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Bibliothèque/Livre premier

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Bibliothèque d’Apollodore
Traduction par Étienne Clavier.
Delance et Lesueur (Tome premierp. 3-113).

LIVRE PREMIER

CHAPITRE PREMIER.

§ 1. Uranus, ou le Ciel, gouverna le premier le monde ; ayant épousé la Terre, ou Gaia, il en eut d’abord ceux qu’on nomme Hécatonchires, Briarée, Gyès, et Cottus. Ils avoient chacun cent bras et cinquante têtes, et leur force et leur grandeur, les rendoient invincibles.

§ 2. Il eut ensuite de la Terre les Cyclopes, Argès, Brontès et Steropès, qui n’avoient chacun qu’un œil au milieu du front. Uranus ayant enchaîné tous ses premiers enfants, les précipita dans le Tartare, qui est un lieu ténébreux dans les enfers, aussi éloigné de la terre, que la terre est éloignée du Ciel.

§ 3. Il eut ensuite d’autres fils, appelés Titans, savoir, l’Océan, Cœüs, Hypérion, Crius, Japet, et Saturne5, le dernier de tous ; et des filles, nommées les Titanides, qui furent Téthys, Rhéa, Thémis, Mnémosyne, Phœbé, Dioné6 et Thia. La Terre, irritée de la perte de ceux de ses enfants qu’Uranus avoit précipités dans le Tartare, engagea les Titans à se révolter contre lui, et elle arma à cet effet Saturne d’une faux de diamant7. Les Titans, à l’exception de l’Océan8, s’étant donc soulevés contre leur père, Saturne lui coupa les parties génitales et les jeta dans la mer. Des gouttes de sang qui en tombèrent9, naquirent les trois furies, Alecto, Tisiphone et Mégère10. Ils le chassèrent ensuite du trône, qu’ils donnèrent à Saturne, et rappelèrent leurs frères qui étoient dans le Tartare.

Saturne les ayant enchaînés, les y précipita de nouveau ; il épousa ensuite Rhéa, sa sœur ; mais comme Uranus et la Terre lui prédirent qu’il seroit détrôné par un de ses enfants, il les avaloit à mesure qu’ils venoient au monde ; il fit disparaître ainsi Vesta, Cérès, Junon, et ensuite Pluton et Neptune. Rhéa, indignée de sa barbarie, se retira dans l’île de Crête, lorsqu’elle fut enceinte de Jupiter, et en accoucha dans l’antre de Dictée. Elle le donna à élever aux Curètes et aux nymphes Adraste et Ida, filles de Mélissus.

§ 7. Elles le nourrissoient du lait de la chèvre Amalthée, tandis que les Curètes gardoient l’antre en frappant de leurs lances sur leurs boucliers, pour empêcher que ses cris ne parvinssent à Saturne, à qui Rhéa présenta à avaler une pierre emmaillotée au lieu de son enfant.

CHAPITRE II.


§ 1. Jupiter étant parvenu à l’âge viril, appela à son aide Métis, fille d’Océan ; elle fit prendre à Saturne un breuvage qui lui fit vomir d’abord la pierre, ensuite les enfants qu’il avoit avalés, avec lesquels Jupiter fit la guerre aux Titans et à Saturne. Après avoir combattu dix ans, la Terre prédit la victoire à Jupiter, s’il appeloit à son secours les fils d’Uranus que Saturne avoit précipités dans le Tartare. Jupiter ayant tué Campé, gardienne de leur prison, les délivra, et les Cyclopes lui donnèrent le tonnerre, l’éclair et la foudre. Ils donnèrent à Pluton le casque d’invisibilité, et le trident à Neptune. Revêtus de ces armes, ils vainquirent les Titans, et les enfermèrent dans le Tartare, où ils leur donnèrent pour gardiens ceux qu’on nomme à cent bras ; ils divisèrent ensuite l’empire du monde en trois parts, qu’ils tirèrent au sort : le Ciel échut à Jupiter, la Mer à Neptune, et l’Enfer à Pluton2.

§ 2. Voici quels furent les descendants des Titans :

L’Océan3 eut de Téthys trois mille Nymphes Océanides, Asie, Styx, Electre, Doris, Eurynome, Amphitrite et Métis. De Cœüs et de Phœbé naquirent Astérie et Latone ; d’Hypérion et de Theia4, l’Aurore, le Soleil5 et la Lune ; de Crius et d’Eurybie, fille de Pontus, Astræus, Pallas, Persès.

§ 3. De Japet et d’Asie, fille de l’Océan, naquirent Atlas, qui porte le Ciel sur ses épaules, Prométhée, Épiméthée et Ménœtius, que Jupiter précipita d’un coup de tonnerre dans le Tartare, lors du combat avec les Titans7.

§ 4. Chiron, centaure, naquit de Saturne et de Philyre. De l’Aurore et d’Astræus, naquirent les Vents et les Astres ; de Persès et d’Astérie, Hécate. De Pallas et de Styx, fille de l’Océan, naquirent Niké (la Victoire), Cratos (la Puissance), Zélos (l’Émulation) et Bia (la Force).

§ 5. Jupiter rendit l’eau de Styx, qui sort d’un rocher dans les enfers, un serment sacré pour les Dieux ; il fit cet honneur à Styx pour la récompenser, de ce qu’avec ses enfants, elle avoit pris les armes pour lui dans la guerre contre les Titans.

§ 6. De Pontus et de la Terre, naquirent Phorcys, Thaumas, Nérée, Eurybie et Céto ; de Thaumas et d’Electre, fille de l’Océan, Iris et les Harpies, Ællo et Ocypétès ; de Phorcys et de Céto, les Phorcydes (ou Grées) et les Gorgones, dont je parlerai à l’article de Persée.

§ 7. De Nérée et de Doris, fille de l’Océan naquirent les Néréides dont voici les noms : Cymothoé, Spéio, Glaucothoé, Nausitoé, Alie, Erato, Sao, Amphitrite, Eunice, Thétis, Eulimène, Agavé, Eudore, Doto, Phéruse, Galatée, Actée, Protoméduse, Hippothoé, Lysianassa, Cymo, Pione, Alimède, Plexaure, Eucrate, Proto, Calypso, Panope, Cranto, Néoméris, Hipponoé, Déjanire, Polynoé, Autonoé, Mélie, Dioné, Isée, Déro, Evagore, Psamathée, Eumolpe, Ione, Dynamène, Céto et Limnorée.

CHAPITRE III.


§ 1. Jupiter épousa Junon, et en eut Hébé (ou Juventa), Ilithie et Mars. Il eut aussi des enfants de plusieurs autres femmes, tant immortelles que mortelles, savoir : de Thémis, fille d’Uranus, les Heures, Irène (la Paix), Eunomie (le bon ordre/la Législation), Dicé (la Justice), et les Parques, Clotho, Lachésis et Atropos. De Dioné il eut Vénus ; d’Eurynome, fille de l’Océan, il eut les Grâces, Aglaé, Euphrosine et Thalie ; de Styx, Proserpine ; de Mnémosyne, les Muses, d’abord Calliope, ensuite Clio, Melpomène, Euterpe, Erato, Terpsichore, Uranie, Thalie et Polymnie.

§ 2. De Calliope et d’Œagre, naquirent Linus et Orphée, qui passoient pour fils d’Apollon ; Linus fut tué par Hercule, et Orphée s’étant appliqué à la musique, faisoit mouvoir par ses chants les arbres et les rochers. Eurydice, sa femme, étant morte de la piqûre d’un serpent, il descendit la chercher aux Enfers, et pria Pluton de la renvoyer ; celuici y consentit, à condition qu’il ne se retourneroit pas pour la regarder, avant d’être rendu chez lui ; Orphée, se méfiant de la promesse de Pluton, voulut regarder si Eurydice le suivoit, et elle retourna en arrière. Ce fut lui qui inventa les mystères de Bacchus ; il est enterré dans la Piérie, où il mourut déchiré par les Bacchantes.

§ 3. Clio ayant reproché à Vénus son amour pour Adonis, la déesse, pour s’en venger, la rendit amoureuse de Piérus, fils de Magnès ; elle en eut un fils nommé Hyacinthe, dont Thamyris, fils de Philammon et de la nymphe Argiope, devint amoureux. Ce Thamyris fut le premier qui se livra à l’amour des garçons. Apollon fut ensuite l’amant d’Hyacinthe, et le tua involontairement en jouant au disque avec lui. Quant à Thamyris, célèbre par sa beauté et ses talents en musique, il osa défier les Muses, sous la condition qu’il jouiroit d’elles toutes, s’il étoit vainqueur, et que, s’il étoit vaincu, elles le priveroient de ce qu’il leur plairoit de lui ôter. Les Muses ayant eu la supériorité, le privèrent de la vue et de ses talents en musique.

§ 4. D’Euterpe et du fleuve Strymon naquit Rhésus, que Diomède tua au siège de Troie. Suivant d’autres, il étoit fils de Calliope. De Thalie et d’Apollon, naquirent les Corybantes ; de Melpomène et du fleuve Achéloüs, les Sirènes, dont nous parlerons à l’article d’Ulysse.

§ 5. Junon mit au monde Vulcain sans avoir eu commerce avec aucun homme ; mais Homère dit qu’elle l’eut aussi de Jupiter. Ayant voulu secourir sa mère, que Jupiter avoit suspendue du haut de l’Olympe, pour avoir excité une tempête contre Hercule, lorsqu’il revenoit du siège de Troie, ce dieu le précipita du Ciel, d’où il tomba dans l’île de Lemnos ; et s’étant estropié les pieds, Thétis prit soin de lui et le sauva.

§ 6. Jupiter voulut jouir aussi de Métis, qui prit toutes sortes de formes pour se soustraire à ses poursuites ; étant devenue enceinte, elle lui prédît qu’après la fille dont elle alloit accoucher, elle auroit un fils qui seroit le maître du Ciel : dans la crainte de cet événement, Jupiter l’avala toute enceinte qu’elle étoit ; le terme de l’accouchement étant arrivé, il se fit fendre la tête par Prométhée, ou, suivant d’autres, par Vulcain, et Minerve en sortit toute armée, auprès du lac Tritonide.

