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Bible Crampon 1923/Esther

La bibliothèque libre.
Traduction par Augustin Crampon.
Texte établi par Société de S. Jean l’Évagéliste, Desclée..

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LE LIVRE D’ESTHER[1]

_____________


PROLOGUE.
[Voir XI, 2 — XII 6, fragment III.]
SONGE DE MARDOCHÉE, SA FAVEUR À LA COUR :
HAINE D’AMAN.
_____________

PREMIÈRE PARTIE.
[I, 1 — IV, 17.]

DANGER COURU PAR LES JUIFS.
1. Chap. 1, 1-22 : Disgrâce de la reine Vasthi.Les festins d’Assuérus en faveur des grands (i, 1-4) et de tout le peuple (i, 5-8). Festin de la reine (i, 9). Elle refuse de se rendre auprès du roi (i, 10-12a). Colère du roi qui demande conseil aux sages (i, 12b-20). Décret de disgrâce (i, 21, 22).


C’était au temps d’Assuérus[2], — de cet Assuérus qui régna, depuis l’Inde jusqu’à l’Éthiopie, sur cent vingt-sept provinces, — 2au temps où le Roi Assuérus était assis sur son trône royal à Suse, la capitale. 3La troisième année de son règne, il fit un festin[3] à tous ses princes et à tous ses ministres. Les chefs de l’armée des Perses et des Mèdes, les grands et les gouverneurs des provinces furent réunis en sa présence ; 4c’est alors qu’il déploya devant eux la riche splendeur de son royaume et l’éclatante magnificence de sa grandeur, pendant un grand nombre de jours, pendant cent quatre-vingts jours[4].

5Lorsque ces jours furent écoulés, le roi fit pour tout le peuple qui se trouvait à Suse, la capitale, depuis le plus grand jusqu’au plus petit, un festin de sept jours[5], dans la cour du jardin de la maison royale. 6Des tentures blanches[6], vertes et bleues étaient attachées par des cordons de byssus et de pourpre à des anneaux d’argent et à des colonnes de marbre ; des lits d’or et d’argent étaient posés sur un pavé de porphyre, de marbre blanc, de nacre et de marbre noir.

7On servait à boire dans des vases d’or de différentes formes[7], et le vin royal était offert en abondance, grâce à la libéralité du roi. 8Suivant le décret, chacun buvait sans que personne lui fît violence[8], car le roi avait ordonné à tous les officiers de sa maison de se conformer à la volonté de chacun des convives.

9La reine Vasthi[9] fit aussi un festin pour les femmes, dans la maison royale du roi Assuérus. 10Le septième jour, comme le vin avait mis la joie au cœur du roi, il ordonna à Maüman, Bazatha, Harbona, Bagatha, Abgatha, Zéthar et Charchas, les sept eunuques qui servaient devant le roi Assuérus, 11d’amener en sa présence la reine Vasthi, couronnée du diadème royal[10], pour montrer sa beauté aux peuples et aux grands, car elle était belle de figure. 12Mais la reine Vasthi refusa de se rendre au commandement du roi, qu’elle avait reçu par l’intermédiaire des eunuques, et le roi fut très irrité et sa colère s’enflamma.

13Alors le roi s’adressa aux sages qui avaient la connaissance des temps : — car ainsi se traitaient les affaires du roi, devant tous ceux qui étaient experts dans la loi et le droit, 14et les plus près de lui étaient Charséna, Séthar, Admatha, Tharsis, Marès, Marsana et Mamuchan, les sept princes de Perse et de Médie, qui voyaient la face du roi et qui occupaient le premier rang dans le royaume. — 15« Quelle loi, dit-il, doit-on appliquer à la reine Vasthi[11], pour n’avoir pas exécuté l’ordre du roi Assuérus, qu’il lui a donné par l’intermédiaire des eunuques ? » 16Mamuchan répondit devant le roi et les princes : « Ce n’est pas seulement à l’égard du roi que la reine Vasthi a mal agi, mais aussi envers tous les princes et tous les peuples qui sont dans toutes les provinces du roi Assuérus. 17Car l’action de la reine viendra à la connaissance de toutes les femmes et les portera à mépriser leurs maris ; elles diront : Le roi Assuérus avait ordonné qu’on amenât en sa présence la reine Vasthi, et elle n’y est point allée. 18Et dès aujourd’hui, les princesses de Perse et de Médie, qui auront appris l’action de la reine, la citeront à tous les princes du roi, et il en résultera beaucoup de mépris et de colère. 19Si le roi le trouve bon, qu’on publie de sa part et qu’on inscrive parmi les lois des Perses et des Mèdes, pour n’être pas enfreinte, une ordonnance royale portant que la reine Vasthi ne paraîtra plus devant le roi Assuérus, et que le roi donnera sa dignité de reine à une autre qui soit meilleure qu’elle. 20Et quand l’édit du roi sera connu dans tout son royaume, qui est vaste, toutes les femmes rendront honneur à leurs maris, depuis le plus grand jusqu’au plus petit. »

21Le conseil plut au roi et aux princes, et le roi agit selon le discours de Mamuchan. 22Il envoya des lettres à toutes les provinces du royaume, à chaque province selon son écriture et à chaque peuple selon sa langue[12] ; elles portaient que tout mari devait être le maître dans sa maison et qu’il parlerait le langage de son peuple.

2. Chap. ii, 1-23 : Faveur d’Esther.En vue de trouver une reine à la place de Vasthi (ii, 1-4). Esther, la protégée de Mardochée (ii, 5-7) ; elle trouve faveur auprès de l’eunuque Egée (ii, 8-11). Les jeunes filles chez le roi (ii, 12-14); le tour d’Esther, elle est faite reine (ii, 15-18). Elle fait connaître au roi un complot que lui a révélé Mardochée (ii, 19-23).

Après ces choses, quand la colère du roi Assuérus se fut calmée, il se rappela Vasthi, ce qu’elle avait fait et la décision qui avait été prise à son sujet. 2Alors les serviteurs du roi, qui étaient en fonctions près de lui, dirent : « Qu’on cherche pour le roi des jeunes filles, vierges et belles de figure ; 3que le roi établisse dans toutes les provinces de son royaume des officiers chargés de rassembler toutes les jeunes filles, vierges et belles de figure, à Suse, la capitale, dans la maison des femmes, sous la surveillance d’Egée[13], eunuque du roi et gardien des femmes, qui pourvoira à leur toilette ; 4et que la jeune fille qui plaira au roi devienne reine à la place de Vasthi. « Le roi approuva cet avis, et il fit ainsi.

5Il y avait à Suse, la capitale, un Juif nommé Mardochée, fils de Jaïr, fils de Séméï, fils de Cis, de la race de Benjamin, 6qui[14] avait été emmené de Jérusalem parmi les captifs déportés avec Jéchonias, roi de Juda, par Nabuchodonosor, roi de Babylone. 7Il élevait Edissa[15], qui est Esther, fille de son oncle ; car elle n’avait ni père ni mère. La jeune fille était belle de forme et d’un gracieux visage ; à la mort de son père et de sa mère, Mardochée l’avait adoptée pour fille.

8Lorsqu’on eut publié l’ordre du roi et son édit, et que de nombreuses jeunes filles furent rassemblées à Suse, la capitale, sous la surveillance d’Egée, Esther fut prise aussi et amenée dans la maison du roi, sous la surveillance d’Egée, gardien des femmes. 9La jeune fille lui plut et gagna sa faveur ; il s’empressa de lui fournir les choses nécessaires à sa toilette et à sa subsistance, de lui donner sept jeunes filles choisies dans la maison du roi, et il la fit passer avec elles dans le meilleur appartement de la maison des femmes. 10Esther ne fit connaître ni son peuple ni sa naissance, car Mardochée lui avait défendu d’en parler. 11Chaque jour Mardochée se promenait devant la cour de la maison des femmes, pour savoir comment se portait Esther et comment on la traitait.

12Et quand arrivait pour chaque jeune fille le tour d’aller vers le Roi Assuérus, après avoir passé douze mois à accomplir ce qui était prescrit aux femmes, — et voici ce que comportait le temps de leur purification : pendant six mois, elles se purifiaient avec de l’huile de myrrhe, et pendant six mois avec des aromates et des parfums en usage parmi les femmes, — 13et que la jeune fille allait vers le roi, on lui permettait de prendre avec elle ce qu’elle voulait, pour aller de la maison des femmes dans la maison du roi. 14Elle s’y rendait le soir, et le lendemain matin elle passait dans la seconde maison des femmes, sous la surveillance de Susagaz, eunuque du roi et gardien des concubines. Elle ne retournait plus vers le roi, à moins que le roi ne la désirât et qu’elle ne fût appelée nommément.

15Lorsque son tour d’aller vers le roi fut arrivé, Esther, fille d’Abihaïl, oncle[16] de Mardochée qui l’avait adoptée pour fille, ne demanda pas autre chose que ce que désigna Egée, eunuque du roi et gardien des femmes ; mais Esther plut aux yeux de tous ceux qui la virent. 16Esther fut conduite auprès du roi Assuérus, dans sa maison royale, le dixième mois, qui est le mois de Tébeth, la septième année de son règne. 17Le roi aima Esther plus que toutes les femmes, et elle obtint grâce et faveur auprès de lui plus que toutes les jeunes filles. Il mit le diadème royal sur sa tête, et la fit reine à la place de Vasthi. 18Le roi donna un grand festin à tous ses princes et à ses serviteurs, le festin d’Esther ; il accorda du repos[17] aux provinces et fit des largesses avec une munificence royale.

19La seconde fois qu’on rassembla des jeunes filles, Mardochée était assis à la porte du roi. 20Esther n’avait fait connaître ni sa naissance ni son peuple, selon que Mardochée le lui avait ordonné ; et Esther suivait les ordres de Mardochée[18], comme lorsqu’elle était élevée par lui. 21En ces jours-là, comme Mardochée était assis à la porte du roi, Bagathan et Tharès, deux eunuques du roi, gardes du palais, poussés par la colère, voulurent porter la main sur le roi Assuérus. 22Mardochée eut connaissance du complot et il en informa la reine Esther, qui le redit au roi de la part de Mardochée. 23Le fait ayant été examiné et trouvé exact, les deux eunuques furent pendus à un bois, et cela fut écrit dans le livre des Chroniques en présence du roi.

