Bourassa et l’Anti-Laurierisme/M. Bourassa sur la défensive

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M. BOURASSA SUR LA DÉFENSIVE.


M. Bourassa aime bien à attaquer. Pour se défendre, il est moins fort. Il a la défense entortillée comme tous les gens à conscience troublée.

Il préfère laisser passer l’orage ou répondre par d’autres insultes.

Au mois de juillet, l’hon. R. Lemieux, insulté, vilipendé, diffamé grossièrement par M. Bourassa entreprit la besogne peu odorante de dépouiller le fantoche de ses oripeaux et de montrer dans toute sa laideur d’âme vile, frileuse et malfaisante de M. Bourassa.

Il a indiqué, dans un discours prononcé à Louiseville, le 24 juin dernier, le cas qu’il faut faire de cette prétendue indépendance. Il a dépeint, le pur des purs et l’incorruptible sous des traits définitifs, sous la figure du quémandeur de places sous les traits de l’homme qui échoue dans trois demandes consécutives.

Voici ses propres paroles :

« M. Bourassa parle souvent de repus et de SALARIÉS.

« Ce fier aristocrate n’aurait pourtant dédaigné les grasses prébendes au temps jadis.

« Ce pur d’entre les purs voulait être Commissaire du Canada à Paris. Il était prêt à déloger le regretté Hector Fabre du Commissariat, oui, Hector Fabre, dont le père fut trésorier des « FILS DE LA LIBERTÉ ».

« Cette vertu égarée au milieu de tant de vices, voulait succéder à feu M. Beausoleil, comme Maître de Poste à Montréal. C’est ainsi qu’il espérait s’entraîner au métier — d’homme de lettres.

« Ce farouche représentant des gauches voulait aussi vêtir la toge d’orateur-suppléant de la Chambre des Communes. Il était prêt à diriger de sa houlette le troupeau des moutons ministériels. Il condescendait à se gaver avec les salariés et les repus. Il n’osera pas nier des faits. Il a sollicité et quémandé ces trois postes, y compris les émoluments.


LES TROIS PLACES


M. Bourassa cultive la fleur du souvenir sur les tombes de ses espoirs déçus.

« On lui fit comprendre qu’on ne destituait pas un vieillard qui avait bien servi son pays, qu’on ne confiait pas à un jeune homme de trente-cinq ans, une retraite destinée à un vétéran. On lui fit savoir que pour diriger les débats d’une assemblée délibérante, il lui manquait une qualité essentielle : LE JUGEMENT.

« Profondément déçu, le cœur ulcéré, le Seigneur de Montebello pointa du doigt la fenêtre du Premier Ministre et proféra alors cette menace dont tous les actes de sa vie se sont ressentis depuis : « DITES À SIR WILFRID LAURIER ET À SES COLLÈGUES QUE JE SUIS PLUS DANGEREUX DE MON SIÈGE DE DÉPUTÉ QUE DU FAUTEUIL DE L’ORATEUR ».

« Ceci se passait à l’ouverture de la session de 1905, quelque temps avant la présentation des deux bills d’autonomie. En référant aux débats de la Chambre, l’on constatera que l’élection de l’Orateur-suppléant fut retardée, contrairement à l’usage.

« Le Seigneur, transformé en valet, était en instance auprès du Conseil des Ministres. Il attendait son… CASTORIA.

« Votre humble serviteur lui transmit la fatale fin de non-recevoir du Cabinet.

« Mieux que quiconque depuis, j’ai appris un peu, beaucoup à mes dépens, à mesurer la profondeur de sa haine.

« M. Bourassa, — ses discours et ses insolents écrits en sont la preuve, — n’a plus maintenant qu’une ambition : découronner Laurier et lui creuser un tombeau dans LA BOUE DES CHEMINS. C’est là tout l’objectif de sa vie. Or, quoiqu’il dise et quoiqu’il fasse, le nom de Laurier vivra dans l’histoire.