CHAPITRE IV.


§ 1. Des filles de Cœüs, Astérie s’étant changée en caille se jeta dans la mer, pour éviter les poursuites de Jupiter. Elle donna son nom à la ville appelée d’abord Astérie, ensuite Déios. Latone ayant cédé aux désirs de Jupiter, Junon la poursuivit par toute la terre, jusqu’à ce que, étant arrivée dans l’île de Délos, elle y mit au monde Diane, qui l’accoucha ensuite d’Apollon. Diane demeura vierge, et se livra entièrement à la chasse. Apollon ayant appris de Pan, fils de Jupiter et de Thymbris l’art de prédire, alla à Delphes, où Thémis rendoit alors des oracles ; le serpent Python, gardien de la caverne où elle les rendoit, l’empêchant d’en approcher, il le tua, et s’empara de l’Oracle. Il tua peu après Tityus, fils de Jupiter et d’Elare, fille d’Orchomène. Jupiter ayant joui d’elle, l’avoit cachée sous terre, pour la soustraire à la colère de Junon ; et lorsqu’elle eut accouché, il fit sortir de la terre son fils Tityus, qui étoit d’une taille extraordinaire ; Tityus allant à Pythos (ou Delphes) vit Latone, et en étant devenu amoureux, voulut la violer ; elle appela à son secours ses enfants, qui le tuèrent à coups de flèches. Il subit une punition, même après sa mort, car des vautours lui rongent le cœur dans les Enfers.

§ 2. Apollon tua aussi Marsyas, fils d’Olympus ; ce Marsyas ayant trouvé les flûtes que Minerve avoit jetées, parce qu’elles la défiguroient, osa disputer à Apollon le prix de la musique ; ils convinrent que le vaincu seroit à la discrétion du vainqueur ; lorsqu’on en fut au concours, Apollon retourna sa cithare et ne laissa pas de jouer dessus. Il exigea que Marsyas en fît de même ; celui-ci ne l’ayant pu, on donna la victoire à Apollon, qui, ayant suspendu Marsyas à un pin très élevé, le fit périr en l’écorchant.

§ 3. Diane tua Orion à Délos ; Orion étoit fils de la Terre, et d’une taille prodigieuse : Phérécyde dit qu’il étoit fils de Neptune et d’Euryale ; Neptune l’avoit doué de la faculté de marcher sur les flots : il épousa Sidé, que Junon précipita dans les Enfers, pour avoir osé se comparer à elle pour la beauté. Orion se rendit ensuite à Chio, où il demanda en mariage Mérope, fille d’Œnopion, ce dernier l’enivra, lui creva les yeux, tandis qu’il dormoit, et l’exposa sur le bord de la mer. Orion étant entré dans une forge, y prit un enfant, qu’il mit sur ses épaules, en lui ordonnant de le conduire vers le lever du Soleil ; et il y recouvra la vue par les rayons de cet astre. Il retourna sur le champ vers Œnopion, à qui ses sujets avoient construit une maison souterraine.

§ 4. L’Aurore s’étant éprise d’Orion, car Vénus la rendoit souvent amoureuse, pour se venger de ce qu’elle avoit accordé ses faveurs à Mars, l’enleva et le porta à Délos.

§ 5. Enfin Diane ; le tua à coups de flèches, soit qu’il l’eut défiée au disque, soit, comme d’autres le disent, qu’il eût violé Opis l’une des Vierges venues du pays des Hyperboréens.

§ 6. Neptune épousa Amphitrite, fille de l’Océan ; il en eut Triton et Rhodès, que le Soleil épousa.

CHAPITRE V.


§ 1. Pluton étant devenu amoureux de Proserpine, l’enleva en secret à l’aide de Jupiter. Cérès la chercha longtemps par toute la terre nuit et jour avec des torches allumées ; ayant enfin appris des Hermionéens que Pluton l’avoit enlevée, elle abandonna le Ciel, irritée contre les Dieux, et s’étant transformée en simple mortelle, elle vint à Eleusis, et s’y assit d’abord auprès du puits Callichore, sur une pierre qui a pris de là le nom d’Agélaste. S’étant rendue ensuite chez Céleüs, roi d’Eleusine, les femmes qui s’y trouvoient l’invitèrent à se reposer, et une vieille, nommée Iambé, la fit rire par ses plaisanteries ; et c’est en mémoire de cela, dit-on, que les femmes se plaisantent aux fêtes des Thesmophories. Métanire, femme de Céleüs, ayant un petit enfant, Cérès se chargea de l’enlever ; et voulant le rendre immortel, elle le mettoit toutes les nuits dans le feu, pour consumer ce qu’il y avoit de mortel dans son corps.

§ 2. Déïphon, (c’étoit le nom de cet enfant) prenoit chaque jour un accroissement prodigieux ; Métanire épia ce que faisoit la Déesse, et lui voyant mettre son enfant dans le feu, elle jeta un cri ; l’enfant fut consumé, et la Déesse se fit connoître. Elle donna à Triptolème, l’aîné des fils de Métanire, un char attelé de serpents ailés, dans lequel il parcourut les airs, semant partout le blé que Cérès lui avoit donné. Panyasis dit que Triptolème étoit fils du héros Eleusis, et que ce fut celui-ci qui reçut Cérès : suivant Phérécyde il étoit fils d’Océan et de la Terre.

§ 3. Jupiter ayant ordonné à Pluton de renvoyer Proserpine, celui-ci, de crainte qu’elle ne demeurât trop longtemps auprès de sa mère, lui donna à manger un grain de grenade ; ce qu’elle fit, ne prévoyant pas ce qui devoit en arriver. Ascalaphe, fils de l’Achéron et de Gorgyre, en ayant rendu témoignage, Cérès l’enferma dans les Enfers sous une grosse pierre ; et Proserpine fut obligée de passer un tiers de l’année avec Pluton et le reste avec les autres Dieux. Voilà ce qu’on raconte de Cérès.

CHAPITRE VI.


§ 1. La Terre, irritée du malheur des Titans, eut d’Uranus les Géants, d’une force et d’une taille au-dessus de tout ce qu’on peut imaginer. Leur vue étoit effrayante ; ils avoient de longues barbes et de longs cheveux, les jambes couvertes d’écaillés de serpent ; ils demeuroient, suivant les uns, dans les campagnes de Phlégre, et, suivant d’autres, à Pallène. Ils lançoient contre le Ciel des rochers et des chênes enflammés. Porphyrion et Alcyoné étoient surtout remarquables ; ce dernier étoit immortel, tant qu’il combattoit sur la terre de laquelle il étoit né. L’autre avoit enlevé dans Erythie les bœufs du Soleil. Il étoit connu dans le Ciel que les Dieux tout seuls ne pouvoient faire périr aucun des Géants, et que, pour y parvenir, il falloit qu’ils empruntassent le secours d’un mortel. La Terre ayant appris cela, se mit à la recherche d’une plante qui devoit les empêcher d’être tués, même par les mains des hommes : mais Jupiter ayant défendu à Sol, à Luna et à Aurore de paroître, prévint la Terre, et coupa cette plante. Il fit ensuite appeler par Minerve Hercule à son secours. Hercule perça d’abord Alcyoné à coups de flèches ; mais comme en touchant la terre il reprenoit de nouvelles forces, Hercule l’entraîna hors de Pallène par le conseil de Minerve, et alors il mourut.

§ 2. Porphyrion ayant attaqué tout à la fois Hercule et Junon, Jupiter lui inspira des désirs pour cette dernière ; comme il lui déchiroit ses vêtements et cherchoit à la violer, elle appela à son secours ; alors Jupiter renversa Porphyrion d’un coup de foudre, et Hercule l’acheva à coups de flèches. Quant aux autres géants, Apollon perça l’œil droit d’Ephialte d’un coup de flèche, et Hercule perça le gauche. Bacchus tua Eurytus d’un coup de Thyrse ; Hécate, ou plutôt Vulcain, tua Clytius en lui jetant des pierres enflammées. Minerve jeta l’île de Sicile sur Encélade qui fuyoit, et ayant écorché Pallas, elle se servit de sa peau pour se couvrir dans les combats. Polybotes, poursuivi à travers la mer par Neptune, se réfugia dans l’île de Cos : Neptune en arracha la partie qu’on appelle Nisyre et la lui lançant, l’accabla dessous. Mercure, armé du casque de Pluton, tua Hippolyte. Diane tua Gration. Les Parques tuèrent Agrius et Thoon, qui combattoient avec des massues d’airain. Jupiter fit périr les autres en les foudroyant, et Hercule les acheva tous à coups de flèches.

