Bibliothèque historique et militaire/Histoire générale/Livre XL

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Histoire générale
Traduction par Vincent Thuillier.
Texte établi par Jean-Baptiste Sauvan, François Charles LiskenneAsselin (Volume 2p. 1031-1037).
FRAGMENS
DU

LIVRE QUARANTIÈME.


I.


Pythéas.


Pythéas était frère d’Acatès et fils de Cléomène. Ses mœurs d’abord furent assez déréglées, mais il se flatta qu’on pardonnerait aisément ce vice à sa jeunesse. Chargé des soins du gouvernement, il ne changea point ; on remarqua toujours en lui la même hardiesse et la même avidité de s’enrichir. Ces vices s’accrurent beaucoup par la faveur d’Eumène et de Philetère. (Vertus et Vices.) Dom Thuillier.


Diæus


Après la mort de Critolaüs, préteur des Achéens, la loi portant que le préteur mort serait remplacé par son prédécesseur, jusqu’à ce que la diète de la nation en choisît un autre ; Diæus reprit le gouvernement des affaires de la ligue achéenne. Revêtu de cette dignité, après avoir envoyé du secours à Mégare, il alla à Argos, et de là il écrivit à toutes les villes de l’État de mettre en liberté ceux de leurs esclaves qui étaient en âge de porter les armes, d’en former un corps de douze mille hommes, de les armer et de les envoyer à Corinthe. Il fit en cette occasion la faute qui lui était assez ordinaire. Cette charge fut imposée sans prudence et sans égalité. De plus, quand dans une maison il n’y avait pas assez d’esclaves pour faire le nombre qu’elle était obligée de fournir, il fallait qu’elle y suppléât par des esclaves étrangers. Il fit plus encore : comme l’État avait été trop affaibli par les guerres soutenues contre les Lacédémoniens, pour porter ce nouveau fardeau, il força les personnes riches de l’un et de l’autre sexe de promettre qu’elles s’en chargeraient en particulier. Enfin il ordonna que toute la jeunesse s’assemblât en armes à Corinthe. Ces ordres remplirent les villes de troubles ; le soulèvement fut universel ; on fut partout pénétré de douleur. Les uns félicitaient ceux qui étaient morts dans les guerres précédentes, les autres portaient compassion à ceux qui partaient ; on les conduisait avec larmes, comme si l’on eût eu quelque pressentiment de ce qui leur devait arriver. Le sort des esclaves qu’on enlevait arrachait les larmes des yeux. Les uns venaient d’être affranchis, les autres attendaient la même grâce ; les riches citoyens étaient obligés, malgré eux, de contribuer à cette guerre de tout ce qu’ils avaient de biens. On arrachait aux femmes leurs parures et celles de leurs enfans, pour les faire servir à leur ruine.

Ce qui était le plus triste, c’est que la peine que causaient ces ordres différens qui se succédaient les uns aux autres détournait l’attention des affaires générales, et empêchait les Achéens de prévoir le péril évident où on les jetait, eux, leurs femmes et leurs enfans. Tous, comme emportés par un torrent impétueux, cédaient à l’impudence et à la fureur de leur chef. Les Éléens et Les Messéniens restaient chez eux et attendaient, en tremblant, la flotte des Romains ; et en effet rien n’eût pu les sauver si la nuée qui devait crever sur eux eût suivi la route qu’elle avait prise d’abord. Les habitans de Patres et les peuples du ressort de cette ville avaient été, peu auparavant, battus dans la Phocide, et leur sort fut le plus à plaindre. Rien de plus déplorable n’était arrivé dans le Péloponnèse. Les uns se donnèrent la mort, les autres, effrayés de ce qui se passait dans les villes, s’en retirèrent et prirent la fuite sans savoir où ils allaient. On en voyait qui se livraient les uns les autres aux Romains comme coupables de leur avoir été contraires. D’autres allaient d’eux-mêmes, et sans qu’on les y obligeât, dénoncer leurs compatriotes. Quelques-uns, en posture de supplians, avouaient, sans qu’on les interrogeât, qu’ils avaient violé les traités, et demandaient par quelle peine ils pourraient expier leur crime. On ne voyait partout que des furieux qui se jetaient dans des puits ou qui se précipitaient du haut des rochers. En un mot, l’état de la Grèce était alors tel que ses ennemis même en auraient été touchés de compassion. Avant ce dernier malheur, les Grecs en avaient déjà éprouvé d’autres, ils avaient été même entièrement abattus, soit par des dissensions intestines, soit par la perfidie des rois ; mais, dans ce temps-ci, ils ne purent s’en prendre qu’à l’imprudence de leurs chefs et à leur propre imbécillité. Pour les Thébains, ils sortirent tous de leur ville et la laissèrent déserte. Pythéas se retira dans le Péloponnèse avec sa femme et ses enfans, errant de côté et d’autre sans savoir où se fixer. (Vertus et Vices.) Dom Thuillier.


