Bigot et sa bande/31

La bibliothèque libre.

Le nommé de Ferrière


Le 22 janvier 1758, la petite garnison de Saint-Frédéric assistait dans la chapelle du fort à une cérémonie qui ne se présentait pas souvent dans les forts de la Nouvelle-France. Le Père Récollet Didace Cliché unissait dans les liens du mariage Yves-Jacques Ferrière de Bussé, garde-magasin du fort Saint-Frédéric, à Marguerite Prud’homme, fille de feu Jean-Baptiste Prudhomme et de Marie-Anne Tessier. Le contrat de mariage reçu par le même Père Didace Cliché, la veille du mariage, déclare que le futur marié est le fils de maître Toussaint-René Ferrière, sieur de Bussé, et de Jeanne-Thérèse Ouimet, de la ville de Brest, en Bretagne. Ce contrat de mariage est signé par tous les officiers du fort Saint-Frédéric : MM. Decombre, officier major ; Clapier, cadet à l’aiguillette ; Nioche de Saint-Omer, Maurice Blondeau, commis du munitionnaire, Louis Landriaux, etc., etc. La mariée, Marguerite Prud’homme était la fille d’un cultivateur établi dans les environs du fort et le jeune garde-magasin s’était laissé prendre à ses charmes dès son arrivée à Saint-Frédéric en 1757.

Si le garde-magasin Ferrière commit des illégalités au fort Saint-Frédéric elles ne durèrent pas longtemps car moins de quatre mois après son mariage, il était remplacé dans son office de garde-magasin par le sieur Campeau. Les lettres de nomination de celui-ci disent « à la place du sieur Ferrière, qui s’est retiré ».

En 1763, l’ancien garde-magasin Ferrière fut sommé de comparaître devant le Châtelet de Paris. Il ne se présenta pas et le jugement dans son affaire (10 décembre 1763) dit « qu’il serait plus amplement informé des faits mentionnés au procès. »

M. E.-Z. Massicotte dit quelque part que M. de Ferrière passa en France peu après la Conquête mais qu’il revint au pays et que ses descendants existent encore parmi nous.