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Biographie nationale de Belgique/Tome 1/ARNOUL Ier (comte de Flandre)

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ARNOUL Ier, comte de Flandre, décédé le 27 mars 964. Il était surnommé le Grand à cause de sa haute taille, et le Vieux, quand il fut avancé en âge ; il succéda à son père, Baudouin le Chauve, en 918. Jaloux, comme son prédécesseur, d’agrandir ses domaines, il méprisa quelquefois les règles de l’équité pour atteindre son but, surtout contre les Normands, qui lui avaient inspiré une haine mortelle, comme à tout son peuple. Ainsi fit-il périr par trahison, près de Picquigny sur la Somme, le duc Guillaume de Normandie. Mais il échoua deux fois au siége de Rouen, quoiqu’il fût d’abord soutenu par les troupes du roi de France et ensuite par celles de l’Empereur. Les historiens croient que c’est par suite d’un mécontentement contre le comte de Flandre que ce souverain, Othon le Grand, fit creuser à Gand la Fosse Othonienne et construire une forteresse pour garantir cette limite de l’Empire contre les incursions des Flamands. Nous sommes porté à croire que cet acte de bon gouvernement se serait posé tout aussi bien, quand aucune mésintelligence n’aurait existé entre Othori et le comte. Celui-ci, au reste, s’en mit peu en peine et donna même sa fille en mariage au fils du comte-châtelain. Soit par repentir d’avoir usurpé des biens ecclésiastiques, soit par bon sens politique, Arnoul reconstruisit plusieurs abbayes que l’invasion des Normands avait détruites et les combla de faveurs. Mais n’ignorant pas combien par là même elles avaient perdu de leur esprit primitif, il appela saint Gérard, abbé de Brogne, près de Namur, pour les réformer. Le saint se rendit à son invitation et rétablit une parfaite discipline dans dix-sept de ces maisons.

Le comte cependant avait gouverné la Flandre pendant quarante-quatre années, qui n’avaient pas été toutes heureuses, et se courbant sous le poids de l’âge, il abdiqua le pouvoir en faveur de son fils, Baudouin III. Mais ce jeune prince étant mort de la variole, après un règne de trois ans, ne laissant qu’un fils mineur, Arnoul dut reprendre de ses mains débiles les rênes de l’État. Lui-même mourut, plus que nonagénaire, à Gand, et fut enseveli dans le monastère de Saint-Pierre au Mont-Blandin, et non pas dans une abbaye de Blandigni, comme on lit dans l’Art de vérifier les dates.

J.-J. De Smet.