Le même.


Pendant que Diæus, après avoir été fait préteur, était à Corinthe, Andronidas vint l’y trouver, de la part de Q. Cæcilius Métellus, et en fut mal reçu. Comme le préteur avait déjà eu soin de le décrier comme un homme qui s’entendait avec les Romains et agissait pour eux, il le livra, lui et sa suite, à la multitude, qui leur fit mille outrages et les chargea de chaînes. Le Thessalien Philon vint aussi faire des offres avantageuses aux Achéens. Quelques-uns du pays, et entre autres Stratius, alors fort âgé, l’écoutèrent avec plaisir. Le bon vieillard, embrassant Diæus, le pria d’accepter les offres qu’on lui faisait. Mais le conseil les rejeta, sous prétexte que Philon s’était chargé de cette commission, non en vue du salut commun de la patrie, mais pour son propre intérêt. Ce fut là le résultat de ce conseil. Aussi ne fit-on rien comme il fallait. Car si la manière dont on s’était conduit ne permettait pas que l’on espérât quelque grâce de la part des Romains, au moins devait-on s’exposer généreusement à tout pour sauver l’État. Voilà ce qu’on attendait de gens qui se donnaient pour chefs de la Grèce. Mais c’est une résolution qu’ils ne pensèrent pas même à prendre. Et comment une telle pensée leur serait-elle venue à l’esprit ? Les premiers de ce conseil étaient Diæus et Damocrite, qui l’un et l’autre venaient d’être rappelés d’exil, à la faveur des troubles qui régnaient. Ils avaient pour assesseurs Alcamène, Théodecte et Archicrate, tous gens dont nous avons peint plus haut le caractère, le génie et les mœurs. Il ne pouvait partir d’un conseil ainsi composé que les résolutions dont il était capable. On fit mettre en prison Andronidas, Lagius et le sous-préteur Sosicrate. On imputa à ce dernier d’avoir consenti, pendant qu’il présidait au conseil, qu’on députât vers Cæcilius, et d’avoir été l’auteur et la cause de tous les maux qu’on avait à souffrir. Le lendemain, des juges assemblés le condamnèrent à mort, et sur-le-champ on le chargea de fers ; on lui fit subir des tourmens tels qu’il expira dans les supplices, sans qu’il lui échappât un mot de ce qu’on espérait. Lagius, Andronidas et Archippe furent relâchés, une partie parce que la multitude s’aperçut de l’injustice qu’on avait faite à Sosicrate, et encore parce qu’Andronidas et Archippe avaient fait présent à Diæus, le premier d’un talent, et l’autre de quarante mines. Car ce préteur était sur ce point d’une impudence et d’une effronterie si grandes, qu’au milieu d’un spectacle il aurait reçu des présens. Philius de Corinthe avait été traité, quelque temps auparavant, de la même manière que Sosicrate. Diæus l’accusa d’avoir envoyé à Chalcis, et d’avoir pris le parti des Romains. Il le fit prendre lui et ses enfans, les fit tourmenter les uns sous les yeux des autres, et les supplices ne finirent que par la mort du père et de ses enfans. On me demandera sans doute comment il s’est pu faire qu’une confusion si universelle et un gouvernement plus dérangé qu’on n’en voit chez des Barbares n’aient pas détruit de fond en comble toute la Grèce. Pour moi, je m’imagine que la fortune, toujours ingénieuse et adroite, prit plaisir à s’opposer aux folies et aux extravagances des chefs. Quoique repoussée de toutes parts, elle voulut, de quelque manière que ce fût, sauver les Achéens ; et pour cela elle se servit du seul expédient qui lui restait : elle fit en sorte que les Grecs fussent aisément vaincus et qu’ils ne tinssent pas long-temps contre les Romains. Par ce moyen elle empêcha que la colère de ceux-ci ne s’emportât trop loin, que les légions ne fussent appelées d’Afrique, et que les chefs des Grecs n’exerçassent quelque cruauté sur les peuples ; ce qu’ils n’auraient pas manqué de faire, avec le caractère qu’ils avaient, s’ils eussent remporté quelque avantage. On n’en doutera nullement pour peu qu’on fasse réflexion sur ce que nous avons dit d’eux. Au reste, le mot qui courut en ce temps-là confirme notre conjecture : « Si nous n’eussions été perdus promptement, disait-on partout, nous n’aurions pu nous sauver. » (Ibid.)