§ 3. Les Dieux ayant vaincu les Géants, la Terre, encore plus irritée, coucha avec le Tartare, et mit au monde dans la Cilicie Typhon, qui étoit à moitié homme et à moitié bête féroce. Il surpassoit, en force et en grandeur, tous ceux qu’elle avoit produits jusqu’alors. Il avoit la forme d’un homme pour la moitié supérieure du corps, et surpassoit en hauteur les plus hautes montagnes. De sa tête il touchoit souvent aux astres ; de ses mains, l’une touchoit au levant, l’autre au couchant, et il en sortoit cent têtes de serpent ; de ses cuisses sortoient des vipères nombreuses, qui, en formant des replis tortueux, l’entortilloient jusqu’à la tête, et faisoient entendre des sifflements effroyables. Tout son corps étoit couvert de plumes ; des crins épais et mêlés flottoient sur sa tête et sur ses joues ; ses regards étoient enflammés : étant tel et si puissant, et lançant contre le Ciel des pierres enflammées, il s’y portoit avec des sifflements et des cris, et des torrents de flammes sortoient de sa bouche. Les Dieux le voyant escalader le Ciel, s’enfuirent dans l’Égypte, en prenant les formes de toutes sortes d’animaux. Tant que Typhon fut éloigné, Jupiter le frappoit à coups de tonnerre ; mais lorsqu’il se fut approché, il l’épouvanta avec une faux de diamant, et l’ayant mis en fuite, il le poursuivit jusqu’au mont Casius, qui est au-dessus de la Syrie. Là, le voyant blessé, il en vint aux mains avec lui ; mais Typhon l’ayant enlacé dans ses replis de serpent, s’empara de lui, et lui ayant pris sa faux, lui coupa les nerfs des pieds et des mains, et l’ayant mis sur ses épaules, il le porta à travers la mer dans la Cilicie, où il le déposa dans l’antre Corycien ; il y mit aussi ses nerfs enveloppés dans une peau d’ours, et y laissa, pour le garder, Delphyné, qui avoit la moitié du corps d’une femme, et l’autre moitié d’un serpent. Mercure et Egipan ayant dérobé ses nerfs, les lui rajustèrent en secret ; Jupiter ayant alors recouvré toutes ses forces, partit de l’Olympe sur un char attelé de chevaux ailés, et poursuivit Typhon en le foudroyant jusqu’au mont appelé Nysa : là les Parques trompèrent Typhon, et lui faisant croire qu’il acquerroit de nouvelles forces, elles lui firent manger des fruits éphémères. Jupiter revenant à sa poursuite, il s’enfuit en Thrace près du mont Hémos, et de là il lançoit en combattant des monts entiers contre Jupiter ; ce dernier les lui repoussant par des coups de tonnerre, Typhon y perdit beaucoup de sang, et ce fut delà, dit-on, que cette montagne prit son nom. Essayant ensuite de fuir à travers la mer de Sicile, Jupiter lui jeta l’Etna dessus. Cette montagne est d’une hauteur prodigieuse ; et le feu qu’elle jette depuis ce temps-là provient des tonnerres qui l’enflammèrent alors. Mais en voilà assez sur cet article.

CHAPITRE VII.


§ 1. Prométhée, ayant formé les hommes avec de la terre et de l’eau, leur donna le feu, à l’insu de Jupiter, l’ayant dérobé dans une fine tige de férule. Jupiter s’en étant aperçu, ordonna à Vulcain de le clouer sur le Caucase, qui est une montagne de la Scythie. Prométhée y demeura attaché un grand nombre d’années, et un aigle venoit lui manger chaque jour le foie, qui renaissoit pendant la nuit. Ce fut ainsi que Prométhée fut puni d’avoir dérobé le feu, jusqu’à l’époque à laquelle il fut délivré par Hercule, comme on le verra par la suite.

§ 2. Prométhée eut pour fils Deucalion, qui régna sur la Phthiotide, et épousa Pyrrha, fille d’Epiméthée et de Pandore, la première femme que les Dieux créèrent. Jupiter voulant détruire l’espèce des hommes d’airain, Deucalion se fabriqua, par le conseil de Prométhée, un coffre, dans lequel il mit toutes les choses nécessaires à la vie, et s’y retira avec Pyrrha. Jupiter ayant fait tomber beaucoup de pluie du Ciel, la plus grande partie de la Grèce fut inondée, et tous les hommes périrent, à l’exception de quelques-uns qui se réfugièrent sur les hauteurs des montagnes voisines. Ce fut alors que se séparèrent les montagnes de la Thessalie. Toute la partie de la Grèce, en dehors du Péloponnèse et de l’Isthme, fut inondée. Deucalion ayant été ballotté par la mer pendant neuf jours et neuf nuits, aborda enfin au Parnasse ; la pluie ayant cessé alors, il sortit de son coffre, et offrit un sacrifice à Jupiter Phyxius. Jupiter ayant envoyé Mercure vers lui, lui permit de demander ce qu’il voudroit. Deucalion le pria de repeupler la terre ; alors} d’après l’ordre de Jupiter, ils jetèrent des pierres derrière eux ; celles que Déucalion jetoit se changeoient en hommes, celles que Pyrrha jetoit se changeoient en femmes. C’est de là que les peuples furent appelés, par métaphore, lao… de la£s, pierre. Déucalion eut de Pyrrha plusieurs enfants, Hellen fut le premier ; quelques-uns le disent fils de Jupiter. Le second fut Amphictyon, qui régna sur l’Attique après Cranois ; il eut pour fille Protogénie, qui eut de Jupiter un fils nommé Æthlius. D’Hellen et de la nymphe Orséis naquirent Dorus, Xouthos et Æolus.

§ 3. Ce fut d’Hellen que les Grecs prirent le nom d’Hellènes. Il divisa ce pays à ses enfants, et Xouthos ayant pris pour sa part le Péloponnèse, eut de Creüse, fille d’Erechthée, deux fils, Achæus et Ion, qui donnèrent aux habitants de ce pays les noms d’Achéens et d’Ioniens, Dorus ayant pris le pays vis-à-vis le Péloponnèse, donna le nom de Doriens à ceux qui l’habitoient. Enfin Æolus régnant sur la Thessalie et les pays circonvoisins, fit porter le nom d’Eoliens aux peuples qui les habitoient. Ayant épousé Enarètè, fille de Déimaque, il eut d’elle sept fils, savoir : Créthée, Sisyphe, Athamas, Salmonée, Déionée, Magnès et Périérès ; et cinq filles, savoir : Canacé, Alcyone, Pisidice, Calyce et Périmède. De Périmède et du fleuve Achéloüs, naquirent Hippodamas et Oreste. De Pisidice et de Myrmidon, naquirent Antiphus et Actor. Céyx, fils de Lucifer (étoile du Berger), épousa Alcyone ; leur orgueil fut cause de leur perte ; Céyx donnoit en effet le nom de Junon à sa femme, et elle appeloit son mari Jupiter : ce dieu les changea en oiseaux, la femme en alcyon, et le mari en plongeon.

§ 4. Canacé eut de Neptune Oplée, Nerée, Epopée, Aloée, et Triops. Aloée épousa Iphimédie, fille de Triops. Iphimédie étant devenue amoureuse de Neptune, alloit souvent vers les bords de la mer, elle en puisoit l’eau avec ses mains, et la portoit dans son sein. Neptune ayant joui d’elle, elle en eut deux enfants, Otos et Ephialtès, qu’on nomme ordinairement les Aloades. Ils croissoient chaque année d’une coudée en grosseur, et d’une toise en hauteur ; de sorte qu’ils avoient à neuf ans neuf coudées d’épaisseur et neuf toises de haut. Alors ils voulurent faire la guerre aux Dieux, et ayant mis l’Ossa sur l’Olympe, et le Pélion sur l’Ossa, ils menaçoient d’escalader le Ciel ; ils se proposoient de combler la mer avec des montagnes, et de lui faire changer de place avec la terre. Ils vouloient aussi épouser, Ephialtès, Junon, et Otos, Diane. Ils avoient garrotté Mars, que Mercure délivra par adresse. Enfin Diane les fit périr par ruse dans l’île de Naxos ; s’étant changée en cerf, elle s’élança au milieu d’eux ; voulant à l’envi tirer dessus, ils se tuèrent l’un l’autre.

§ 5. De Calyce et d’Æthlius naquit Endymion, qui conduisit dans l’Elide une colonie d’Eoliens de la Thessalie : suivant d’autres, il étoit fils de Jupiter. Comme il étoit d’une rare beauté, Luna en devint amoureuse. Jupiter lui ayant promis de lui accorder ce qu’il souhaiteroit, il demanda de dormir éternellement, et sans vieillir.

§ 6. D’Endymion et de Séide, nymphe Naïade, ou, comme d’autres le disent, d’Iphianassa, naquit Etolus, qui ayant tué Apis, fils de Phoronée, s’enfuit dans le pays des Curètes ; et là, ayant tué Dorus, Laodocus et Polypœtes fils d’Apollon et de Phthia, qui lui avoient donné l’hospitalité, il donna son nom à la contrée. D’Etolus et de Pronoé, fille de Phorbus, naquirent Pleuron et Calydon, qui donnèrent leurs noms à deux villes d’Etolie.

§ 7. Pleuron ayant épousé Xanthippe, fille de Dorus, en eut un fils nommé Agénor, et trois filles, Stérope, Stratonice et Laophonte. De Calydon et d’Æolie, fille d’Amythaon, naquirent Epicaste, et Protogénie qui eut de Mars Oxylus. Agénor, fils de Pleuron, épousa Epicaste, fille de Calydon ; il en eut Parthaon et Démonice. De cette dernière et de Mars naquirent Evénus, Molus, Pylus et Thestius.

§ 8. D’Evenus naquit Marpessa ; Apollon l’ayant demandée en mariage, Idas, fils d’Apharée, l’enleva dans un char ailé que Neptune lui avoit donné. Evénus le poursuivit dans son char, jusqu’au fleuve Lycormas, et n’ayant pu l’atteindre, il égorgea ses chevaux, et se précipita dans le fleuve, qui a pris de lui le nom d’Evenus.

§ 9. Idas se rendit à Messène ; Apollon l’ayant rencontré, voulut lui enlever Marpessa ; comme ils se battoient à qui l’épouseroit, Jupiter ayant fait cesser le combat, dit à la fille de choisir entre les deux celui qu’elle vouloit épouser. Marpesse craignant qu’Apollon ne l’abandonnât quand elle seroit vieille, choisit Idas pour son époux.

§ 10. Thestius eut d’Eurythémis, fille de Cléobée, trois filles, Althée, Léda et Hypermnestre, et quatre fils, Iphicle, Evippe, Pléxippe et Eurypyle.

§ 11. De Parthaon et d’Euryte, fille d’Hippodamas, naquirent Œnée, Agrius, Alcathous, Mêlas, Leucopéus, et une fille nommée Stérope, qui eut les Sirènes du fleuve Achéloüs.

CHAPITRE VIII.


§ 1. Œnée régnoit à Calydon ; il reçut le premier de Bacchus le fruit de la vigne. Ayant épousé Althée, fille de Thestius, il en eut Toxée, qu’il tua lui-même, pour avoir franchi un fossé ; il en eut ensuite Thyrée fit Clymenus ; et deux filles, savoir, Gorgé qu’Andræmon épousa, et Déjanire qu’Althée eut, à ce qu’on dit, de Bacchus. Elle avoit le talent de conduire un char, et se plaisoit à tous les exercices militaires. Hercule disputa sa main au fleuve Achéloüs, en se battant contre lui.

