Bigot et sa bande/33

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Le nommé Villefranche


L’acte d’accusation contre les profiteurs du régime français dit : « Villefranche, ci-devant garde-magasin au fort Chambly ».

Qui était-il ?

Le 24 juillet 1756, l’intendant Bigot donnait une commission de notaire à Antoine Grisé dit Villefranche pour exercer dans les seigneuries de Chambly et de Rouville.

Grisé dit Villefranche ne pouvait se créer un gros revenu avec sa profession de notaire dans deux seigneuries alors peu peuplées, aussi réussit-il à se faire nommer garde-magasin du fort de Chambly, tout en continuant d’exercer sa profession.

Trouvé coupable d’avoir reçu des présents pour vérifier et dresser des états de rations et de vivres particulièrement mensongères, Grisé dit Villefranche fut condamné le 10 décembre 1763, à être banni de la ville de Paris pour cinq ans et à payer une amende de cinquante livres. La condamnation portée contre lui devait être affichée en place de Grève.

Grisé dit Villefranche, on peut le croire, ne paya pas un sou de l’amende imposée.

Le 12 janvier 1760, le Père de Berey, aumônier des forts Chambly et Saint-Jean, baptisait à Chambly, Joseph Erion, fils de Baptiste Erion. Comme le père ni le parrain ne savaient signer, le Père de Berey appela comme témoin le sieur de Villefranche, commis du chef (sic) pour le munitionnaire. Il signa de Villefranche.

Au procès de 1763, devant le Châtelet de Paris. Villefranche fut accusé d’avoir fraudé le Roi. Il ne se rendit pas en France et le jugement contre lui fut rendu par contumace.

Grisé dit Villefranche, une fois le régime anglais établi, continua à exercer sa profession de notaire à Chambly.

Toutefois, en 1781, les juges Fraser et Hertel de Rouville furent chargés par les autorités de la colonie de réorganiser le notariat dans le district de Montréal. Quelques notaires reçurent des commissions qui leur permettaient d’exercer leur profession dans toute la province. D’autres, entre autres Grisé dit Villefranche, ne pouvaient recevoir des actes que dans la ville et le district de Montréal.[1]

En somme, cette nouvelle délimitation des districts où les notaires pouvaient exercer ne dérangea pas beaucoup le tabellion Grisé dit Villefranche qui continua à rédiger des actes à Chambly et dans les paroisses voisines, jusqu’à sa mort arrivée à Chambly le 14 juillet 1785.

Le greffe de Grisé, qui comprend quelques centaines d’actes, est conservé aux Archives Judiciaires de Montréal.

  1. J.-Edmond Roy, Histoire du notariat au Canada, vol. I, p. 133.