3. Chap. iii, 1-15 : Décret d’extermination contre les Juifs.Elévation d’Aman (iii, 1, 2a). Mardochée refuse de lui rendre hommage (iii, 2b-5). Colère d’Aman, qui résoud de se venger sur toute la race des Juifs (iii, 6) ; il provoque à cet effet un décret d’Assuérus (iii, 7-11) ; promulgation du décret (iii, 12-15).

Après ces choses, le roi Assuérus éleva en dignité Aman[19], fils d’Amadatha, du pays d’Agag ; il l’éleva et plaça son siège au-dessus de tous les chefs qui étaient auprès de lui. 2Tous les serviteurs du roi, qui se tenaient à sa porte, fléchissaient le genou et se prosternaient devant Aman, car ainsi l’avait ordonné le roi à son sujet. Mais Mardochée ne fléchissait point le genou et ne se prosternait point. 3Les serviteurs du roi, qui se tenaient à sa porte, dirent à Mardochée : « Pourquoi transgresses-tu l’ordre du roi ? » 4Comme ils le lui répétaient chaque jour et qu’il ne les écoutait pas, ils en informèrent Aman, pour voir[20] si Mardochée persévérerait dans sa résolution, car il leur avait dit qu’il était Juif. 5Aman vit que Mardochée ne fléchissait pas le genou et ne se prosternait pas devant lui ; et Aman fut rempli de fureur. 6Mais il dédaigna[21] de porter la main sur Mardochée seul, car on lui avait appris de quel peuple était Mardochée ; et Aman voulut détruire le peuple de Mardochée, tous les Juifs qui se trouvaient dans tout le royaume d’Assuérus.

7Le premier mois[22], qui est le mois de Nisan, la douzième année du roi Assuérus, on jeta le PUR, c’est-à-dire le sort, devant Aman, pour chaque jour et pour chaque mois, jusqu’au douzième mois, qui est le mois d’Adar. 8Alors Aman dit au roi Assuérus : « Il y a dans toutes les provinces de ton royaume un peuple dispersé et vivant à part parmi les autres peuples, ayant des lois différentes de celles de tous les autres peuples, et n’observant pas les lois du roi. Il n’est pas de l’intérêt du roi de le laisser en repos. 9Si le roi le trouve bon, qu’on écrive l’ordre de les faire périr, et je pèserai dix mille talents d’argent entre les mains des fonctionnaires[23], pour qu’on les porte au trésor du roi. » 10Le roi ôta son anneau de son doigt et le remit à Aman, fils d’Amadatha, du pays d’Agag, ennemi des Juifs ; 11et le roi dit à Aman : « L’argent[24] t’est donné et ce peuple aussi, pour que tu en fasses ce qui te paraîtra bon. »

12Les secrétaires du roi furent appelés le treizième jour[25] du premier mois, et l’on écrivit, conformément à tous les ordres d’Aman, aux satrapes du roi, aux gouverneurs de chaque province et aux chefs de chaque peuple, à chaque province selon son écriture, et à chaque peuple selon sa langue. Ce fut au nom du roi Assuérus que l’on écrivit, et on scella l’édit avec l’anneau royal. 13Des lettres furent envoyées par les courriers dans toutes les provinces du roi, pour qu’on détruisit, qu’on égorgeât et qu’on fît périr tous les Juifs, jeunes et vieux, petits enfants et femmes, en un seul jour, le treizième du douzième mois, qui est le mois d’Adar, et qu’on pillât leurs biens.

Voir le texte de l’édit, fragment IV, chapitre 13, 1-7.

14Une copie[26] de l’édit, qui devait être publié comme loi dans chaque province, fut adressée ouverte à tous les peuples, afin qu’ils fussent prêts pour ce jour-là. 15Les courriers partirent en toute hâte, d’après l’ordre du roi. L’édit fut aussi publié dans Suse la capitale ; et, tandis que le roi et Aman étaient assis à boire, l’agitation régnait dans la ville de Suse.

4. Chap. iv, 1-17 : Deuil de Mardochée, résolution d’Esther.Deuil de Mardochée et des Juifs (iv, 1-3). Esther s’informe du sujet de ce deuil (iv, 4-6) ; Mardochée le lui fait dire, la somme d’intervenir auprès du roi (iv, 7-9) et a raison de ses hésitations (iv, 10-14). Détermination d’Esther (iv, 15-17).

Mardochée, ayant appris tout ce qui se passait, déchira ses vêtements, se revêtit d’un sac et se couvrit la tête de cendre ; puis il alla au milieu de la ville en poussant avec force des gémissements amers. 2Et il se rendit jusque devant la porte du roi ; car nulle personne revêtue d’un sac n’avait le droit de franchir la porte du roi. 3Dans chaque province, partout où arrivaient l’ordre du roi et son édit, il y eut un grand deuil parmi les Juifs ; ils jeûnaient, pleuraient et se lamentaient, et le sac et la cendre servaient de couche à beaucoup d’entre eux.

4Les servantes d’Esther et ses eunuques vinrent lui apporter cette nouvelle, et la reine fut très effrayée. Elle envoya des vêtements à Mardochée pour s’en revêtir, afin qu’il ôtât son sac ; mais il ne les accepta pas. 5Alors Esther, ayant appelé Athach, l’un des eunuques que le roi avait placés auprès d’elle, le chargea d’aller demander à Mardochée ce que c’était et d’où venait son deuil. 6Athach se rendit auprès de Mardochée, qui se tenait sur la place de la ville, devant la porte du roi ; 7et Mardochée lui fit connaître tout ce qui lui était arrivé, et la somme d’argent qu’Aman avait promis de peser pour le trésor du roi en retour du massacre des Juifs. 8Il lui remit aussi une copie de l’édit publié dans Suse en vue de leur extermination, afin qu’il le montrât à Esther, lui apprît tout, et lui commandât de se rendre chez le roi afin de le supplier et de lui demander grâce pour son peuple.


Voir l’exhortation de Mardochée à Esther, fragment VI, ch. 15, 1-3

9Athach vint rapporter à Esther les paroles de Mardochée.

10Esther donna l’ordre à Athach d’aller dire à Mardochée : 11« Tous les serviteurs du roi et le peuple de ses provinces savent que si quelqu’un, homme ou femme, pénètre chez le roi, dans la cour intérieure, sans avoir été appelé, l’unique loi qu’on lui applique porte peine de mort ; à moins que le roi, lui tendant son sceptre d’or, ne lui donne la vie. Et moi, je n’ai pas été appelée à aller auprès du roi depuis trente jours. »

12Quand les paroles d’Esther eurent été rapportées à Mardochée, 13celui-ci lui fit répondre : « Ne t’imagine pas en toi-même que tu échapperas seule d’entre tous les Juifs, parce que tu es dans la maison du roi. 14Car, si tu te tais maintenant, il surgira d’ailleurs un secours et une délivrance pour les Juifs, et toi et la maison de ton père, vous périrez. Et qui sait si ce n’est pas pour un temps comme celui-ci que tu es parvenue à la dignité royale ? »

15Esther fit répondre à Mardochée : 16« Va, rassemble tous les Juifs qui se trouvent à Suse, et jeûnez[27] pour moi, sans manger ni boire pendant trois jours, ni la nuit ni le jour. Moi aussi, je jeûnerai de même avec mes servantes, puis j’entrerai chez le roi, malgré la loi ; et si je dois mourir, je mourrai. »

17Mardochée s’en alla, et il fit tout ce qu’Esther lui avait ordonné.

Voir la prière de Mardochée et d’esther, fragment V, ch. 13, 8-18 puis ch. 14, 1-19

DEUXIÈME PARTIE.
[V, 1 — X, 3.]

DÉLIVRANCE DES JUIFS.
Voir un autre récit de la venue d’Esther auprès d’Assuérus, fragment VII, ch. 15, 4-19.
1. Chap. v, 1-8 : Esther devant le roi ; le roi et Aman au festin d’Esther, nouvelle invitation pour le lendemain.

Le troisième jour, Esther revêtit ses vêtements royaux et se tint dans la cour intérieure de la maison du roi, devant l’appartement du roi. Le roi était assis sur son trône royal dans l’appartement royal, en face de l’entrée du palais. 2Lorsque le roi vit la reine Esther debout dans la cour, elle trouva grâce à ses yeux, et le roi tendit à Esther le sceptre d’or qu’il tenait à la main. Esther, s’approchant, toucha le bout du sceptre. 3Et le roi lui dit : « Qu’as-tu, reine Esther, et que demandes-tu ? Quand ce serait la moitié du royaume, elle te serait donnée. » 4Esther dit : « Si le roi le trouve bon, que le roi vienne aujourd’hui avec Aman au festin que je lui ai préparé.[28] » 5Le roi dit : « Qu’on appelle de suite Aman, pour faire ce qu’a dit Esther. »

Le roi se rendit avec Aman au festin qu’Esther avait préparé. 6Au festin du vin, le roi dit à Esther : « Quelle est ta demande ? Elle te sera accordée. Que désires-tu ? Quand ce serait la moitié du royaume, tu l’obtiendras[29]. » 7Esther répondit et dit : « Voici ma demande et mon désir : 8si j’ai trouvé grâce aux yeux du roi et s’il plaît au roi d’accorder ma demande et d’accomplir mon désir, que le roi vienne avec Aman au festin que je leur préparerai, et demain je ferai au roi la réponse qu’il demande[30]. »

2. Chap. v, 9-14 : Joie d’Aman ; sa haine contre Mardochée.

9Aman sortit ce jour-là content et le cœur joyeux. Mais lorsqu’il vit, à la porte du roi, Mardochée qui ne se levait ni ne bougeait devant lui, il fut rempli de colère contre Mardochée. 10Aman se contint néanmoins et s’en alla chez lui. Puis, ayant envoyé chercher ses amis et Zarès[31], sa femme, 11Aman leur parla de la magnificence de ses richesses, du grand nombre de ses fils, et du haut rang que le roi lui avait conféré, en l’élevant au-dessus de ses princes et de ses serviteurs. 12« Je suis même le seul, ajouta-t-il, que la reine Esther ait admis avec le roi au festin qu’elle a préparé, et je suis encore invité pour demain chez elle avec le roi. 13Mais tout cela ne peut me suffire, aussi longtemps que je verrai Mardochée, le Juif, assis à la porte du roi. » 14Zarès, sa femme, et tous ses amis lui dirent : « Qu’on prépare un bois haut de cinquante coudées, et demain matin demande au roi qu’on y pende Mardochée, et tu iras joyeux au festin avec le roi. » Cet avis plut à Aman, et il fit préparer le bois.

