Bigot et sa bande/42

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Le nommé Curot le jeune


Le ministère public avait si peu de renseignements sur les frères Curot que son acte d’accusation les désigne ainsi : « Curot l’aîné, Curot le jeune, ci-devant gardes-magasins successivement au fort de Niagara ».

Il se peut que les frères Curot aient joué des rôles importants dans le commerce après la Conquête mais on comprend que ni l’un ni l’autre n’étaient pressés de déclarer dans des documents publics ou ailleurs qu’ils avaient été compromis dans l’Affaire du Canada.

Pour le présent, donc, tout ce que nous pouvons dire de Curot le jeune c’est qu’il ne comparut pas devant le Châtelet et que celui-ci déclara, le 10 décembre 1763, qu’il serait plus amplement informé contre lui.

Après la Conquête, quelques douzaines de Canadiens français intéressés dans le commerce, désespérant de l’avenir de leur race et prévoyant la ruine de leurs entreprises, s’ils s’opposaient à l’élément anglais, allèrent jusqu’à entrer dans des loges maçonniques pour s’attirer les sympathies des vainqueurs du pays. Des loges maçonniques du rite anglais furent établies à Québec et à Montréal dès 1760 et même à la fin de 1759. On voit les noms de quelques Canadiens français parmi les dignitaires de ces loges.

Dans les minutes de la loge St. Peter’s no 4, la première fondée à Montréal, on voit le nom d’un Charles Curot ou Curotte, marchand assez influent de Varennes, près de Montréal. M. Charles Holmes du service publicitaire Holmes, qui s’intéresse avec succès aux problèmes de la Petite Histoire, se demande si ce Charles Curot ou Curotte ne serait pas le « Curot cadet » incriminé dans l’Affaire du Canada. Évidemment, il n’y a pas de preuves absolues pour établir la vérité à ce sujet, mais le fait n’est pas impossible.

Ce Charles Curot ou Curotte avait épousé Marie-Josette Moquin. Leur fille, également prénommée Marie-Josette, devint la femme de Amable Durocher, un des premiers députés de Montréal.