Cahier de chansons populaires/L’artilleur de Rennes

La bibliothèque libre.

L’artilleur de Rennes


I

J’ai travaillé cinq à six ans
Dans cett’ ville de Rennes ;
J’y étais heureux comme un roi
D’avoir ma mie auprès de moi,
Tout le long de la rivière.

II

La belle se mit à genoux :
Elle demandit à sa mère :
— Ma mère, il me vient un aimant,
Je veux me marier promptement,
Comm’ on vous a fait pour mon père !

III

Ma fille, à quoi donc penses-tu ?
Ce n’est rien qu’un soldat de guerre.
Nous n’avons pas d’enfant que toi.
Tu te marieras richement
Ou ben d’moiselle tu rest’ras.

IV

— Que je me marie en richesse,
Tout ça m’est ben égal ma mère ;
Moi j’aimerai dedans mon cœur,
Ce jeun’ soldat, brav’ artilleur,
Puisqu’il est un soldat de guerre.

V

— Il faut écrire à mes parents,
Au gouvernement de la guerre ;
Si le ministr’ il est consent[1]
Et ta mère et l’gouvernement
Nous épouser n’tardera guère.

VI

— Hélas ! hélas ! on m’a écrit
Un’ ben triste nouvelle,
Partout la guerre est déclarée
Les artilleurs vont s’en aller,
Adieu, bell’ vill’ de Rennes.

(VERN.)
  1. Consentant.