3. Chap. vi, 1-14 : Aman obligé de rendre les honneurs à Mardochée.Assuérus, se fait lire les Annales, reconnaît les services que lui a rendus Mardochée et apprend qu’il n’a pas été récompensé (vi, 1-3). Il consulte Aman sur les honneurs à lui rendre et le charge de l’exécution (vi, 4-11). Douleur d’Aman (vi, 12-14).

Cette nuit-là, le roi, ne pouvant trouver le sommeil[32], se fit apporter le livre des annales, les Chroniques. On en fit lecture devant le roi, 2et l’on trouva le récit de la révélation que Mardochée avait faite au sujet de Bagathan et de Tharès, les deux eunuques du roi, gardes du palais, qui avaient voulu porter la main sur le roi Assuérus. 3Le roi dit : « Quelle marque d’honneur et quelle dignité a-t-on données à Mardochée pour cela ? » — « Il n’en a reçu aucune », répondirent les serviteurs du roi qui étaient en fonction près de lui. 4Et le roi dit : « Qui est dans la cour ? « — Or Aman était venu dans la cour extérieure[33] de la maison du roi, pour demander au roi de faire pendre Mardochée au bois qu’il avait préparé pour lui. — 5Les serviteurs du roi lui répondirent : « C’est Aman qui se tient dans la cour. » Et le roi dit : « Qu’il entre ! »

6Aman étant entré, le roi lui dit : « Que faut-il faire pour l’homme que le roi veut honorer[34] ? » Aman se dit en lui-même : « Quel autre le roi voudrait-il honorer de préférence à moi ? » 7Et Aman dit au roi : « Pour l’homme que le roi veut honorer, 8il faut prendre un vêtement royal dont le roi s’est revêtu, et un cheval que le roi a monté et sur la tête duquel est posée une couronne royale[35], 9remettre ce vêtement et ce cheval à l’un des principaux chefs du roi, puis revêtir l’homme que le roi veut honorer, le promener à cheval à travers la place de la ville, et crier devant lui : C’est ainsi qu’il est fait à l’homme que le roi veut honorer ! » 10Le roi dit à Aman : « Prends sans tarder le vêtement et le cheval, ainsi que tu l’as dit, et fais ainsi pour Mardochée, le Juif, qui est assis à la porte du roi ; ne néglige rien de tout ce que tu as indiqué. » 11Aman prit le vêtement et le cheval, il revêtit Mardochée et le promena à cheval à travers la place de la ville, en criant devant lui : « C’est ainsi que l’on fait à l’homme que le roi veut honorer ! »

12Mardochée retourna à la porte du roi, et Aman se hâta de se rendre chez lui, désolé et la tête voilée. 13Aman raconta à Zarès, sa femme, et à tous ses amis tout ce qui lui était arrivé. Ses sages et sa femme Zarès lui dirent : « Si Mardochée, devant lequel tu as commencé de tomber, est de la race des Juifs, tu ne pourras rien contre lui, mais tu succomberas certainement devant lui.[36] » 14Comme ils lui parlaient encore, les eunuques du roi arrivèrent et emmenèrent en hâte Aman au festin qu’Esther avait préparé.

4. Chap. vii, 1 — viii, 14 : Esther demande et obtient le salut de son peuple.Au festin de la reine : Esther demande la délivrance de son peuple et désigne Aman comme l’auteur de ses maux (vii, 1-6.). Colère du roi, il fait pendre Aman (vii, 7-10) et donne sa maison à Esther (viii, 1, 2). Esther insiste en faveur de son peuple et obtient la révocation de l’édit d’extermination (viii, 3-8) Nouvel édit, sa promulgation (viii, 9-14).

Le roi et Aman allèrent au festin d’Esther[37]. 2Ce second jour, le roi dit encore à Esther, lorsqu’on fut au festin du vin : « Quelle est ta demande, reine Esther ? Elle te sera accordée. Quel est ton désir ? Quand ce serait la moitié du royaume, tu l’obtiendras. » 3La reine Esther répondit : « Si j’ai trouvé grâce à tes yeux, ô roi, et si le roi le trouve bon, accorde-moi la vie[38] : voilà ma demande ; accorde-la à mon peuple : voilà mon désir. 4Car nous sommes vendus, moi et mon peuple, pour être détruits, égorgés, anéantis. Encore si nous étions vendus pour devenir esclaves et servantes, je me tairais ; mais maintenant, l’oppresseur[39] ne peut compenser le dommage fait au roi. » 5Le roi Assuérus prenant la parole, dit à la reine Esther : « Qui est-il et où est-il celui que son cœur pousse à agir ainsi ? » 6Esther répondit : « L’oppresseur, l’ennemi, c’est Aman, ce méchant ! « Aman fut saisi d’effroi en présence du roi et de la reine. 7Le roi, dans sa colère, se leva et quitta le festin du vin pour aller dans le jardin du palais ; et Aman resta pour demander grâce de la vie à la reine Esther, car il voyait bien que, du côté du roi, sa perte était assurée.

8Lorsque le roi revint du jardin du palais dans la salle du festin du vin, il vit Aman qui s’était prosterné sur le lit[40] sur lequel était Esther ; et le roi dit : « Quoi ! ferait-il violence à la reine chez moi, dans le palais ? « Cette parole était à peine sortie de la bouche du roi qu’on voila le visage d’Aman. 9Harbona, l’un des eunuques, dit devant le roi : « Voici que le bois préparé par Aman pour Mardochée, qui a parlé pour le bien du roi, est dressé dans la maison d’Aman, à une hauteur de cinquante coudées. « Le roi dit : « Qu’on y pendre Aman ! » 10Et l’on pendit Aman au bois qu’il avait préparé pour Mardochée. Et la colère du roi s’apaisa.

Ce même jour, le roi Assuérus donna à la reine Esther la maison d’Aman, l’ennemi des Juifs, et Mardochée se présenta devant le roi, car Esther avait fait connaître ce qu’il était pour elle. 2Le roi ôta son anneau, qu’il avait repris à Aman, et le donna à Mardochée ; et Esther établit Mardochée sur la maison d’Aman.

3Ensuite Esther parla de nouveau en présence du roi ; se jetant à ses pieds, elle le supplia avec larmes d’écarter les effets de la méchanceté d’Aman, du pays d’Agag, et des projets qu’il avait formés contre les Juifs. 4Le roi tendit le sceptre d’or à Esther, qui se releva et se tint debout devant le roi. 5« Si le roi le trouve bon, dit-elle, et si j’ai trouvé grâce devant lui, si la chose paraît convenable au roi et si je suis agréable à ses yeux, qu’on écrive pour révoquer les lettres conçues par Aman, fils d’Amadatha, du pays d’Agag, et écrites par lui dans le but de faire périr les Juifs qui sont dans toutes les provinces du roi. 6Car comment pourrais-je voir le malheur qui atteindrait mon peuple, et comment pourrais-je voir l’extermination de ma race ? » 7Le roi Assuérus dit à la reine Esther et au Juif Mardochée : « Voici que j’ai donné à Esther la maison d’Aman, et il a été pendu au bois pour avoir étendu la main contre les Juifs. 8Vous, écrivez en faveur des Juifs comme il vous plaira, au nom du roi, et scellez avec l’anneau du roi ; car une lettre[41] écrite au nom du roi et scellée avec l’anneau royal ne peut être révoquée. »

9Les secrétaires du roi furent alors appelés, le vingt-troisième jour du troisième mois[42], qui est le mois de Sivan, et l’on écrivit, conformément à tout ce qu’ordonna Mardochée, aux Juifs, aux satrapes, aux gouverneurs et aux chefs des provinces, des cent vingt-sept provinces situées de l’Inde à l’Éthiopie, à chaque province selon son écriture, à chaque peuple selon sa langue, et aux Juifs selon leur écriture et selon leur langue. 10On écrivit au nom du roi Assuérus, et l’on scella avec l’anneau royal. On expédia les lettres par l’intermédiaire de courriers[43] à cheval, montés sur des coursiers de l’État, provenant des haras du roi. 11Par ces lettres, le roi permettait aux Juifs, en quelque ville qu’ils fussent, de se rassembler et de défendre leur vie, de détruire, de tuer et de faire périr, avec leurs petits enfants et leurs femmes, les troupes de chaque peuple et de chaque province qui les attaqueraient, et de livrer leurs biens au pillage, 12et cela en un seul jour, dans toutes les provinces du roi Assuérus, le treizième jour[44] du douzième mois, qui est le mois d’Adar.

Voir le texte de l’édit, fragment VIII, ch. 16, 1-24.

13Une copie de l’édit, qui devait être publié comme loi dans chaque province, fut adressée ouverte à tous les peuples, afin que les Juifs fussent prêts ce jour-là à se venger de leurs ennemis[45]. 14Aussitôt les courriers, montés sur des coursiers de l’État, partirent en toute hâte, d’après l’ordre du roi.

L’édit fut aussi publié dans Suse, la capitale.

5. Chap. viii, 15-ix, 16 : Joie des Juifs, leur vengeance.Gloire de Mardochée et joie des Juifs (viii, 15-17). Le 13 d’Adar, revanche des Juifs soutenus par les officiers du roi (ix, 1-4). Massacres à Suse (ix, 5-10) ; Esther obtient que la revanche se prolonge le lendemain (ix, 11-15). En province (ix, 16).

15Mardochée sortit de chez le roi avec un vêtement royal bleu et blanc, une grande couronne d’or, et un manteau de byssus et de pourpre ; et la ville de Suse témoignait sa joie par des cris d’allégresse. 16Il n’y avait pour les Juifs que bonheur et joie, jubilation et gloire. 17Dans chaque province et dans chaque ville, partout où arrivaient l’ordre du roi et son édit, il y eut pour les Juifs de la joie et de l’allégresse, des festins et des fêtes. Et beaucoup de gens d’entre les peuples du pays se firent Juifs, car la crainte des Juifs les avait saisis.

