Bibliothèque historique et militaire/César/Guerre des Gaules/Livre 8

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LIVRE HUITIÈME.

supplément de la guerre des gaules, par hirtius pansa.
Préface de l’Auteur. — Nouvelle révolte de la Gaule : guerre contre ceux du Berri du pays Chartrain et du Beauvoisis. — Expoits de Fabius et de Caninius. — Siége de Cahors. — Arrivée de César en Aquitaine. — Quelles furent les causes et les semences de la guerre civile.
An avant J. C. 51, de Rome 603.

Pressé par vos sollicitations assidues, mon cher Balbus, et voyant que vous rejetiez mes excuses non sur la difficulté du sujet, mais sur ma paresse, je me suis engagé dans une entreprise bien difficile. J’ai continué les Commentaires de César relativement à la guerre des Gaules ; ce que j’ai fait ne sera comparable ni à ce qui précède ni à ce qui suit. J’ai aussi terminé ce qu’il a laissé imparfait depuis les événemens d’Alexandrie ; je l’ai achevé, non jusqu’à la fin de la guerre civile, qui dure malheureusement encore, mais jusqu’à la mort de César. Je demande en grâce, à ceux qui pourront parcourir mon travail, d’être bien convaincus que je m’en suis chargé malgré moi, et que je ne suis ni assez téméraire ni assez vain pour vouloir égaler mes écrits à ceux de ce grand homme. Tout le monde reste persuadé avec justice que rien n’est écrit avec plus d’élégance et de dignité que ses ouvrages, quoiqu’il ne les ait composés que pour servir de mémoires aux historiens. Ils sont si généralement estimés, qu’il paraît avoir ôté à tous les auteurs t’envie d’écrire après lui sur les matières qu’il a traitées. J’ai bien plus que les autres sujet de les admirer : ils n’en voient que la beauté et la pureté du style ; et moi je sais encore avec quelle facilité, quelle promptitude il les a composés car s’il possédait a fond le talent d’écrire et de s’exprimer noblement, il avait aussi celui de donner à ses pensées la plus grande clarté. De plus j’ai eu le désavantage de ne m’être trouvé ni à la guerre d’Alexandrie, ni à celle d’Afrique. Il est vrai que j’ai appris de sa propre bouche une partie de ce qui s’y est passé ; mais il y a bien de la différence entre connaître ces faits, et pouvoir en parler comme témoin oculaire, et n’en être informé que comme curieux admirateur de la nouveauté. Mais je finis, de peur que, cherchant à m’excuser d’être mis en parallèle avec César, on ne me croie assez présomptueux pour m’imaginer qu’il se trouvera quelqu’un qui me juge digne d’être comparé à ce grand modèle.

1. Après avoir soumis la Gaule, César qui, pendant toute la campagne, n’avait pas déposé les armes un seul instant, songeait à faire reposer ses troupes en des quartiers d’hiver, lorsqu’il apprit que plusieurs de ces nations méditaient une nouvelle guerre, et se liguaient ensemble à ce dessein. Elles se fondaient sur une raison assez vraisemblable car, sachant par expérience que toutes leurs forces réunies ne tiendraient jamais contre les Romains, elles espéraient qu’en se portant sur plusieurs points à la fois, nous n’aurions ni assez de temps, ni assez de secours ni assez de troupes pour faire face à tout. Sur ce plan elles décidèrent qu’aucune cité ne refuserait de supporter les plus grands sacrifices pour assurer la liberté générale.

2. Afin de ne pas les laisser se fortifier dans cette opinion, César donne la garde de ses quarsiers d’hiver au questeur M. Antoine, part d’Autun te dernier de décembre avec sa cavalerie, et va joindre la douzième légion qu’il avait établie sur les frontières du Berri, peu loin du territoire d’Autun, lui joignant la onzième qui était tout proche. Ensuite, ayant laissé deux cohortes pour garder le bagage, il fit entrer le reste de son armée sur les terres fertiles des habitans du Berri, qui, possédant un grand territoire, où il y avait plusieurs villes, et ne voyant chez eux qu’une légion, n’avaient pu s’empêcher de cabaler et de se préparer à la guerre.

3. À l’arrivée subite de César, ils éprouvèrent ce que devaient nécessairement ressentir des hommes non préparés et dispersés de côté et d’autre ; cultivant leurs terres sans aucune défiance, ils furent accablés par notre cavalerie, avant qu’ils pussent gagner les villes car César avait expressément défendu de mettre le feu nulle part, signe ordinaire de la venue des ennemis, de peur d’épouvanter les habitans, et de ne trouver ni vivres ni fourrages en cas où il voulût pousser plus loin. Il fit un grand nombre de prisonniers ; et ceux que la crainte précipita chez les voisins à notre première arrivée, ou qui se crurent en sûreté chez eux ou chez leurs alliés, s’en flattèrent en vain parce qu’il se trouvait partout, sans donner le temps à aucun de ces peuples de penser au salut des autres plutôt qu’au sien propre. Par cette extrême diligence, il conserva ces fidèles amis et, grâce à la terreur qu’il sut inspirer, il détermina ceux qui balançaient à se soumettre. Lorsque les peuples du Berri virent toutes les nations voisines donner des otages et être reçues à composition, et que la clémence de César Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 3, 1840.djvu/127 Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 3, 1840.djvu/128 Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 3, 1840.djvu/129 Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 3, 1840.djvu/130 Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 3, 1840.djvu/131 Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 3, 1840.djvu/132 Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 3, 1840.djvu/133 Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 3, 1840.djvu/134 Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 3, 1840.djvu/135 Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 3, 1840.djvu/136 Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 3, 1840.djvu/137 Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 3, 1840.djvu/138 Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 3, 1840.djvu/139 Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 3, 1840.djvu/140 Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 3, 1840.djvu/141 Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 3, 1840.djvu/142 les Parthes, avaient été remises à Pompée par le consul Marcellus et qu’elles resteraient en Italie. Cette démarche ne permettait plus de douter que ses ennemis ne voulussent tourner leurs armes contre lui ; cependant il résolut de tout souffrir, tant qu’il lui resterait quelque espérance de faire valoir ses droits par les voies de la justice, plutôt que de s’engager dans une guerre.


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