Aulus Posthumius Albinus.


Ce Romain tirait son origine d’une des plus illustres familles de Rome. Il était naturellement grand parleur et vain au suprême degré. Curieux dès son enfance de l’érudition et de la langue grecques, il se livra à cette étude avec une ardeur si démesurée qu’il inspira du dégoût et de l’aversion pour elle aux plus anciens et aux plus distingués des Romains. Il composa même un poëme et écrivit une histoire dans cette langue. Dès le début de celle-ci, il demande grâce à ses lecteurs s’ils trouvent quelques fautes de langage, n’étant pas étonnant qu’un Romain ne possède pas la langue grecque dans la plus grande perfection. On débite là-dessus un bon mot de Marcus Porcius Caton. « Pourquoi, disait-il, s’excuser ? si le conseil des amphictyons lui avait ordonné d’entreprendre cette histoire, l’excuse serait peut-être recevable ; mais après l’avoir entreprise volontairement et sans nécessité, rien n’est plus ridicule que de prier qu’on lui pardonne les fautes qu’on pourra y rencontrer. » Caton avait raison. Un athlète, après avoir donné son nom pour les combats gymniques, serait-il bien venu à dire dans le stade et au moment d’entrer dans la lice : « Messieurs, je vous demande pardon si je ne puis supporter ni la fatigue ni les plaies. » Un tel athlète ne serait-il pas sifflé et puni sur-le-champ ? C’est ainsi que devraient être traités les historiens, pour leur apprendre à ne pas former de projets au-dessus de leurs forces. Posthumius prit encore des Grecs tout ce qui était de plus mauvais dans leurs mœurs. Toute sa vie, il aima le plaisir et détesta le travail. La conjoncture présente nous en fournit une preuve. À la bataille qui se donna dans la Phocide, pour ne pas se trouver dans la mêlée, il prétexta je ne sais quelle incommodité et se retira dans Thèbes. Cependant, après le combat, il fut le premier à mander la victoire au sénat, et lui fit un ample détail de ce qui s’y était passé, comme s’il y eût eu part. (Vertus et Vices.) Dom Thuillier.


Mépris des arts montré par les Romains dans la destruction de Corinthe.


Polybe, en déplorant dans sa narration les événemens qui se sont passés lors de la destruction de Corinthe, rappelle, entre autres choses, ce mépris tout militaire manifesté par les Romains pour tous les ouvrages d’art et pour les monumens publics. Présent à cette prise, il dit avoir vu lui-même des tableaux jetés dans la poussière et des soldats couchés dessus et jouant aux dés, et mentionne particulièrement parmi ces tableaux un Bacchus peint par Aristide, tableau qui, à ce qu’on prétend, avait donné lieu à ce proverbe : « Ce n’est rien en comparaison du Bacchus, et de l’Hercule en proie au venin sorti de la robe que Déjanire lui avait envoyée. » Je n’ai point vu ce dernier, mais j’ai vu le Bacchus placé dans le temple de Cérès, à Rome, ouvrage d’une rare beauté, qui a péri depuis peu dans l’incendie de ce temple. (Strabo Geograph., lib. viii.) Schweighæuser.


