Biographie nationale de Belgique/Tome 2/BENNINCK, Jean DE

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*BENNINCK (Jean DE), ou BENNYNCK, BENNINGH ou BENNINGIUS, chevalier, jurisconsulte, historien, président du conseil provincial de Luxembourg et diplomate, naquit à Amersfort (province d’Utrecht) vers 1567, et mourut à Luxembourg le 20 janvier 1632. Il était fils de Gérard de Benninck, seigneur de Ryswyck, près de la Haye, résidant à Amersfort, et de Wilhelmine Vunck d’Amerongen. Ayant perdu ses parents à l’âge de quatre ans, Jean fut élevé par Gérard de Groesbeek, prince-évèque de Liége, et par son oncle maternel, Jean Vunck d’Amerongen, conseiller d’État de Philippe II. Dans d’aussi favorables conditions, Benninck devait faire de bonnes études et acquérir une position élevée dans l’État. A peine maître ès-arts de l’Université de Louvain, il composa Carmen in laudem historiœ Michaelis ab Issele de bello coloniensi, qui fut imprimé en 1584. Il paraît avoir suivi, pendant quelque temps, la carrière d’avocat. Créé docteur J. U., à Louvain, le 8 février 1594, il devint, l’année suivante, conseiller procureur général au conseil provincial de Luxembourg, en remplacement de Gérard Vander Aa, et fit preuve de si vastes connaissances et d’un jugement si droit que les Archiducs l’appelèrent, le 31 octobre 1598, au grand conseil de Malines, en qualité de conseiller maître des requêtes. Le 20 janvier 1601, ces princes lui confièrent une charge encore plus élevée, celle de président du conseil provincial de Luxembourg, en remplacement de Jean de Hattstein, seigneur de Born, mort l’année précédente. Benninck était bon jurisconsulte ; il avait la pratique des affaires judiciaires ; ses antécédents le recommandaient aux Luxembourgeois et il connaissait leur langue : il pouvait donc faire beaucoup de bien dans cette province dont le conseil comptait encore cinq membres nobles dépourvus de titre scientifique. Il remplit ces fonctions pendant trente et un ans avec distinction et intégrité. Le 5 mars 1614 il fut encore chargé de la garde des chartres et archives de cette cour. Dans les archives de l’État, à Bruxelles, se trouve un Inventaire des chartres des pays, duché de Luxembourg et comté de Chiny, qu’il avait dressé en 1615.

Quelques missions diplomatiques lui furent aussi confiées ; pendant les années 1601 et 1602, il assista aux conférences de Vervins et de Saint-Riquier avec d’autres commissaires des Archiducs et des députés français afin de traiter la question des rebelles belges, que certains gouverneurs des villes maritimes protégeaient en leur délivrant des passe-ports. A la fin de l’année 1602, il prit part à une conférence où se traitaient les affaires du chapitre de Verdun. Du 20 février 1613 au 2 avril suivant, il se rendit avec Folcart van Achtelen à la conférence tenue à Trèves.

Les coutumes du duché de Luxembourg et du comté de Chiny, homologuées le 8 avril 1623 et publiées la même année en français et en allemand, sonten grande partie son ouvrage. Il avait bien sous les yeux le landrecht de Luxembourg de 1449, fait par le seigneur Tilmannus ou Tilmani de Bertrange, des sentences scabinales, les anciens et nombreux usages du pays ; mais il fallait comparer entre eux ces différents statuts, les réduire eu un tout homogène, en tenant compte des exigences de la noblesse qui, dans cette province, plus que dans toute autre, avait conservé fidèlement les traditions de la féodalité en ce qu’elles avaient de plus injuste et de plus barbare. Le clergé y conservait aussi ses priviléges, ses immunités dont personne n’aurait osé proposer l’amoindrissement. Il importe de faire cette remarque afin d’expliquer la part que De Benninck a prise à un ouvrage assez mauvais et qui trahit la féodalité oppressive dont les habitants, principalement ceux du quartier allemand, étaient encore accablés. M. Neyen dit avoir eu en main un Savant commentaire manuscrit sur ces coutumes, dû à De Benninck, et formant un volumineux in-folio autographe. De Benninck a publié, en outre, un exposé historique et géographique du démembrement du duché de Luxembourg. Il a composé aussi les ouvrages suivants dont on ne retrouve plus même les manuscrits : 1° Historia Luxemburgensium. — 2° Tractatus de comitibus et ducibus Luxemburgensibus. — 3° Chronique de l’abbaye de Saint-Maximin. — 4° Dissertation sur les droits et la juridiction de l’abbaye de Saint-Maximin.

Les auteurs du temps peignent Jean de Benninck comme un homme d’une haute intelligence, d’une grande sagesse et qui jouissait de toute la considération des Archiducs et du conseil de Luxembourg. Il fut enterré dans l’église des Récollettes, à Luxembourg, avec sa femme, Marie-Anne Penninck. Son frère aîné, Jacques de Benninck, docteur J. U. de l’année 1582, devint professeur de droit à l’Université de Douai et y mourut en 1611.

Britz.

Valère André, Bibl. Belg., t. I, p. 578. — Le même, Fasti academ., p. 202. — Burmannus, Traject. Erud., p. 23. — Th. Verhoeven, Rerum Amersfort. succincta descriptio, ab à Matthæo edita. — Sweertius, Ath. Belg., p. 395. — MS. 9939, p. 151 (Hist. du Gr. Cons., par Foppens). — Witte, Diar. Biograph. ad an. 1632. — Neyen, Biograph. luxembourgeoise et les sources qu’il indique — Gachard, Rapp. sur les archives de Lille, pp. 339, 340, 342 et 350. — Bulletin du Bibliophile Belge, t. XV, p. 329. — Goethals, Généal. de la famille Straten. p. 41, note.