Cahier de chansons populaires/Prenez-garde aux bergères
Prenez garde aux bergères
Bergère assise dessus l’herbette,
Dessus le bord du grand chemin,
Un quevalier enfin
Voyant l’éclat de son joli visage
Un quevalier enfin
Lui offrit son tendre bien.
— La belle, si tu voulais,
J’ai cinq cents francs
Dans une bourse
Si tu voulais m’aimer
Je te les donnerais
Et je t’épouserais.
— Monsieur, c’est un bon bien
Vous pouvez le dire ;
Vous pouvez vous en dédire :
On voit bien à vos yeux
Que vous n’êtes qu’un trompeux
Vous êtes trop vite amoureux ;
Le garçon mit le pied à terre
Tout en faisant ses embarras ;
Il attachit son cheval
À la barrière d’une hâ[1]
Croyant ben caresser
Cette tant jolie beauté.
La fille fut prompte et hardi,
Elle s’est approchée du cheval
A mis le pied dans l’étrier,
Adroitement comme un quevalier
Donnit le coup de l’éperon
Comme un maître dragon.
— Où vas-tu, la belle, sans malice ?
Dit le galant en soupirant,
Rends-moi mes cinq cents francs,
Mon beau manteau et ma valisse.
Rends-moi mes cinq cents francs,
C’est tout mon bien valant.
— Restez, beau galant, dans ma place,
Vous serez un fort bon ouvrier
Mon maître a de bon bien
Il vous nourrira bien
Vous nourrira de pain et de fromage
Du lait et du pain bis pour vous rafraîchî.
— Oh ! que les filles ont de malice !
Dit le garçon en soupirant,
Elles m’ont pris mes cinq cents francs,
Mon beau manteau et ma valisse.
Oh ! maudit soit l’amour
Qui m’a joué ce vilain tour !
- ↑ Haie.