Biographie nationale de Belgique/Tome 2/BERTHOUT, Jean

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BERTHOUT (Jean), avoué et seigneur de Malines, succéda à son père, Gauthier IV, en 1288. Sans pouvoir préciser son âge, on peut dire qu’il était encore trop jeune à l’époque où il remplaça son père pour exercer par lui-même les fonctions d’avoué et pour soutenir les droits que ses ancêtres s’étaient créés dans la seigneurie. Il eut pour tuteur Florent Berthout, son oncle. C’est ce qui fut cause que le nom de Jean Berthout ne parut point pendant quelques années dans les chartes.

Le dévouement des Berthout pour la maison de Brabant ne cessa d’exister : nous voyons Florent intervenir dans plusieurs actes du duc Jean, entre autres dans l’ordonnance de 1290, connue sous le nom de Land keuren.

Le premier diplôme concernant la seigneurie de Malines, dans lequel figure le nom de Jean Berthout, est daté de 1295 ; par cette charte, le hameau de Neckerspoel est érigé eu seigneurie en faveur de Jean Berthout, fils aîné du sire de Berlaer. Il est à remarquer, à ce sujet, que les Berthout érigèrent plusieurs seigneuries dans les environs de Malines sans consulter les évêques de Liége et sans demander leur approbation.

Jean de Flandre, évêque de Liége, décéda en 1292 ; la mort du duc Jean Ier arriva en 1294, et son fils Jean II lui succéda. Le siége de Liége fut disputé entre Guy, frère du comte de Hainaut, et Guillaume Berthout ; enfin, en 1296, le pape Boniface VIII donna la dignité épiscopale à Hugues de Châlons, et Guillaume Berthout obtint le siége d’Utrecht. Ce long interrègne avait favorisé la désunion dans l’évêché de Liége : aussi le duc de Brabant et les Berthout en avaient-ils profité pour achever de ruiner le pouvoir épiscopal dans la seigneurie de Malines. Hugues de Châlons tenta de ressaisir, ses anciens droits. Il réclama vainement. Enfin, trop faible pour agir par la force, il se décida à engager la seigneurie et Heyst avec toutes ses dépendances : telles que cens, hommages, etc., au duc Jean II, par acte du 22 octobre 1300.

Le duc fit son entrée à Malines et y fut reçu comme propriétaire de la ville et de ses dépendances. Loin d’exiger de Jean Berthout sa renonciation aux empiétements antérieurs, celui-ci fut reconnu seigneur de la moitié de la cité et de plusieurs villages du Brabant, qui formaient le pays de Malines. Il prêta le serment de fidélité au duc. En se reconnaissant vassal du Brabant, Berthout vit ses prétentions sur la seigneurie de Malines entièrement sanctionnées.

Jean II, voulant s’attacher de plus en plus la commune de Malines, signa avec Berthout plusieurs chartes accordant des priviléges aux Malinois. Malgré les avantages que la ville avait obtenus, le mécontentement éclata bientôt. Quelques contestations s’étant élevées, Jean II se rendit à Malines, mais les habitants lui refusèrent l’entrée de leurs portes, après avoir expulsé ses partisans. Le duc rassembla des forces considérables et assiégea la place, en 1203. Jean Berthout, qui avait sous sa bannière les expulsés de Malines, les gens d’armes de Lierre et de la Campine, cerna le nord de la ville, tandis que le duc Jean II assiégea le côté opposé. Après un siége de cinq ou six mois, Malines dut se rendre et implorer la clémence du duc et de Jean Berthout. Ceux-ci voulant, tous les deux, ménager les halbitants, conclurent la paix à des conditions relativement modérées.

Berthout ne jouit guère des bienfaits de la paix ; il décéda le 25 août 1304 et fut enterré à Saint-Rombaut. (Vlaemsche school, troisième année, p. 134.) Ce seigneur avait épousé Marie de Brabant, fille de Godefroid de Brabant, seigneur d’Aerschodt, Sichem, etc., et de Jeanne, héritière de Vierson. — Quelques annalistes affirment qu’il convola eu secondes noces avec Alix de la Marck. Azevedo prouve que Marie de Brabant survécut longtemps à son époux. N’ayant pas laissé de descendance, la seigneurie passa à Gilles Berthout, frère de Jean.

Emm. Neeffs.