, il n’est pas douteux que les livres de Mayne-Reid ont place parmi les meilleures, et qu’il y a quelque opportunité à les faire mieux connaître, c’est-à-dire à les vulgariser davantage, ou, si on le préfère, à les démocratiser.

Charles Canivet.
TABLE
Signatures.
LE CHEF AU BRACELET D’OR Illustrations de L. Benett 1 à 12
LA SŒUR PERDUE Riou 13 à 24
LES ÉMIGRANTS DU TRANSWAAL Riou 25 à 36
LES PLANTEURS DE LA JAMAÏQUE J. Férat 37 à 48
LES DEUX FILLES DU SQUATTER J. Davis 49 à 60
LE DÉSERT D’EAU L. Benett 61 à 72
LE PETIT LOUP DE MER L. Benett 73 à 84
LA MONTAGNE PERDUE Riou 85 à 96