Biographies de l’honorable Barthélemi Joliette et de M le Grand vicaire A Manseau/Chapitre V

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V.

B. Joliette, Étudiant en droit.


Cinq années avaient passé bien rapidement, et malgré les regrets du bon et dévoué professeur, malgré le sacrifice de ses inclinations pour l’étude, Barthélemi dût faire ses adieux aux classes de M. Nepveu pour entrer comme clerc-notaire chez son oncle, M. Joseph Édouard Faribeault. Là, comme à l’école, il déploya la même ardeur pour l’étude, la même application à ses devoirs.

Toujours assidu au bureau, on l’y trouvait constamment occupé. Lorsque dans le cours de son travail, il lui survenait quelques difficultés, il prenait pour pratique de ne jamais passer outre, sans s’être rendu compte des obscurités qu’il avait rencontrées.

La science et le jugement de son estimable patron étaient pour lui une précieuse ressource qu’il ne manqua pas d’utiliser. C’est ainsi, qu’à force de travail, de réflexion, et de persévérance, il se préparait une belle carrière pour l’avenir. À cette époque, où l’on ne comptait encore que deux collèges dans le Bas-Canada, où l’éducation classique n’était que le privilège des grandes villes, il fallait aux jeunes gens placés et élevés en dehors de ces centres, une dose de courage et de talent plus qu’ordinaire pour aborder les professions libérales. Les intelligences distinguées seules osaient se lancer dans ces carrières heureusement plus redoutées qu’aujourd’hui.

Aussi, est-il digne de remarque, que les anciens officiers publics, nonobstant l’instruction très limitée qu’ils avaient pu recevoir, étaient profondément versés dans toutes les questions de la jurisprudence.

Les articles qu’ils ont laissés, bien que déparés par certaines locutions un peu bizarres, et bon nombre de fautes d’orthographe, sont rédigés de la manière la plus claire et toujours basés sur l’exacte interprétation de nos lois.

Ah ! si ces hommes, qui, après quatre à cinq ans de séjour dans une pauvre école de village, se virent obligés, sans aucune autre préparation, à commencer leurs études professionnelles ; si, dis-je, ils avaient pu jouir des avantages des étudiants de notre temps, combien ils en auraient mieux profité que quelques-uns d’entre eux ! et combien nombre de ces derniers auraient à rougir de la comparaison des connaissances des anciens avec celles des contemporains !