Biographies de l’honorable Barthélemi Joliette et de M le Grand vicaire A Manseau/Chapitre XXXV

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XXXV.

Arrivée des Religieux de St. Viateur.


M. Joliette n’en poursuivait pas moins son premier plan, celui d’avoir des religieux pour son établissement.

Secondé des conseils du Grand-Vicaire Manseau et du zèle infatigable de Mgr . Bourget, il négocia les principaux arrangements du contrat qu’il proposait à la communauté des clercs de St. Viateur.

Au printemps de 1847, l’Évêque de Montréal revenant d’un voyage à Rome, passa par Vourles, leva les difficultés qui restaient encore et amena avec lui, trois religieux de cette communauté : — noyau fécond de cette association naissante, qui aujourd’hui, au nombre de cent membres, répand ses bienfaits dans le diocèse de Montréal, étendant ses ramifications jusqu’à la lointaine Colonie Canadienne de Bourbonnais (près de Chicago.)

Nous reproduisons ici, une lettre que Mgr . Bourget adressa alors à l’Honorable B. Joliette, pour lui rendre compte du succès de ses négociations. Elle dira aux habitants de Joliette qui pourraient l’ignorer, que dans l’établissement des religieux de St. Viateur au sein de leur ville, le vénérable et saint Évêque de Montréal a aussi des titres bien chers à leur reconnaissance.

« Honorable Monsieur, »

« En revenant de Rome, je me suis arrêté à Vourles, pour conclure avec Monsieur Querbes, curé de Vourles, l’affaire de la fondation des Frères de St. Viateur, à St. Charles de l’Industrie. J’ai pris sur cette Congrégation naissante toutes les informations possibles, et, autant que j’ai pu en juger, elle remplira parfaitement vos vues généreuses et bienveillantes. J’amènerai avec moi, au mois de mai prochain, trois de ces Frères, et un quatrième suivra de près.

En faisant les frais de cette fondation, vous vous proposez de propager d’une manière efficace l’éducation et l’industrie, dans votre ville naissante, et dans tout le pays. Or, je crois que vous trouverez dans les Frères de St. Viateur des hommes capables d’exécuter ce double projet si beau et si digne de vous…

Veuillez présenter mes respects à toute votre honorable famille, et me croire avec une haute considération,

Monsieur,
Votre très-humble serviteur,
Ig., Év. de Montréal.

À l’Hon. B. Joliette.

En faisant à ses frères bien-aimés les adieux du départ, le Père Querbes remettait de son côté, au frère Étienne Champagneur, pour l’Honorable Joliette, les lignes suivantes :


« Honorable Monsieur, »

« C’est pour seconder vos généreux desseins que nous envoyons trois de nos frères dans vos contrées. Monseigneur de Montréal m’assure que vous êtes disposé à faire de grands sacrifices dans l’unique vue de procurer le bien-être religieux et temporel de vos concitoyens.

J’ai l’espoir que nos frères y répondront. J’ose les recommander à votre généreuse bienveillance. Leur reconnaissance sera partagée par tous les membres de leur institution et par leur supérieur en particulier qui est avec respect, »

Honorable Monsieur,
Votre très-humble et très-obt. servt.,
Querbes, Ptre.


Vourles, 17 Avril 1847.


Le 28 Mai, après une heureuse traversée, les religieux annoncés arrivèrent, à l’Industrie où ils furent reçus à bras ouverts par MM. Manseau et Joliette.

En attendant que l’année scolaire commençât, ils furent logés au Collège. En Septembre, ils prirent la direction de cette maison qui, selon les prévisions de Mgr . Prince, n’a cessé de prospérer, bien que son ciel n’ait pas toujours été exempt d’orage.

Tranquillisé sur le sort de sa fondation, se reposant entièrement sur l’habileté des religieux pour le soin et l’impulsion à donner aux études dont il avait pourtant tracé le programme, le fondateur n’apparaissait au Collège que pour y applaudir au travail et aux succès de ses chers enfants, pour y surveiller les améliorations temporelles dont sa générosité prévoyante ne se lassait pas de poursuivre le cours.

L’amour, le respect et la confiance dont l’entouraient les professeurs et les élèves « le dédommageait amplement, disait-il, des petits services qu’il avait essayé de rendre à la jeunesse de sa localité. »

Il faut entendre parler les jeunes gens d’alors qui eurent le bonheur de le voir, de l’entendre, de jouir de sa présence au milieu d’eux, pour se faire une idée de l’attachement filial et de l’admiration qu’il inspirait à tous, par sa conduite si pleine de noblesse, de bonté et d’affectueuse tendresse.