Biographie nationale de Belgique/Tome 3/CALONNE, Charles-Antoine, comte DE

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CALONNE, Charles-Antoine, comte DE



CALONNE (Charles-Antoine, comte DE), homme de guerre, né à, Hulst (Flandre zélandaise), en 1602, de Jacques de Calonne, major de cette ville, et de Marie-Françoise de Moria, mort à Madrid dans les premiers jours de l’année 1672. Sa famille était de Tournai, où, au XVIe siècle, plusieurs de ses membres furent appelés à remplir les charges d’échevin, de juré, de mayeur, de prévôt dans la magistrature municipale. A l’âge de vingt et un ans, Charles-Antoine de Calonne s’engagea, comme soldat, dans la compagnie que commandait son père. Il se trouva au siége de Breda par Ambroise Spinola (1624); à l’expédition que dirigea le marquis de Santa Cruz contre le prince d’Orange Frédéric-Henri, qui menaçait Bruges (1631); au secours de Maestricht que tenta le comte de Papenheim (1632); à la bataille malheureuse que le prince Thomas de Savoie livra aux Français à Avain, dans le Luxembourg (1635) : il avait été blessé de deux coups de mousquet devant Maestricht; à Avain il fut fait prisonnier. Ayant recouvré sa liberté moyennant rançon, il alla rejoindre sa compagnie à Louvain, qu’assiégeaient les Français et les Hollandais. Il fit encore les campagnes des trois années suivantes.

Il était parvenu, depuis 1635, au grade de lieutenant-colonel du régiment d’infanterie haut-allemande du comte d’Hooghstraeten, après avoir passé par ceux d’enseigne (alferez) et de capitaine. En 1639, le cardinal-infant don Fernando, gouverneur général des Pays-Bas, lui donna l’ordre de se rendre en Espagne, pour y servir en qualité de sergent-major du régiment du marquis de Molenghien. Pris par les Hollandais à sa sortie du port de Mardyck et conduit sur le territoire de la république, il y subit six mois de captivité, après lesquels il revint dans les Pays-Bas catholiques, d’où il partit de nouveau pour la destination qui lui avait été assignée. Ayant rejoint, à l’armée de Catalogne, le régiment de Molenghien, dont il devint bientôt le mestre de camp, il prit part aux deux siéges de Tarragone : l’un par les troupes royales (1640), l’autre par les Français (1641); au secours que le marquis de Torrecusa fit entrer dans Perpignan (décembre 1641); à la prise de Monzon (1643), de Lerida (1644); à la défense de cette dernière place que le général français comte d’Harcourt était venu attaquer (1646) : sa belle conduite dans ces différentes occasions lui valut des témoignages de la satisfaction de ses chefs et du roi Philippe IV lui-même. Le 7 février 1648, ce monarque le nomma gouverneur de Fraga. La même année, il reçut l’ordre de passer à Valence.

Calonne désirait revoir sa patrie; il sollicita et obtint, en 1649, la permission de s’y rendre. Le roi recommanda à l’archiduc Léopold, qui gouvernait alors les Pays-Bas, de l’employer selon ses qualités, son mérite et les charges qu’il avait remplies jusque-là. Don Luis de Haro écrivit aussi à l’archiduc en sa faveur. Cependant on ne trouva point, ou l’on ne voulut pas trouver, dans l’armée hispano-belge, de poste qui fût à sa convenance : aussi, après avoir fait la campagne de 1650 contre les Français, il prit la détermination de repartir pour l’Espagne.

Ce fut de nouveau à l’armée de Catalogne qu’on l’envoya; il y servit encore pendant quatre années, et assista au siége de Barcelone par les troupes royales (1652). Après que cette importante province fut rentrée sous l’autorité légitime, Philippe IV le fit gouverneur de Carthagène (mars 1656). Quelque temps après, il alla batailler contre les Portugais sur les frontières de l’Estramadure; il y resta jusqu’en 1659. Le 1er octobre de cette année, le roi le renvoya à Carthagène, « vu — est-il dit dans l’ordre qu’il lui donna — l’importance de cette place, et attendu que, dans les circonstances présentes où notre couronne a tant d’ennemis, il convient de veiller particulièrement à sa sûreté et à sa défense, en y ayant un chef distingué autant par son grade que par sa valeur et son expérience militaire, qualités qui sont réunies en vous, Charles-Antoine de Calonne[1]. » Dans cet ordre de 1659, Calonne est qualifié de général de l’artillerie (titre qui lui est donné déjà dans des actes officiels de 1653 et de 1655) et de chevalier de l’ordre militaire de Saint-Jacques. Pendant qu’il était à Carthagène, il eut l’occasion de faire preuve de son dévouement à son souverain : des compagnies d’infanterie espagnole devaient être embarquées pour l’Italie; l’argent manquait : il mit en gage sa vaisselle pour les payer (1661).

Calonne souhaitait vivement d’aller finir ses jours dans son paya natal; en 1662, il demanda le poste de général de l’artillerie aux Pays—Bas, ou le gouvernement de Bruges : malgré les dispositions personnelles du roi qui lui étaient favorables, ni l’un ni l’autre ne put lui être donné. Philippe IV, pour l’attacher par de nouveaux liens à l’Espagne, le fit conseiller au conseil suprême de guerre de la monarchie (22 février 1664), en lui conservant le gouvernement de Carthagène. Charles II, ou plutôt la reine régente Marie-Anne, le créa, le 14 mai 1670, comte de son nom de Calonne, en érigeant en comté quelques terres et seigneuries qu’il possédait en Brabant[2]. Calonne, comme on l’a vu plus haut, mourut à Madrid au commencement de 1672, fort regretté de la cour, disent les journaux du temps, pour les services qu’il avait rendus au roi et à la monarchie. Il ne laissa point de postérité. Un de ses frères, qui avait le grade de mestre de camp dans l’infanterie wallone, était mort au siége de Barcelone.

Gachard.

Archives de la ville de Tournai. — Archives du royaume, fonds de la secrétarerie espagnole et de la chambre des copmtes. — Relations véritables, Gazette des Pays-Bas, ann. 1664 et 1672. — Memorial de los servicios de D. Carlos Antonio de Calonne. dado à Su Magesdad (que Dios guarde) impresso en Donay. por Juan Patti. 1866, in-fol. — Lafuente, Historia general de España, t. XVI.


  1. « Por quanto siendo la ciudad y puerto de Cartagena de la calidad y importancia que se tiene entendido, y en que en las occasiones presentes de tantos enemigos desta corona, conviene cuydar mucho de su seguridad y defensa, teniendo en ello soldado de mucho grado, valor, práctica y experiencia militar, concurriendo estas y otras partes en vos, D. Carlos Antonio Calonne, he vesuelto eligiros para el efeclo referido, etc. »
  2. Dans des lettres de don Luis de Haro de 1649 et du comte de Fuensaldaña de 1651, nous trouvons le titre de baron attribué à Calonne. Nous ne savons s’il se donnait ou se laissait donner ce titre, comme plus d’une personne le fait aujourd’hui; mais il est certain qu’il ne lui appartenait pas.