Biographie nationale de Belgique/Tome 2/BLOEMARDINE

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BLOEMARDINE, femme mystique, vivait à Bruxelles, au commencement du xive siècle, et adhérait à la secte des Beggards et des Béguines. Cette secte, qu’il ne faut pas confondre avec les filles dévotes connues aujourd’hui sous ce dernier nom, professait un mysticisme auquel se mêlait la corruption des mœurs ; elle prétendait que, dès cette vie, l’homme peut atteindre un état dans lequel le péché, aussi bien que l’avancement dans la vertu, lui deviennent impossibles ; et qu’ainsi il peut, sans commettre des fautes, se livrer à toutes ses passions, même les plus honteuses. Bloemardine défendit chaleureusement par sa parole et par ses écrits ces doctrines dérivées du gnosticisme oriental, et dont Tanchelin s’était déjà fait le propagateur en Belgique deux siècles auparavant. Elle était douée d’une intelligence supérieure et d’un talent oratoire des plus remarquables. Les chroniqueurs contemporains rapportent que ses adhérents, qui la croyaient accompagnée de deux séraphins quand elle s’approchait de la sainte communion, lui offrirent un siége en argent, dans lequel elle se plaçait pour écrire ses ouvrages, et auquel on attribua ensuite une vertu miraculeuse. Ce siége fut donné, après la mort de Bloemardine, à la duchesse de Brabant.

Bloemardine composa quelques écrits en faveur des doctrines qu’elle professait. Elle y traitait avant tout de l’esprit de liberté et de l’amour extatique dans lequel les Beggards faisaient consister le suprême degré de perfection. Ces ouvrages, qui ne sont pas parvenus jusqu’à nous, furent combattus victorieusement par Jean de Ruysbroeck, dans différents traités ascétiques, dont quelques-uns récemment mis au jour par M. le professeur David, font partie des publications de la Société des Bibliophiles flamands.

E.-H.-J. Reusens.

Sanderus, Chorographia sacra Brabantiæ, t. II, pp. 30 et 114. — Mastelinus, Necrologium Viridis Vallis, p. 91. — Wauters, Histoire de Bruxelles, t. I, pp. 86 et suiv.