[46]Au douzième mois, qui est le mois d’Adar, le treizième jour du mois, où devaient s’exécuter l’ordre et l’édit du roi, jour où les ennemis des Juifs avaient espéré dominer sur eux, ce fut le contraire qui arriva[47], et les Juifs dominèrent sur leurs ennemis. 2Les Juifs se rassemblèrent dans leurs villes, dans toutes les provinces du roi Assuérus, pour frapper ceux qui cherchaient leur perte, et personne ne put leur résister, car la crainte qu’ils inspiraient s’était répandue chez tous les peuples. 3Tous les chefs des provinces, les satrapes, les gouverneurs, les fonctionnaires du roi soutinrent les Juifs, car la crainte de Mardochée pesait sur eux. 4Car Mardochée était puissant dans la maison du roi, et sa renommée se répandait dans toutes les provinces, car cet homme, Mardochée, allait toujours grandissant[48].

5Les Juifs frappèrent donc à coup d’épée tous leurs ennemis ; ce fut un massacre et une destruction ; ils traitèrent comme il leur plut ceux qui leur étaient hostiles[49]. 6Dans Suse, la capitale, les Juifs tuèrent et firent périr cinq cents hommes, 7et ils massacrèrent Pharsandatha, Delphon, Esphatha, 8Phoratha, Adalia, Aridatha, 9Phermestha, Arisaï, Aridaï et Jézatha, 10les dix fils d’Aman, fils d’Amadatha, l’ennemi des Juifs. Mais ils ne mirent pas la main au pillage.

11Le jour même, le nombre de ceux qui avaient été tués dans Suse, la capitale, parvint à la connaissance du roi. 12Et le roi dit à la reine Esther : « Les Juifs ont tué et fait périr dans Suse, la capitale, cinq cents hommes et les dix fils d’Aman ; que n’auront-ils pas fait dans le reste des provinces du roi ?… Quelle est ta demande ? Elle te sera accordée. Quel est ton désir ? Il sera accompli. » 13Esther répondit : « Si le roi le trouve bon, qu’il soit permis aux Juifs qui sont à Suse d’agir encore demain selon le décret d’aujourd’hui, et que l’on pende au bois des dix fils d’Aman. » 14Le roi ordonna de faire ainsi, et l’édit fut publié dans Suse. On pendit les dix fils d’Aman, 15et les Juifs qui se trouvaient à Suse, s’étant rassemblés de nouveau le quatorzième jour du mois d’Adar, tuèrent dans Suse trois cents hommes. Mais ils ne mirent pas la main au pillage.

16Les autres Juifs qui étaient dans les provinces du roi se rassemblèrent pour défendre leur vie et obtenir que leurs ennemis les laissassent en repos ; ils tuèrent soixante-quinze mille[50] de ceux qui leur étaient hostiles. Mais ils ne mirent pas la main au pillage.

6. Chap. ix, 17-32 : La fête des Purim.Origine de la fête (ix, 17-19). Prescriptions de Mardochée (ix, 20-22), Fidélité des Juifs à cette institution (ix, 23-28). De nouveau, les instances d'Esther et de Mardochée (ix, 29-32).

17Ces choses arrivèrent le treizième jour du mois d’Adar. Les Juifs se reposèrent le quatorzième, et ils en firent un jour de festin et de joie. 18Les Juifs qui se trouvaient à Suse, s’étant rassemblés le treizième et le quatorzième jour, se reposèrent le quinzième, et ils en firent un jour de festin et de joie. 19C’est pourquoi les Juifs de la campagne, qui habitent des villes sans murailles, font du quatorzième jour du mois d’Adar un jour de joie, de festin et de fête, où l’on s’envoie des portions les uns aux autres.

20Mardochée écrivit ces choses, et il envoya des lettres à tous les Juifs qui étaient dans toutes les provinces du roi Assuérus, à ceux qui étaient près comme à ceux qui étaient loin, 21pour leur enjoindre de célébrer chaque année les quatorzième et quinzième jours du mois d’Adar, 22comme étant les jours où ils avaient obtenu d’être laissés en repos par leurs ennemis, et le mois où avaient été changés leur tristesse en joie et leur deuil en jour de fête ; on devait donc faire de ces jours des jours de festin et de joie, où l’on s’envoie des portions les uns aux autres, et où l’on distribue des dons aux indigents.

23Les Juifs adoptèrent pour usage, ce qu’ils avaient déjà commencé à faire[51] et ce que Mardochée leur écrivit. 24Car Aman, fils d’Amadatha, du pays d’Agag, ennemi de tous les Juifs, avait formé contre les Juifs le projet de les perdre et il avait jeté le PUR, c’est-à-dire le sort, afin de les exterminer et de les détruire. 25Mais Esther s’étant présentée devant le roi, celui-ci ordonna par écrit de faire retomber sur la tête d’Aman le méchant projet qu’il avait formé contre les Juifs, et on le pendit au bois avec ses fils. 26C’est pourquoi on appela ces jours PURIM[52], du nom de PUR. Ainsi, d’après tout le contenu de cette lettre, d’après ce qu’ils en avaient eux-mêmes vu et ce qui leur était arrivé, 27les Juifs établirent et adoptèrent pour eux, pour leurs descendants et pour tous ceux qui s’attacheraient à eux, la coutume irrévocable de célébrer chaque année ces deux jours, selon le rite prescrit et au temps fixé. 28Ces jours devaient être rappelés et célébrés[53], de génération en génération, dans chaque famille, dans chaque province et dans chaque ville, et ces jours des PURIM ne devaient jamais être abolis au milieu des Juifs, ni le souvenir s’en effacer dans leur postérité.

29La reine Esther, fille d’Abihaïl, et le Juif Mardochée écrivirent une seconde fois, de la manière la plus pressante, pour confirmer cette lettre sur les PURIM. 30On envoya des lettres à tous les Juifs, dans les cent vingt-sept provinces du royaume d’Assuérus : des paroles de paix et de fidélité[54], 31et la recommandation de maintenir ces jours des PURIM au temps fixé, comme le Juif Mardochée et la reine Esther les avaient établis pour eux, et comme ils les avaient établis pour eux-mêmes et pour leurs descendants, avec les jeûnes et leurs lamentations[55]. 32Ainsi l’ordre d’Esther établit ces observances des PURIM, et cela fut écrit dans le livre[56].

7. Chap. x, 1-3 : Conclusion, sources de l’histoire d’Assuérus, grandeur de Mardochée.

Le roi Assuérus établit un tribut sur le continent et les îles de la mer. 2Tous les faits concernant sa puissance et ses exploits, et les détails sur la grandeur à laquelle le roi éleva Mardochée, cela n’est-il pas écrit dans le livre des Chroniques des rois de Médie et de Perse ? 3Car le Juif Mardochée était le premier ministre du roi Assuérus, considéré en même temps parmi les Juifs, aimé de la multitude de ses frères, recherchant le bien de son peuple et parlant pour le bonheur de toute sa race.

ICI FINIT LE TEXTE HÉBREU.
FRAGMENTS COMPLÉMENTAIRES[57].
CONSERVÉS SEULEMENT DANS LA VERSION GRECQUE.

I. — CONCLUSION DU LIVRE : MARDOCHÉE RECONNAÎT LA RÉALISATION DU SONGE DONT DIEU L’AVAIT FAVORISÉ.
[X, 4-13.][58]

4Alors Mardochée dit : « C’est Dieu qui a fait toutes ces choses ! 5Je me souviens en effet du songe que j’ai eu à ce sujet ; aucun trait de la vision n’est resté sans accomplissement : 6la petite source qui devint un fleuve, et la lumière qui se fit, et le soleil et la masse d’eau. Le fleuve, c’est Esther, que le roi a prise pour femme et qu’il a faite reine. 7Les deux dragons, c’est moi et Aman. 8Les nations sont ceux qui s’étaient réunis pour détruire le nom des Juifs ; 9et mon peuple, c’est Israël qui a crié vers Dieu et qui a été sauvé. Ainsi le Seigneur a sauvé son peuple, et il nous a délivrés de tous ces maux ; Dieu a fait des miracles et de grands prodiges, comme il n’est est point arrivé parmi les nations. 10À cet effet, il a préparé deux sorts : un pour le peuple de Dieu et un pour toutes les nations. 11Et ces deux sorts sont venus à l’heure, au temps et au jour du jugement, marqués devant Dieu pour toutes les nations. 12Et Dieu s’est souvenu de son peuple, et il a rendu justice à son héritage. 13Et ces jours du mois d’Adar, le quatorzième et le quinzième de ce mois, seront célébrés par eux en assemblée, avec joie et allégresse devant Dieu, durant les générations, à perpétuité, dans Israël, son peuple. »

II. — APOSTILLE DE LA VERSION GRECQUE.
[XI, 1.][59]

La quatrième année du règne de Ptolémée et de Cléopâtre, Dosithée, qui se disait prêtre et de la race de Lévi, ainsi que Ptolémée, son fils, apportèrent cette lettre des Phrouraï, qu’ils dirent être authentique et avoir été traduite par Lysimaque, fils de Ptolémée, résidant à Jérusalem.

III. — SONGE DE MARDOCHÉE, SA FAVEUR À LA COUR, HAINE D’AMAN.
[XI, 2 — XII 6.]

Prologue ([60]).
1. Chap. xi, 2-12 : Songe de Mardochée.Mardochée (xi, 2-4) ; songe prophétique (xi, 5-12).

2La seconde année du règne d’Assuérus[61], le grand roi, le premier jour du mois de Nisan, Mardochée, fils de Jaïr, fils de Séméi, fils de Cis, de la tribu de Benjamin, eut un songe. 3C’était un Juif qui demeurait dans la ville de Suse, homme illustre et attaché à la cour du roi. 4Il était du nombre des captifs que Nabuchodonosor, roi de Babylone, avait transporté de Jérusalem avec Jéchonias, roi de Juda.

