Cahier de chansons populaires/L’enlèvement
L’enlèvement
M’y promenant le long de ces vertes prées[1]
J’ai entendu un marinier chanter ;
M’en revenant du marché la ville[2]
Il m’a fort bien priée d’entrer dans son asile.
Le marinier il m’a paru si beau,
J’ai mis le pied dedans son vaisseau,
Un coup de vent nous a pris pris dessur mer
Nous a mené bien loin vers ces villes étrangères.
Je crie, je pleure et je m’y désespère
De m’y voir éloigner aussi loin de la terre
Je crie, je pleure et je m’y désespère,
De m’y voir éloigner aussi loin de la terre.
Le marinier m’a aperçue pleurer
Il m’a fait signe qu’il fallait cesser.
— Cessez vos pleurs, car ils m’y sont amers
Avant sept ans d’ici vous revoirez la terre.
— Que diront-elles, les filles de mon pays ?
D’être sept ans sans m’y en revenir ?
Que diront-ils, mon père, aussi ma mère
D’avoir été sept ans sans revenir sur terre ?
Et vous jeunes filles à marier,
Ne prenez point de ces garçons mariniers
Pour un moment de plaisir dans la vie
On en a bien souvent un trop grand repentir.