Beautés de la poésie anglaise/Au Coucou (Akenside)
Au Coucou.
I.
Contemporain du doux printemps
Dans ce vallon au frais ombrage,
Près du ruisseau qui fait tapage,
Que j’aime à recueillir tes chants !
Que j’aime tes échos dolents,
De tes amours on doit le croire
C’est l’oraison jaculatoire.
II.
Il fut un temps, je me souviens,
Où dans les bois ta voix plaintive
Trouvait mon oreille rétive ;
Où tes échos éoliens
Semblaient nuire aux musiciens
Qui chantent dans le vert bocage
Et l’amour et son doux servage.
III.
Je me disais : « Il n’est pas bien
Qu’alors que chante Philomèle,
La voix d’un autre oiseau se mêle
Au charme de son entretien :
Ainsi dans le monde combien
Ne voyons-nous pas près des belles
De vieux beaux se brûler les ailes ! »
IV.
Quand deux cœurs, deux cœurs amoureux
N’ont à tous deux qu’une seule âme,
Et que mutuelle est leur flamme,
Qu’ils tiennent du Coucou tous ceux
Qui vont troubler ces deux heureux
Des grands mots prudence et sagesse
Et des dictons de la vieillesse !
V.
Et cependant tandis qu’encor
Il en est tenps, pensez jeunesse
Qui ne vivez que de tendresse,
Qui ne rêvez que d’un ciel d’or,
Que le Coucou donne du cor
Dans le mois des fleurs embaumées
Dans Avril aux fraîches ramées.