Toutes les villes, par des décrets publics, érigèrent des statues à Philopœmen, et lui rendirent les plus grands honneurs ; mais, dans la suite, pendant les temps si malheureux de la Grèce ou Corinthe fut détruite, un Romain entreprit de faire abattre toutes ses statues et de le poursuivre lui-même en justice, comme s’il eût été vivant. Il l’accusait d’avoir été l’ennemi des Romains et de s’être montré malintentionné pour eux. Polybe répondit au plaidoyer de l’accusateur, et quoiqu’il fut vrai que Philopœmen s’était fortement opposé à Titus Flaminius et à Manius, ni le consul Mummius ni ses lieutenans ne voulurent souffrir qu’on détruisît les monumens élevés à la gloire d’un guerrier si célèbre. (Plutarch. in Philopœmene.) Schweigh.


Justification de Philopœmen par Polybe.


Conformément à ce que j’ai dit d’abord de ce précepteur, je fis de sa conduite une assez longue apologie. Je dis qu’à la vérité Philopœmen avait souvent refusé de se rendre d’abord aux ordres des Romains, mais qu’il ne s’en était jamais défendu que pour éclaircir ce qui était en contestation, et que jamais il ne s’en était défendu sans raison ; que l’on ne pouvait douter de son attachement pour les Romains, après les preuves qu’il avait données pendant leurs guerres contre Philippe et Antiochus ; que quelque puissant qu’il fût, tant par lui-même que par les forces de sa ligue, jamais il ne s’était départi de l’alliance faite avec les Romains ; qu’enfin il avait donné les mains au décret par lequel les Achéens, avant que les Romains passassent dans la Grèce, s’étaient engagés à déclarer pour eux la guerre à Antiochus, quoique alors presque tous les peuples de la Grèce fussent peu favorables à Rome. Ce discours fit impression sur les dix députés, et confondit l’accusateur. Ils décidèrent qu’on ne toucherait point aux statues de Philopœmen en quelques villes qu’elles se trouvassent. Profitant de la bonne volonté de Mummius, je lui demandai encore les statues d’Aratus, d’Achée et de Philopœmen, et elles me furent accordées, quoi qu’elles eussent déjà été transportées du Péloponnèse dans l’Acarnanie. Les Achéens furent si charmés du zèle que j’avais témoigné en cette occasion pour l’honneur des grands hommes de ma patrie qu’ils m’érigèrent à moi-même une statue de marbre. (Vertus et Vices.) Dom Thuillier.


Polybe.


Après avoir mis ordre aux affaires de l’Achaïe, les dix députés ordonnèrent au questeur qui devait vendre les biens de Diæus d’en laisser prendre à Polybe tout ce qu’il y trouverait à sa bienséance, sans rien exiger de lui et sans en rien recevoir. Mais non-seulement il ne voulut rien accepter, il exhorta encore ses amis à ne rien souhaiter de ce qui serait vendu par le questeur ; car cet officier parcourait les villes de Grèce et y mettait à l’encan les biens de ceux qui étaient entrés dans les desseins de Diæus et de tous les autres qui, condamnés par les députés, n’avaient ni père et mère, ni enfans. Quelques-uns des amis de Polybe ne suivirent pas son avis, mais tous ceux qui le suivirent furent extrêmement loués. Au bout de dix mois, les députés, se mettant en mer au commencement du printemps pour retourner en Italie, donnèrent ordre à Polybe de parcourir toutes les villes qui venaient d’être conquises, et d’accommoder leurs différends, jusqu’à ce que l’on s’y fût accoutumé au gouvernement qu’on y avait établi, et aux nouvelles lois qui y avaient été données. Polybe s’acquitta de cette commission avec tant de dextérité que la nouvelle forme de gouvernement fut acceptée, et que, ni en général ni en particulier, il ne s’éleva dans l’Achaïe aucune contestation. Aussi l’estime qu’on avait toujours pour cet historien s’augmenta beaucoup dans les derniers temps, à l’occasion de ce que nous venons de raconter. On le combla d’honneurs dans toutes les villes, et pendant sa vie et après sa mort. Cette reconnaissance lui était bien due, car sans le code des lois qu’il composa, pour pacifier les différends, tout eût été plein de trouble et de confusion. Il faut convenir aussi que c’est là le plus bel endroit de la vie de Polybe. (Ibid.)


