Bourassa et l’Anti-Laurierisme/Toqué, détraqué, névrosé

La bibliothèque libre.

TOQUÉ, DÉTRAQUÉ, NERVOSÉ
ET AGITÉ.


M. Henri Bourassa, chef des nationalistes mène, depuis des mois, une campagne brutale d’insultes, de dénigrement et de mouchardise. Le « Devoir » son organe se plait à étaler avec les commentaires les plus malveillants et les plus injustes les affaires même privées des adversaires du Grand Homme. Il scrute les secrets de familles, les transactions intimes des individus, met le nez dans tous les linges et dans tous les papiers et se délecte aux relents de cette cuisine malpropre.

En d’autres temps, de si plates vilenies n’appelleraient pas de réponse ; mais M. Bourassa a si bien réussi à atrophier le sens commun et la conscience populaire que ce serait de la duperie de s’en rapporter au mépris pour avoir justice.

Nous allons répondre à M. Henri Bourassa avec la même encre : —

M. Bourassa court de tréteau en tréteau vilipendant tous les hommes publics, diffamant ses anciens collègues, salissant ses amis d’autrefois, noircissant ses protecteurs.

Et ensuite.

Il se proclame le seul grand homme du pays ; l’unique politicien capable de faire régner l’honnêteté et la justice ; l’homme d’État par excellence.

Eh bien, nous allons voir ce qui en est, nous allons toiser le personnage. Nous ferons comme il fait, nous examinerons son passé, tout son passé et nous montrerons ce que vaut l’individu, quelle est SA MORALITÉ et SA MENTALITÉ, deux de ses expressions types.

Pour qu’on ne croie pas que cet article écrit sous l’influence d’une passion momentanée ; pour ne pas faire à M. Bourassa la joie de croire qu’il nous a piqués au vif par de récentes accusations, nous reproduisons un article du « CANADA » paru il y a quatre ans, le 11 octobre 1907.

On verra que dès cette époque l’opinion était bien arrêtée sur la valeur morale et politique de cet impertinent farceur.

Nous écrivions alors et M. Bourassa ne nous a pas démenti :

« M. Henri Bourassa est-il homme d’affaires ? Voilà une question importante quand un homme songe à diriger la chose publique. Comment a-t-il dirigé ses affaires personnelles, celles de sa famille ?

« Il fut un jour prêteur d’argent.

« À peine eut-il atteint l’âge de majorité qu’il prêta environ vingt mille piastres à quelques-uns de ses parents pour acheter un magasin, un fonds de commerce et une propriété à Papineauville.

« Ce commerce ne fut pas prospère et aboutit à la cession de biens.

« M. Bourassa y perdit une dizaine de mille piastres.

« Le domaine de la seigneurie de la Petite Nation fut détaché du domaine de la couronne pour passer au séminaire de Québec et ensuite à la famille Papineau. Il devint plus tard la propriété conjointe de feu Amédée Papineau, d’une tante de M. Bourassa et de sa mère.

« La tante institua M. Bourassa son héritier et il eut aussi sa part maternelle après la mort de sa mère. Est-ce parce qu’il est arrivé sans effort à un riche domaine de la couronne qu’il dénigre les ventes de ce domaine par le gouvernement ?

« Devenu riche propriétaire d’un si beau bloc de terre, il voulait en tirer parti. Il fut un jour question de le taxer pour la construction de l’église de Montebello et pour les besoins de la municipalité. En bon chrétien et en bon citoyen, M. Bourassa se joignit à son oncle Amédée et à sa tante pour soustraire à la taxe soixante et quinze mille acres environ de terrain boisé qu’ils vendirent 60 cents de l’acre au sénateur Owens.

« Qu’il est beau le geste de M. Bourassa blâmant M. Gouin de vendre les limites, c’est à dire de les engager moyennant $200.00 le mille carré lorsqu’il a lui-même vendu la portion complète et entière d’une partie de son patrimoine environ $17.00 le mille carré.

« Le sénateur Owens fit chantier pendant une quinzaine d’années, y acquit une fortune de deux à trois cent mille piastres et revendit le même terrain environ deux cent mille piastres à une compagnie américaine, la compagnie Fassett.

« Cette compagnie a érigé un superbe moulin qui scie jour et nuit le bois tiré de ce domaine. On calcule qu’il prendra soixante-quinze ans pour couper tout le bois.

« La chose est si payante que, pour pouvoir travailler l’hiver, la compagnie Fasset a installé un système de chauffage, sous l’étang près du moulin, et tient l’eau suffisamment chaude pour que la glace n’y prenne pas, et le moulin marche l’hiver comme l’été.

« Voilà, comment M. Bourassa, par son imprévoyance, a perdu tout cet argent. Voilà comment il nous prouve qu’il tirerait bon parti du domaine de la Couronne et de ses forêts.

« M. Bourassa voulut aussi fonder une ferme modèle à Montebello. Il acheta des animaux de race, des vaches superbes. Il expédiait à Montréal le lait que les vaches donnaient et que ses employés trayaient.

