Biographie nationale de Belgique/Tome 2/BOONEN, Guillaume

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BOONEN (Guillaume), historien, né à Louvain, vers 1547, fils de maître Laurent Boonen, clerc au bureau de la comptabilité de la ville, et d’Anne Vander Heyden, fille du bourgmestre Nicolas Vander Heyden. Après avoir achevé ses humanités, il fut nommé, le 29 mars 1579, à la demande de son père, employé extraordinaire dans les bureaux de l’administration communale. Il avait obtenu ces fonctions sans gages, mais avec droit de succession en cas de décès de l’un des clercs ordinaires de la comptabilité. Boonen sut répondre d’une manière éclatante à la confiance du conseil, qui l’appela, le 28 juillet 1581, au grade d’employé ordinaire à la comptabilité ou au Registre, en remplacement de Michel Vander Heyden, décédé. Il épousa, vers la même époque, Gertrude Jordens, qui appartenait à une bonne famille louvaniste et dont il eut plusieurs enfants.

Divæus avait également travaillé au bureau de la comptabilité et y avait fait des recherches sur l’histoire politique de Louvain qu’il consigna dans un livre actuellement encore en réputation. En consultant les vieux registres aux comptes, en parcourant les cartulaires et les autres manuscrits Boonen sentit se développer en lui un vif amour pour l’étude des antiquités de sa ville natale. Il en approfondissait l’histoire dans ses moindres détails, et y consacra tous ses loisirs. Divæus et Molanus écrivirent en latin leurs travaux sur Louvain; Boonen employa la langue flamande et conserva ainsi à ses investigations un cachet d’authenticité que ne présentent pas celles de ses devanciers. L’auteur acheva, en 1592, une dissertation très-intéressante sur l’origine et les priviléges des sept familles patriciennes. Le manuscrit de ce travail, qui repose aux archives de la ville de Louvain, porte le titre suivant: Memorie boeck van den vryen huysgesinne afkomsten ende familie der kercken van Sinte-Peeters, te Loeven, vol. in-fol., de 62 feuillets.

En 1594, il termina son grand ouvrage sur Louvain. Il porte le titre suivant : Een cort verhael oft Memorie boeck van den hertogen van Brabant, van den ouderdom der stadt van Loeven, van de seven oude originele geslachten der selver stadt en haere Sinte-Peeters-Mannen, bedeylt in iiij deelen oft capittelen. Ce travail encore inédit se compose de deux volumes in-folio, formant ensemble 670 feuillets ou 1,340 pages. Il repose également aux archives communales. On le désigne tantôt sous le titre de Liber Boonen, bien qu’il ne porte nulle part le nom de l’auteur, tantôt sous celui d’Antiquitates Lovanienses, attendu qu’au XVIIIe siècle, lorsqu’on lui donna une nouvelle reliure, l’on plaça à tort, sur le dos, cette inscription latine.

Le premier volume (feuillets 1 à 290) contient une chronique de Louvain, depuis les temps les plus reculés jusqu’en 1594. Cette chronique offre des détails très-intéressants pour l’histoire de l’ancienne capitale de Brabant pendant la seconde moitié du XVIe siècle. Elle est ornée des armoiries, en toutes couleurs, de nos princes. Le volume porte, à la fin, la date du 16 septembre 1594. Le second volume (feuillets 291 à 670), traite de l’origine de la ville, des monuments civils, des églises et chapelles, des corporations civiles et religieuses, des places et des rues, de la fertilité du sol, de l’autorité ecclésiastique, de l’administration communale, de l’industrie des draps et des toiles, des événements mémorables, de l’Omgang ou du cortége historique, des sept familles patriciennes et des hommes de Saint-Pierre ou Sinte-Peeters-Mannen. Ce volume renferme une représentation de l’Omgang, tel que ce cortége était constitué en 1594; il offre une suite de croquis à l’eucre ordinaire, légèrement coloriés. Nous avons fait reproduire ces dessins dans notre publication intitulée : L’Omgang de Louvain; Louvain, 1863, in-4o. Le même volume contient également les armoiries en toutes couleurs de nos familles lignagères. Les archives de Louvain possèdent encore de Boonen le manuscrit suivant : Commoengemeijeren, Schepenen en Raeden die men bevindt der stadt van Loven gedient te hebben, zedert den jaere 1187 tot den jaere van 1388, vol. in-folio de 106 feuillets.

Juste Lipse puisa, en 1604, dans les travaux de Boonen pour la rédaction de son Lovanium. Gramaye l’appelle un « investigateur diligent des antiquités de Louvain. »

Guillaume Boonen mourut à Louvain le 16 juillet 1618, et fut enterré, le lendemain, à la ci-devant église de Saint-Michel, dans la chapelle du Saint-Sacrement. Sa femme l’avait précédé au tombeau.

Ed. van Even.

Comptes de la ville de Louvain. — Registres des Chambres échevinales.