5Voici quel fut son songe : Soudain on entendit des voix, un grand bruit et des tonnerres ; la terre trembla et fut bouleversée. 6Puis soudain deux grands dragons s’avancèrent, tous deux prêts à combattre. 7Ils firent entendre un grand cri et, à leur voix, toutes les nations se préparèrent à la lutte, pour combattre le peuple des justes. 8Puis soudain, ce fut un jour de ténèbres et d’obscurité ; il y eut angoisse, détresse, tribulation et grande épouvante sur la terre. 9Le peuple entier des justes, craignant pour lui tous les maux, était dans le trouble et se préparait à périr. 10Ils crièrent vers Dieu et, à leurs cris[62], il y eut comme une petite source d’où sortit un grand fleuve, une masse d’eau. 11La lumière et le soleil brillèrent ; ceux qui étaient dans l’humiliation furent élevés, et ils dévorèrent ceux qui étaient dans les honneurs.

12S’étant réveillé après avoir vu ce songe et ce que Dieu avait résolu de faire, Mardochée le retint gravé dans son esprit et, jusqu’à la nuit, il fit tous ses efforts pour le comprendre.

2. Chap. xii, 1-6 : Faveur de Mardochée, haine d’Aman.

Puis Mardochée demeura à la cour avec Bagathan et Tharès, les deux eunuques du roi, gardiens de la porte du palais. 2Ayant connu leurs pensées et pénétré leurs desseins, il découvrit qu’ils s’étaient proposés de porter la main sur le roi Assuérus, et il en donna avis au roi. 3Celui-ci fit mettre à la question les deux eunuques et, sur leur aveu, les envoya au supplice. 4Le roi fit écrire dans les Chroniques[63] ce qui s’était passé, et Mardochée en consigna aussi par écrit le souvenir. 5Et le roi ordonna qu’il exercerait un office dans le palais, et il lui donna des présents pour sa dénonciation. 6Mais Aman, fils d’Amadatha, l’Agagite[64], était en grand honneur auprès du roi, et il chercha à perdre Mardochée et son peuple à cause des deux eunuques du roi[65].

IV. — ÉDIT D’ASSUÉRUS EN VUE DE L’EXTERMINATION DES JUIFS.
[XIII, 1-7.]

À lire après III, 13.

Voici la copie de cette lettre :

« Assuérus, le grand roi, aux satrapes et aux gouverneurs des cent vingt-sept provinces, de l’Inde à l’Ethiopie, lesquels sont soumis à ses ordres, mande ce qui suit :

2« Quoique je commande à un très grand nombre de nations et que j’aie soumis tout l’univers, je veux, non pas abuser de ma puissance pour m’enorgueillir, mais, par un gouvernement toujours clément et doux, assurer continuellement à mes sujets une vie sans trouble ; et, procurant à mon royaume le calme et la sécurité jusqu’à ses extrêmes frontières, faire refleurir la paix chère à tous les mortels. 3Ayant donc demandé à mes conseillers de quelle manière mes intentions pouvaient être réalisées, l’un d’eux, nommé Aman, qui excelle parmi nous en sagesse, qui est connu pour son dévouement inaltérable et sa fidélité constante, et qui occupe la seconde place dans le royaume, 4m’a fait connaître qu’il y a un peuple mal intentionné, mêlé à toutes les tribus qui sont sur la terre, en opposition avec tous les peuples au nom de ses lois, méprisant continuellement les commandements des rois, de façon à empêcher la parfaite harmonie de l’empire que nous dirigeons. 5Ayant donc appris que ce seul peuple, en contradiction perpétuelle avec tout le genre humain, s’en séparant par le caractère étrange de ses lois, et mal affectionné à nos intérêts, commet les derniers excès et empêche ainsi la prospérité du royaume, 6nous avons ordonné que ceux qui vous sont désignés dans les lettres d’Aman, lequel est à la tête des affaires et honoré comme notre second père[66], soient tous, avec femmes et enfants, radicalement exterminés par le glaive de leurs ennemis, sans aucune miséricorde ni clémence, le quatorzième jour du douzième mois, le mois d’Adar, de la présente année ; 7afin que ces hommes, autrefois et maintenant encore hostiles, descendant le même jour, par mort violente, aux enfers, rendent pour les temps à venir à nos affaires une prospérité et une paix parfaites »[67].

V. — PRIÈRES D’ESTHER ET DE MARDOCHÉE.
[XIII, 8 — XIV, 19.]

A lire après IV, 17.
1. Chap. xiii, 8-18 : Prière de Mardochée.Au Dieu créateur et tout puissant (xiii, 8-11), il assure que ce n’est pas par orgueil qu’il a refusé l’hommage à Aman (xiii, 12-14), et il demande le salut de son peuple (xiii, 15-17). Prière du peuple (xiii, 18).

8Et Mardochée pria le Seigneur, se souvenant de toutes ses œuvres. 9Il dit :

« Seigneur, Seigneur, Roi tout-puissant, toutes choses sont soumises à votre pouvoir, et il n’est personne qui puisse Vous faire obstacle, si Vous avez résolu de sauver Israël. 10C’est Vous qui avez fait le ciel et la terre, et toutes les merveilles qui sont sous le ciel. 11Vous êtes le Seigneur de toutes choses et nul ne peut Vous résister, à Vous le Seigneur ! 12Vous connaissez toutes choses et Vous savez que ce n’est ni par insolence, ni par orgueil, ni par quelque désir de gloire que j’ai agi en ne me prosternant pas devant le superbe Aman, 13car volontiers, pour le salut d’Israël, je serais prêt à baiser les traces mêmes de ses pas. 14Mais je l’ai fait pour ne pas mettre l’honneur d’un homme au-dessus de l’honneur dû à mon Dieu ; et jamais je ne me prosternerai devant un autre que Vous, mon Seigneur, et ce n’est pas par orgueil que j’agirai de la sorte. 15Maintenant donc, Seigneur mon Dieu et mon Roi, Dieu d’Abraham, ayez pitié de votre peuple, parce que nos ennemis jettent les yeux sur nous pour nous perdre et veulent détruire votre antique héritage. 16Ne méprisez pas votre lot, que Vous avez racheté pour Vous de la terre d’Égypte. Exaucez ma prière ! 17Soyez favorable à votre part d’héritage et changez notre deuil en joie, afin que, conservant la vie, nous célébrions votre nom, Seigneur, et ne fermez pas la bouche de ceux qui vous louent. »

18Tout Israël cria aussi vers le Seigneur de toutes ses forces ; car ils avaient la mort devant les yeux.

2. Chap. xiv, 1-19 : Prière d’Esther.Deuil d’Esther (xiv, 1, 2). Sa prière : Ce que Dieu a fait à l’origine pour Israël (xiv, 3-5) ; pourquoi Israël a été livré aux païens (xiv, (3, 7) ; leurs desseins (xiv, 8-10). Que Dieu confonde ces projets et délivre son peuple (xiv, 11, 12) ; qu’il ait égard aux dispositions d’Esther et que, par elle, il perde Aman (xiv, 13-19).

La reine Esther aussi, se sentant placée en un extrême péril de mort, eut recours au Seigneur. 2Quittant ses vêtements splendides, elle prit des habits d’angoisse et de deuil ; à la place de ses parfums précieux, elle se couvrit la tête de cendre et de poussière, affligea[68] durement son corps et, s’arrachant les cheveux, elle en remplissait tous les lieux où elle avait coutume de se livrer à la joie. 3Et elle adressa cette prière au Seigneur, Dieu d’Israël :

« Mon Seigneur, qui êtes seul notre Roi, assistez-moi dans mon délaissement, moi qui n’ai, pas d’autre secours que Vous ; 4car le danger qui me menace, je le touche[69] déjà de mes mains. 5J’ai appris dès mon bas âge, au sein de ma tribu paternelle, que Vous, Seigneur, avez pris Israël de préférence à toutes les nations, et nos pères de préférence à tous leurs ancêtres, pour votre héritage éternel, et que Vous avez accompli en leur faveur toutes vos promesses. 6Et maintenant, nous avons péché en votre présence, et Vous nous avez livrés aux mains de nos ennemis, 7parce que nous avons rendu hommage à leurs dieux. Vous êtes juste, Seigneur ! 8Et maintenant, il ne leur suffit plus de faire peser sur nous une amère servitude, mais ils ont mis leurs mains[70] dans les mains de leurs idoles, 9pour faire serment d’abolir les décrets de votre bouche, d’anéantir votre héritage, de fermer la bouche de ceux qui Vous louent, et d’éteindre la gloire de votre temple et de votre autel, 10afin que s’ouvre la bouche des nations, pour louer la puissance des idoles et célébrer à jamais un roi de chair. 11Ne livrez pas, Seigneur, votre sceptre à ceux qui ne sont rien, afin qu’ils ne se rient pas de notre ruine ; mais faites retomber sur eux leur dessein et faites un exemple de celui qui le premier[71] s’est déchaîné contre nous. 12Souvenez-Vous de nous, Seigneur ; faites-Vous connaître dans ce temps de notre affliction et donnez-moi du courage, Roi des Dieux et Dominateur de toute puissance ! 13Mettez de sages paroles sur mes lèvres en présence du lion, et faites passer son cœur à la haine de notre ennemi, afin qu’il périsse, lui et tous ceux qui ont les mêmes sentiments. 14Mais nous, délivrez-nous par votre main, et assistez-moi, moi qui suis seule et n’ai que Vous, Seigneur ! Vous connaissez toutes choses, 15et Vous savez que je hais la splendeur des méchants, que j’ai horreur de la couche des incirconcis et de tout étranger. 16Vous savez la contrainte que je subis, vous savez que j’ai en horreur l’insigne de mon élévation, qui est posé sur ma tête aux jours où je dois me laisser voir ; je l’ai en horreur comme un linge souillé, et je ne le porte point aux jours que je puis passer dans la retraite. 17Votre servante n’a jamais mangé à la table d’Aman, ni fait grand cas des festins du roi, ni bu le vin des libations. 18Jamais, depuis le jour où j’ai été amenée ici jusqu’à maintenant, votre servante n’a goûté la joie, si ce n’est en Vous, Seigneur Dieu, Dieu d’Abraham. 19Ô Dieu, qui l’emportez sur tous en puissance, exaucez la prière de ceux qui n’ont aucun autre espoir ; délivrez-nous des mains des méchants et tirez-moi de mon angoisse ! »

VI. — EXHORTATION DE MARDOCHÉE À ESTHER.
[XV, I-3.]

À lire après IV, 8 ([72]).

