Biographie nationale de Belgique/Tome 1/BALDÉRIC (évêque de Tournai-Noyon)

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BALDÉRIC, quarante-deuxième évêque de Tournai-Noyon, 1099-1112. Baldéric monta sur le siége épiscopal des diocèses de Noyon et Tournai réunis, en 1099, après Radbod. Il eût pour père un chevalier artésien nommé Aibert, sire de Sarchinville et de Quéant. L’un de ses frères remplit les fonctions d’archidiacre à Cambrai ; un autre y fonda une église ; mais lui-même n’appartint jamais au clergé de la cité impériale. On a cependant voulu voir dans notre évêque l’auteur de la célèbre chronique d’Arras et de Cambrai, dont il vient d’être parlé à l’article précédent. M. Aug. Thierry a sanctionné cette légère erreur bibliographique, en la reproduisant dans sa dix-septième lettre : il suivait en cela de respectables autorités, au premier rang desquelles nous compterons le premier éditeur de la chronique, Colvenère. Mais il est impossible de continuer à identifier ces deux personnages, en présence de la lettre adressée à Lambert, évêque d’Arras, par le chapitre de Noyon, lettre que Baluze a publiée. Ces témoins irrécusables, puisqu’ils sont contemporains, y revendiquent Baldéric le prélat comme n’ayant cessé d’appartenir à leur église, qui l’a nourri enfant et où il est devenu « d’élève chanoine et de chanoine pontife. » Or le chroniqueur nous apprend lui-même que, dès l’enfance jusque vers 1044, il a passé ses jours à Cambrai ; et l’on ne peut guère contester sérieusement qu’il ne se soit rendu chez les Morins en 1082 et n’y ait vécu jusqu’en 1094. De plus, ou possède un sceau qui démontre que Baldéric était déjà en lO93 archidiacre de Noyon : comment le même individu eùt-il pu se trouver, en 1094, chantre de l’église de Thérouanne ? Ce sont cependant ces contradictions qu’on semble avoir voulu concilier dans une épitaphe qui figurait à la cathédrale de cette ville avant sa destruction, au xvie siècle, et qui était ainsi conçue : P. Baldericus hujus ecclesiæ cantor et episcopus Noviomensis anno Verbi incarnati MCXII, prælationis suæ XV pridiè kalen. junii obiit meritis et chronico Cameracensi illustris. N’ayant pas de documents qui nous permettent de contester le fait de la mort et de l’inhumation, à Thérouanne, en 1112, bornons-nous à faire remarquer ce qu’il y a d’invraisemblable, sinon dans la date, au moins dans l’indication du fait. On est, du reste, d’accord pour récuser l’autorité de l’épitaphe et pour la considérer comme ayant été faite postérieurement, à une époque où la confusion de deux Baldéric, si voisins en tous points, s’explique aisément.

L’évêque de Tournai n’a pas besoin, d’ailleurs, pour se recommander à l’attention de se parer des œuvres d’un contemporain : outre ses libéralités envers son église et les réformes de monastères qu’il autorisa, il eut à pacifier un grave différend qui avait éclaté entre les moines de Saint-Martin et les chanoines de Notre-Dame, au sujet des dîmes et de la sépulture des étrangers. Un moine avait été rudement battu, et dix-huit serviteurs de l’église de Tournai tués par représailles. Les évêques d’Arras et de Thérouanne furent commis par le pape pour juger de l’affaire, en présence de l’évêque du lieu, de celui de Cambrai, Odon, et de Henri, abbé de Saint-Vaast.

Baldéric tint un synode en 1101. En 1110, il eut l’honneur de poser la première pierre du chœur de la cathédrale de Tournai, construction d’une hardiesse et d’une pureté de lignes admirables, qu’il fallut plus de quatre-vingts ans pour mener à bonne fin. C’est aussi Baldéric qui fonda l’hôpital de Notre-Dame. Ses dernières années furent troublées par de graves démêlés avec les chanoines de Tournai. Ceux-ci députèrent des envoyés à Rome pour obtenir le rétablissement de l’évêché séparé ; Baldéric riposta en lançant l’interdit sur leur église. Mais il mourut avant la décision du pape, laquelle fut favorable à la séparation.

F. Hennebert.

Cousin, Histoire de Tournay. — Lemaitre-d’Anstaing, Histoire de la cathédrale de Tournay. — Pertz, Monumenta historica Germaniæ. — Le Glay, Chronique de Baldéric, préface.