Mummius.


Les députés sortis de l’Achaïe, ce proconsul, après avoir relevé dans l’isthme le temple qui y avait été détruit, et avoir décoré ceux d’Olympie et de Delphes, visita les villes de Grèce, honoré et reçu partout comme il méritait de l’être. On ne se lassait pas d’admirer sa modération, son désintéressement, sa douceur, et l’on admirait d’autant plus ces vertus que la Grèce, maître comme il en était, lui fournissait plus de facilité à s’enrichir. Si quelquefois il s’est écarté de sa modération ordinaire, comme quand il fit massacrer la cavalerie de Chalcis, je crois qu’on doit moins lui imputer cette faute qu’aux amis qui le suivaient. (Vertus et Vices.) Dom Thuillier.


II.


Ptolémée, roi de Syrie.


Ce prince mourut d’une blessure qu’il reçut dans un combat. Selon quelques-uns, c’était un roi digne de grands éloges ; selon d’autres, il n’était digne d’aucun. Il est vrai cependant qu’il était doux et humain autant que jamais roi l’ait été. En voici des preuves. Jamais il ne fit mourir aucun de ses amis, quelque accusation qu’on intentât contre eux. Je ne sache pas non plus que personne à Alexandrie ait été tué par son ordre. Presque chassé du royaume par son frère, quoiqu’il lui fût aisé de se venger à Alexandrie, il lui pardonna sa faute. Il le traita avec la même douceur après son entreprise sur l’île de Chypre. Quoiqu’il fût entre ses mains à Lapithe, loin de le punir comme ennemi, il ajouta des gratifications à celles qu’il était convenu de lui faire, et promit de lui donner sa fille en mariage. D’un autre côté, les heureux succès lui amollirent le courage. La mollesse et la volupté, vices ordinaires aux Égyptiens, s’emparèrent de son cœur et l’entraînèrent dans de grands malheurs. (Ibid.)


III.


Polybe, à la fin de son ouvrage, s’exprime ainsi : Après avoir accompli cette tâche, je revins de Rome comme ayant mis le comble à mes précédens actes politiques ; je n’avais agi d’ailleurs que par amitié pour le peuple romain. Aussi j’adresse des vœux à tous les dieux pour passer à Rome le reste de mes jours, et pour voir la république demeurer au même degré de splendeur ; pour voir même cette fortune éclatante, objet de l’envie des hommes, devenir plus solide à mesure que chaque citoyen s’estimera plus heureux et plus tranquille. Jusqu’à présent les dieux ont voulu que les choses allassent ainsi. (Ibid.)


Parvenu au terme de mon ouvrage, je veux, me rappelant ce que je me proposais au début, récapituler l’œuvre entière, et lier le commencement à la fin, soit par des généralités, soit par des analyses. Nous avons dit d’abord que nous prendrions les choses où Timée les avait laissées. Parcourant alors sommairement les événemens de l’Italie, de la Sicile et de l’Afrique, seuls lieux dont Timée ait fait l’histoire, quand nous en sommes venu à l’époque où Annibal prit le commandement des forces carthaginoises, où Philippe succéda à Démétrius en Macédoine, où Antiochus montait sur le trône de Syrie en même temps que Ptolémée Philopator montait sur le trône d’Égypte, nous avons annoncé à nos lecteurs que cette époque était notre point de départ, et, qu’à compter de la cent trente-neuvième olympiade nous rapporterions les faits généraux de l’histoire du monde, citant par olympiades, subdivisant par années, et rapprochant tous les faits en les comparant, jusqu’à la destruction de Carthage et la bataille livrée par les Romains auprès de l’isthme, jusqu’au bouleversement même qui en fut le résultat en Grèce. Cet ouvrage, avons-nous dit, sera d’une utilité très-précieuse pour les hommes d’étude, qui, au moins, y apprendront par quels moyens et par quelle politique les Romains, vainqueurs de presque tous les peuples de la terre, les ont réduits sous le joug et ont élevé une puissance inouïe jusqu’alors. Cette tâche accomplie, il nous reste à faire connaître les temps qu’embrasse notre histoire, le nombre des livres qui la composent, et la suite des faits qu’elle contient.....




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