Il fit mander[73] à Esther d’entrer chez le roi, afin de lui adresser une supplication pour son peuple et sa patrie.

2« Rappelle-toi, lui dit-il, les jours de ton abaissement, et comment tu as été nourrie de ma main ; car Aman, le premier après le roi, a parlé contre nous pour notre perte. 3Mais toi, invoque le Seigneur et parle pour nous au roi ; sauve-nous de la mort ! »

VII. — ESTHER CHEZ LE ROI.
[XV, 4-19.]

À lire au commencement du chap. V ([74]).
Esther se rend au palais (xv, 4-8). Devant le roi, elle s’évanouit (xv, 9, 10). Le roi, devenu bienveillant, la ranime (xv, 11-17). Nouvelle défaillance (xv, 18, 19).

4Le troisième jour, ayant fini sa prière, Esther quitta ses habits de pénitence, et revêtit les ornements de sa dignité. 5Dans tout l’éclat de sa parure[75], après avoir invoqué Dieu, l’arbitre et le sauveur de tous, elle prit avec elle les deux suivantes d’usage. 6Elle s’appuyait sur l’une comme pouvant à peine soutenir son corps délicat ; 7l’autre suivait, relevant la longue robe de sa maîtresse. 8Celle-ci, tout empourprée du puissant éclat de sa beauté, avait le visage joyeux et l’air aimable ; mais la crainte lui serrait le cœur.

9Ayant donc franchi toutes les portes, elle se présenta devant le roi. Assuérus était assis sur son trône royal, revêtu de tous les insignes de sa majesté, tout brillant d’or et de pierres précieuses ; son aspect était terrible. 10Lorsqu’il eut relevé sa tête rayonnante de gloire et lancé un regard étincelant de colère, la reine tomba en défaillance, changeant de couleur et s’inclinant sur l’épaule de la servante qui marchait devant elle. 11Alors Dieu changea la colère du roi en douceur ; inquiet, il s’élança de son trône et soutint Esther dans ses bras, jusqu’à ce qu’elle eût repris ses sens, calmant sa frayeur par des paroles amicales : 12« Qu’as-tu donc, Esther ? lui disait-il, je suis ton frère, aie confiance ; 13tu ne mourras point, car notre ordonnance[76] est pour le commun de nos sujets. 14Approche ! » 15Et levant le sceptre d’or, il le lui posa sur le cou et lui donna un baiser, en disant : « Parle-moi. » 16Elle répondit : « Je vous ai vu, seigneur, comme un ange de Dieu, et mon cœur a été troublé par la crainte de votre majesté ; 17car vous êtes digne d’admiration, seigneur, et votre visage est plein d’amabilité. » 18Comme elle parlait, elle s’affaissa de nouveau, prête à s’évanouir. 19Le roi était consterné, et tous ses serviteurs cherchaient à ranimer la reine.

VIII. — ÉDIT D’ASSUÉRUS EN FAVEUR DES JUIFS.
[XVI, I-24.]

À lire après VIII, 12 ([77]).
Adresse (xvi, 1). Fréquente ingratitude de ceux qui ont été favorisés par les rois (xvi, 2-9). Aman, sa perfidie, sa haine et ses calomnies contre les Juifs. Son châtiment (xvi, 10-17). Révocation de l’édit de destruction (xvi, 18-24).

Ce qui suit est la copie de cette lettre :

« Assuérus, le grand roi, aux satrapes et aux chefs des cent vingt-sept provinces, de l’Inde à l’Éthiopie, et à ceux qui ont à cœur nos intérêts, salut !

2« Plusieurs, après avoir été comblés de distinctions par la grande bonté des princes leurs bienfaiteurs, deviennent arrogants. 3Non seulement ils prennent à tâche d’opprimer nos sujets, mais, incapables de porter le poids des honneurs, ils ourdissent des trames contre leurs bienfaiteurs. 4Ce n’est pas assez pour eux de bannir la reconnaissance du milieu des hommes ; enflés par le fastueux éclat d’une fortune inaccoutumée[78], ils vont jusqu’à se persuader qu’ils pourront échapper à la justice vengeresse de Dieu, qui toujours voit toutes choses. 5Maintes et maintes fois, le langage artificieux des hommes que l’amitié des princes avait chargés d’administrer les affaires, a engagé dans d’irrémédiables maux ceux qui étaient à la tête des empires, en les rendant complices de l’effusion du sang innocent ; 6les fallacieux mensonges de la malice trompant ainsi la bienveillante simplicité des gouvernants. 7Et ce n’est pas seulement dans les anciennes histoires — comme nous venons de le rappeler, — que vous pourrez voir des actes impies dus à l’influence pestilentielle de ceux qui exercent indignement le pouvoir ; vous le pourrez mieux encore en examinant ce qui se passe auprès de vous. 8Il nous faut donc pourvoir à l’avenir, afin d’assurer, en faveur de tous les hommes, la tranquillité et la paix du royaume, 9opérant les changements nécessaires et jugeant avec prudence les choses qui se présentent à nous, afin d’y faire face avec une constante équité.

10« Vous savez, en effet, comment Aman, fils d’Amadatha, un Macédonien[79], vraiment étranger à la race des Perses et fort éloigné de notre mansuétude, ayant été recueilli par notre hospitalité, 11éprouva les effets de la bienveillance que nous portons à tous les peuples, jusqu’à être appelé notre père et à voir tout le monde se prosterner devant lui, comme possédant la dignité la plus proche du trône royal. 12Mais incapable de porter[80] dignement une si haute fortune, il s’étudia à nous priver de la royauté et de la vie. 13Par toutes sortes d’artifices et de mensonges, il s’efforça de perdre et Mardochée, qui nous a sauvé et toujours utilement servi, et Esther, la compagne irréprochable de notre royauté, avec leur peuple tout entier. 14De cette manière il espérait nous surprendre dans l’isolement et livrer l’empire des Perses aux Macédoniens. 15Mais ces Juifs, voués à la mort par le plus scélérat des hommes, nous avons reconnu qu’ils n’étaient coupables d’aucune faute, mais qu’ils obéissent à des lois très justes, 16et qu’ils sont les enfants du Dieu très haut, très grand et éternellement vivant, lequel, pour nous comme pour nos ancêtres, conserve ce royaume dans l’état le plus florissant.

17« C’est pourquoi, vous ferez bien de ne pas tenir compte des lettres envoyées par Aman, fils d’Amadatha, 18attendu que l’auteur de ces crimes a été pendu au bois, avec toute sa maison, devant les portes de Suse ; Dieu, Maître souverain de toutes choses, lui ayant infligé sans retard le châtiment mérité. 19Affichant la copie de la présente lettre publiquement en tout lieu, permettez aux Juifs de suivre leurs lois en toute liberté, 20et prêtez-leur assistance, afin qu’ils puissent repousser l’attaque de ceux qui, durant les jours d’oppression, se sont élevés contre eux ; et cela, le treizième jour du douzième mois, appelé Adar, en un même jour. 21Car Dieu, le Maître de toutes choses, a changé, pour la race choisie, ce jour de malheur en un jour d’allégresse. 22Vous donc, célébrez aussi ce grand jour avec toutes sortes de réjouissances, comme une de vos fêtes solennelles, afin qu’il soit, maintenant et dans l’avenir, 23pour nous et pour tous ceux qui sont affectionnés aux Perses, un gage de salut[81] et au contraire un souvenir de ruine pour ceux qui complotent contre nous.

24« Toute ville, et généralement toute contrée qui n’aura pas suivi ces prescriptions, sera dévastée avec fureur par le fer et le feu, de telle sorte qu’elle soit à jamais, non seulement inaccessible aux hommes, mais encore abhorrée des bêtes sauvages et des oiseaux.

« Que des copies[82] de ce décret soient exposées aux yeux dans toute l’étendue de l’empire et qu’ainsi tous les Juifs soient prêts, pour le jour susdit, à combattre leurs ennemis. »