« Ce fut un nouveau trou où une autre partie de la fortune se mit à couler. Alors il échangea sa ferme avec le sénateur Owens pour des lots que celui-ci avait à Montréal. Nous apprendrons peut-être un jour que M. Bourassa spécule à la baisse sur la construction à Montréal.

« M. Bourassa se vante qu’il a couché dans la cabane des colons, dans une colonie qu’il aurait fondée dans le domaine de la Petite Nation. Nous serions curieux d’avoir des détails sur cette colonie. Où est-elle ? Qui sont les colons installés par M. Bourasra ? Dans quelles cabanes a-t-il couché ? Combien d’arbres a-t-il abattus ? Combien d’arpents de terre a-t-il défrichés ? Nous sommes plutôt portés à croire qu’il a marché ou chassé pour son plaisir, parlé pour exprimer et susciter de l’enthousiasme, sans côté pratique et qu’il s’est couché pour se reposer.

« Il veut administrer les finances de la province, lui qui a toujours gaspillé de l’argent gagné par d’autres et n’a jamais fait un sou de sa propre initiative, car s’il lui fallait trouver lui-même les fonds pour se payer son indemnité de député et son salaire de secrétaire de la Sauvegarde, il est à craindre que le pays et la Sauvegarde perdraient de l’argent comme M. Bourassa en a perdu dans ses entreprises privées.

« Il veut administrer le département des terres et forêts, le département de l’agriculture, lui qui a sacrifié son patrimoine boisé pour enrichir les autres, et a fait de l’agriculture à rebours sur sa ferme modèle. Il prêche le patriotisme, la foi, la langue et il installe des Anglais et aussi des Américains, sur le domaine de Papineau. Les Anglais, les protestants sont les bienvenus dans la province de Québec. Mais sus aux langues incendiaires qui crient pour la langue et la foi et, qui, pour quelques piastres, vendent leurs biens aux Anglais et aux protestants.

« Le règne des rêveurs n’est pas long. Ils tomberont sur les ruines qu’ils auront accumulées ».

CANADIEN.

On peut ajouter aujourd’hui que cet Henri Bourassa qui accepta avec tant de désinvolture de l’argent de l’Hon. M. Owens pour sauver sa dime est le même personnage qui les jours de St-Jean-Baptiste exhorte les Canadiens à patroniser, par patriotisme les Banques Canadiennes au lieu des Banques Anglaises.

Tout ce que le « Canada » écrivait alors est encore vrai aujourd’hui.

S’il y avait quelques choses à modifier, ce serait pour faire des additions non moins instructives.

M. Henri Bourassa se plaint amèrement d’être par ses adversaires inclus dans ce que l’on appelle le groupe des


RATÉS, TOQUÉS, NÉVROSÉS ET
ALIÉNÉS


qui composent le prétendu parti nationaliste.

Nous allons voir s’il a le droit de se plaindre et si toute sa vie il n’a pas donné les preuves de l’instabilité la plus maladive et l’agitation la plus malsaine et du névrosisme le plus accentué.

Un fait est bien certain :

Il n’a jamais pu tenir en place.

Il n’a jamais pu suivre une idée.

Il n’a jamais rien mené à bonne fin.

Suivons-le pas à pas.

Retraçons les étapes du chapitre qui précède et nous voyons :

M. Bourassa se fait, comme début de carrière, élire conseiller municipal de Montebello, il occupe cette place quelques mois ;

M. Bourassa, pas satisfait du tracas municipal se fait nommer préfet du Comté de Labelle ; mais au bout de quelques mois, il se fatigue de la place.

M. Bourassa devient alors rédacteur de l’INTERPRETE, journal publié à Papineauville qu’il abandonne après quelques mois.

M. Bourassa se résout à devenir agronome, et son agronomie dure ce que durent les roses, avec le résultat que nous avons indiqué plus haut.

M. Bourassa se croit libéral en 1896 et devient député du Comté de Labelle ; mais en 1899 arrivent les événements d’Afrique. M. Bourassa poussé par la tarentule qui le pique, démissionne pour protester et se fait réélire pour renverser Laurier, avec le succès qu’on connaît.

M. Bourassa éprouve maintenant la nostalgie du journalisme. Un beau jour, on apprend qu’il est rédacteur en chef de « La Patrie » et il publie un programme sensationnel PRESQUE ANTICLÉRICAL. Ce beau jour ne dure que 24 heures. Le lendemain, M. Bourassa ou M. Tarte ont changé d’idée. En tout cas, on n’entendit plus parler de lui dans le journal qu’il agonise d’insultes aujourd’hui.

M. Bourassa pendant tout ce temps, éprouve le besoin de faire un peu d’argent pour réparer les accrocs au patrimoine.

En 1898, il se fait nommer secrétaire de la Commission Internationale et siège à Québec et à Washington. Il reçoit pour sa peine $2,200, et une fois revenu au Canada, refuse à la Chambre de rendre ses comptes, en disant qu’il est au-dessus de la Chambre populaire.

