Biographies de l’honorable Barthélemi Joliette et de M le Grand vicaire A Manseau/Chapitre XI

La bibliothèque libre.

XI.

Moyens de M. Joliette.


Sa fortune n’était pas considérable ; néanmoins la nombreuse clientèle que sa réputation de probité lui avait acquise, l’économie de son administration, l’avaient placé dans un état au-dessus de l’aisance.

D’un autre côté, de précieuses et inestimables qualités devaient suppléer abondamment à l’insuffisance de ses ressources pécuniaires. Doux, affable, bienveillant, généreux envers tout le monde, d’une exquise sensibilité d’âme, d’un caractère noble, hardi, persévérant, d’une activité dévorante dont la mort seule a pu arrêter le cours, d’un jugement supérieur, d’un esprit observateur et inventif, il était trempé pour les grandes entreprises dont il eut l’instinct dès le début de sa carrière.

Tel était le fondateur de l’Industrie, lorsque abandonnant le village de l’Assomption, les amis nombreux qui l’estimaient si hautement, il s’en vint planter sa tente au plus épais de la forêt, sur les confins de la seigneurie de Lavaltrie.

La foi et le patriotisme, héréditaires dans la famille Joliette, lui faisaient entrevoir dans son entreprise, une nouvelle glorification de la religion et un immense bienfait pour ses compatriotes.

C’est fortifié, inspiré par ce double amour de la religion et de la patrie, qu’il devait opérer ces grandes choses qui lui ont mérité l’admiration et la reconnaissance de l’une et de l’autre.

Et qu’on ne perde pas de vue cette vérité : M. Joliette n’est véritablement grand aux yeux de ses concitoyens, son nom n’a mérité les honneurs de l’immortalité, que parce que, comme tous les hommes illustres, il s’est oublié lui-même pour se dévouer au succès des deux plus nobles causes : celle de la religion et celle de son pays.