  1. Lorsque S. Jérôme entreprit de traduire le livre d’Esther, il avait entre les mains le texte hébreu actuel, en usage alors parmi les Juifs, et l’antique version grecque, dite des Septante. Ce dernier texte, généralement conforme à l’hébreu, contenait, en outre, sous forme de prologue et d’épilogue, le récit et l’explication d’un songe de Mardochée ; puis, dans le corps même du livre, le texte intégral des deux édits royaux, les prières de Mardochée et d’Esther, ainsi qu’une relation détaillée de l’entrée d’Esther chez Assuérus. Ces passages se lisaient également dans l’ancienne version latine, répandue en Occident. Comme ils ne se trouvaient point dans l’hébreu, le saint docteur se borna à en donner une traduction assez libre, comme appendice de son travail sur le texte hébreu, avec des notes indiquant l’endroit où chaque fragment se trouvait placé dans les Septante (x, 4 — xvi, 24). Après même que le Concile de Trente eut défini la canonicité de toutes les parties des Saints Livres contenus dans la Vulgate, nos éditions modernes conservèrent, pour le livre d’Esther, la disposition adoptée par S. Jérôme. Les passages deutérocanoniques seront indiqués à leur place, mais la traduction du texte sera renvoyée à la fin du livre, comme dans la Vulgate.
  2. I. 1. Assuérus : l’hébr. Achaschivêrosch répond à la forme perse Kschayarscha (avec l’aleph prosthétique), c.-à-d. Xerxès, le fils de Darius, fils d’Hystaspe. La version grecque a rendu partout le nom du roi par Artaxerxès.
  3. 3. Les LXX font dépendre toute la fin du vers, des mots il fit un festin (à tous ses princes…, à l’année, etc…, devant lui).
  4. 4. Ou lit dans l’hébreu : « des jours nombreux, 80 et 100 jours. » Cette construction un peu singulière ferait croire qu’au lieu du mot rabbîm, nombreux, on lisait schenem, deux : 182 jours. Ce serait une faute de copiste due à la confusion des deux premières lettres. Les LXX ont seulement : « durant 180 jours. »
  5. 5. Un festin de sept jours. Septante : « six jours »
  6. 6. Des tentures blanches, vertes… : le mot hébreu karpas, emprunté du perse, désigne le coton. Il faudrait traduire des tentures d’étoffe blanche, de coton et de pourpre violette.
  7. 7. De differentes formes, m à m et les vases différents des vases — En grec : On y voyait des coupes d’or et d’argent et un calice orné de diamants, valant trente mille talents.
  8. 8. Suivant le décret d’Assuérus dérogeant à la coutume des Perses (Josèphe. Antiq. XI, vi, 1) qui voulait que les convives bussent un nombre de coupes déterminé. En grec : on but à ce festin sans règle fixée d’avance.
  9. 9. Vasthi, en vieux perse : excellente ; Grec : Ἀστιν.
  10. 11. Diadème, en gr. kidaris, espèce de turban qui se terminait en pointe à la partie supérieure.
  11. 15. Quelle loi doit-on appliquer à la reine ? m. à m. selon la loi, quoi faire à la reine ? ou, selon quelle loi agir avec la reine ?
  12. 22. Il parlerait le langage de son peuple, en ce sens que la langue maternelle de la femme, si elle différait de celle du mari, ne devait pas prévaloir dans la famille. Vulgate, et que cela devait être publié parmi les peuples.
  13. II, 3. Egée (comp. Vagao ou Bagoas, c.-à-d. eunuque, en vieux perse ; Judith, xii, 10), gardien en chef du gynécée ou harem royal.
  14. 6. Plusieurs interprètes rapportent qui, sujet de la phrase, à Cis, ce qui permet de donner à Mardochée de 30 à 40 ans à l’époque où nous sommes. D’après l’usage de la langue, il serait plus naturel de le rapporter à Mardochée lui-même ; mais il en résulterait que ce personnage aurait eu plus de 120 ans à l’avènement de Xerxès. Une interprétation un peu large de notre verset fait disparaître cette difficulté chronologique : l’auteur voudrait dire, non pas précisément que Mardochée était contemporain de Jéchonias, mais qu’il descendait des illustres familles qui avaient été déportées avec ce roi, par opposition aux familles du peuple que Nabuzardan emmena un peu plus tard à Babylone (II Rois, xxv, 11). D’ailleurs, son nom de Mardochée (hébr. Murdecai. assyr. Mardukêa), qui est babylonien et non palestinien, semble indiquer qu’il était né en Babylonie.
  15. 7. Edissa, c.-à-d. myrte, nom juif qu’elle échangea contre le nom perse d’Esther, c.-à-d. astre (zend. Stara, gr. astêr.). — De son oncle ; LXX, d’Aminadab, frère de son père; Vulg. de son frère. Ainsi Esther était cousine de Mardochée, d’après l’hébr. et les LXX : sa nièce, d’après la Vulg. — Pour fille ; en grec : l’avait élevée pour en faire sa femme : Esther était probablement seule héritière de ses parents et devait, selon la loi, épouser un homme de sa tribu.
  16. 15. Oncle ; Vulg., frère. — Elle plut (m. à m. gagna grâce) aux yeux de tous ceux qui la virent. C’est cette pensée que paraphrase la Vulg. : car elle était très bien faite et d’une incroyable beauté, et elle paraissait gracieuse et aimable aux yeux de tous.
  17. 18. Du repos ; l’expression des LXX (aphesis) indiquerait une remise d’impôts ; le mot hébreu désignerait plutôt un jour de repos, c.-à-d. de fête.
  18. 20. En grec : car tels étaient les ordres de Mardochée : craindre Dieu et observer ses préceptes, comme au temps où elle demeurait avec lui. Aussi Esther ne changea-t-elle pas sa manière de vivre.
  19. III, 1. Aman, probablement le nom classique Omanes, anc. perse. Umana, correspond exactement au gr. Eumène. — Amadatha, paraît être le même nom (avec l’article) que Mahadâta, c.-à-d. donné par ou à la lune. — Agag, contrée de la Médie, révélée par les inscriptions.
  20. 4. Pour voir, etc. : c’est le sens de la Vulg., suivi par la plupart des exégètes. Litt., pour voir si les paroles de Mardochée seraient fermes, car, etc. ; d’où cet autre sens, meilleur peut-être : Pour voir si la raison qu’il mettait en avant pour refuser cet hommage à Aman, savoir sa qualité de Juif, serait admise comme une excuse valable.
  21. 6. Il dédaigna, m. à m. il méprisa à ses yeux.
  22. 7. Le premier mois, mars-avril. — Pur parait être un mot de l’anc. perse : comp. le lat. pars, qui a à peu près le même sens. — Vulgate : « On jeta dans l’urne le sort, qui en hébreu s’appelle Phur, devant Aman, pour fixer jour et quel mois la race de Joseph devait être exterminée ; ce fut le 12e mois, appelé Adar qui sortit.« LXX : « On jeta les sorts pour chaque jour et chaque mois, afin de perdre en un jour la race de Mardochée ; et le sort tomba pour le 14 du mois appelé Adar : de même xiii, 6. Ainsi Aman aurait fixé la perte des Juifs au 14e jour, et Assuérus leur aurait donné le droit de prévenir d’un jour l’attaque. Mais d’après le texte hébreu (iii, 13 et ix, 1), il paraît certain que le 13e jour, fixé pour le massacre des Juifs, fut aussi celui de leur victoire.
  23. 9. Des fonctionnaires, m. à m. de ceux qui font le travail.
  24. 11. L’argent ; la Vulg. ajoute, que tu me promets. Le sens est plus général : ce n’est pas précisément dix mille talents que Xerxès donne à Aman ; mais il lui permet de disposer à son gré des biens de ceux qui seront mis à mort.
  25. 12. Le 13e jour : c’était le 13 du mois d’Adar que le sort avait déclaré propice (vers. 7, comp. ix, 1) : c’est pourquoi Aman choisit le 13e jour d’un autre mois pour commencer l’exécution de son dessein. Actuellement les Juifs consacrent trois jours à célébrer la délivrance de leurs pères, les 13, 14 et 15 adar ; le 13 est un jour de jeûne en mémoire du jeûne d’Esther (iv, 16) ; les deux jours suivants sont la fête proprement dite.
  26. 14. Une copie… : Les lettres adressées aux gouverneurs renfermaient une copie de l’édit destinée au public, afin que tous pussent la lire et être prêts pour le 13 adar. Vulgate : La substance de ces lettres était celle-ci, savoir : que toutes les provinces sussent, et qu’elles se tinssent prêtes pour le jour indiqué.
  27. IV, 16. Et jeûnez (hébr. et LXX ; Vulg., et priez) pour moi, pour que Dieu bénisse ma démarche auprès du roi.
  28. V, 4. En grec : C’est aujourd’hui pour moi un jour solennel, si le roi, etc…
  29. 6. Tu l’obtiendras ; m. à m., ce sera fait.
  30. 8. Et demain je ferai, etc., m. à m. je ferai selon la parole du roi.
  31. 10. Zarès, nom probablement en rapport avec le zend zara, or. Comp. le gr. chrysis.
  32. VI. 1. Le roi ne pouvant trouver le sommeil, m. à m. le sommeil du roi s’était enfui. En grec : Mais cette nuit là, le Seigneur éloigna du roi le sommeil. On sait que, dans le texte hébreu actuel d’Esther, il n’est fait nulle part mention expresse du nom de Dieu. Mais la traduction des Septante le mentionne plusieurs fois en dehors des passages deutérocanoniques.
  33. 4. Dans la cour extérieure (LXX, dans la cour ; Vulg., dans la cour intérieure) : là se tenaient les personnes qui attendaient une audience royale, jusqu’à ce qu’elles fussent admises dans la cour intérieure.
  34. 6. Que le roi veut honorer, m. à m. à l’honneur duquel le roi se complaît.
  35. 8. Vulg., et mettre sur la tête (de l’homme à honorer) le diadème royal.
  36. 13. Le grec ajoute : car le Dieu vivant est avec lui.
  37. VII, 1. Au festin d’Esther, m. à m. boire avec Esther.
  38. 3. Accorde-moi la vie etc. ; m. à m. que la vie me soit donnée pour ma demande, et à mon peuple pour mon désir.
  39. 4. L’oppresseur (Aman) ne peut, par une grosse somme versée au trésor, compenser le dommage qui résulterait pour le roi de la perte d’un si grand nombre de sujets, ou le déshonneur qui retomberait sur le roi s’il sacrifiait des innocents. L’hébreu peut se traduire littéralement : Car l’oppresseur n’est pas equitable dans le préjudice du roi. c. à d. il n’est pas juste que notre oppresseur porte préjudice au roi. C’est à peu près le sens de la Vulg. : Mais maintenant la cruauté de notre oppresseur retombe sur le roi. Le grec porte : Car l’accusateur n’est pas digne de la cour du roi.
  40. 8. Qui s’était prosterné, jeté aux pieds d’Esther à demi couchée sur son divan de table. Aveuglé par la colère, Xerxès s’imagine qu’Aman commet un attentat contre la vertu de la reine. Les LXX : était tombé sur le lit en suppliant la reine.
