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Biographie nationale de Belgique/Tome 1/ARENBERG, Auguste-Marie-Raymond, prince D’

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ARENBERG, Auguste-Marie-Raymond, prince D'



ARENBERG (Auguste-Marie-Raymond, prince D’) et comte de la Marck, général et diplomate, né à Bruxelles le 30 août 1753. Il était le deuxième fils issu du mariage de Charles-Marie-Raymond d’Arenberg avec Louise-Marguerite, fille et héritière unique de Louis-Engelbert, dernier descendant mâle des comtes de la Marck. Ce seigneur disposa en faveur de son petit-fils du régiment d’infanterie allemande (le régiment de la Marck) qu’il possédait en pleine propriété au service de France. A la mort de son aïeul, le prince Auguste prit le titre de comte de la Marck. Il fut envoyé dans l’Inde avec son régiment et prit part au combat de Gondelour, où il fut grièvement blessé d’un coup de fusil dans la poitrine. Rentré en France, il reçut une seconde blessure dans un duel où il avait été provoqué par un officier suédois ; celui-ci reçut un coup d’épée dans l’œil et tomba mort. Quelque temps après, le comte de la Marck fut nommé maréchal de camp et inspecteur général d’infanterie. Il avait épousé, en 1774, la marquise de Cernay, qui lui avait apporté en dot la magnifique terre de Raismes, entre Valenciennes et Tournai. La possession de ce domaine lui permit, en 1789, quoiqu’il ne fût point naturalisé français, de représenter le Quesnoy aux états généraux. Ce fut là qu’il reprit ses relations avec Mirabeau dont il avait fait la connaissance l’année précédente et dont il partageait, à certains égards, les opinions politiques. De même que Mirabeau, il aurait voulu établir en France le gouvernement monarchique constitutionnel. Necker fit échouer les premières tentatives du comte de la Marck pour rallier Mirabeau à la cour. Le comte de la Marck quitta la France et se rendit dans les Pays-Bas, où il prit une part assez notable à la révolution qui venait d’éclater contre Joseph II. Il fut un des chefs du parti démocratique et apposa sa signature sur l’adresse célèbre que Vonck, au nom de la Société patriotique, présenta, le 15 mars 1790, aux états de Brabant pour obtenir une représentation plus équitable des trois ordres. Il protesta ensuite, avec énergie, contre les violences dont furent victimes les signataires de cette adresse et les adhérents de Vonck. Proscrit lui-même, il dut faire valoir sa qualité d’officier général au service de France pour échapper à la rage du parti victorieux. Il retourna enfin dans sa terre de Raismes, regrettant amèrement le rôle qu’il venait de jouer. Ce fut même pour lui un remords qui le tourmenta longtemps. — « Cette révolution, dit-il, dans ses Souvenirs, ne convenait point à mes sentiments et n’était pas d’accord avec mes principes. » Appelé à Paris par M. de Mercy-Argenteau, ambassadeur d’Autriche, le comte de la Marck apprit que Louis XVI et Marie-Antoinette voulaient enfin se servir de l’influence de Mirabeau. Pour se conformer au désir de la reine, il devint alors l’intermédiaire des secrètes négociations de Mirabeau avec la cour. Il fut aussi dépositaire du million que Louis XVI avait promis au redoutable orateur. Mirabeau mourut, le 2 avril 1791, dans les bras du comte de la Marck qu’il avait nommé son exécuteur testamentaire et à qui il avait confié les minutes de ses correspondances avec la cour. Cédant aux instances de M. de Mercy, le comte de la Marck aurait voulu se remettre dès lors au service de l’Autriche ; mais ses offres furent déclinées par l’empereur Leopold II. Toutefois, après la clôture de l’assemblée constituante, le comte de la Marck quitta -définitivement la France et vint rejoindre M. de Mercy à Bruxelles ; ce ministre le fit travailler avec lui à ses correspondances les plus secrètes. Au mois d’août 1792, l’empereur François II rappela officiellement le comte de la Marck au service de l’Autriche avec le grade de général-major. Le comte, qui avait repris son premier titre de prince d’Arenberg, ne fut pourtant pas appelé sur les champs de bataille. Ce fut comme négociateur adjoint à M. de Mercy qu’il s’efforça de servir l’Autriche pendant les années 1792 et 1793. Il se signala principalement par ses démarches incessantes et ses efforts courageux pour sauver la reine Marie-Antoinette. Après la seconde invasion des Français en Belgique, le prince d’Arenberg suivit M. de Mercy au château de Bruhl, près Cologne. Il fut ensuite appelé à Vienne et chargé d’une mission confidentielle près des armées autrichiennes qui se trouvaient en Italie. Lorsque ces armées eurent quitté l’Italie, le prince Auguste, qui était à Zurich au commencement de l’année 1796, prit la résolution d’abandonner le service actif. Il passa deux ans en Suisse, puis il retourna à Vienne, où il se fixa définitivement, ayant perdu toute sa fortune et n’ayant pour ressource que son traitement de général major en non-activité. Les événements de 1815 lui permirent de rentrer dans sa patrie. Il donna sa démission du service d’Autriche et fut admis comme général dans l’armée nationale des Pays-Bas. Le prince Auguste n’oubliait point l’engagement qu’il avait contracté avec Mirabeau, sur son lit de mort, de soumettre à la postérité, selon ses propres expressions, les pièces du procès qu’on voudrait faire à sa mémoire et de rendre le témoignage qu’il devait à ses énergiques et loyaux efforts pour sauver sa patrie et son roi. En 1826, le prince commença la rédaction de ses souvenirs et le classement des papiers que Mirabeau lui avait confiés. Cette tâche l’occupa pendant les dernières années de sa vie ; mais il ne voulait rien publier de son vivant : il avait résolu, dit-il lui-même, de laisser à d’autres le soin de faire de ces Souvenirs et de ces matériaux un usage convenable. Le prince Auguste d’Arenberg mourut à Bruxelles le 26 septembre 1833, laissant à M. de Bacourt le soin pieux de mettre au jour la correspondance du comte de la Marck avec le comte de Mirabeau. Ce recueil, d’une importance capitale, a été publié en 1851.

Th. Juste.

Correspondance entre le comte de Mirabeau et le comte de la Marck, prince d’Arenberg, pendant les années 1789, 1790 et 1791, recueillie, mise en ordre et publiée par M. Ad. de Bacourt, ancien ambassadeur de France prés la cour de Sardaigne (1851, 2 vol. in-8o). — Briefwechsel zwischen dem Grafen von Mirabeau und dem Fürsten A. von Arenberg, Grafen von der Mark, etc., nach der franzosischen Ausgabe des Hern Ad. von Bacourt deutsch bearbeitet von J.-Ph. Städtler, ehemaliger Geh. Sekretär des Fürsten A. von Arenberg. (Brussel und Leipzig, 1854, 2 vol. in-12). — Archives de l’État. (Restauration autrichienne, 1792-1794), etc, etc.