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Biographie nationale de Belgique/Tome 2/BESCHEY, Balthasar

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BESCHEY (Balthasar), peintre d’histoire et de paysage, né à Anvers, en 1708, mort dans la même ville, en 1776. C’était la plus mauvaise époque pour l’art flamand, la décadence était presque complète ; un artiste, sans doute médiocre et, dans tous les cas, peu connu, Pierre Strick, enseigna la peinture à Balthasar Beschey. Celui-ci était le troisième d’une nombreuse famille de neuf enfants ; nous ignorons s’il fut d’abord destiné à une autre carrière, mais sa réception tardive à la franc-maîtrise de Saint-Luc pourrait le faire supposer ; ce n’est qu’en 1753 qu’il fut inscrit dans la corporation ; trois ans après, il en fut le doyen. L’Académie des beaux-arts d’Anvers avait, à cette époque, on le sait, non pas un, mais six directeurs ; Beschey remplaça, dans ces fonctions, en 1755, le graveur Bouttats (Pierre-Balthasar) décédé. Le dévouement qu’il fallait y déployer obtint sa récompense de l’autorité. Le gouverneur général des Pays-Bas autrichiens, le prince Charles de Lorraine, avait reçu des directeurs une requête qui fut accueillie par acte du 3 août 1756. Les six directeurs étaient exemptés de tout service personnel, à l’exception de la charge d’aumônier ; de plus, ils n’étaient astreints à aucune contribution. Ils ne perdaient leurs droits à ces différentes faveurs que s’ils abandonnaient leurs fonctions à l’Académie.

Vers la même époque, on réédifia l’ancienne société de rhétorique, le Rameau d’Olivier (Olyftak). M. Th. van Lerius, dans l’article qu’il consacre à Beschey et auquel nous avons emprunté la plupart de nos renseignements, pense que le Beschey figurant, sans prénom, parmi ceux qui restaurèrent la vieille corporation, ne fait qu’un avec notre artiste. Celui-ci contracta mariage en 1753 ; il ne laissa point d’enfants, mais il enseigna son art à trois de ses frères. Beschey, s’il subissait le mauvais goût de son époque, se distinguait, cependant, par un grand amour de l’art et une passion véritable pour les chefs-d’œuvre des maîtres. Sa fortune lui avait permis d’en acquérir un grand nombre, et son cabinet était renommé à Anvers. S’il dut à cette prédilection les vives jouissances qu’elle procure, il lui dut malheureusement aussi la cause de sa mort. Une vente d’objets d’art l’avait attiré à Bruxelles ; il fut pris d’une fluxion et succomba, à peine de retour dans sa ville natale, au mois d’avril 1776. Beschey habitait la rue de l’Empereur et fut enterré à l’abbaye de Saint-Michel. Il avait d’abord essayé du paysage en prenant pour modèle Breughel de Velours et Henri van Balen, pour les figurines ; mais plus tard, il s’adonna davantage à l’histoire, au portrait et surtout aux copies des anciens maîtres. Celles dans lesquelles il fut aidé par son frère Jacques étaient fort recherchées. Ses copies d’après Rubens ont beaucoup de mérite ; elles sont faites avec un grand fini ; leur principal défaut consiste dans leur froideur qui contraste singulièrement avec la fougue de l’œuvre originale. Le musée d’Anvers possède plusieurs toiles de Balthasar : deux épisodes de l’histoire de Joseph, le portrait du peintre et celui de son confrère, Martin-Jos. Geeraerts, exécuté au pastel. Le Louvre, à Paris, renferme de Beschey un tableau de genre, Une famille flamande, portraits ou peut-être copie d’après un ancien maître. M. Villot, rédacteur du catalogue du Louvre, donne une courte biographie de notre artiste, dans laquelle il reproduit l’erreur d’Immerzeel, qui donne à Beschey un fils nommé Jacques-François. Tout en consignant à peu près exactement les dates de naissance et de mort du peintre flamand (1709-1776 au lieu de 1708-1776), M. Villot se trompe encore quand il donne comme suit la signature du tableau du Louvre : Beschey, 1721. En ce cas, Beschey, né en 1708, aurait exécuté cette œuvre à l’âge de treize ans. Il y a là évidemment une signature fausse ou mal copiée.

On voit encore de Beschey, à l’église de Saint-Jacques, à Anvers, le portrait de Mgr Joseph-François-Anselme Werbrouck, quatorzième évêque d’Anvers. Cette peinture ne dépasse pas la médiocrité. Quatre frères de Balthasar, avons-nous dit, ont cultivé la peinture. Charles, né en 1706, fut élève de H. Goovaerts. Jacques-André, naquit en 1710, fut élève de son frère Balthasar et collabora souvent avec lui ; il obtint le décanat de Saint-Luc, en 1767, et vivait encore en 1773. Joseph-Henri vit le jour en 1714 et fut, comme le précédent, élève de Balthasar. Tous les trois eurent Anvers pour patrie. Jean-François mérite une mention particulière. Ajoutons encore, à l’honneur de Balthasar Beschey, qu’il fut le maître d’André Lens, dont le talent laissa entrevoir la renaissance actuelle et dont les nombreux et excellents élèves furent les pèrts et les initiateurs de notre brillante phalange artistique moderne.

Ad. Siret.