  41. VIII, 8. Car une lettre…, la Vulg. fait de ces mots une réflexion de l’auteur du livre.
  42. 9. Le 23e jour du 3e mois, un peu plus de deux mois après le premier édit (iii, 12; Sivan correspondait à notre juin). Ce temps paraît bien long, si l’on considère l’insistance que mit Mardochée à presser la démarche d’Esther et la rapidité de la chute d’Aman. Le grec paraît avoir conservé la date véritable : le 23e jour du 1er mois, appelé Nisan, de la même année.
  43. 10. On expédia les lettres par des courriers. Les LXX n’ont pas la fin du vers. Vulg. par des courriers qui, allant en hâte au travers des provinces, devaient, par les nouveaux messages, prévenir l’effet des premières lettres.
  44. 12. Le 13e jour, celui auquel était fixé l’exécution de l’édit d’Aman (iii, 13).
  45. 13. Dans le texte grec, ce verset forme la conclusion de la lettre d’Assuérus en faveur des Juifs (xvi, 24).
  46. IX, 1-4 est très abrégé dans les LXX.
  47. 1. Ce fut le contraire qui arriva, etc. M. à m. Et cela de se retourner en ce que ce furent les Juifs qui dominèrent, etc. La Vulg. traduit librement ce verset : Le 13e jour du 12e mois, que nous avons dit plus haut se nommer Adar, alors que le massacre de tous les Juifs était préparé et que leurs ennemis avaient soif de leur sang, les Juifs, par un renversement des choses, commencèrent à être les plus forts et à se venger de leurs ennemis.
  48. 4. Ce verset manque dans la plupart des exemplaires grecs ; dans plusieurs on lit : car un décret royal était survenu prescrivant de lui rendre honneur (de célébrer son nom) dans tout l’empire.
  49. 5. manque dans les LXX.
  50. 16. Soixante quinze mille : les LXX donnent un chiffre beaucoup moins élevé : quinze mille.
  51. 23. Ce qu’ils avaient déjà commencé à faire ; ces mots manquent en grec. On remarquera que les versets 23-31 paraissent avoir été ajoutés postérieurement à la lettre de Mardochée.
  52. 26. Purim, pluriel hébraïque de Pur. Le texte grec, suivi par Josèphe, donne à cette fête le nom de Phrouraï (xi, 1), altération de Purim ou Phurim ; le IIe livre des Machabées (xv, 37) l’appelle jour de Mardochée.
  53. 28. Vulg. : « Ce sont des jours qu’aucun oubli n’effacera jamais et qu’à chaque génération toutes les provinces célébreront dans l’univers entier ; et il n’est aucune ville dans laquelle les jours de Purim, c.-à-d. les jours des Sorts, ne soient observés par les Juifs et par leur postérité, qui est liée par ces cérémonies. »
  54. 30. manque dans les LXX.
  55. 31. Avec les jeûnes et leurs lamentations : aux rites proposés par Mardochée pour la fête des Purim, les Juifs des provinces ajoutaient un jour (la vigile) de jeûne et de lamentations : c’est cette pratique qu’Esther et Mardochée approuvent et sanctionnent dans la 2e lettre. Tel est du moins le sens probable de ce passage difficile.
  56. 32. Les LXX présentent une leçon plus brève et assez différente. La Vulg. traduit ainsi la fin du vers. 31 (après comme le Juif Mardochée et la reine Esther les avaient établis pour eux) et le vers. 32 : comme ils avaient pris l’engagement d’observer, eux et leur postérité, les jeûnes, les cris, les jours des Sorts, (vers. 32) et tout ce qui est contenu dans ce livre qui est appelé Esther.
  57. Jusqu’à la fin du livre, notre traduction suivra le texte grec, rendu par la Vulg. d’une manière assez libre et parfois sommaire. Les passages que, dans ce chapitre et les chapitres suivants, la Vulgate donne en caractères plus petits sont des observations faites par S. Jérôme sur les parties du livre d’Esther qui manquent dans le texte hébreu.
    Voici la première de ces notes : « J’ai traduit avec une entière fidélité ce qui se trouve dans l’hébreu. Mais ce qui suit, ie l’ai trouvé écrit dans l'édition Vulgate, où il existe en langue et en caractères grecs. Cependant à la fin du livre se trouvait placé ce morceau et, selon notre coutume, nous l’avons marqué d’un obèle, c’est à dire d’une petite broche (signe par lequel les critiques Alexandrins indiquaient les passages interpolés ou suspects)
  58. X, 4-13 Ce fragment fait allusion au songe qui, dans le grec, constitue le début du livre.
  59. XI, 1. Ce verset, qui se lit à la fin du texte grec d’Esther, nous apprend dans quelles circonstances la traduction grecque de cette lettre (c.-à-d. du livre d’Esther tout entier, ix, 20) fut apportée de Palestine en Égypte. On ne le trouve pas dans un manuscrit qui nous reste de l’ancienne version latine antérieure à S. Jérôme. — Phrourai, voir ix, 26 note. — Être authentique, litt. être (cette lettre); la Vulg. omet ce mot.
  60. (*) De même, ce début existait dans l'édition Vulgate (les LXX) ; mais on ne le trouve ni dans l’hébreu, ni dans aucun interprète. (Note de S. Jérôme.) — Les interprètes dont il est ici fait mention sont les auteurs des anciennes traductions grecques de la Bible, différentes des LXX, et reproduites par Origène dans les Hexaples, où S. Jerôme pouvait les consulter. Mais elles sont toutes postérieures à l’ère chrétienne, et, par conséquent, leur silence ne peut contrebalancer le témoignage positif de l’antique version alexandrine, en faveur de l’authenticité des passages contestés.
  61. 2. Assuérus, Vulg. Artaxerxès. Ce nom vient de la version grecque que S. Jérôme traduit ici, et qui, dans tout le livre, rend par Artaxerxès l'hébreu Achaschvérôsch. Nous avons conservé la forme Assuérus qui répond mieux au texte original.
  62. 10. Et, à leurs cris, etc., m. à m., d’après le grec : Et de leur cri, comme d’une petite source provient un grand fleuve, provint beaucoup d’eau.
  63. XII, 4. Dans les chroniques, ou en souvenir.
  64. 6. L’Agagite : la Vulg., avec les LXX, appelle ici Aman le Bugéen, en gr. Bougaios. Plusieurs donnent à ce mot le sens de vantard, imposteur (Homère, Iliad, xiii, 824) ; d’autres, celui d’eunuque (comp. Bagoas, Jud. xii, 11). Mais comme le grec Bugéen (Ugéen dans quelques exemplaires) apparaît toujours comme traduction de l’hébreu Agâgi (iii, 1, etc.), il est assez naturel d’y voir une altération du mot Agagéen.
  65. (**) Ce qui précède est l’avant propos. Ce qui suit était à l’endroit du livre où il est écrit : Et ils pillèrent leurs biens ou leurs richesses. Nous l’avons trouvé dans la seule édition Vulgate. (Note de S. Jérôme.)
    Observons qu’à l’endroit indiqué (iii, 13) les textes grec et latin portent non pas : ils pillèrent, mais : pour qu’ils pillassent.
  66. XIII, 6. Second père : Vulg. le premier après le roi et honoré par nous comme un père. Les exemplaires grecs portent : δευτέρου πρὸς ἡμῶν, le second après nous, ou bien (cod. Vatic.) δευτέρου πατρὸς ἡμῶν, notre second père ; voir xvi, 11.— Quatorzième jour ; voir iii, 7 note.
  67. (*) Ce qui précède est la copie de la lettre. J’ai trouvé le passage suivant à l’endroit où nous lisons : Mardochée s’en alla et fit tout ce qu’Esther lui avait commandé. Toutefois il manque dans L’hébreu, et on ne le trouve dans absolument aucun des interprètes. (Note de S. Jérôme.)
  68. XIV, 2. Elle affligea, par les jeûnes, ajoute la Vulg. d’après iv, 16.
  69. 4. Je le touche déjà de mes mains, m. à m. est dans ma main.
  70. 8. Ils ont mis leurs mains. Les mots qui suivent (dans les mains de leurs idoles, faire serment) sont une interprétation. D’autres interprètent : Ils ont fermement décidé d’abolir etc.
  71. 11. De celui qui le premier s’est déchaîné contre nous ; m. à m. de celui qui a commencé contre nous.
  72. (*) J’ai encore trouvé ceci dans l’édition Vulgate. (Note de S. Jérôme.) Il ne nous dit pas à quel endroit se lisaient ces paroles de Mardochée ; mais xv, 1, reproduit en partie le verset iv, 8, auquel elles font suite. En réalité, ce fragment devrait être placé avant les prières qui précèdent.
  73. XV, 1. Il fit mander à Esther. Le sujet n’est pas exprimé dans le texte. Mais, comme S. Jérôme le marque entre parenthèses, « il n’y a pas de doute que ce soit Mardochée. » Le complément est exprimé par le pronom ei ; mais il est évident, de par le contexte, qu’il s’agit d’Esther.
  74. (*) J’ai trouvé aussi (dans les LXX) le morceau qui suit. (Note de S. Jérôme.) Ce fragment qui, dans le texte grec, suit immédiatement la prière d’Esther, donne le récit détaillé de sa visite à Assuérus, sommairement rapportée dans les versets v, 1 et 2 des textes hébreu et latin.
  75. 5. Dans tout l’éclat de sa parure, m. à. m. devenue éblouissante.
  76. 13. Notre ordonnance (par laquelle il est défendu de paraître devant le roi sans avoir été appelé, iv, 11), est pour le commun des sujets. La Vulg. exprime le même sens : ce n’est pas pour toi, mais pour tous les autres, que cette loi a été faite.
  77. (**) Copie de la lettre que le roi Artaxerxès envoya en faveur des Juifs dans toutes les provinces de son royaume : elle ne se trouve pas non plus dans le livre hébreu. (Note de S. Jérôme.)
  78. XVI, 4. Enflés par le fastueux éclat d’une fortune inaccoutumée. D’autres : enflés pas les paroles orgueilleuses de ceux qui n’ont pas l’expérience du bienfait.
  79. 10. Macédonien, ce mot se lit dans le grec ici et au chapitre ix, 24, où il correspond à l’hébreu Agagi, rendu ailleurs par Bugéen (voir iii, 1 et xii, 6). Peut-être le traducteur de ces passages regardait-il Aman comme un transfuge grec ; on conçoit d’ailleurs qu’il ait pu, écrivant après la conquête de l’empire des Perses par le Macédonien Alexandre, employer pour désigner un étranger, ennemi du royaume de Xerxès, le terme de Macédonien qui, attribué à l’époque d’Esther, constituerait un anachronisme. Josèphe (Antiq. XI, vi, 12), rapportant ce décret, appelle Aman un Amalécite et dit qu’il voulait livrer la Perse aux étrangers.
  80. 12. Incapable de porter une si haute fortune. D’autres : cédant à l’orgueil.
  81. 23. Un gage de salut ; Vulg. : pour que l’on sache dans l’avenir que tous ceux qui obéissent fidèlement aux Perses, reçoivent une digne récompense de leur fidélité, etc.
  82. 24. Que des copies, etc. Reproduction de viii, 13.