Biographie nationale de Belgique/Tome 2/BOUCHEROEL, Égide

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BOUCHEROEL (Égide), prédicateur, écrivain ecclésiastique, né à Liége, mort à Romerswael en 1466. Il fit ses humanités à Cologne, puis revint dans sa ville natale suivre les cours de droit. Un canonicat à l’église Saint-Denis lui ayant été ensuite accordé, il résolut defréquenter les leçons à l’Université de Paris; mais les guerres qui affligeaient le Brabant et la France ne lui permirent pas de mettre ce projet à exécution. Il choisit alors l’Université d’Oxford, y termina ses études de droit avec le plus grand succès et, quoique bien jeune encore, fut admis à donner des leçons. De là il retourna à Liége où il fut chargé par le magistrat d’occuper la chaire des Décrétales. Des scrupules religieux devaient l’empêcher de la conserver longtemps : pendant son séjour en Angleterre, il s’était laissé séduire par les doctrines de Jean Wicleff, qui y étaient alors populaires; il éprouva ensuite de vifs remords de ses erreurs, se dégoûta du professorat et résolut même de quitter le monde. Ce fut la maison de Bethléem qu’il choisit pour lieu de sa retraite; il y fut reçu en 1429 par le prieur Jean Kenens et commença le 11 janvier de l’année suivante son noviciat d’un an, au terme duquel il put prononcer des vœux solennels.

Boucheroel, qui possédait de vastes connaissances en droit civil et canonique, fut considéré comme étant une excellente acquisition pour l’ordre des chanoines réguliers de la congrégation de Windesheim, aussi ne tarda-t-il pas à s’y faire apprécier : il s’agissait alors dans la communauté du procès de Jean Passeit, autrefois prieur du couvent des Apôtres à Utrecht; une sentence avait été prononcée contre lui par l’Université de Louvain, il en appela au concile de Bâle et le chapitre général y députa deux prieurs, auxquels il adjoignit Égide Boucheroel. Celui-ci s’y fit tout à la fois remarquer par son éloquence, par la lucidité de son esprit et obtint, grâce à ses brillantes qualités, l’amitié des principaux membres de cette mémorable assemblée, entre autres celle du cardinal de Bologne, du provincial des Carmes d’Avignon et de Jean, patriarche d’Antioche. Ce dernier, réputé comme un des plus profonds canonistes de son temps, le visitait même souvent, afin de discuter avec lui sur les difficultés qui se présentaient.

Nommé prieur des chanoines réguliers de Neuss, il eut à peine le temps d’y réaliser quelques améliorations, car il fut choisi, peu de temps après, pour succéder à Henri de Bruxelles, prieur de Bethléem. Enfin il devint prieur de la maison des Bons-Enfants, séjour qui dut lui être bien désagréable, si l’on se souvient que le peuple, dans sa rude franchise, désignait ce monastère sous un tout autre nom : celui des mauvais enfants. Boucheroel y introduisit la discipline monastique; cependant il ne fut guère plus heureux que son prédécesseur, Olivier de Campo, dans ses efforts pour y faire goûter la vertu; ce n’est certes pas que les qualités lui manquassent, car il avait, non-seulement, le don de la parole, mais encore, ce qui valait mieux, il prêchait d’exemple. Il se fatigua enfin de l’administration et renonça à sa charge pour s’enfermer dans la solitude de Bethléem, y reprit ses exercices spirituels et donna à ses frères l’exemple des vertus chrétiennes. Deux ans après, en 1450, il fut choisi prieur par les frères de la Vierge au Vieux-Armuide. M. Goethals, auquel nous avons emprunté la plupart de nos renseignements, entre dans de longs détails touchant ce personnage. Nous devons à Boucheroel : 1° Consultatio pro clausura Bethlœmitica. — 2° Sermo habitus coram clero Leodiensi, deux ouvrages qui sont restés manuscrits.

Aug. Vander Meersch.

Goethals, Lectures relatives à l’histoire des sciences, t. II, p. 44.