§ 2. Althée eut encore d’Œnée, Méléagre, qu’on dit aussi fils de Mars. Il n’avoit que sept jours, lorsque les Parques étant venues, dirent qu’il mourroit, quand un tison qui étoit sur le brasier seroit consumé. Althée ayant entendu cela, retira le tison du feu, et le serra dans une armoire. Méléagre parvenu à l’âge viril, étoit vaillant et invulnérable ; il mourut de la manière que je vais raconter. Œnée sacrifiant aux dieux les prémices des fruits du pays, oublia la seule Diane. La déesse irritée, envoya un sanglier terrible par sa force et par sa taille, qui ravageoit les moissons, détruisoit les troupeaux, et tuait tous les hommes qu’il rencontroit. Œnée rassembla les plus vaillants des Grecs pour donner la chasse à ce monstre, et en promit la dépouille pour récompense à celui qui le tueroit. Ceux qui se rendirent à cette chasse, furent Méléagre, fils d’Œnée ; Dryas, fils de Mars, tous d’eux de Calydon ; Idas et Lyncée, fils d’Apharée, de Messène ; Castor et Pollux, fils, de Jupiter et de Léda, de Lacédémone ; Thésée, fils d’Ægée, d’Athènes ; Admète, fils de Phérès, de Phère ; Céphée, et Ancée, fils de Lycurgue, de l’Arcadie ; Jason, fils d’Æson, d’Iolcos ; Iphiclès, fils d’Amphytrion, de Thèbes ; Pirithoüs, fils d’Ixion, de Larisse ; Pelée, fils d’Æaque, de Phthie ; Télamon, fils d’Æaque, de Salamine ; Eurytion, fils d’Actor, de Phthie ; Atalante, fille de Schœnée, de l’Arcadie ; Amphiaraus, fils d’Oïclée, d’Argos ; et avec eux, les fils de Thestius. Œnée les traita pendant neuf jours ; au dixième, Céphée et Ancée parurent dédaigner d’aller à la chasse avec une femme ; Méléagre, qui étoit déjà marié à Cléopâtre, fille d’Idas et de Marpesse, et qui désiroit néanmoins avoir des enfants d’Atalante, les força à l’admettre dans leur compagnie. Lorsqu’ils furent tous rassemblés autour du sanglier, Hyléus et Ancée furent tués par cet animal ; Pélée tua involontairement Eurytion d’un coup de flèche ; Atalante blessa la première le sanglier d’un coup de flèche dans le dos. Amphiaraüs lui perça ensuite l’œil, et Méléagre le tua enfin en le frappant au côté. Après en avoir ôté la dépouille, il la donna à Atalante ; les fils de Thestius se croyant déshonorés, si une femme avoit le prix en présence de tant d’hommes, la lui ôtèrent, disant qu’elle leur appartenoit par droit de naissance, si Méléagre ne la prenoit pas pour lui.

§ 3. Irrité de cela, Méléagre tua les fils de Thestius, et rendit la peau du sanglier à Atalante. Althée, chagrine de la mort de ses frères, brûla le tison fatal, et Méléagre mourut sur le champ. D’autres disent que ce ne fut pas ainsi que périt Méléagre ; une dispute s’étant élevée sur la question de savoir qui avoit le premier blessé le sanglier, les fils de Thestius prétendant que c’étoit Iphiclès, il s’éleva une guerre entre les Curètes et les Calydoniens. Méléagre ayant, dans une sortie, tué quelques-uns des fils de Thestius, Althée lui donna sa malédiction. Irrité de cela, Méléagre resta dans sa maison, jusqu’à ce que les ennemis « ’approchant des murs, et les habitants le suppliant de les secourir 3 il se laissa à peine persuader par sa femme de prendre les armes, et ayant tué les autres fils de Thestius, il périt lui-même dans le combat. Après sa mort, Althée et Cléopâtre se pendirent et les femmes qui pleuroient à ses funérailles, furent changées en oiseaux,

§ 4. Althée étant morte, Œnée épousa Péribée, fille d’Hipponoüs ; suivant l’auteur de la Thébaïde il l’avoit eue pour sa part du butin à la prise d’Olène. Hésiode dit qu’ayant été corrompue par Hippostrate, fils d’Amaryncée, Hipponoüs son père l’envoya d’Olène vers Œnée, et le pria de la faire transporter dans un pays éloigné de la Grèce.

§ 5. Suivant d’autres enfin, Hipponoüs apprenant que sa fille avoit été corrompue par Œnée, la lui envoya lorsqu’il s’aperçut qu’elle étoit enceinte. Œnée eut d’elle Tydée ; Pisandre dit qu’il l’avoit eu de Gorgès, sa propre fille, dont il étoit devenu amoureux par la volonté de Jupiter. Tydée étant devenu un très vaillant guerrier, fut obligé de s’enfuir de son pays, pour avoir tué, suivant les uns, Alcathoüs, frère d’Œnée, ou, suivant l’auteur de l’Alcmæonide, Phénée, Euryale, Hyperlaüs, Antiochès, Eumédes, Sternope, Xanthippe et Sthénélus, fils de Mélas, qui avoient conspiré contre Œnée ; ou enfin, suivant Phérécydes, pour avoir tué Olénias son propre frère. Poursuivi par Agrius à cause de ce meurtre, il s’enfuit à Argos vers Adraste, qui lui donna en mariage sa fille Déïpyle, dont il eut Diomèdes. Tydée étant allé au siège de Thèbes avec Adraste son beau-père, y fut tué par Mélanippe.

§ 6. Quant aux fils d’Agrius, Thersites, Oncheste, Prothoüs, Céleutor, Lycopée et Mé-lanippe, ils ôtèrent la couronne à Œnée, et la donnèrent à leur père ; et en outre, ils tenoient Œnée renfermé et le maltraitoient ; mais, quelques temps après, Diomèdes étant venu secrètement d’Argos avec un autre, les tua tous, à l’exception d’Onchestus et de Thersites, qui s’enfuirent dans le Péloponnèse. Œnée étant déjà vieux, Diomèdes mit sur le trône Andræmon qui avoit épousé la fille de ce prince et l’emmena lui-même à Argos. Ceux des fils d’Agrius qui s’étoient échappés, lui dressèrent une embuscade près de l’endroit de l’Arcadie nommé la table de Télèphe, et y tuèrent le vieillard. Diomèdes ayant emporté son corps à Argos, l’y enterra, et donna son nom à une ville qui se nomme, encore Œnoé ; et ayant épousé Ægialée, fille d’Adraste, ou, comme d’autres le disent, d’Ægialéus, il alla à la seconde guerre de Thèbes et à celle de Troie.

CHAPITRE IX.


§ 1. Athamas, l’un des fils d’Eole, régnant sur la Béotie, eut de Néphèlé un fils, nommé Phrixus, et une fille nommée Hellé. Il épousa ensuite Ino, dont il eut Léarque et Mélicerte. Ino voulant faire périr les enfants de Néphèlé, engagea les femmes à griller, à l’insu de leurs maris, les grains qu’on destinoit aux semences ; la terre ne recevant que des semences grillées, ne donnoit point de récolte. Athamas envoya alors à Delphes consulter l’oracle sur les moyens de remédier à cette calamité ; Ino gagna ceux qu’il y envoyoit pour leur faire dire que l’oracle avoit répondu que cette calamité cesseroit, si on sacrifioit Phrixus à Jupiter. Athamas ayant reçu cette réponse, se préparoit à sacrifier Phrixus, s’y voyant contraint par les habitants du pays. Phrixus étoit déjà près de l’autel, lorsque Néphèlé sa mère l’enleva avec sa sœur, et leur donna un bélier à toison d’or qu’elle avoit eu de Mercure. Ce bélier les porta par les airs, à travers la terre et la mer. Lorsqu’ils furent arrivés à la mer qui sépare Sigée de la Chersonèse, Hellé se laissa tomber dans les eaux, et cette mer prit d’elle le nom d’Hellespont. Phrixus arriva à Colchos où régnoit alors Æétes, fils du Soleil, et de Perséïs ; frère de Circé et de Pasiphaé, femme de Minos. Æétes le reçut, et lui donna en mariage Chalciope, l’une de ses filles. Phrixus sacrifia le bélier à Jupiter-Phyxius, et donna sa peau à Æétes, qui la cloua à un chêne dans un bois consacré à Mars. Phrixus eut de Chalciope quatre fils, Argus, Mêlas, Phrontis et Cytisorus.

§ 2. Athamas perdit aussi, quelque temps après, par l’effet de la colère de Junon, les enfants qu’il avoit eus d’Ino : il tua Léarque à coups de flèches dans un accès de frénésie, et Ino se précipita avec Mélicerte dans la mer. Athamas ayant été chassé de la Bœotie, consulta Apollon pour savoir où il irait s’établir ; le dieu lui répondit de chercher le lieu où les bêtes féroces lui donneroient l’hospitalité ; après avoir parcouru beaucoup de pays, if rencontra enfin des loups qui dévoroient des brebis, et qui s’enfuirent à son approche, en lui laissant leur proie, il y fonda un État qu’il nomma Athamantie ; et ayant épousé Thémisto, fille d’Hypsée, il en eut Leucon, Erythrius, Schœnée et Ptoüs.

§ 3. Sisyphe, fils d’Æole ; ayant fondé Ephyre, qu’on nomme maintenant Corinthe, épousa Mérope, fille d’Atlas ; il en eut un fils nommé Glaucus, qui eut d’Eurymède, Bellerophon qui tua la Chimère ; ce monstre jetoit du feu par la gueule, et par les narines. Sisyphe est condamné dans les enfers à rouler un rocher avec sa tête et ses mains, il s’efforce de le pousser en haut, mais lorsqu’il l’a poussé, le rocher est repoussé en bas. Il est condamné à ce supplice pour avoir dit au fleuve Asope, où étoit sa fille Ægine, que Jupiter avoit enlevée en secret.

