Biographies de l’honorable Barthélemi Joliette et de M le Grand vicaire A Manseau/Au Lecteur

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AU LECTEUR.

Nous offrons aujourd’hui au public, la biographie de l’honorable Barthélemi Joliette, fondateur du village d’Industrie, actuellement la ville de Joliette.

La gloire impérissable attachée au nom et aux travaux de cet homme extraordinaire, ne saurait dispenser ses concitoyens d’apporter à sa mémoire, le tribut de leurs sentiments de reconnaissance.

Joliette surtout, qu’il a entourée de toutes parts, qu’il a environnée comme d’un réseau de bienfaits, ne doit pas être la dernière à mêler sa voix dans ce concert de louanges et de gratitude qui, de toutes les parties du pays, s’élève en l’honneur de l’un de ses insignes bienfaiteurs.

Pour nous, élève du Collège de M. Joliette, nous avons pensé nous acquitter d’un pieux devoir, en recueillant les détails d’une vie si dignement remplie.

Malgré les minutieuses recherches que nous nous sommes imposées pour arriver à la vérité, malgré les modifications que nous avons fait subir à notre travail, il nous arrivera peut-être de donner dans quelques légères erreurs. Nous en demandons d’avance pardon à ceux qui daigneront nous lire.

Ces lecteurs bienveillants voudront bien aussi se souvenir, en parcourant ces pages, qu’il nous a fallu les écrire le plus souvent à la hâte, et cela, à travers mille interruptions qui devront quelquefois, laisser du décousu dans notre essai.

Les traditions orales étant les seules sources auxquelles on peut encore recourir avec la certitude d’y trouver d’exacts renseignements, il est hors de doute, que si on eût remis à une époque plus reculée le soin de consigner les événements dont les détails vont suivre, les difficultés d’un pareil travail auraient été beaucoup plus grandes, et des erreurs plus nombreuses s’y seraient immanquablement glissées.

Ce dernier motif devra servir d’excuse à notre témérité d’avoir ravi une tâche si délicate à une plume plus exercée et plus habile que la nôtre.

Il nous reste un devoir à remplir ; nous nous empressons d’autant plus de nous en acquitter, qu’il est pour nous un besoin du cœur et l’occasion de plus d’un agréable souvenir : ce devoir, c’est d’offrir nos sincères remerciements aux personnes bienveillantes qui nous ont fourni de précieux renseignements sur la vie de l’honorable Joliette.

À ce titre, Mgr. de Montréal, les RR. F. Dorval, P. D. Lajoie, E. Champagneur, MM. de Lanaudière, G. Baby, M.C.C., Chs. Panneton, J. 0. Leblanc, P. C. Léodel, Ecrs., ont droit à toute notre reconnaissance, comme à celle du public en général, et surtout de celui de Joliette.

Puisse le consolant témoignage d’avoir fait mieux connaître l’une de nos illustrations canadiennes, les récompenser de la lumière qu’ils ont jetée sur cette page de notre histoire !

À la biographie de l’honorable, Joliette, nous joignons celle du regretté Grand Vicaire Manseau.

Unis pendant plus de vingt ans, pour la prospérité matérielle, intellectuelle et morale d’une ville fondée par leur énergie et leur patriotisme, ces deux hommes bienfaisants ne doivent pas être séparés après leur mort.

Le burin de l’histoire doit tracer en caractères ineffaçables sur la même page, ces deux noms bénis, comme la reconnaissance les fera vivre éternellement dans le cœur de tous les habitants de Joliette.

Pénétré de cette pensée, nous avions déjà formé le dessein d’esquisser rapidement la carrière de M. Antoine Manseau pour en joindre le récit à celui de la vie de l’honorable Joliette, lorsque, par un bonheur inespéré, nous avons vu nos espérances dépassées.

Apprenant que la biographie de ce saint prêtre avait été préparée, il y a déjà plusieurs années, par le vénérable Évêque de Montréal, nous avons fait de vives instances pour nous la procurer ; et aujourd’hui, nonobstant les réclamations dictées par la modestie, nous prenons sur nous de la publier pour la satisfaction du public.

Maintenant, que le lecteur n’aille pas se scandaliser de notre prétention de placer nos humbles essais à côté des écrits si solides, si dignes, si pleins de mérite de Sa Grandeur, Mgr. l’Évêque de Montréal. Au sein du même parterre, la rose brillante, gloire du printemps, et la violette à la modeste parure ne s’épanouissent-elles pas sous les rayons du même soleil ? N’entendons-nous pas dire tous les jours qu’il faut des ombres à tout tableau ?

Eh bien ! nos écrits seront ces ombres qui feront ressortir d’avantager la beauté du tableau qu’a tracé Monseigneur. C’est le seul honneur auquel ils aspirent.