Biographie nationale de Belgique/Tome 1/ARENBERG, Pierre VAN

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ARENBERG (Pierre VAN), dit Daremberg, maréchal de camp sous Louis XV, né à Tongres, le 29 juillet 1656, décédé dans la même ville le 2 août 1748, s’engagea, en 1672, au service de la France pendant qu’elle était en guerre avec la Hollande et l’Allemagne. Il entra au régiment de Melinge, passa au régiment de Melac, où il devint maréchal des logis. Il fit dans l’armée de Turenne la campagne de Brandebourg, se trouva à la prise d’Ona, au passage du Wéser, près Minden, où le maréchal de Créqui battit les Impériaux, et prit part, sous les ordres de Condé, à la sanglante bataille de Seneffe (1674). Il se distingua au siége de Maestricht, investi par le prince d’Orange, et reçut deux coups de feu et un coup de sabre à la tête dans une sortie de la garnison française. Il se trouva à la prise du fort de Navagne et à celle de la ville de Limbourg (1675). Il prit part à la bataille de Saint-Denis (1678), contribua à l’enlèvement de Theux, à la prise de Straelen, en Gueldre, et à celle de Léau (Brabant), sous les ordres de M. de la Bertecke (1678). Sous ce même commandant, le régiment dont faisait partie Daremberg fit prisonnières dans le faubourg de Huy sept compagnies de l’Empereur, et enleva cinq compagnies de dragons lorrains à Erden. Pendant le blocus de Luxembourg, Daremberg fut nommé sous-lieutenant au régiment de Quinçon, par brevet daté de Saint-Germain-en-Laye, le 18 janvier 1682. Après la prise de Philipsbourg, il fut promu au grade de lieutenant au régiment de Navarre, le 4 novembre 1688.

Les nombreuses péripéties de la longue guerre soutenue par le roi de France contre presque toute l’Europe, étaient singulièrement propres à donner carrière à l’activité infatigable du jeune officier. Il cherchait les occasions de se signaler et briguait comme une faveur les postes les plus périlleux, où le succès, d’ailleurs, couronnait souvent son audace. Il se distingua dans l’affaire de Heidelberg, où le maréchal de camp de Melac battit les troupes du prince palatin qui l’avaient investi. Il passa en qualité de lieutenant aux carabiniers, à la formation de ce corps. En 1692, à la bataille de Pforzheim, où le maréchal de Lorges fit prisonnier le duc de Wurtemberg, Daremberg se signala par différentes actions d’éclat. Il se trouva avec le marquis d’Alligre lorsque celui-ci força le retranchement du Langen-Candel défendu par deux mille cavaliers et deux canons « C’est moi, dit-il dans la note manuscrite qu’il a laissée de ses états de service, qui fis la découverte de ces retranchements et qui en donnai avis aux maréchaux de Lorges et de Joyeuse, pour quelle affaire le roy m’a donné huit cents francs de pension. » Il y reçut, de plus, le titre de capitaine. A la tête de quelques cavaliers, il battit, le surlendemain de cette affaire, un parti de cinquante hussards allemands, dont dix-huit furent faits prisonniers. Il enleva peu après soixante hommes, infanterie et dragons, dans le village de Neu-Manheim, près de Ladenbourg. M. de la Borde, gouverneur de Philipsbourg, où il était en garnison, mit à sa disposition quatre-vingts cavaliers du régiment de Larare et la compagnie des grenadiers du régiment de Lorraine. Daremberg se mit en campagne et enleva un quartier ennemi sans avoir perdu un seul homme. Un an après la prise de Namur, Louis XIV le nomma lieutenant-colonel du régiment des hussards de Mortaigne. Ce régiment ayant été licencié à la conclusion de la paix, il devint colonel honoraire du régiment royal allemand (1701). A la reprise des hostilités contre la Hollande, Daremberg fut fait prisonnier près de Clèves, après avoir eu son cheval tué, et amené à Nimègue, où il fut échangé contre un autre officier supérieur. Sa nomination de mestre de camp ou colonel date du 16 avril 1704.