§ 4. Déion qui régnoit sur la Phocide, épousa Diomède, fille de Xuthus ; il en eut une fille nommée Astéropée, et plusieurs fils, savoir : Ænète, Actor, Phylacus et Céphale qui épousa Procris, fille d’Erechthée ; l’Aurore étant devenue amoureuse de lui, l’enleva.

§ 5. Périères s’étant établi à Messène, épousa Gorgophone, fille de Persée, dont il eut Apharée, Leucippe, Tyndare et Icarius. Beaucoup d’écrivains disent que Périères n’étoit pas fils d’Æole, mais de Cynortas, fils d’Amyclas ; c’est pourquoi je renverrai à parler de sa postérité à l’article des Atlantiades.

§ 6. Magnés, fils d’Æole, épousa une Nymphe Naïade, et il en eut Polydecte et Dictys qui fondèrent Sériphe.

§ 7. Salmonée habitoit d’abord la Thessalie ; il vint ensuite dans l’Elide, et y fonda une ville. Il étoit d’une insolence extrême, et osoit se comparer à Jupiter, ce dieu le punit de son impiété. Il vouloit en effet se faire passer pour Jupiter, défendoit qu’on lui offrît des sacrifices, et se les faisoit offrir à lui-même ; traînant à son char des cuirs secs et des vases d’airain, il imitoit le bruit du tonnerre ; il lançoit des torches enflammées contre le ciel, pour imiter les éclairs. Jupiter l’ayant foudroyé, le fît disparaître, ainsi que la ville qu’il avoit fondée et tous ses habitants.

§8. Tyro, fille de Salmonée et d’Alcidice, pendant qu’elle étoit élevée chez Crethée, le frère de Salmonée, devint amoureuse du fleuve Enipée ; elle alloit souvent répandre des larmes sar ses bords. Neptune ayant pris la ressemblance de ce fleuve, jouît d’elle, et elle accoucha en secret de deux jumeaux qu’elle exposa. Des pâtres de chevaux passant auprès de ces enfants, un cheval en frappa un du pied, et lui fît au visage une tache livide ; un de ces pâtres les emporta, et nomma celui qui avoit été ainsi frappé, Pélias, et l’autre, Nélée. Etant parvenus à l’âge, viril, ils reconnurent leur mère, et tuèrent Sidéro, sa belle-mère ; ayant appris en effet qu’elle faisoit éprouver à leur mère toutes sortes de mauvais traitements, ils fondirent sur elle. Sidéro s’enfuit, pour les éviter, dans le temple de Junon, et Pélias la tua aux pieds même des autels, sans aucun respect pour la déesse.

§ 9. Ils prirent ensuite querelle l’un contre l’autre ; et Nélée forcé de fuir, se retira dans la Messénie, où il fonda la ville de Pylos. Il y épousa Chloris, fille d’Amphion ; il en eut une fille nommée Péro, et plusieurs fils, savoir : Taurus, Astérius, Pylaon, Déïmaque, Eurybius, Epidaüs, Rhadius, Eu-rymènes, Evagore, Alastor, Nestor et Périclymènes que Neptune dota de la faculté de se revêtir de toutes sortes de formes. Hercules, lorsqu’il saccagea Pylos, le tua, ainsi que tous les autres fils de Nélée, quoiqu’en combattant il se fût changé successivement en lion, en serpent et en abeille. Nestor qui étoit élevé chez les Géréniens, fut le seul qui échappa ; il épousa Anaxibie, fille de Cratiéus, il en eut deux filles, Pisidice et Polycaste, et sept fils, savoir : Persée, Stratichus, Arérus, Echephron, Pisistrate, Antiloque et Thrasymèdes.

§ 10. Pélias habitoit la Thessalie ; il épousa Anaxibie, fille de Bias, ou, suivant d’autres auteurs, Philomaque, fille d’Amphion ; il en eut un fils nommé Acaste, et quatre filles, Pisidice, Pélopée, Hippothoé et Alceste.

§ 11. Créthée, le fondateur d’Iolchos, épousa Tyro, fille de Salmonée, et en eut pour fils Æson, Amythaon et Phérès. Amythaon habitoit Pylos, où il épousa Idomène, fille de Phérès ; il en eut deux fils, Bias et Mélampe. Ce dernier, habitant la campagne, avoit devant sa maison un chêne dans lequel étoit un repaire de serpents ; ses domestiques ayant tué ces serpents, Mélampe fit apporter du bois, les brûla et éleva leurs petits. Ces serpents étant devenus grands, s’entortillèrent autour de ses épaules pendant son sommeil, et lui purifièrent les oreilles avec leur langue. Il s’éveilla saisi de frayeur, mais il s’aperçut ensuite qu’il entendoit le langage des oiseaux ; et d’après ce qu’ils disoient, il prédisoit l’avenir. Il s’instruisit aussi dans la partie de la divination qui se fait par les sacrifices. Enfin, ayant rencontré Apollon près du fleuve Alphée, il s’instruisit à fond dans toutes les parties de l’art de prédire l’avenir.

§ 12. Bias, fils d’Amythaon, recherchoit en mariage Péro, fille de Nélée ; d’autres la demandant aussi, Nélée la promit à celui qui lui amèneroit les bœufs de Phylacus ; ces bœufs étoient à Phylaque, et un chien les gardoit de telle manière, que ni homme, ni bête féroce, ne pouvoient en approcher. Bias ne sachant comment s’y prendre pour les dérober, pria son frère de lui rendre ce service ; Mélampe le lui promit, en l’avertissant d’avance qu’il seroit pris sur le fait, qu’il resteroit un an en prison, mais qu’il auroit enfin les bœufs. Ayant fait cette promesse, il alla à Phylaque, il y fut pris comme il l’avoit prédit, et fut enchaîné dans une prison : l’année étant presque révolue, il entendit dans le faîte de la maison, quelques vers qui se parloient ; l’un demandoit s’il restoit encore beaucoup de la poutre à ronger, et les autres lui répondoient qu’elle étoit presque finie. Mélampe demanda alors qu’on le transférât sur le champ dans une autre chambre : celle qu’il venoit de quitter, étant tombée peu de temps après son départ, Phylacus étonné, et apprenant qu’il étoit un excellent devin, le délivra, et lui demanda par quel moyen Iphiclus, son fils, parviendroit à avoir des enfants ? Mélampe lui promit de le lui dire, s’il vouloit lui donner ses bœufs pour récompense. Phylacus les lui ayant promis, Mélampe sacrifia deux taureaux, et les ayant coupés par petits morceaux, il invita les oiseaux à manger. Dans le nombre se trouvoit un vautour qui lui apprit que Phylacus, taillant un jour des béliers dans ses champs, avoit posé auprès d’Iphiclus son couteau tout ensanglanté ; l’enfant s’étant enfui saisi de frayeur, Phylacus ramassa le couteau, et le piqua dans un chêne sacré ; il l’y oublia, et le chêne en croissant l’enveloppa de son écorce : le vautour ajouta que, pour qu’Iphiclus pût avoir des enfants, il falloit retrouver le couteau, en racler la rouille, et lui en faire boire pendant dix jours, Mélampe le retrouva, fit boire de la rouille à Iphiclus, qui eut un fils nommé Podarque. Mélampe emmena ensuite les bœufs à Pylos, et ayant obtenu par ce moyen la fille de Nélée, il la maria à Bias, son frère. Il demeura quelque temps dans la Messénie, mais Bacchus ayant rendu folles les femmes d’Argos, il les guérit moyennant la cession qu’on lui fit d’une partie du royaume d’Argos, et il s’y établit avec son frère Bias.

§ 13. De Bias et de Péro naquit Talaüs, qui eut de Lysimaque, fille d’Abas, fils de Mélampe, Adraste, Parthénopée, Pronax, Mécisiée, Aristomaque et Eryphile, qu’Amphiaraiïs épousa. De Parthénopée naquit Promaque, qui se trouva avec les Epigones à la guerre de Thèbes. Euryale qui alla au siège de Troyes, étoit fils de Mécistée, et Lycurgue étoit fils de Pronax. D’Adraste et d’Amphithée, fille de Pronax, naquirent trois filles, Argie, Déïpyle et Ægialée, et deux fils, Ægialéus et Cyanippe.

§ 14. Phérès, fils de Créthée, fonda Phéres dans la Thessalie ; il eut pour fils Admète et Lycurgue. Lycurgue, qui habitoit les environs de Némée, épousa Eurydice, ou, suivant d’autres, Amphithée ; il en eut pour fils Opheltes, connu sous le nom d’Archémore.

§ 15. Admète étoit roi de Phéres : Apollon étoit à son service à l’époque où il recherchoit en mariage Alceste, fille de Pélias ; ce dernier ayant promis de la donner à celui qui lui amèneroit un char attelé d’un lion et d’un sanglier, Apollon attela ces deux animaux à un char, et Admète l’ayant présenté à Pélias, obtint sa fille en mariage. Faisant un sacrifice à ses noces, il oublia Diane, et lorsqu’il voulut entrer le soir dans sa chambre pour se coucher, il la trouva pleine de serpents entortillés. Apollon lui ayant conseillé d’apaiser la déesse, obtint en outre des Parques que lorsqu’Admète seroit sur le point d’expirer, il seroit rendu à la vie si quelqu’un vouloit mourir pour lui. Etant près de sa dernière heure, et son père et sa mère s’étant refusés à perdre la vie pour lui, Alceste se dévoua à sa place, et Proserpine la renvoya, ou, comme d’autres le disent, Hercules l’enleva à Hadès, en se battant contre lui52.

