Ballade du marchand d’orviétan
BALLADE
DU MARCHAND D’ORVIÉTAN
oici la rue et le plantain,
Le jus de taupe et la merd’oie ;
Voici la graisse de putain,
Le cloporte, le ver à soie
Et le bol que Fagon emploie.
Ci la Bête du Gévaudan,
Ecco le fiel de la baudroie :
Voici les pieds de Péladan !
Reniflez un peu ! Ni le thym,
Ni la peau d’Espagne où se choie
L’orgueil ducal d’un blanc tétin,
Ni l’ambre, ni l’huile de foie
Que l’Islande à Barrès envoie,
Ni tes narcisses, Éridan,
Au humer n’offrent tant de joie :
Voici les pieds de Péladan.
Quel charme ignoré du Bottin
Envoûte l’amoureuse proie ?
Nébo l’a dit à Trissotin.
Donc, lâchez un peu la courroie
De votre bourse et que l’on m’oye
Pour que bachelette (à son dam !)
Livre aux mages la petite oie,
Voici les pieds de Péladan !
Prince d’Elseneur ou de Troie,
Fuyez l’œuvre d’Adolphe Adam
Et ces baumes que je déploie :
Voici les pieds de Péladan !