Biographie nationale de Belgique/Tome 3/BUTOR, Baudouin

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BUTOR (Baudouin), romancier, florissait dans la seconde moitié du XIIIe siècle, si il était né avant 1250. On n’a pu réussir, encore, à établir avec certitude son lieu de naissance ; sa manière d’écrire ferait supposer qu’il était Flamand ; il est plus probable pourtant qu’il était Hennuyer : en effet, dans la préface de son œuvre, parlant de Jean d’Avesnes, comte de Hainaut, il dit : mon très-noble seigneur et amé prince ; tandis qu’en parlant de Gui comte de Flandre et de Hugues de Chatillon, comte de Saint-Pol, il emploie simplement la qualification de « nobles princes. » Ses ouvrages ne furent pas composés avant 1292 ; ce qui résulte des lignes suivantes : « Il est seut, set on et est à savoir que com il soit ensi ke li pluisor ont oit et oent encores aucuns contes desrimés liqueil sont extrait des aventures de Bretaigne, M’est il pris talens Guion conte de Flandre et Marchis de Namur, Huon de Chastillon, jadis conte de Saint-Pol, et tant com a ore conte de Blois. » Effectivement, ce fut en 1292 que celui-ci obtint le comté de Blois. Butor était clerc et dut jouir d’une assez bonne condition, si l’on en juge par le nombre et le rang de ses patrons. En effet, les trois princes que nous venons de nommer furent ses protecteurs. Ses mérites littéraires ne sont cependant pas grands ; il s’est borné à traduire en prose des romans, c’est-à-dire, à défaire les poèmes des autres, pour les vulgariser. Ces versions, il les faisait, comme il nous le raconte, sur l’ordre de ses trois Mécènes ; ils ordonnaient à Butor d’aucuns biaus contes traitier et metre en escrit et en retenance. Il est probable que les romans de la Table ronde étaient chantés de mémoire en Flandre et en Hainaut, par les jongleurs et ménestrels voyageurs ; les comtes Gui de Flandre et Jean d’Avesnes, voulant s’en délecter à leur aise, désiraient les posséder en manuscrit. C’est alors que Butor en fixa le fond et la pensée sur le papier ou le vélin, en prose romane du temps. Tout ce que l’on possède de lui se trouve inédit dans le manuscrit no 7534-3-3 de la Bibliothèque impériale de Paris. Il est écrit sur vélin et d’une écriture du XIIIe siècle. Quelques-uns de ses travaux ne sont pas parvenus jusqu’à nous ; voici ceux que nous connaissons : 1° Le Roumant de Constans. — 2° Les histoires de Dafinor et de Dorvant et de Pierchefier, liquel furent frère et fil au bon roi de Thaileborch. — 3° La vision de Butor, la nuit de la Purification en l’an 1294. — 4° Histoire de Libanus, roi de Bonvich. Les trois derniers ouvrages, connus seulement par des fragments, paraissent être des suites ou des branches de Constans. Ce dernier roman n’est même pas terminé.

Aug. Vander Meersch.

Dinaux, Trouvères de Flandre, p. 100. Histoire littéraire de la France, t. XXI p. 565. — Robert, Fables inédites, t. I. p. 129. — Serrure, fils, Geschiedenis der Nederlandsche en fransche letterkunde, p. 28.