M. Bourassa était alors aristocrate, et remet à l’auditeur-Général $1.10 le seul argent qui lui reste, dit-il, SES DÉPENSES PAYÉES. Ce fut sa première et sa seule mission diplomatique. C’est pourquoi sans doute il jalouse tant celles des autres.

M. Bourassa conçoit alors l’idée de se faire recevoir avocat. Il prie M. Gouin, qu’il insulte aujourd’hui, de faire passer en sa faveur un bill à Québec afin de le dispenser des examens d’admission à l’étude.

M. Gouin lui fait obtenir cette faveur dont il est bien récompensé. M. Bourassa se livre avec ardeur 6 mois durant à l’étude du Code ; puis un beau jour il abandonne ce travail et reste étudiant. Il y a de cela dix ans environ et depuis lors, il est toujours resté étudiant, jamais reçu avocat.

M. Bourassa continue à chercher la bonne place. Il en essaie trois, mais sans succès. Il aspire successivement à être : DÉPUTÉ-ORATEUR, mais il échoue ; MAÎTRE DES POSTES à Montréal, mais il échoue ; COMMISSAIRE du Canada à Paris, mais il échoue. Pas trop mal, pour l’homme qui parle aujourd’hui de REPUS, DE CRÉCHARDS ET DE VENDUS.

M. Bourassa ne pouvant entrer dans la Confrérie qu’il stigmatise, se fait alors agent d’assurances, gérant de la « Sauvegarde ». Son nom est pris comme réclame. Sa barbe en pointe remplit sur les prospectus le rôle des cheveux blancs de Buffalo Bill et du gros ventre de Barnum.

M. Bourassa ne pouvait se plaire à ce rôle honorifique mais peu glorieux. La nostalgie des moulins à vent le reprend et il décide qu’il est appelé à régénérer la province de Québec. Il se présente à la législature locale et entre en tempête dans la Chambre Provinciale. Au bout d’une année la vessie est dégonflée. M. Bourassa s’ennuie et abandonne la législature à son triste sort et au jeune Armand qui fait tourner les girouettes à sa place.

M. Bourassa aspire aujourd’hui à revenir à Ottawa, Il s’est fait offrir par un anglais du Comté de Labelle, la candidature aux prochaines élections fédérales, mais la candidature lui ayant paru peu sûre, il l’a refusée.

M. Bourassa cependant semble avoir dans cette course vagabonde décroché le gros sac. Pour la première fois, nous le voyons à l’ancre auprès d’un coffre-fort. C’est celui du « Devoir » dont il a le contrôle et où vont s’empiler des souscriptions dont il se plait à ignorer l’origine. Bleu ou rouge. Canadien ou Anglais, nationaliste ou impérialiste, autonomiste ou fédéraliste, M. Bourassa considère stoïquement que l’argent du « Devoir » n’a ni couleur, ni odeur et sa main gauche ignore toujours ce que reçoit sa main droite. De cette façon sa conscience est tranquille et c’est le seul cas où IL FERME LES YEUX.

Il ne faudrait passer sous silence non plus la récente agitation anti-irlandaise de M. Bourassa symptôme additionnel de cette placidité de conscience dont fait en toute circonstance preuve M. Bourassa quand il s’agit de mordre la main qui lui a fait du bien. En 1905, M. Bourassa n’eut pas dans ses tentatives extrémistes pour l’imposition des écoles séparées dans les Nouvelles Provinces, d’appui plus dévoué que celui de Mgr Sbaretti, qui multiplia les efforts pour faire accepter les propositions de M. Bourassa. Celui-ci récompensa le digne prélat de sa généreuse assistance en entassant sur compte injures et calomnies. Quand Mgr Gauthier fut nommé Évêque d’Ottawa, il se mit à la tête de la cabale qui demanda à Rome l’abolition du poste de légat à Ottawa.

Voilà l’homme DÉTRAQUÉ, NÉVROSÉ, AGITÉ, RATÉ.

Nous maintenons les qualificatifs car ils ne peuvent s’appliquer à personne mieux qu’à lui.

Envieux, jaloux, méchant, ingrat, tous les gens qui ont quelque dignité de cœur se sont éloignés de lui.

Il ne lui reste que deux amis, M. Eddie Lepage et M. Ducharme.

C’est le plus juste et le plus grave des châtiments qui devait choir sur sa tête aussi orgueilleuse qu’écervelée.


LES PERROQUETS


BAPTISTE — : Oui, oui, on connaît ça ! Ah, mais, par exemple, ça sera pas long avant que j’leur torde le cou !

LEUR CAUCHEMAR


MONK : — Sais-tu que depuis la manifestation Laurier, j’peux pas fermer l’œil ; j’ai des cauchemars toutes les nuits !
BOURASSA : — Moi aussi, j’ai beau prendre du CASTORia, j’dors mal. Pas moyen de digérer c’te réception-là.