Cahier de chansons populaires/Les changements
Les changements
C’est une jeune fille
Que j’aime tant :
— Si tu voulais m’y rendre,
Le cœur content,
Je te donnerais cent francs
De mon argent.
— Si tu m’y donnes,
De ton argent,
Je me renderai nonne
Dans les couvents ;
A ma n’a plus d’attendre,[1]
Quevalier blanc.
— Ah ! si tu t’y rends nonne,
Dans les couvents,
Je m’y renderai moine
Fort bien chantant,
Je confess’rai les nonnes
Dans les couvents.
— Ah ! si tu t’y rends moine,
Fort bien chantant,
Pour confesser les nonnes,
Dans les couvents,
Je me renderai tanche
Dans le vivier ;
A ma n’a plus d’attendre,
Blanc quevalier.
— Ah ! si tu t’y rends tanche
Dans le vivier
Je m’y ferai semblable
D’un batelier,
Je happerai la tanche
Dans le vivier.
— Si tu t’y fais semblable
D’un batelier
Pour attraper la tanche
Dans le vivier,
Je me renderai caille
Dedans les blés ;
A ma n’a plus d’attendre,
Blanc quevalier.
— Ah ! si tu te rends caille
Dedans les blés
Je me ferai semblable
À l’éprivier[2],
Je boulott’rai[3] la caille
Dedans les blés.
— Si tu t’y fais semblable
À l’éprivrier,
Pour boulotter la caille
Dedans les blés,
Je m’y rendrai étoile
Au firmament ;
A ma n’a plus d’attendre,
Quevalier blanc.
— Si tu t’y rends étoile
Au firmament
Je m’y ferai semblable
À l’arc en ciel
Je couvrirai l’étoile
L’étoile du ciel.
— Si tu t’y fais semblable
À l’arc en ciel
Pour y couvrir l’étoile,
L’étoile du ciel,
Je n’en serai malade
Que j’en mourrai ;
A ma n’a plus d’attendre,
Blanc quevalier.
— Si tu en es malade,
Que tu en meures,
Je me renderai terre,
Te pourrirai,
De tes amours la belle,
Je jouirai !
Cf. : L. Lambert : Chans. pop. du Languedoc, t. I. p. 351, 7. Daymard : Chans. pop. du Quercy, p. 39. — Mistral s’est inspiré de cette donnée dans sa Mireille.