§ 16. Jason étoit fils d’Eson fils de Créthée, et de Polymède, fille d’Autolycus 3. Il ha- bitoit Iolchos, dont Pélias étoit roi après la mort de Créthée 4. Les dieux ayant averti Pélias qui les consultoit sur le sort de son royaume, de se méfier de celui qui n’auroit qu’un pied chaussé, il ne sut d’abord ce que signifioit cet oracle ; mais il en eut bientôt l’intelligence ; faisant en effet auprès de la mer un sacrifice à Neptune, il y avoit invité plusieurs personnes, et Jason, entre autres. Ce dernier, qui demeuroit à la campagne par goût pour l’agriculture, s’empressa d’y venir ; il perdit un de ses souliers en traversant le fleuve Anaurus et en sortit avec un seul pied chaussé. Pélias y ayant pris garde et se rappelant de l’oracle, s’approcha de lui et lui demanda ce qu’il feroit, en ayant le pouvoir, s’il lui avoit été prédit qu’il seroit tué par quelqu’un de ses concitoyens. Alors, soit cela lui vint naturellement à l’idée, soit que que cela lui fut inspiré par Junon qui, irritée de ce que Pélias ne lui rendoit aucun culte, vouloit faire venir Médée dans la Grèce pour ’55 9 T : L L Digitized by Google son malheur, Jason répondit qu’il lui ordonneroit d’apporter la toison d’or ; et Pélias lui ordonna aussitôt d’aller la chercher. Cette toison étoit à Colchos , suspendue à un chêne, dans un bois consacré à Mars, et gardée par un dragon qui ne dormoit jamais.

Jason ayant reçu cet ordre, fit venir Argus, fils de Phrixus, qui lui construisit, sous la direction de Minerve, un vaisseau à cinquante rames qu’on nomma Argos, à cause de celui qui l’avoit fabriqué. Minerve ajusta à la proue une pièce de hêtre parlant de la forêt de Dodone : lorsque le vaisseau fut achevé , Jason consulta l’oracle, qui l'exhorta à partir après avoir rassemblé les principaux de la Grèce. Ceux qui se rassemblèrent pour cette expédition, furent : Tiphys , fils d’Hagnius, qui fut chargé de la conduite du vaisseau ; Orphée , fils d’Œagre ; Zétès et Calaïs, fils de Borée ; Castor et Pollux, fils de Jupiter ; Télamon et Pélée, fils d’Æaque ; Hercules, fils de Jupiter ; Thésée, fils d'Ægée ; Idas et Lyncée, fils d'Apharée ; Amphiaraiüs, fils d’Oiclès ; Coronus, fils de Cænée ; Palæmon, fils de Vulcain ou d’Ætolus ; Céphée, fils d’Aléus ; Laërtes, fils d’Arcisius ; Autolyeus, fils de Mercure ; Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 1.djvu/120 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 1.djvu/122 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 1.djvu/124 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 1.djvu/126 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 1.djvu/128 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 1.djvu/130 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 1.djvu/132 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 1.djvu/134 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 1.djvu/136 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 1.djvu/138 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 1.djvu/140 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 1.djvu/142 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 1.djvu/144 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 1.djvu/146 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 1.djvu/148

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« J’ai chanté l’invincible nécessité de l’ancien Chaos ; Cronus qui produisit Æther, et l’auguste Amour qui a les deux sexes et qui lance des traits de feu, le père célèbre de l’éternelle nuit, et que les hommes nomment Phanès, parce qu’il a paru le premier ».

Ce Phanès joue un grand rôle dans la théogonie d’Orphée, et dans son hymne V il lui donne les noins de Protogone, ou premier né, et de Priape. Il étoit probablement désigné par le Phallus qu’on portoit en grande pompe dans beaucoup de cérémonies religieuses. Φαλλὸς ou φαλὸς vient de φαω, primitif de φαίνω, d’où vient φάνης. Le membre viril étoit son symbole, parce qu’on le regardoit comme le principe de toute génération.

Suivant Proclus, dans son commentaire sur le Timée de Platon (p. 137 et 291), voici quelle étoit la théogonie d’Orphée. Phanès, la Nuit, Uranus, Cronus, Jupiter et Dionysus régnèrent successivement sur les dieux. Phanès se produisit lui-même, et comme il avoit les deux sexes, il produisit tout seul la Nuit. Ayant eu commerce avec elle, il en eut la Terre et Uranus, qui produisirent ensemble les Titans et les Titanides.

On trouve dans le poëme des Argonautes par Apollonius de Rhodes, une autre théogonie que ce poëte fait chanter à Orphée ; il dit de lui : « il chantoit encore comment Ophion et Eurynome, fille de l’Océan, régnèrent sur l’Olympe, jusqu’à ce qu’ils en furent chassés et précipités dans les flots de l’Océan par Saturne et Rhéa, qui donnèrent des lois aux heureux Titans » (L. i, v. 503 et p. 36, traduction de M. Caussin). On pourroit croire qu’Apollonius a inventé cette théogonie, si on n’en trouvoit pas des traces dans beaucoup d’autres auteurs ; il paroît en effet que c’étoit la théogonie de Phérécyde, et elle est expliqués un peu plus clairement dans le passage suivant de Celse, rapporté par Origène contre Celse (L. vi, p. 303 et 252 de la traduction française) : « Phérécyde, beaucoup plus ancien qu’Héraclite, représente dans une fable mystérieuse deux armées ennemies, dont l’une a pour chef Saturne, et l’autre Ophionée : il raconte leurs défis et leurs combats, suivis de cette convention mutuelle, que celui des deux partis qui seroit repoussé dans l’Océan, se confesseroit vaincu, et que les autres qui y auroient précipité leurs ennemis demeureroient, comme vainqueurs, les maitres du ciel ». Maxime de Tyr (dissert. x, § 4). Voyez toute la mythologie de ce Syrien, Jupiter et Chthonia, l’Amour parmi tout cela, la naissance d’Ophion, le combat des Dieux et le manteau ». Boèce, dans son commentaire sur Porphyre, L. iii, p. 73, quantum enim ad veteres theologos, refertur Jupiter ad Saturnum, Saturnus ad cœlum, cœlum vero ad antiquissimum Ophionem ducitur, cujus Ophionis nullum principium est. « Quant aux anciens théologiens, ils font précéder Jupiter par Saturne, Saturne par le Ciel et le Ciel par l’ancien Ophion, dont on ne connoît point le commencement ». On peut voir aussi le scholiaste de Lycophron, v. 1191, celui d’Æschyle (Prométhée, v. 955), qui se trompe, à ce que je crois, en disant qu’Æschyle a entendu parler d’Ophion et d’Eurynome ; il est plus probable en effet qu’il parle d’Uranus et de Saturne, après lesquels Jupiter fut le troisième souverain du Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/9 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/10 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/11 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/12 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/13

Plusieurs écrivains anciens avoient cherché à expliquer historiquement la généalogie des Titans, et Diodore de Sicile a rapporté trois opinions là-dessus. Suivant la première (L. iii, C. 36 et suiv.), les Titans avoient réellement existé dans le pays des prétendus Atlantes. Uranus, roi de ce pays, avoit eu, disoit-on, de plusieurs femmes, quarante-cinq enfans, dont dix-huit étoient nés de Titée, et avoient pris d’elle le nom de Titans. Il raconte ensuite les principaux événemens de la Mythologie, comme étant réellement arrivés dans ce pays. Les Crétois prétendoient qu’ils étoient nés chez eux (L. v, C. 66) d’Uranus et de Titée, ou de Titée et de l’un des Curetés, et qu’ils habitoîent les environs de Gnosse. Enfin, dans un fragment cité par Eusébe (prépar. Evang., L. ii, C. 2), il dit, d’après Evhémère, qu’il y a dans l’Océan une ile nommée Panchée, qu’Evhémère disoit avoir visitée ; il y avoit vu un temple dans lequel étoit une colonne, sur laquelle étoit gravée l’histoire d’Uranus, de Saturne et de Jupiter. Uranus avoit régné le premier, il avoit eu de Vesta deux fils, Titan et Saturne, et deux filles, Rhéa et Cérés. Saturne lui succéda, et ayant épousé Rhéa, il en avoit eu Jupiter, Junon et Neptune. Il avoit ensuite arrangé à sa manière tout ce qu’on raconte de ces premiers temps, et on peut voir une partie de son récit dans les fragmens de la traduction d’Ennuis que Lactance a rapportés (Divin. Institut., L. i, C. 11, 13, 14, 22), et dans les fragmens d’Ennius par Hesselius. On peut voir aussi le jugement qu’en portoit le savant Fréret, dans les éclaircissemens de M. de Sainte-Croix sur son ouvrage intitulé : Recherches sur les mystères Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/15 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/16 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/17 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/18 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/19 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/20 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/21 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/22 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/23 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/24 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/25 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/26 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/27 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/28 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/29 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/30 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/31 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/32 qui les avoit eues de la nymphe Pimpléïs. On les nommoit Nilô, Tritoé, Asope, Heptapole, Achéloïs, Tipoplô et Rhodie. Quelques autres, suivant Arnobe (L. iii, p. 121), disoient qu’elles étoient au nombre de huit. Il paroit, à ce que dit Pausanias (L. ix, C. 29), que lorsque Otus et Ephialte, fils d’Aloés, introduisirent leur culte dans la Grèce, ils n’en reconnurent que trois, qu’on regardoit comme filles d’Uranus et de la Terre, et on les nomma Mélété, Composition ; Mnémé, Mémoire ; et Aœdé, Chant. Comme la mémoire étoit alors presque le seul moyen qu’on employât pour conserver la tradition des événemens, et que toutes les compositions étoient en vers, et par conséquent en musique (car la poésie et la musique furent long-temps inséparables) ; ces noms suffisaient pour personnifier les connoissances ; ces connoissances s’étant multipliées par la suite, on créa de nouvelles Muses pour y présider. Piérus fut, suivant Pausanias (L. ix, C. 29), le premier qui en porta le nombre à neuf, soit que cela lui eût été ordonné par un Oracle, soit que cette idée lui eût été suggérée par les Thraces ses voisins, qui étoient beaucoup plus avancés en connoissances que les Macédoniens, et qui surtout s’occupoient beaucoup plus de religion. Strabon (L. x, p. 722) pense comme Pausanias, que le culte des Muses venoit de la Thrace ; « on peut s’en convaincre, dit-il, par les lieux dans lesquels les Muses sont honorées ; Piérie, Olympe, Pimplée et Libéthre étoient anciennement des cantons, ou des montagnes de la Thrace qui sont maintenant occupées par les Macédoniens. Ce furent les Thraces qui habitoient la Bœotie, qui consacrèrent aux Muses l’Hélicon et Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/34 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/35 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/36 leur défendit de rien Sacrifier qui eût vie ; c’est au moins ce qu’on peut conjecturer, par les hymnes qui nous restent sous son nom, et qui contiennent sans doute sa doctrine ; les parfums sont en effet les seules offrandes dont il y soit question. Il étoit, à ce qu’il paroit, contemporain des Argonautes.

