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Barzaz Breiz/1846/L’Hermine/Bilingue

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Barzaz Breiz, édition de 1846
L’Hermine



XXVII


L’HERMINE.


( Dialecte de Cornouaille. )


Voici les feuilles du chêne qui s’ouvrent avant celles du hêtre ; voici le loup qui guette le taureau.

— Oh çà, kiss ! kiss ! oh çà, kiss ! kiss ! —

Voici le loup qui guette le taureau : sur dix hommes il en mourra neuf.

Jean le Taureau et Guillaume le Loup sont deux terribles ennemis, sur ma foi ! Voilà Guillot qui guette, du rivage,

— Oh çà, kiss ! kiss ! Oh çà, kiss ! kiss !

Qui guette Jeannot arrivant à la nage.

— Si c’est de la chair fraîche de taureau que vous cherchez ; aujourd’hui vous n’en aurez pas : des cornes longues et aiguës,

— Oh çà, kiss! kiss !

Pour vous éventrer, si vous voulez.

Catherinette la fine, l’Hermine, riait le nez hors de son petit trou :

— Voyez avec quelle grâce

— Oh çà, kiss ! kiss !

Guillaume fait la cabriole !

Guillaume fait la cabriole, le pauvret ! sur la pointe de cornes dures : et moi qui croyais que tes dents...

— Oh çà, kiss ! kiss !

Que tes dents valaient mieux que ses cornes. —


Jeannot monte, Jeannot descend :

— Courage donc ! allons, Guillaume, cours après ! tu l’atteindras sans peine :

— Oh çà, kiss ! kiss !

Il est épuisé, il boite, et tu es si leste !

— Oh oui, je l’ai bien épuisé ; je vais le mettre à la raison.

— Ao ! ao ! Jean l’Anglais ; gare !

— Oh çà, kiss ! kiss !

Le grand diable est à tes trousses ! —

Dans tous les prés où ils ont passé, ils ont brûlé l’herbe ; dans tous les champs qu’ils ont traversés,

— Oh çà, kiss ! kiss !

Ne grainera ni avoine ni blé.

Il ne bourgeonnera aucun arbre dans les vergers ; les (yeux des) fleurs sont éraillés, comme si la pluie les avait frappés ; ah ! je souhaiterais de tout mon cœur,

— Oh çà, kiss ! kiss ! oh çà, kiss ! kiss !

Ah ! je souhaiterais de tout mon cœur qu’ils s’étranglassent l’un l’autre.


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