Biographie nationale de Belgique/Tome 3/BREUGHEL, Pierre (le jeune)
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BREUGHEL (Pierre), dit d’Enfer, fils de Pierre, le vieux, peintre d’histoire en petit, de genre, de diableries, scènes de sorcières, incendies, etc., naquit à Bruxelles, probablement vers 1564. Jusqu’à présent on n’a pu préciser l’époque de sa naissance; ses parents se marièrent en 1563 et il fut l’aîné de leurs enfants. Pierre apprit la peinture à Anvers, auprès de Gilles van Coninxloo. Lorsque ses années d’étude furent achevées, il se fixa dans la même ville et y fut reçu, en 1585, dans la corporation de Saint-Luc, en qualité de fils de maître. En 1588, il épousa Élisabeth Goddelet. Parmi ses témoins, on remarque le peintre Jean Snellinck. Il ne paraît pas qu’il ait voyagé. Il était doué d’un talent assez remarquable et eût fait sans doute un artiste plus renommé si le goût ne lui avait point fait défaut; une imagination bizarre lui fit choisir de préférence les diableries, les représentations de sorcières, et, tendance plus fâcheuse, il introduisit ces singulières conceptions dans les sujets les plus sérieux. C’est ainsi que dans le tableau qu’on voit de lui au Musée de Bruxelles, et qui représente la Chute des Anges rebelles, les archanges, tout en précipitant dans l’enfer leurs confrères déchus, changent eux-mêmes de forme et en revêtent des plus étranges. Le Portement de croix, du Musée d’Anvers, montre une cavalcade des plus excentriques, avec les larrons sur une charrette, des paysans flamands revenant du marché et regardant passer le cortége, des cavaliers armés de toutes pièces et revêtus de costumes, empruntés pour la plupart au XVIe siècle. Ce tableau est signé P. Brueghel 1607. On comprend que de telles représentations ne soient pas agréables à l’œil et ne puissent plaire à un esprit sérieux. Cela n’empêche que le coloris du peintre ne soit digne de grands éloges : sa touche est fort légère et spirituelle et son dessin ferme et sûr. Pierre Breughel, le jeune, eut deux enfants; son fils, nommé Pierre comme lui, naquit en 1589 et fut reçu franc-maître de Saint-Luc, en 1608. Il fut peintre de portrait et eut, dit-on, un talent remarquable. On le considère comme le maître de Gonzalez Coques. Le second enfant de Pierre fut une fille appelée Marie et née en 1591. Notre peintre mourut en 1637-38, et sa femme ne lui survécut que d’un an à peu près. On cite plusieurs de ses élèves, parmi lesquels il y en eut un qui suffirait pour la gloire de son maître, nous voulons parler de François Snyders. Le portrait de Breughel est au nombre de la collection des Cent gravés par Van Dyck. Les principales galeries de l’Europe ont de ses tableaux. A Munich, l’Incendie de Sodome et l’Incendie de Troie, tous deux sur cuivre; le catalogue de ce musée le fait élève d’Égide Conin : ce nom de fantaisie doit signifier Gilles ou Égide van Coninxloo. A Berlin, une Bataille de paysans et une Marche au Calvaire; à Vienne, Adoration des Mages, Tentation de saint Antoine, etc.; à Dresde, l’Enfer, Tentation de saint Antoine et Ruine de Sodome; à Madrid, l’Enlèvement de Proserpine, la Tour de Babel, et deux Incendies; à la Haye, Jésus-Christ délivrant les âmes du Purgatoire; en outre, à Anvers et à Bruxelles, les tableaux déjà cités plus haut.