15.. Voyez les Métam. d’Ovide, L. iv, v. 86 et suiv.

16.. Hermésianax, poëte élégiaque, du siècle d’Alexandre, est le plus ancien des poëtes que nous connoissons, qui ait parlé de cette descente d’Orphée aux enfers, dans une élégie rapportée par Athénée (L. xiii, p. 597), et que Ruhnkenius a publiée avec des notes à la fin de ses Epistolœ criticœ ; mais il donne à la femme d’Orphée le nom d’Agriope, tandis que tous les autres la nomment Eurydice. Tout le monde connoit la description que Virgile a faite de sa mort, et de la descente d’Orphée aux enfers, dans ses Géorg., L. iv, v. 55 et suiv.

17.. Diodore de Sicile (L. i, C. 23 et 96), Lactance (Divin. instit., L. i, C. 22) et Théodoret (T. iv, p. 722) attribuent aussi à Orphée l’introduction dans la Grèce des mystères de Bacchus ; mais Hérodote (L. ii, C. 49) dit qu’ils y furent apportés par Mélampe, fils d’Amythaon. On peut concilier ces deux traditions, en supposant que Mélampe les apporta d’abord, et que par la suite Orphée y fit quelques changemens. Ce culte, en effet, subit plusieurs variations, comme on peut le voir dans le savant mémoire de Fréret (Mém. de l’Acad. des Inscrip., T. xxiii, p. 242). Mais cela ne peut passe concilier avec ce que disoit Æschyle, qu’Orphée ne rendoit aucun culte à Bacchus : que le Soleil, qu’il adoroit sous le nom d’Apollon, étoit, suivant lui, le plus grand des dieux, et qu’il alloit tous les matins sur Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/38 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/39 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. 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Il y avoit eu, suivant le schol. de Pindare (Argum. 1°. in Pythia), deux dieux de ce nom, l’un, fils de Mercure et de Pénélope, et l’autre fils de Jupiter et de Thymbris ; ce fut ce dernier qui enseigna l’art de la divination à Apollon. Nonnus, dans ses Dionysiaques (L. iv, v. 87), en reconnoît aussi deux, tous les deux fils de Mercure, qui les avoit eus, l’un, de Soso, et l’autre de la nymphe Pénélope. Suivant Pindare, cité par Servius (Géorgiques, î, 16), il étoit fils d’Apollon et de Pénélope. Le même scholiaste dit que, suivant d’autres, il étoit fils d’Æther et de Junon. Le schol. de Théocrite (id. i, v. 123) lui donne aussi Æther pour père, mais il lui donne pour mère Œnéis. Il dit ailleurs (id. i, v. 3), que suivant Aristippe, il étoit fils de Jupiter et d’Œnéis. Hérodote dit que c’étoit le dieu dont le culte étoit le plus récent chez les Grecs, et il se fonde sur ce qu’ils le disoient fils de Mercure et de Pénélope, qui vivoit du temps de la guerre de Troyes ; mais nous avons vu que ce n’étoit pas l’opinion des Arcadiens, qui étoient de tous les Grecs ceux chez qui le culte de ce dieu étoit le plus ancien, et qui le regardoient comme indigène. On peut voir dans Hérodote (L, vi, C. 109) comment son culte fut introduit à Athènes, lors de la guerre des Perses, d’après la vision d’un certain PhiPage:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/48 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/49 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/50 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/51 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/52 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/53 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. 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CHAPITRE VII.

Note 1. Nous avons déjà vu (C. ii, note 6) la généalogie de Prométhée ; elle ne nous apprend point si c’étoit un personnage historique. Hérodore, cité par le schol. d’Apollonius de Rhodes (L. ii, v. 1253), dit que ses Etats étoient dans la Scythie, ce qui me paroit peu vraisemblable. Les premiers pays où Deucalion son fils s’établit furent, suivant Denys d’Halicarnasse (A. R. L. i, C. 17), l’Ætolie et la Locride ; et d’après cela, je crois qu’il étoit venu du Péloponnèse. Nous verrons effectivement par la suite qu’Atlas, frère de Prométhée, habitoit l’Arcadie. Le mot Προμηςεύς, qui signifie prévoyant, me paroît un nom allégorique plutôt qu’un nom propre. Il n’est point question de lui dans Homère. Hésiode, qui est le premier qui en parle, ne lui attribue point la création de l’homme ; il semble seulement supposer que la première femme fut formée de son temps, ou plutôt, qu’une nouvelle race de femmes fut créée à cette époque ; car il dit très-positivement que le genre humain existait déjà, puisque Prométhée vola le feu pour le lui communiquer, et que ce fut pour l’en punir que Jupiter forma cette femme. Æschyle ne lui attribue pas non plus la création des hommes, mais Prométhée se glorifie, dans la tragédie qui porte son nom, de s’être opposé à ce que Jupiter détruisit le genre humain (v. 244 et suiv.) ; ce qui suppose qu’il étoit créé depuis long-temps. Ce n’est donc que postérieurement à Æschyle qu’on a imaginé cette création. Quoi qu’il en soit, il en est déjà question dans Platon, et l’on ne sera pas fâché de voir ici comment Protagoras la raconte dans le dialogue qui porte son nom. (T. 3, p. 107, ed. Bip.)

« Il fut un temps où les Dieux existoient, mais où l’espèce humaine étoit dans le néant ; l’époque fixée par les destins pour sa création étant arrivée, les Dieux formèrent les animaux dans l’intérieur de la terre, d’un mélange de terre, de feu, et de tout ce qui peut s’allier avec ces deux élémens. Le moment de les produire à la lumière étant venu, les dieux chargèrent Prométhée et Epiméthée de les orner et de les douer des qualités qui convenoient à chacun. Epiméthée pria son frère de lui laisser ce soin : vous examinerez, lui dit-il, mon opération lorsqu’elle sera terminée. Prométhée ayant consenti à cela… Epiméthée, qui n’étoit pas fort habile, épuisa en faveur des brutes toutes les qualités qu’il avoit à distribuer, de façon qu’il se trouva très-embarrassé lorsqu’il en fut à l’espèce humaine. Prométhée étant arrivé sur ces entrefaites, examina la distribution ; il vit que les animaux étoient bien pourvus de tout ce qui pouvoit servir à leurs besoins, que l’homme seul étoit nu, sans défense et sans armes : cependant le jour fatal où il falloit que l’homme aussi sortit de la terre, approchoit ; ne sachant comment faire pour le mettre en état de se défendre, il déroba à Minerve et à Vulcain la science des arts avec le feu, sans lequel cette science auroît été inutile, et les donna aux hommes, qui se trouvèrent ainsi pourvus des sciences et des arts si nécessaires à la vie ; mais ils n’eurent point la science politique. Jupiter qui en étoit en possession, la tenoit enfermée dans sa citadelle, où il n’étoit plus permis à Prométhée d’entrer, et qui d’ailleurs étoit gardée avec la plus rigoureuse exactitude ; mais comme Minerve et Vulcain avoient un atelier commun, il y pénétra sans beaucoup de peine, et ce fut pour ce larcin qu’il fut puni. »

Il paroît que cette fable est de l’invention de Platon. Æschyle dit aussi que ce fut pour le vol du feu que Prométhée fut puni, et ce dieu se glorifie dans la tragédie de ce poëte, de s’être opposé à ce que Jupiter détruisit les hommes ; de leur avoir fait présent du feu ; de leur avoir fait connoitre l’usage des métaux ; de leur avoir appris à connoitre l’avenir par l’inspection des entrailles des victimes ; enfin, de leur avoir donné les arts et d’avoir introduit la civilisation qui en est la suite (Prométhée, 442 et suiv.). Ælien, dans son histoire des animaux (L. vi, C. 51), raconte d’après Sophocle, Ibycus et plusieurs autres poëtes, que Jupiter, pour récompenser les hommes qui lui avoient découvert le vol du feu fait à Vulcain, leur fit don d’un remède Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/80 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/81 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/82 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/83 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/84 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/85 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/86 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/87 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/88 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/89 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/90 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/91 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/92 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/93 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/94 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/95 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/96 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/97 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/98 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/99 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/100 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/101 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/102 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/103 tuèrent l’un l’autre. Dia prit par la suite le nom de Naxos.

23.. Homère dit qu’Apollon les tua à coups de flèches, avant qu’ils fussent parvenus à l’âge viril ; il a été suivi par Apollonius (L. i, v. 484) et par plusieurs autres poëtes. Il paroit que c’étoit l’ancienne tradition, car le scholiaste d’Homère (Od., L. xi, v. 317), après avoir raconté leur mort comme Apollodore, ajoute : c’est une tradition des modernes. Hygin (Fab. 28) dit qu’ils voulurent violer Diane, et que ce fut Apollon qui envoya la biche. Homère ne dit point où ils furent tués ; mais Pindare (Pyth. 4, 156) et Diodore de Sicile (L. v, C. 51) disent que ce fut dans l’ile de Naxos. Cependant les Bœotiens, suivant Pausanias, montroient leur tombeau auprès d’Anthédon. Philostrate semble dire qu’on voyoit leurs os dans la Thessalie (Heroic., C. i, § 3).

