Cahier de chansons populaires/L’amant qui regrette sa belle
(p. 102-103).
L’amant qui regrette sa belle
— Ce soir à la promenade,
Ma maîtresse y vienderez-vous ?
— Oh ! nenni ! Oh ! non ! dit-elle,
Je n’irai point seule ô[1] vous.
— Il en est ben venu d’autres
Qui ’taient pus belles que vous
Qui ’taient pus belles à la lune
Que vous n’êtes au clair du jour.
— Qui c’est ces petites sottes,
Qui hasardent leur beauteu ?
Mais pour ma j’en ai jureu
Et je veux la conserveu.
— Taisez-vous, petite sotte,
Je vous aie vue l’autre jour
Dedans le bois de la Motte,
Votre aimant auprès de vous.
— Que voulez-vous donc en dire,
De mon aimant et de ma,
Il me parleut d’amourette,
Je li ai proumis ma fa[2].
— Oh ! dites-ma donc la belle,
Dites-ma donc votre nom,
— Cœur de Rose je m’appelle,
Blanche Rose c’est mon nom.
— Cœur de Rose et Blanche Rose !
Oh ! que tu m’es cher vendue !
Tu m’y coûtes double par double
La monnaie de cent écus !
Cent écus n’est pas grand chose,
Pas comme ce que j’ai perdu :
J’ai perdu vêpres et grand messe,
Ma maîtresse que je n’ai pas eue.