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Biographie nationale de Belgique/Tome 2/BLOEMEN, Jean-François VAN

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BLOEMEN, Jean-François VAN



BLOEMEN (Jean-François VAN), peintre et graveur, frère des suivants, né à Anvers, en 1662, mort à Rome, en 1740, selon la plupart des auteurs, en 1748 ou 1749, selon quelques autres. Heineken est le premier qui attribue à ce peintre le prénom de Jules ; quoiqu’il n’ait donné à sa version aucun motif sérieux, elle a cependant été suivie par Leblanc qui, dans son Manuel de l’ amateur d’estampes, le nomme Jules-François. M. Villot, dans son catalogue du Louvre, donne les deux versions ; M. Julius Hubner, dans celui du Musée de Dresde, le nomme François, sans plus. M. Waagen dit Jules-François, ainsi que M. Engert, de Vienne. On voit que l’erreur de Heineken a fait du chemin. De même, tous les auteurs se sont trompés pour les dates de naissance ou de mort des trois frères Van Bloemen ; tous ils ont fait naître Jean-François en 1656, et ont avancé, en outre, qu’on ne savait pas chez quel maître il avait appris la peinture. Ces divers faits ont été établis récemment par M. Génard, archiviste de la ville d’Anvers, dans son travail sur les grandes familles artistiques de cette cité. Le Liggere anversois mentionne un Adrien van Bloemen, peintre, reçu, en 1657, comme élève de Jean Peeters. Il ne reste aucune trace de cet artiste. Le père des Van Bloemen, devenus tous trois bons peintres, s’appelait Pierre ; il épousa Jeanne Heydens dont il eut neuf enfants. En 1660 il naquit à ces époux un Jean-François, qui mourut en bas âge et qui, deux ans après, fut remplacé dans sa famille par un frère auquel on donna les mêmes prénoms. Le 12 mai 1662, Jean-François fut baptisé à la cathédrale de Notre-Dame. Le jeune homme fut placé dans l’atelier d’un peintre de beaucoup de mérite, Antoine Goubau, chez lequel il se trouvait encore en 1682, c’est-à-dire à vingt ans, alors qu’il devait pourtant avoir achevé déjà son éducation artistique. Il n’est donc plus étonnant qu’en arrivant à Rome, le premier ouvrage qu’il y exposa annonçait déjà un talent remarquable. C’est le paysage qu’il choisit pour son genre et il est facile de comprendre que sa nature poétique s’enthousiasma à la vue des beaux sites de l’Italie et que dès lors il résolut de ne plus quitter cette attrayante contrée. A peine arrivé il fut, selon l’usage, affilié à la bande artistique, composée des artistes des Pays-Bas qui se retrouvaient à Rome, et s’y entr’aidaient mutuellement. Il reçut, selon un autre usage très en faveur dans cette bande, un surnom qui devait désigner une spécialité de son talent ou de son caractère. Dès qu’on vit ses toiles, on le baptisa Orizonte, à cause de la perfection avec laquelle il rendait les dégradations de la lumière dans un vaste horizon. Mais, de son côté, l’artiste anversois s’aperçut vite de ce qui manquait à son talent ; il se mit à étudier les grands maîtres avec ardeur et succès, et sa manière, qui rappelait d’abord celle du Hollandais Arie Vander Kabel, se rapprocha ensuite sensiblement de Gaspard Poussin. Cependant Van Bloemen possédait le génie du paysage et il savait que, dans ce genre, la nature surpasse tous les maîtres du monde ; aussi l’étudia-t-il avec amour, et c’est grâce à elle qu’il produisit des œuvres si attrayantes et si recherchées. Ce furent les environs de Tivoli qui lui fournirent la plupart de ses modèles ; de riantes collines, des chutes d’eau, de frais bocages animent ses compositions ; il aimait à représenter la nature, alors qu’après une bienfaisante ondée, la terre salue avec espoir l’arc-en-ciel aux riches et brillantes couleurs ; personne mieux que lui ne sut rendre ces légères et transparentes vapeurs, ces brouillards lumineux qui s’élèvent parfois des rivières et donnent quelque chose de fantastique aux lointains. Ses toiles ornèrent bientôt les collections les plus estimées ; le Pape lui en commanda plusieurs, mais ce furent surtout les Anglais de passage à Rome qui se montrèrent les plus empressés à en acquérir. Van Gool raconte que lors de son séjour en Angleterre, en 1737, il vit plusieurs tableaux de Jean-François chez un peintre de portraits nommé Pan, arrivant de Rome d’où il les avait rapportés. Van Bloemen dessinait bien et peignait avec la science acquise par de consciencieuses études et avec le naturel dû à son génie ; aussi ses œuvres se trouvent-elles dans les meilleurs cabinets de l’Europe comme dans les principaux musées. A un âge très-avancé, cet artiste avait conservé la supériorité de son esprit et de son talent ; il était entouré de l’estime générale et son amour pour son art ne s’éteignit qu’avec sa vie. D’après Immerzeel, le marquis de Hastings, en Angleterre, possède un chef-d’œuvre de Van Bloemen, peint dans sa meilleure manière et orné de figures par un peintre italien du nom de Sébastien Conea. D’après M. Villot, l’académie de Saint-Luc, à Rome, admit Van Bloemen parmi ses membres. Le Louvre possède six toiles de Jean-François. Trois vues d’Italie, les Jeunes filles à la fontaine ; le Pâtre sur le rocher, gravé par Schrœder dans le Musée français et le Pauvre, gravé par Gaudefroy dans le même ouvrage. Puis trois paysages : les Pâtres au repos, gravé par Eichler, dans le Musée français, sous le nom de Lucatelli, les Lévriers, gravé par Duthenofer, dans le même ouvrage, comme de Gaspre Dughet, et enfin les Bergers antiques, gravé par le même, sous la même dénomination. Au Musée de Vienne, trois paysages dont une vue d’Italie. Musée de Berlin, Latone et ses enfants. Musée de Dresde, un paysage avec des pêcheurs sur le bord d’une rivière. En outre, on voit des œuvres du même artiste à Rotterdam, Copenhague, Valenciennes et enfin à Rome, où peut-être sont restées les plus belles de ses compositions. Van Bloemen a fait quelques gravures. On cite de lui six pièces : — 1° L’obélisque. — 2° Les Deux statues. — 3° La Fontaine. — 4° Le Moine. — 5° L’Homme au panier. — 6° Les Trois hommes sous une arche.

Les nos 1 et 2 sont signés : Franc. Van Bloemen det. Horizonti. Dans les nos 4, 5 et 6 le c de Franc, est supprime. Enfin le n° 3 est signé : J.-F. Van Bloemen. Cette suite s’est rencontrée à la vente Camberlyn, en 1865.

Les tableaux de Jean-François n’atteignent pas des prix très-élevés dans les ventes ; il est vrai que ses meilleures toiles sont dans des musées ou des cabinets héréditaires d’où elles ne sortent point.

Ad. Siret.