24.. Presque tous les auteurs sont d’accord sur les parens d’Endymion ; mais il n’en est pas de même de son histoire, sur laquelle il y a trois traditions bien distinctes, dont deux se trouvoient dans des ouvrages attribués à Hésiode. Suivant la première, qui avoit été suivie par Pisandre, Phérécydes, Acusilas, Nicandre et Théopompe, Jupiter avoit fait Endymion le dispensateur du trépas, de manière qu’il pouvoit ne mourir que lorsque cela lui plairoit. Suivant la seconde, qui se trouvoit dans l’ouvrage nommé Megalœ Eoœ, il l’avoit admis dans le ciel ; Endymion y étant devenu amoureux de Junon, fut trompé par une nuée, à qui Jupiter avoit donné la forme de cette déesse, et ce dieu le précipita dans le Tartare. Suivant Epiménides, il le condamna seuPage:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/105 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/106 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/107 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/108 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/109 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/110 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/111 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/112 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/113 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/114 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/115 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/116 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/117 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/118 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/119 L. iv, v. 400), dit que, suivant ce poëte, Tydée avoit été élevé par des gardiens de porcs.

18.. Les anciens ne sont pas trop d’accord sur les causes de l’exil de Tydée ; Diodore de Sicile dit qu’il avoit tué Lycopéus et Alcathoüs ses deux cousins (L. iv, C. 65) ; Eustathe, qui dit la même chose, ajoute qu’il les tua parce qu’ils avoient conspiré contre son père, et qu’il tua par mégarde avec eux Mêlas, frère d’Œnée. Apollodore a dit ci-dessus que Lycopéus et Alcathoüs étoient frères d’Œnée ; mais il s’est sans doute trompé, car suivant Diodore de Sicile (L. iv, C. 65) ils étoient cousins de Tydée, et Phénécydes, cité par le scholiaste d’Homère (Il., L. xiv, v. 120), dit que Tydée, encore jeune, voyant son père déjà très-vieux prêt à être détrôné par les fils d’Agrius, prit sa défense et les tua, et qu’il tua involontairement son frère avec eux. Ce frère se nommoit Olénias suivant Apollodore ; Hygin (Fab. 69) le nomme Mélanippus. Il nous est absolument inconnu d’ailleurs.

19.. On a vu dans la note précédente, que suivant Phérécydes, c’étoit Tydée lui-même qui avoit tué les fils d’Agrius, et qui avoit rétabli Œnée sur le trône. Pausanias (L. ii, C. 25), Antoninus Liberalis (narr. 37), le schol. d’Aristophane (Acharn., v. 17), et Hygin (Fab. 175), attribuent tout cela à Diomèdes ; et Ephore, cité par Strabon (L. x, p. 109), dit que ce fut au retour de la guerre des Epigones que Diomèdes, accompagné d’Alcmæon, alla remettre Œnée sur le trône. Quelques auteurs, tels qu’Antoninus Liberalis (narr. 37) et Hygin Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/121 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/122 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/123 Sophocles, dans son Athamas, lut donne le nom de Néphèlé ; enfin, suivant Phérécydes, elle se nommoit Themisto. » On voit qu’il s’agit dans ce passage de la belle-mère de Phrixus, et non de sa mère, comme le dit M. Sturz, dans son recueil des fragmens de Phérécydes, p. 170. Mais il est probable que ce passage est tronqué. On y lit que, suivant Sophocles, Néphélé étoit la belle-mère de Phrixus ; mais nous avons vu par le scholiaste d’Aristophane, que c’était sa mère elle-même que Sophocles nommoit Néphélé, comme tous les autres. Je ne crois pas non plus que Pindare ait nommé Démoticé, ou plutôt Démodicé la femme d’Athamas. Hygin dans son Poeticon Astronomicon (L. ii, C. 20), nous apprend que, suivant quelques auteurs, Démodicé étoit femme de Crethée, frère d’Athamas ; elle devint amoureuse de Phrixus son neveu, et comme elle ne put le faire consentir à ses désirs, elle l’accusa auprès de Crethée d’avoir voulu la violer ; Crethée s’en plaignit à Athamas, et exigea de lui qu’il punit son fils ; il s’y disposait, lorsque Néphélé l’enleva avec Hellé sa sœur, et les mit sur le bélier. Il est probable que cette histoire est celle que Pindare racontait dans ses hymnes.

3.. Suivant Phérécydes, cité par le scholiaste de Pindare (Pyth. 4, 288), Phrixus s’offrit lui-même jour être sacrifié pour son pays. Hygin dit la même chose dans sa deuxième fable.

4.. Le bélier que Néphélé donna à ses enfans étoit, suivant Hygin (Fab. 3 et 188), et le schol. de Germanicus (v. 223), né de Neptune et de Théophane, fille de Bysalte. Théophane étoit très-belle, et elle étoit recherchée par beaucoup de prétendans ; Neptune l’enleva et la transporta dans l’ile Crimisse ou Cromyuse. Ses ainans l’ayant suivie, Neptune se changea en belier, transforma Théophane en brebis, et tous les habitans de l’ile en moutons. Les amans de Théophane ayant débarqués, et ne trouvant aucun homme, se mirent à tuer des moutons pour se nourrir. Alors Neptune les changea eux-mèmes en loups. Etant sous cette forme de belier il jouit de Théophane, qui en conçut le belier à toison d’or. La toison de ce belier étoit tantôt blanche, tantôt pourpre, suivant Simonides (Apollon. schol, , L. iv, 177). Philostephanus dit que ce fut le belier lui-même qui avertit Phrixus et Hellé du projet d’Athamas, de les sacrifier (Homeri schol., Il. 7, 86) ; et en effet il étoit doué de la parole, suivant Hécatée et plusieurs autres auteurs (Apollonii schol., i, 250). Enfin, suivant Denys de Mytilène ou plutôt de Milet, cité par le scholiaste d’Apollonius (L. i, 256, et iv, 177), Crius ou Belier étoit le gouverneur de Phrixus ; ayant eu connoissance du projet d’Athamas, il l’en avertit et s’enfuit avec lui. Voyez au reste sur ce belier Bachet de Méziriac sur Ovide, T. ii, p. 131 et suiv.

5.. On voyoit dans la Chersonnèse de la Troade le tombeau d’Hellé (Hérodote, L. vii, C. 58). Cependant, suivant quelques auteurs, elle fut sauvée par Neptune, qui en eut un fils nommé Pæon (Eratosthènes Catastér., C. 19). Hygin, qui a traduit Eratosthènes, et qui l’avoit plus ample qu’il ne nous est Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/126 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/127 fuyoit tenant Mélicertes. Ino se voyant prête à être atteinte, se précipita dans la mer. Hygin dit que la fraude fut découverte par celui qu’Ino avoit séduit, qui la fit connoître au moment où Phrixus et Hellé alloient être sacrifiés. Athamas la livra avec Mélicertes son fils, à Phrixus, pour en faire ce qu’il voudrait, et comme il alloit les faire conduire au supplice, Bacchus le priva de la vue, et enleva Ino sa nourrice. Jupiter ayant ensuite rendu Athamas furieux, il tua Léarque son fils, et Ino se précipita avec Mélicertes dans les flots. Ovide dit que ce fut une servante qu’il aimoit, qui découvrit à Athamas la fraude qu’Ino avoit employée pour faire périr ses enfans (Fastes, L. vi, v. 551), mais il paroit qu’il a voulu concilier deux traditions différentes ; Plutarque (Questions Rom., t. vii, p. 84) dit qu’Ino étant jalouse d’une servante Æolienne, nommée Antiphéra, dont elle croyoit son mari amoureux, devint furieuse, et fit périr son fils. Ils ajoutent tous les deux, que c’étoit par cette raison qu’on ne laissoit pas approcher les esclaves de son temple. Euripides dit dans Médée (v. 1284), qu’Ino tua ses deux fils. Il avoit fait lui-même une tragédie sur ce sujet, dans laquelle il s’écartoit de toutes les traditions reçues, au moins suivant l’extrait qu’Hygin en a donné. Ino, suivant lui, s’étant égarée dans les bois, en célébrant les Bacchanales, Athamas la crut perdue, et épousa Thémisto, fille d’une nymphe, dont il eut deux fils. Ayant appris ensuite qu’Ino étoit sur le Parnasse, il l’envoya chercher, et la fit venir chez Jui sans la faire connoître. Thémisto ayant appris qu’Ino étoit retrouvée, mais ignorant qu’elle fut dans sa maison, Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/129 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/130 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/131 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/132 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/133 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/134 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/135 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/136 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/137 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/138 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/139 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/140 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. 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Clavier), vol. 2.djvu/155 dit que, suivant Hésiode, la mère de Jason se nommoit Polyméle ; mais je crois qu’il faut lire Polyméde, comme dans Apollodore et dans le schol. de Lycophron (v. 173) : le Δ et le Λ sont deux lettres qui se confondent fréquemment. Il en est peut-être de même d’Hérodore, cité par le schol. d’Apollonius (L. i, v. 45). Il la nomme Polyphème ; mais comme il dit aussi qu’elle étoit fille d’Autolycus, il paroît qu’il avoit suivi la même tradition, et que la différence de noms ne provient que de quelque erreur de copiste. Suivant une autre tradition, qui avoit été suivie par Phérécydes (Homeri schol. Odyss. 12, 70), et par Apollonius de Rhodes (L. i, v. 45 et 230), Jason étoit fils d’Alcimède, fille de Phylaque et de Clymène, fille de Minyas. (Cette Clymène est sans doute la même que celle qui, suivant l’auteur du poëme des Retours, cité par Pausanias (L. x, C. 29), avoit épousé Céphale, fils de Deionée, dont elle avoit eu Iphiclus. Si ce qui suit dans Pausanias ne prouvoit pas que c’est bien de Céphale qu’il a voulu parler, on croiroit qu’il y a une faute dans son texte ; car nous voyons par Phérécydes, et par Apollonius de Rhodes, que Clymène, fille de Minyas, avoit épousé Phylaque et en avoit eu un fils nommé Iphiclus, ce qui établit une parfaite identité entre elle, et celle dont parle Pausanias ; c’est pourquoi je serois tenté de croire qu’il avoit lu le poëme des Retours dans quelque exemplaire vicieux, ce qui n’étoit pas rare de son temps, et qu’occupé comme il l’étoit d’un ouvrage de longue haleine, il n’aura pas réfléchi sur la leçon qu’il y trouvoit). Suivant Stésichore, Alciméde étoit fille d’Etéoclyméne, aussi fille de Minyas (Apollonii schol. i, 230). On peut voir sur les Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/157 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/158 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/159 Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. 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