Catéchisme français et républicain/09

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chez Debarle (p. 34-46).

Maximes Républicaines.


Tous les matins, leves, en sortant du lit, les yeux vers le ciel. Tout t’y retrace l’idée de la Divinité ; le vrai culte qu’elle exige de toi, c’est le travail ; et tu ne peux mieux la servir qu’en obéissant aux loix, dont tes pères et mères sont les organes.
I.

L’enfant qu’on n’ose, ni punir ni corriger, est bien à plaindre. C’est un enfant gâté, qui reprochera un jour amèrement, à ses père et mère, l’indulgence dont ils auront usé à son égard.

2.

Veux-tu connoître tes devoirs ? lis-les sur le visage de tes parens. C’est un miroir fidèle qui te retrace la satisfaction ou le mécontentement qu’ils éprouvent de ta conduite.

3.

Imite l’exemple de tes père et mère, si leurs vertus peuvent te servir de modèle ; mais, s’ils ont des défauts, prends soin de les éviter.

4.

Le premier des devoirs d’un enfant, est l’obéissance. Quelques soient les ordres qu’on lui donne, il doit obéir sans résistance et sans humeur.

5.

Malheur à celui qui n’a rien à faire. Un ennui mortel est son partage. Le travail est le devoir de l’homme et son consolateur.

6.

Heureux celui qui naît avec de grands talens, mais n’y met pas une si grande importance ; car on aime beaucoup mieux un modeste ignorant qu’un savant orgueilleux.

7.

Quand tu voudras faire le bien, ne mandie pas des témoins. La vertu trouve son prix dans notre propre cœur ; il seroit à craindre que la trop grande publicité d’une belle action n’énorgueillit celui qui l’a faite.

8.

C’est un penchant bien vil que l’orgueil ! L’enfant promptement méprise tout ce qui l’environne, il ne paroît se plaire que dans ce qu’il fait.

9.

Si tu veux être vraiment vertueux, conserve un empire constant sur tes passions. Celui-là est esclave qui se livre sans mesure à l’emportement de son caractère.

10.

Ne fais à autrui que ce que tu voudrois qu’on te fît à toi même. Cette maxime-là est la base de toutes les vertus républicaines.

11.

Si ton concitoyen a besoin de toi, empresse-toi de lui donner des secours. Demain peut-être auras-tu besoin de lui.

12.

La reconnoissance est un des principaux biens des sociétés. N’oublie donc pas les services qui t’ont été rendus.

13.

Sois doux, affable, complaisant. Un enfant est toujours sûr d’être aimé, quand il montre un caractère franc et loyal.

14.

Le sel de ta plaisantesie est toujours agréable, quand il est bien employé ; mais le ton goguenard déplaît beaucoup ; et les enfans surtout doivent être fort circonspects sur ce point.

15.

L’amitié est un sentiment plus doux encore pour les enfans que pour les hommes faits ; il ne faut pourtant pas se livrer avec abandon à tout le monde ; et le choix d’un ami exige beaucoup de prudence.

16.

Honore, mon fils, les vieillards ; suis leurs conseils, Ils ont pour eux l’expérience et la maturité.

17.

Si tu es jaloux de conserver ta santé, sois sobre. Le gourmand qui veut aller au-delà du besoin, périt infailliblement à la fleur de l’âge.

18.

La propreté est une vertu vraiment républicaine. Cependant, ne sois pas assez prodigue de ton tems, pour en perdre beaucoup à ta parure.

19.

Un sentiment bas, méprisable, ignoble, est celui des esclaves qui s’extasient sur des monceaux d’or. La médiocrité est le propre du républicain, qui dédaigne tout ce qui excède ses besoins.

20.

Ne t’habitues pas au jeu d’intérêt. Ce vice-là produit les plus grands malheurs. Un homme qui est assez imprudent pour confier sa fortune au hasard, doit s’attendre aux évènemens les plus funestes.

21.

Évite les accès de colère et d’emportement. Un enfant né avec caractère violent, doit faire tous ses efforts pour en adoucir l’âpreté.

22.

C’est un crime affreux que la calomnie. Un enfant qui dit du mal de son concitoyen, est peut-être aussi coupable que celui qui lui plongeroit le poignard dans le sein.

23.

Quiconque sait cacher un cœur coupable sous le masque de la vertu, est un hypocrite. Un tel homme est le fléau de la société.

24.

L’homme faux flatte sans pudeur ceux mêmes qui le méritent le moins. Cet homme là est un lâche, qui ne vit qu’aux dépens de celui qui l’écoute.

25.

Un cœur franc et loyal n’est pas accessible à la haine. Si quelqu’un t’a fait du tort, explique-toi franchement avec lui, et oublie l’injure qu’il t’a faite.

26.

La vertu est propre au républicain. Ainsi, la défiance doit être bannie du sein de la république ; car un homme défiant juge mal de son prochain.

27.

Évites la prodigalité ; ou bientôt tu regretterois un bien que tu aurois mal employé.

28.

Ne tiens pas avec opiniâtreté à tes opinions. Ce sont toujours les sots qui sont les plus entêtés.

29.

Ne parle qu’à propos. Un bavard est détesté par-tout où il se trouve, parce que, pour un bon mot qui lui échappe, il prononce mille sottises.

30.

Ne soyez pas, mes enfans, jaloux les uns des autres. Si un camarade a fait plus de progrès que vous, redoublez d’efforts pour augmenter les vôtres, au lieu d’envier lâchement ses succès.

31.

Pour peu que tu sois bien, sache t’en contenter ; un cœur insatiable en cherchant mieux, finit communément par trouver pire.

32.

Ne t’écarte jamais des loix sévères de la décence ; car, à tout âge, on ne plaît que par sa candeur et son innocence.

33.

Ne cherches jamais à pénétrer les secrets qu’on veut te cacher. La curiosité indiscrète est un vice qui blesse ceux avec lesquels tu dois vivre.

34.

Un honnête homme est toujours discret. Ainsi, si l’on t’a fait une confidence, saches bien la garder.

35.

Montre, dans tout ce que tu feras, de l’aisance, du goût, et le désir de plaire. Un enfant mal-adroit importune et déplaît.

36.

Que la prudence éclaire toujours tes démarches. Il n’est aucun danger qu’on ne puisse éviter avec prévoyance.

37.

Il ne faut, mon fils, ni tromper, ni mentir. L’homme honnête dit toujours la pure vérité ; jamais le mensonge ne doit salir la bouche d’un républicain.

38.

Écoutes, mon fils, cette maxime sublime que je trouve dans notre constitution : « La république française honore la loyauté, le courage, la viellesse, la piété filiale et le malheur. »