Biographie nationale de Belgique/Tome 2/BRANDT, Jean-Baptiste

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BRANDT (Jean-Baptiste), haute-lisseur, né à Audenarde, le 15 février 1722, mort dans la même ville, le 23 fructidor an iv, était fils de Jean-Baptiste, également haute-lisseur, et de Catherine de Leuren. La famille Brandt appartenait d’ancienne date à la classe des notables; plusieurs de ses membres siégeaient dans la magistrature; lui-même fit partie du collége des chefs-tuteurs pendant les années 1754-1756, 1760-1763 et 1773, etc. La fabrication des tapisseries de haute-lisse, continuée héréditairement dans cette famille, dut aux Brandt la plus grande partie de sa prospérité à Audenarde pendant les xvie et xviie siècles. Notre artiste peut être regardé comme le dernier représentant d’une industrie à laquelle le goût participe non moins que l’habileté de l’ouvrier et qui jeta un si vif éclat sur l’industrie flamande et, principalement, sur celle de la ville d’Audenarde.

Les produits de la maison Brandt se distinguaient par la finesse de l’exécution, la vivacité des couleurs et la pureté du dessin. Diverses tapisseries historiées provenant de sa succession, se trouvaient, il y a peu de temps, au château de M. Eug. Van Meldert, à Zèle; depuis elles ont été cédées à des amateurs et à des musées. Les principaux sujets de cette collection représentaient des épisodes de l’Ancien Testament, des sujets tirés des Métamorphoses d’Ovide, des scènes champètres, dans le genre de Teniers. Une des œuvres les plus remarquables de cette collection, acquise par l’État, appartient actuellement au Musée d’antiquités, à Bruxelles. Brandt fut le dernier membre de la Gilde de Sainte-Barbe qui, depuis des siècles, comprenait tous les haute-lisseurs de sa ville natale. C’est à ce dernier titre qu’il adressa, le 9 mai 1787, au magistrat d’Audenarde, un état détaillé de la position financière de cette corporation, en ajoutant que cet état était fourni par le dernier survivant des confrères de la corporation des tapissiers, de neeringe van de tapytsiers. Déjà en 1772 Brandt avait dû fermer ses ateliers, faute d’être soutenu par le gouvernement. Notre manufacturier clot donc cette longue série d’habiles industriels qui ont aussi, comme on le sait, contribué, au XVIe siècle à la fondation des Gobelins, à Paris.

H. Raepsaet.

E. Van Cauwenberghe, Recherches sur les anciennes manufactures de tapisseries. — De Saint-Genois, Annales de l’Académie d’archeologie, t. III, pp. 126-130. — Lacordaire, Notice sur la manufacture des Gobelins.