Le colonel Daremberg fit ensuite partie de l’armée française des généraux Villars et Boufflers. Après la journée de Malplaquet, pendant que les généraux alliés cherchaient, en 1710, à s’emparer de diverses places de la Flandre, Daremherg exécuta un hardi coup de main devant Saint-Venant. Il surprit un nombreux corps ennemi, jeta le trouble dans leur camp, et amena deux cents chevaux et vingt officiers surpris dans leurs baraques. L’auteur de l’Histoire de l’ordre de Saint-Louis, M. Alexandre Mazas, ajoute à tort que ce fut à la suite de cette campagne que Daremberg reçut la croix de Saint-Louis. Le brevet de cette distinction, signé par Louis XIV et contresigné par le ministre Chavillart, porte la date du 2 janvier 1705. Daremberg quitta le service vers 1715. Un brevet de Louis XV le rappela sous les drapeaux en 1719, en l’élevant au grade de brigadier de cavalerie, sur le rapport du duc d’Orléans. Il ne dut pas y rester bien longtemps, car le roi fit de nouveau appel à ses services par une lettre autographe du 15 avril 1730, qui est conservée, avec d’autres documents, ainsi qu’un magnifique portrait du colonel Daremberg peint par Mignard, dans la famille Crooy-Biberstein de Tongres.

Voici cette lettre qui témoigne de l’importance que le roi de France attachait aux services de cet officier :

     « Monsieur Daremberg,

Ayant résolu de me servir de vous, en votre charge de brigadier de cavalerie en mes armées, pour celles de mes troupes qui doivent camper sur la Meuse, sous les ordres du sieur comte de Belle-Isle, maréchal de camp en mes armées, de vous écrire cette lettre pour vous dire que mon intention est que vous ayez à vous employer près de mes dites troupes en ladite qualité de brigadier, selon et ainsi qu’il vous sera ordonné par ledit sieur de Belle-Isle et par les maréchaux de camp qui serviront sous lui. Et la présente n’estant pour autre fin, je prie Dieu qu’il vous ayt, monsieur Daremberg, en sa sainte garde. Escrit à Versailles, le 15e avril de 1730.

Louis.  »

En 1721, Daremberg avait reçu la pension de mille livres en sa qualité de chevalier de l’ordre militaire de Saint-Louis. Cette pension fut portée à deux mille livres en 1730. Enfin, le 20 février 1734, un nouveau brevet de Louis XV, daté de Marly, l’éleva au grade de maréchal de camp.

Daremberg fut chargé de différentes missions de confiance. Pendant que les Turcs assiégeaient Vienne (1683), M. de Courvoy l’envoya en Allemagne, où il resta onze mois « pour les affaires du « roi. » L’année suivante, le maréchal de Créqui députa Daremberg auprès de l’électeur de Trèves pendant tout le siége de Luxembourg. Après la prise de cette ville, l’officier Daremberg fut encore envoyé en négociation à Maestricht par le maréchal de Joyeuse. Ses brevets de promotion rendent hommage à la discrétion et à l’habileté dont il fit preuve dans ces missions. Pierre Daremberg mourut à Tongres, à l’âge de quatre-vingt-douze ans. Ses funérailles furent célébrées avec pompe. Le régiment des hussards de Berchiny, cantonné à Tongres, lui rendit les honneurs militaires.

Voici l’état de services de Pierre Daremberg, tel qu’il a été fourni par le département de la guerre à Paris : Lieutenant au régiment de Navarre, 1688. — Capitaine, 1692. — Lieutenant colonel au régiment de Mortaigne, 1695. — Réformé, 1697. — Lieutenant colonel au régiment royal allemand, 1701. — Rang de mestre de camp, 1704. — Brigadier, 1719. — Maréchal de camp, 1734.

Campagnes : 1689, Allemagne. — 1690 à 1713, Flandre. — 1702 à 1713, Flandre. — 1733, Allemagne.

F. Driesen.