« Le Premier Ministre a donné au pays la prospérité et il a prêché la paix et l’union entre les différentes races qui habitent le Canada. Entre son haineux détracteur et lui le peuple n’hésitera pas. »

Il demeure donc acquis que M. Bourassa a successivement sollicité et fait solliciter par son entourage les places suivantes ; celles de :

Orateur suppléant.

Maître de poste de Montréal.

Commissaire du Canada à Paris.

Un beau jour M. Bourassa a compris qu’il était impossible de ne pas répondre à ces accusations, qu’un démenti au moins pour la forme s’imposait.

Ce pseudo-démenti, il l’a donné dans les colonnes du « Devoir » NATURELLEMENT avec un air dégagé merveilleusement amusant.

Mais ici encore on retrouve la pose du personnage.

L’éternelle pose !

À entendre M. Bourasse ce n’est pas pour lui. C’EST POUR SES AMIS qu’il relève les accusations portées contre lui.

Quand à lui, il les dédaigne :

« Mes amis m’ont souvent demandé pourquoi je n’avais pas relevé plus tôt ces accusations vieilles de vingt ans ».

(« Devoir », 27 Juin 1911)

Cette désinvolture sonne haut. Eh bien, c’est du faux, du chiqué, du copié.

Cette attitude nous la connaissons déjà.

M. BOURASSA L’A DÉJÀ JOUÉE CETTE COMÉDIE ET DANS UN CAS ANALOGUE.

Il était accusé de refuser de rendre compte de $2,200 qu’il avait reçu, comme secrétaire de la Commission mixte internationale.

Car M. Bourassa a déjà accepté d’accomplir ces missions diplomatiques qu’il reproche tant à l’hon. M. Lemieux.

Il a déjà été SALARIÉ ou plutôt il a accepté dans sa poche l’argent du gouvernement ; ce fut un repus, avec cette seule différence qu’il refusa à l’Auditeur Général, qu’il refusa au comité des Comptes Publics, qu’il refusa à la Chambre Populaire de rendre compte, comme il en était requis. Cela fit du bruit. M. Bourassa crut pouvoir dédaigner l’émotion causée par ce refus.

Mais un jour le bruit fut trop fort et il dut tenter une explication.

Écoutez son discours à la Chambre des Communes en 1900.

ON DIRAIT QU’IL L’A RECOPIÉ POUR LE « DEVOIR » de 1911.

Il a bonne mémoire.

Nous aussi, malheureusement pour ce poseur.

M. BOURASSA (Labelle) : Avant qu’on aborde l’ordre du jour, M. l’Orateur, je désire donner des explications qui me concernent personnellement. Les journaux ont fait courir la rumeur que j’avais refusé de comparaître devant le comité des comptes publics, pour fournir certaines explications relativement à mes dépenses en qualité de secrétaire de la Commission Mixte. Je ne m’occupe guère de ces racontars des journaux en temps ordinaire. Chaque fois qu’il s’agit de choses, de cette nature, je me rappelle toujours les paroles que j’ai entendues prononcer un jour à lord Herschell, qui disait que quand bien même il serait accusé par les journaux d’avoir tué son père, pendu sa mère, empoisonné ses enfants et noyé sa femme, il ne prendrait pas la peine de faire rectifier ce rapport. CEPENDANT QUELQUES-UNS DE MES AMIS ONT PRÉTENDU QU’IL SERAIT PRÉFÉRABLE POUR MOI DE DONNER QUELQUES EXPLICATIONS À CE SUJET.

(Débats, 1er mai 1900 p. 4342).

Cette idée ne lui serait jamais venue SANS SES AMIS.

C’est simplement pour satisfaire ses amis qu’il rend non des comptes, mais des explications.

Aujourd’hui c’est la même chose. C’EST POUR SATISFAIRE SES AMIS QU’IL S’EXPLIQUE.

Le reste du monde ne compte pas.

Il contente ses amis, Eddie Lepage et Ducharme.

Heureusement que ce ne sont pas des gens difficiles pour épurer les comptes et scruter les explications de M. Bourassa.


EN PANNE


BORDEN — C’est inutile de pomper, les pneus sont crevés de partout.
MONK — Ah ben, mon vieux, si tu voyais le dessous !